Greg Zlap, un harmoniciste qui s’illustre… dans tous les sens du terme

C’est par un dimanche après-midi de printemps, le 11 avril 1999, que ma route a croisé pour la première fois celle de l’harmoniciste (et chanteur) polonais Greg Zlap.
Sur la scène du New Morning de Paris, au milieu de nombreux autres artistes, le jeune homme s’était alors distingué, en duo avec le guitariste Pat Boudot Lamot, le temps d’une poignée de chansons.
Une courte prestation (en l’honneur du magazine Soul Bag qui célébrait là, en grandes pompes, ses 30 années d’existence) qui n’a fait que renforcer ma curiosité vis-à-vis de celui qui avait déjà signé l’album « Ternaire Madness » (1997) et qui laissait entrevoir une bonne partie de son immense talent sur un deuxième opus intitulé « Gregtime » (1999).
Un CD portant le nom des soirées musicales (et thématiques) qu’il anime toujours dans un club aussi réputé qu’enfumé… l’Utopia.

Quelques interviews en sa compagnie et une invitation dans l’émission Route 66 (où il est venu accompagné par le guitariste Eric Sauviat et le pianiste Damien Cornélis) plus tard, je continue de suivre de très près l’actualité de ce puriste, dont l’œuvre se démarque cependant par son originalité et sa créativité (le blues y flirtant allègrement avec la soul, le jazz, le rock voire l’électro).
Un parcours semé de rencontres et de notes partagées avec des personnalités artistiques venues de tous les horizons (de son mentor Jean-Jacques Milteau jusqu’à, bien sûr, Johnny Hallyday avec lequel il « renverse » les publics des stades et des plus grandes salles depuis 2009)…

Si nous sommes en droit de nous attendre à de nouvelles prouesses diatoniques ou chromatiques de sa part (ses deux derniers disques « Road Movie(s) » et « Air » s’inscrivant rapidement parmi les plus belles réussites musicales des années 2008 et 2011) dans le futur,  c’est des étals des libraires que la surprise est pourtant venue en ce mois de juin 2012.

En effet, c’est sous la forme de 95 pages en papier glacé que la maison d’édition Glénat a décidé de nous proposer un récit captivant retraçant le parcours atypique de ce gamin de Varsovie, que le destin (tout tracé par le régime communiste polonais d’Edward Gierek) devait conduire au statut de pianiste concertiste.

La narration, articulée sous la forme de multiples flashbacks, nous mène de la cité HLM de son enfance (ah, le blues de la carpe de Noël partagée en famille) jusqu’au Champs de Mars où l’ex-futur Arthur Rubinstein en herbe est probablement devenu le premier harmoniciste de l’histoire des musiques roots à se produire devant un million de spectateurs (le 14 juillet 2009).

Cette luxueuse bande dessinée « Harmonijka : A Backstage Story », fruit d’une collaboration entre l’illustrateur Miras et le scénariste Philippe Charlot, si elle sait nous émouvoir… n’en demeure pas moins une belle leçon de persévérance face à des désirs familiaux et des idéaux politiques.
Il s’agit là (sans jeu de mots) d’une bulle d’optimisme qui devrait inspirer de nombreux jeunes en quête d’une identité, d’une carrière…
Au fil des pages, on se retrouve tour à tour confronté aux questions relatives à certaines institutions en place aux quatre coins du monde… puis à la fraîcheur de retrouvailles musicales entre amis.

Je ne peux donc que saluer cette initiative intelligente et divertissante de Greg.
Celui qui, quelque soit la teneur de la foule devant laquelle il se produit, sait toujours rester proche de son public.

David BAERST

« Harmonijka : A Backstage Story » (dessin et couleurs : Miras, scénario : Philippe Charlot sous l’égide de Greg Zlap) Editions Glénat, 95 pages, prix conseillé : 15.50 euros

www.gregzlap.com
http://mirasbd.blogspot.fr