Johnny H : Un livre jubilatoire pour un jubilé…
Il était temps que Route 66 se penche sur le cas Hallyday, à la veille d’un adieu aux tournées qui s’amorcera en mai 2009, au moment même où l’artiste célèbrera ses 50 ans de carrière.
Personnage adulé par les uns, décrié par les autres, rarement un chanteur aura suscité autant d’intérêts contradictoires de la part de ses concitoyens.
Un demi siècle de vie, résumé à merveille par Jean-François Chenut dans un ouvrage nommé « Johnny Hallyday, 50 ans de scène et de passion » (Editions Flammarion). 
Pas un livre de plus sur Johnny, enfin !
Retour sur l’Artiste
Force est de constater que Johnny Hallyday, propulsé première star française du Rock’n’roll en pleine adolescence, est peut être le seul, aujourd’hui, a avoir grandi en même temps que cette musique et à pouvoir se targuer d’avoir été confronté à toutes les composantes du genre.
Qui d’autre que lui peut, en effet, se prévaloir d’avoir, dès le tout début des années 1960, enregistré à Londres avec les musiciens d’Eddie Cochran puis à Nashville avec ceux d’Elvis Presley pour signer à l’automne de sa vie des collaborations prestigieuses avec des artistes tels que Hawskley Workman, Bono du groupe U2 ou la jeune chanteuse de Soul Joss Stone.
5 décennies durant lesquelles l’idole d’une partie des français se sera régulièrement frotté à la musique roots, celle de son enfance, la musique qu’il aime…
Pour cela il aura constamment su s’appuyer sur la « crème » des musiciens internationaux. On ne compte plus, en effet, les guitaristes, batteurs, cuivres, harmonicistes, pianistes et autres instrumentistes qui auront prêtés leur expérience au chanteur.
Ils sont des centaines à s’être mesurés à lui, que ce soit sur scène ou sur disque.
Qu’ils soient français, anglais, américains, vedettes confirmées du Rock’n’roll (Big Jim Sullivan, Bobbie Clarke, Jerry Lee Lewis, Jim Dickinson, Carl Perkins, Brian Setzer & The Stray Cats, Don Everly, Little Richard etc…), icônes de la Country Music (Charlie Mc Coy, Emmylou Harris, Kathy Mattea etc…), gloires du Blues (Luther Allison, Taj Mahal, Tony Joe White, Terry Evans, Colin James, James Harman etc…), légendes du Rock (Georgie Fame, Brian Auger, Jimi Hendrix, Mick Jones, Jimmy Page, Steve Marriott, Ronnie Lane, Moon Martin, Peter Frampton, Chris Spedding, Little Feat, Jon Bon Jovi, Richie Sambora, Chris Rea etc…) et même grands ingénieurs du son et producteurs (Giorgo Gomelsky, Glyn Johns, Chris Kimsey, Bob Clearmountain etc…) tous ont un jour ou l’autre répondus présents.
Sûrement pas un hasard…
Si un amateur éclairé de musique Rock ne peut, de loin pas, se retrouver dans toutes les créations « hallydéennes » ils faudrait être de mauvaise foie pour cracher sur des productions aussi riches et novatrices en leurs époques que « Les Rock Les Plus Terribles », « Rivière…Ouvre Ton Lit », « Flagrant Délit », « Insolitudes », « Rock à Memphis », « La Terre Promise », « Nashville 84 », « Rough Town »…
Pourtant (du Square de La Trinité au Stade de France, du « Johnny Circus » à une Tournée sud américaine des Stades, de Johannesburg à la Tour Eiffel, de l’Olympia au Parc des Princes, de La Cigale à Berçy, de Végas au Zénith…) c’est sous la lumière des spotlights qu’Hallyday s’est forgé une solide réputation, faisant de lui l’un des plus gros performers de son époque.
Une capacité unanimement et internationalement reconnue qui lui aura permis de monter les projets les plus fous avec une rage inégalée et une obstination devenue légendaire.
