Steve Ferrone, un musicien
dont on peut tirer bien des leçons
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Steve Ferrone, un musicien dont on peut tirer bien des leçons

Steve Ferrone ne doit vraiment pas être rancunier…    steve
Quand on sait que ce formidable batteur (professionnel depuis ses 12 ans en 1962), présent sur plus de 600 albums d’artistes internationaux (Michael Jackson, Eric Clapton, George Benson, Freddie King, Johnny Cash pour n’en citer que quelques-uns) et membre de du groupe de Tom Petty (The Heartbreakers) depuis 1994, est également un boxeur aguerri pourvu d’une impressionnante carrure… on pourrait, en effet, craindre le pire pour nos frêles silhouettes de mangeurs de grenouilles.

Je m’explique… Steve Ferrone est originaire de Brighton, en Angleterre…       
Je devine d’ici les yeux des férus d’histoire s’écarquiller (en même temps que leurs mâchoires se crispent) à la simple évocation du nom cette ville du Sussex de l’Est.   En effet, cette agréable cité balnéaire a (en juin 1514 alors qu’elle s’appelait encore Brighthelmstone) été complètement détruite par l’envahisseur français sous le règne de Louis XII…
Heureusement, près de 500 années plus tard, nous avons pu compter sur tout le tact et l’abnégation d’un talentueux musicien nommé Franck Bedez pour balayer d’un simple revers de guitare basse ce passé douloureux et ouvrir une nouvelle page d’histoire, bien plus pacifique celle-là…

Nous sommes le 2 janvier 2013, lorsque ce dernier dévoile au grand jour (en direct dans l’émission Route 66, voir le reportage ICI) un scoop qui se répand comme une trainée de poudre.           
A son invitation, Steve Ferrone viendra spécialement en France afin de donner deux masterclass et un concert exceptionnels, en Alsace, entre le 31 janvier et le 2 février 2013.

Le premier round se déroule à Strasbourg, où ce ne  sont pas moins de 170 personnes qui se pressent à l’Espace Django Reinhardt. En plus d’y approcher la légende, le but de tous et d’apprendre les petits trucs du grand monsieur, tout en l’observant officier au milieu de vrais bons musiciens qui jouent en live à ses côtés (Sandra Djoudi aux chœurs, Franck Bedez à la basse et à la direction musicale, Yannick Eichert à la guitare et au chant, Grégory Ott aux claviers, Franck Wolf au saxophone et Matthieu Zirn aux percussions).

Deux jours plus tard, c’est au tour du Casino Barrière de Ribeauvillé d’ouvrir ses portes à toute cette fine équipe.    Là aussi, dès 16h00, Steve Ferrone fait son entrée sur scène afin d’y livrer une masterclass passionnante pendant plus de 2h30…         

Comme à Strasbourg, il en profite afin de revenir sur son cursus, dont je me permets de récapituler en vrac quelques détails ci-dessous :       

  • Issu d’une famille passionnée de musique, il commence à jouer des claquettes dès l’âge de 3 ans.     
  • Il donne son premier concert, en tant que batteur  (dans une église), à l’âge de 12 ans.  
  • En voyant l’état d’excitation des groupies, lors d’un show de Manfred Mann, il se dit que ce métier est fait pour lui.            
  • Il intègre son premier groupe, dont l’ampli du guitariste est fabriqué à partir d’un vieux tourne-disques.
  • Son deuxième concert se déroule au Uncle Bonnie’s Chinese Jazz Club de Brighton… en première partie de The Who !       
  • Il part en France, à Nancy, Toul puis à Marseille. En tant que musicien, il joue dans les clubs des bases américaines.         
  • Il retourne en Angleterre mais est rapidement contacté afin d’intégrer le « local band » d’un club, à Rome où il officie durant trois années.            
  • A Nice, il devient le batteur des Piranhas et entre au Conservatoire où il commence à donner des cours un peu plus « rock’n’roll » que ceux auxquels le prestigieux établissement est habitué. Il y sympathise avec André Ceccarelli…       
  • Au sein du groupe Oblivion Express du formidable claviériste britannique Brian Auger (constitué de nombreux requins de studios), il effectue sa première tournée aux USA.           
  • Il devient le batteur (et premier musicien de couleur) d’Average White Band.
  • Il s’installe définitivement aux USA où sa réputation ne cesse de grandir. Il enregistre avec un nombre incalculable d’artistes et vit l’une de ses plus grandes expériences en jouant (avec Tom Petty & The Heartbreakers) lors de l’édition 2008 du Super Bowl XLII… devant des centaines de millions de téléspectateurs.

