En direct du Studio avec Alex Keiling (The Wooden Wolf)
Le lien entre musique et littérature est, somme toute, assez ténu…
Au sein de notre émission il s’est, malheureusement, souvent résumé en un flirt quasi incestueux entre la poésie (proposée par toute une génération d’auteurs issus de l’école beat) et les notes échappées des clubs poisseux de Greenwich Village (du jazz improvisé au rock pré-hippie, en passant bien sûr par un folk contestataire que quelques jeunes guitaristes, aux cheveux hirsutes et aux ongles sales, portaient aux nues dès le début des années 1960 ).

Il restait cependant un interstice qui me semblait, jusqu’à ce jour, difficile à combler. Celui séparant nos sons de prédilection et le mouvement surréaliste…
Il faut dire qu’André Breton, lui-même, disait que l’expression musicale (qu’il estimait être trop confusionnelle) ne pouvait rendre compte du modèle intérieur. Pour lui, seules les images suscitées par la peinture et la poésie étaient en effet aptes à donner accès aux représentations inconscientes et aux rêves.
Celui qui, en 1924, avait signé le « Manifeste Du Surréalisme » devait donc être bien loin de se douter que près de 90 ans plus tard, un jeune musicien bourlingueur allait réussir (avec un talent proportionnel à son audace) le mariage parfait entre deux de ses propres signes distinctifs.
A savoir un don musical qui le ferait passer pour un héritier de Cat Stevens, Leonard Cohen ainsi que Bob Dylan et une impressionnante érudition en ce qui concerne les écrits d’Antonin Artaud, de Raymond Queneau et surtout de Paul Eluard.
Je veux bien sûr évoquer, par ces mots, notre invité du 6 mars 2013… Alex Keiling.
Déjà fortement remarqué avec ses complices (le percussionniste Brice Gil et la violoncelliste Marie Langelfeld qui forment The Mary Jill Band), le bonhomme nous revient actuellement sous le nom de The Wooden Wolf. Ceci avec un album (« 14 Ballads OP.1 », sorti à la mi-décembre 2012) qui a eu, pour tous ceux qui ont déjà eu la chance de l’écouter, le même effet qu’un pistolet à impulsion électrique… qu’un sympathique trafiquant de drogues mexicain (venant de s’échapper de prison) aurait eu l’idée de tester sur votre cage thoracique.
Bref… il vous coupe le souffle et vous remue les tripes.
Tout juste revenu d’une tournée triomphale dans la Péninsule Ibérique, Alex a donc partagé une heure en notre compagnie…
Probablement pour nous démontrer, comme le disait Le Comte de Lautréamont, que « La poésie doit être faite par tous, non par un ».
Si en ce qui me concerne, cette action s’est réduite au simple fait de lui poser quelques questions. Pour lui, la mission a été beaucoup plus noble, puisqu’il a interprété deux chansons en direct live (« Horses » de Sally Timmes et un titre inédit à ce jour « Palace of sin »).
L’excitation a donc été grande de recevoir, drapé du voile de ses mystères, quelqu’un qui s’apprêtait à emprunter une direction qui nous intéresse beaucoup ici.
Cette dernière étant, en cette soirée, exceptionnellement indiquée par un loup en bois… hurlant sur les abords de la Route 66.
David BAERST
http://thewoodenwolf.bandcamp.com
http://alex-keiling-and-the-maryjill-band.com
http://www.myspace.fr/alexkeiling
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