C’est à ce titre que Jean-François Chenut s’est lancé dans la rédaction de son ouvrage.
Dans le seul but de nous dévoiler la plus belle facette de celui que l’on peut désigner, qu’on l’aime ou non, « l’exception culturelle française »…
Présentation de l’Auteur
Publicitaire travaillant pour le grand quotidien sportif L’Equipe, Jean-François Chenut mène depuis de nombreuses années une carrière exemplaire qui l’aura menée des studios d’RTL à ceux de Canal+ en passant par les salles de rédaction d’Info Matin.
Sous ses allures studieuses et derrière ses fines lunettes se cache pourtant un authentique passionné de musique qui n’a, à ses heures perdues, cesse de parcourir les rayons des disquaires et les salles de concerts dans le but de (re)découvrir un talent du Rock ou du Blues.
Admirateur de Johnny Hallyday (l’ayant vu près d’une centaine de fois en live), Jean-François s’est aussi vu confié par son ami Jean-Yves Billet la lourde charge de devenir consultant pour la major Universal et la gestion d‘un forum consacré à l‘artiste.
Décidant de fêter à sa façon le jubilé de l’idole, l’élégant quinquagénaire s’est aujourd’hui offert le luxe de devenir auteur d’un volumineux ouvrage qui devrait rapidement s’imposer comme une référence pour tous les amateurs du Rock’n’roll français.
David BAERST
Questions à l’auteur
David BAERST : Jean-François, qu’est-ce qui t’as poussé à rédiger un livre sur Johnny Hallyday ?
Jean-François CHENUT : Depuis 1969 je découpe, conserve, classe tous les articles que je trouve sur Johnny. Travaillant dans les médias j’en ai récupérés beaucoup....
Ma femme me disait : "mais qu’est ce que tu comptes faire de tout ça ?" et je lui répondais : "un jour, j’écrirais un livre !" Pensant davantage à la retraite. Puis il y a eu ce forum pour Universal que je fais vivre au quotidien et le besoin que j’ai eu pour le faire vivre de raconter quelques souvenirs, en me disant, ce sont des fans, ils connaissent ça par cœur. Finalement pas du tout, plusieurs fois on m’a suggéré de faire un livre. Alors je me suis dit : 50 ans de carrière, une tournée présentée comme celle des adieux, c’est le moment. J’en ai parlé à un ami qui bosse dans l’édition, il m’a dit : « vas-y fonce, c’est une super idée, je t’aiderai » et c’est parti comme ça !
DB : En quoi ce livre est-il différent des autres ?
JFC : J’ai bien sûr chez moi la quasi-totalité des livres écrits sur Johnny. La plupart du temps par des proches, ou dans une optique biographie. Rarement j’ai retrouvé le Johnny que j’aime, l’artiste exceptionnel. Sa vie privée, les femmes etc... c’est secondaire dans mon esprit. Bien sûr il y a les formidables ouvrages de JF Brieu, S Loupien ou celui de JD Brière, mais je voulais vraiment faire un livre qui mette en lumière la carrière fabuleuse de ce mec, pas une année sans qu’il se passe quelque chose, et le faire sous l’angle de ma vie de fan. J’ai eu la chance incroyable de l’approcher, le côtoyer dans de multiples circonstances jusqu’à devenir le consultant de JY Billet pour Universal et donc de participer à la création de produits fantastiques. C’est un livre uniquement axé sur l’artistique, la musique, les chansons, les disques, les spectacles et surtout mes 93 concerts. Je crois que ça me donne une certaine légitimité. Le directeur artistique a fait un boulot fantastique et a donné vie à tous mes documents pour faire un livre qui me semble vraiment différent.
