Claude Nobs, nos nuits bleutées et musicales seront désormais agrémentées d’une nouvelle  étoile…
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Claude Nobs, nos nuits bleutées et musicales seront désormais agrémentées d’une nouvelle  étoile…

Le virus de la musique s’est, pour beaucoup de jeunes, développé suite à une absorption massive d’ondes radio. Un fait, constaté depuis longtemps et dont j’ai moi-même été victime dans ma prime jeunesse.                                                                                                                                                               
Bien avant, combien sont ceux, qui ne se sont que difficilement détachés de leur récepteur… une oreille collée à un poste fumant et crachotant péniblement un riff de Chuck Berry, avant que les piles usées ne lâchent (faisant couler au passage un flot toxique d’électrolyte, sur des doigts déjà habitués à retourner de vieux vinyles sur des platines tout aussi fatiguées) ?                                                  
Assurément, nous sommes légion à avoir goûté à ce délice... devenu la base de biens des vocations. En tout cas, parmi nos aînés il a fort à parier qu’un adolescent né à Territet (Canton de Vaud en Suisse) le 4 février 1936 a vu son destin se transformer alors qu’apprenti cuisinier, il écoutait l’émission de Franck Tenot et Daniel Filipacchi « Pour ceux qui aiment le jazz » sur Europe N°1.

Déjà mordu après avoir découvert des 78 tours du genre, que son père achetait au poids, Claude Nobs ne s’est plus jamais détourné de la musique. Aussi, une fois son esprit d’initiative remarqué par sa hiérarchie de l’office de tourisme de la ville de Montreux (car, souhaitant diversifier son cursus, le jeune homme y travaillait comme comptable), il a fort à parier qu’il n’a pas hésité longtemps avant d’accepter un nouveau challenge… l’organisation de manifestations culturelles pour cette magnifique citée de la riviera vaudoise. Dès 1961, il met donc en place des concerts au sein de l’Association des Jeunes de Montreux et collabore au Festival de la Rose d’Or. Ainsi, nous lui devons le premier gig hors Grande-Bretagne des Rolling Stones (Pour anecdote, en 1963, on lui interdira « d’importer » les Beatles débutants, jugés « pas assez connus »).

Hyperactif, il continue ses investigations, quitte sa fonction de comptable et parcourt le monde. Faisant halte à New-York en 1965, il joue des coudes afin de pouvoir se présenter à Ahmet et Nesuhi Ertegun… frères fondateurs du label Atlantic Records, dans l’espoir de mettre sur pieds un Festival consacré aux musiques afro-américaines. Si l’entreprise peut paraitre hasardeuse, elle se conclue pourtant par un succès. Nesuhi est emballé, le Montreux Jazz Festival voit le jour à l’été 1967…

La suite nous la connaissons toutes et tous. D’une manifestation au budget très serré (10.000 francs suisses à sa création), le MJF est devenu un évènement incontournable de stature internationale. D’esprit ouvert et résolument orienté vers l’avenir, toutes les plus grandes stars du jazz, du blues, du rock, de la soul music, du funk mais aussi du rap, de l’electro et de tant d’autres styles s’y croisent.

NOBS

Je ne vais pas revenir ici sur les nombreux mérites du Festival, ni sur les centaines de joutes aussi musicales qu’amicales qui se sont succédées sur les scènes du Casino, du Miles Davis Hall ou de l’Auditorium Stravinsky (se terminant, le plus souvent, par des jams enflammées au petit matin… sur fond d’harmonica…).
Tout juste vais-je effleurer les moments magiques que j’ai pu y vivre en y observant Bob Dylan, BB King, Van Morrison, Billy Preston, Solomon Burke… En ce qui concerne son créateur, rien n’était trop beau pour le Montreux Jazz Festival. Tous les rêves devaient s’y réaliser et donner à cette Mecque, l’image d’un paradis pour musiciens et afficionados.
Je tiens donc simplement à rendre hommage à Claude Nobs, décédé le 10 janvier 2013, des suites d’une mauvaise chute à skis. Pour l’avoir souvent croisé dans les coulisses, je n’oublierai pas sa passion intacte comme au premier jour et, surtout, le respect et l’amour qu’il portait à la musique et aux musiciens.

Rien ne devait être impossible au Montreux Jazz Festival, y compris pour le jeune reporter que j’étais en m’y rendant pour la première fois. Y interviewer certains de mes artistes de prédilection (Booker T, Steve Cropper, Doctor John…) comme y vivre l’une des expériences les plus incroyables de ma vie en côtoyant, un après-midi , la majeure partie des artistes présents lors de la soirée hommage au label Sun Records (en vrac : Jimmy Page, Robert Plant, Little Milton, Chris Spedding, Bill Wyman, Billy Lee Riley, Sonny Burgess…). Un samedi de l’été 2001 qui restera, comme vous pouvez vous en douter, à jamais gravé dans ma mémoire…

Je ne peux donc, à mon tour, que saluer une personnalité suisse emblématique doublée d’un ambassadeur de la musique à travers le monde. Je me joins à des centaines d’autres afin de remercier Claude Nobs, l’homme qui a offert une renommée inespérée à Montreux et qui a aidé à populariser les sons roots auprès de la culture européenne. Au même titre que Freddie Mercury, BB King ou Ray Charles… peut être que lui aussi se verra gratifié d’une statue à son effigie sur les bords du Lac Léman. Si tel est le cas, il a fort à parier qu’elle sera orientée vers l’océan Atlantique et qu’elle continuera de couver du regard, les clubs les plus mythiques de Greenwich Village…                      

David BAERST

www.montreuxjazz.com

 
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