Un harmonica en métal précieux… à La Bruyère !
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Un harmonica en métal précieux… à La Bruyère !

Depuis l’aube des temps, le métal désigné par le numéro atomique 79 est à la base d’exodes douloureux et de violentes rivalités.
Dans la première partie du XIXème siècle, la folie humaine liée à la découverte de l’or s’est emparée des Etats-Unis.
C’est, en effet, en 1829 que les premiers filons qui y ont été découverts ont suscité l’intérêt de milliers d’apprentis géologues, en quête d’une fortune immédiate.
Si beaucoup d’entre eux ne sont jamais parvenus à atteindre leur Graal, tous ont contribué à accentuer l’éclosion de véritables drames humains.or
Les premières victimes désignées étant, bien sûr, des tribus d’indiens Cherokee.
Ces derniers, sommés de quitter leurs terres (attribuées, sous forme de loterie géante, aux prospecteurs) n’ont eu d’autres recours que de se déplacer vers l’ouest du Mississippi, empruntant pour cela une « voie » dénommée « Piste des larmes » (la fameuse « Trail of tears » comptée par Johnny Cash en 1970 sur un texte de John G. Burnett, datant quant à lui de 1890).

En 1925, l’écrivain d’origine suisse Blaise Cendrars (1887-1961) a évoqué ce phénomène en retraçant le destin tragique de Johann August Sutter à travers son roman « L’Or ».

Ce bâlois, après une première faillite, décide de quitter le canton de Berne dans le but de se refaire une santé financière outre Atlantique.
Traversant la France, il embarque à bord du paquebot Sully (au Havre) afin de rejoindre New-York où il arrive le 14 juillet 1834.
Il créé plusieurs entreprises commerciales à Saint Louis, continue de faire fructifier ses affaires à Hawaï puis en Alaska avant de s’installer en Californie où, devenu millionnaire, il prend la nationalité mexicaine (une partie de la Californie fait, alors, partie du Mexique).
C’est en 1848, que la malchance s’abat sur lui. Lors de la construction d’une scierie, un ouvrier charpentier qu’il a embauché découvre de l’or sous 15 centimètres d’eau.
Ce dernier, ne pouvant garder le secret, est à l’origine d’un énorme bouche à oreille qui arrive à son apogée lorsque la nouvelle est officialisée par le Congrès américain.
Bien que soutenu par sa famille qui le rejoint petit à petit (l’un de ses fils est avocat), Sutter ne peut que constater les dégâts. Ses terres sont prises d’assaut par de nombreux spéculateurs et bandits.
Après maintes batailles juridiques, un combat politique perdu (il tente de se faire élire premier Gouverneur de Californie en 1850) et de nombreuses désillusions, son rêve de bâtir la Nouvelle Helvétie s’écroule définitivement lorsqu’il voit ses titres de propriété invalidés. Un malheur en entrainant un autre, sa dernière résidence (Hock Farm) est incendiée…
Sutter décède le 17 juin 1880 à 77 ans, dans un dénuement presque total…

Le comédien Xavier Simonin, touché par ce parcours, a décidé de faire revivre l’histoire de Johann August Sutter, telle qu’elle a été romancée par Blaise Cendrars. Ceci dans une pièce (dont il signe également la mise en scène) du même nom que le roman.
Après un premier galop d’essai à Vincennes, son adaptation de « L’Or » se voit accueilli par le Théâtre La Bruyère (Paris 9ème).
Une nouvelle occasion de se laisser porter par sa diction parfaite (allant, parfois, jusqu’au slam) et son engagement total, qui mettent en valeur un splendide monologue.
Un récit savamment ponctué par les interventions de l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau, qui relève le défis avec finesse, pudeur et parfois même… une pointe d’humour.
L’homogénéité de l’ensemble se fond à merveille dans un décor d’une classieuse sobriété, qui permet à chaque spectateur d’utiliser son imaginaire à bon escient.
Le spectacle, s’il met en exergue la folie des hommes, nous sensibilise aussi sur la rudesse de certains destins.
A sa manière Xavier Simonin revisite l’œuvre de Cendrars avec autant de tact que John Ford a pu le faire, au cinéma, avec celle de Steinbeck. C’est dire si le pari est réussi et s’il mérite d’être reconnu du plus grand nombre, y compris parmi nos lecteurs et auditeurs… amateurs de musiques roots américaines !

David BAERST

L’Or
D’après : Blaise Cendrars
Adaptation et mise en scène : Xavier Simonin
Collaboration artistique à la mise en scène : Jean-Paul Tribout
Avec : Xavier Simonin et Jean-Jacques Milteau
Musique et décors sonores : Jean-Jacques Milteau
Scénographie : Christian Tirole
Création lumière : Alexis Kavrychine
Création costumes : Aurore Popineau
Mise en son : Frank Seguin
Au Théâtre La Bruyère jusqu’au 30 avril 2012 (uniquement le dimanche après-midi et le lundi soir)

 

 

 

 
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