Durant cette leçon, Steve s’est montré particulièrement loquace (parlant la plupart du temps en français !), faisant preuve de décontraction et de beaucoup d’humour. steveL’assemblée (constituée en bonne partie de jeunes apprentis batteurs) est facilement tombée sous le charme de cet impressionnant personnage, sur le point de nous réserver d’autres belles surprises…

Après deux heures de pause, le moment du concert arrive enfin…          
La salle est archi-comble et attend fébrilement celui qui se voit gratifié d’un véritable déluge d’applaudissements dès son entrée sur les planches. A en juger par son engagement, on comprend rapidement que nous allons avoir droit à un vrai concert et non à une simple jam session entre copains musiciens.         
Dès le début du set le répertoire, dosé avec intelligence, revisite la carrière de Steve en laissant la part belle à son côté soul, rhythm and blues et rock.  Ses accompagnateurs (aux riches curricula vitae) sont au diapason, leur feeling appuyant une remarquable technicité et une cohésion à toute épreuve. 
       
A la guitare et au chant, Yannick Eichert, déploie toute l’étendue de son talent. Il parvient à donner la souplesse nécessaire à sa splendide voix, afin que celle-ci puisse s’adapter au mieux aux chansons interprétées à l’origine par Tom Petty, Freddie King, Chaka Khan et consorts…         
L’un des clous du spectacle est le morceau « A change is gonna come » que Steve Ferrone (bien que ne l’ayant jamais enregistré) tient à jouer afin de rendre hommage à l’un de ses batteurs préférés, Al Jackson Jr (qui tenait les baguettes sur la version d’Otis Redding).          
Si on pouvait appréhender cet exercice « casse gueule », là aussi, Yannick réussi à étonner et démontre que son nom mériterait d’être définitivement connu du plus grand nombre !     

D’autres temps forts sont à mettre à l’actif de Steve…           
Digne d’un véritable comédien de stand-up il fait crouler sous les rires le public en imitant, avec tout le respect qui lui est dû, Michael Jackson durant les sessions du morceau « Earth song » à Los Angeles. Puis, à la surprise générale, il rejoint le devant de la scène (se faisant remplacer derrière les fûts par l’excellent Jérôme Spieldenner) pour se lancer dans une interprétation improvisée de « Kansas City », le grand standard créé en 1952 par Little Willie Littlefield.   Enchanté par cette « mise en avant », il se prend même un moment pour… Liza Minnelli !     
    
Au bout de deux heures de show, un ultime rappel donne lieu à une jam endiablée sur une version emballée de « In the midnight hour », titre mythique de Wilson Pickett, idéal pour conclure de la plus belle manière qui soit ce moment privilégié.

Si Franck Bedez a tout mis en œuvre pour rendre le séjour de son ami agréable (parvenant à faire coïncider une certaine convivialité avec une ligne artistique très pointue). Ce dernier n’a pas été avare de son temps, donnant de sa personne afin de faire de ces deux jours une véritable réussite.  

De surcroit, ce moment rare et magique a aussi été l’occasion d’effacer certains doutes...  En effet, nous pouvons dorénavant affirmer que, non seulement, Steve Ferrone n’est pas rancunier mais qu’en plus… il délivre ses conseils avec une magistrale humilité…         

David BAERST

Remerciements : Franck Bedez

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