DB : Je crois que ton ouvrage commence quelques années après les débuts de Johnny Hallyday. C’est-à-dire à partir du moment où tu l’as vu pour la première fois sur scène. Qu’as tu ressenti à ce moment là ?*
JFC : Au départ, l’histoire commence en 1965, année ou j’ai entendu Johnny pour la première fois dans une fameuse émission de radio « Salut les copains » puis le rythme s’accélère avec mon premier concert en 1969 au Palais des Sports, inoubliable. Pour être en phase avec le titre j’ai aussi, mais de façon différente, abordé les 5 premières années de sa carrière. Cela dit l’élément déclencheur est indiscutablement ce premier concert qui m’a bouleversé, je me rappelle m'être dit, dans le métro, en rentrant "ce mec est vraiment génial à partir de maintenant rien de ce qui le touche ne doit m’échapper".
J’étais tombé dans la marmite !
DB : De quelle façon t’es-tu documenté. N’as-tu fais appel qu’à tes propres souvenirs ?
JFC : J’ai bien sûr utilisé toute ma doc, plutôt bien rangée chez moi, et ma mémoire, excellente sur ce sujet. J’avais l’impression de m’être déjà raconté souvent cette histoire et bien sûr j’ai eu recourt à des livres pour m’aider à fixer les dates, la chronologie de sa vie.
Je réécoutais à chaque année le ou les Cd de référence, je regardais les DVD des shows, bref j’ai révisé tout mon Hallyday .Je l’avais déjà un peu fait lorsque j’ai conçu les 3000 questions du jeu inspiré du Trivial Poursuit, sorti en 2003 sur l’idole.
DB : Ce livre se distingue par une incroyable série de photographies. Comment les as-tu choisies et quels sont, pour toi, les photographes qui ont le mieux réussi à capter l’énergie scénique du chanteur ?
JFC : La base des illustrations c’est avant tout ma doc, les couvertures de presse, les articles, les magazines de référence comme des SLC, Rock&folk etc...
Ensuite j’ai passé une journée et demie dans une grande agence de presse pour choisir des photos de scène qui servent, en grande partie, de support au livre. Alors pour répondre à ta question, sans hésiter : Tony Frank, et ensuite selon les époques J L Rancurel, B Leloup, Cl Gassian et des photographes moins connus comme P Carpentier.
DB : A-t-il été difficile d’imposer ton concept auprès d’un éditeur aussi prestigieux que Flammarion ?
JFC : Bizarrement non, j’ai rencontré un type fantastique, Laurent Chollet, qui est passionné et qui connaît très bien cet univers. Cela lui a paru évident qu’il fallait faire enfin un livre sur l’artiste. Marre d' Optic 2000, de reportages photos dans les magazines people, de ses opinions politiques...
Il fallait revenir à l’essentiel et je pense que j’ai été crédible dans mon discours. Il n’y a eu aucun problème au contraire...
DB : Ce projet est avant tout, pour toi, une nouvelle aventure de fan. Dans ce cadre précis est-il facile de gérer la pression d’une telle parution ?
JFC : C’est une expérience fantastique. Ecrire un livre, sans doute le seul, l’idée de laisser une trace, le souci de ne pas décevoir, la notoriété de l’éditeur, ses ambitions commerciales...je ne devais pas décevoir !
En même temps je suis convaincu que les fans vont aimer et je suis sur qu’il séduira au delà ...
Beaucoup de lecteurs se retrouveront dans les souvenirs, anecdotes, évocations de faits d’actualité que je raconte.
J’ai eu un petit coup de blues quand j’ai terminé le livre et que j’ai remis le manuscrit. Il y avait comme un vide et puis je suis passé à autre chose, notamment le travail sur la maquette et maintenant le plan de communication. J’ai hâte de voire le bébé arriver... 
C’est très excitant
DB : Depuis quelques temps Johnny Hallyday, l’homme, donne l’impression de s’aventurer dans une nébuleuse assez éloignée de l’esprit originel du Rock’n’roll. En quoi est-il encore, pour toi, une incarnation de cette musique et de l’état d’esprit qui va avec ?
JFC : Je comprends ce que tu veux dire et, en même temps, après tant d’années on peut comprendre qu’il s’intéresse à autre chose. Musicalement il reste quand même fidèle à sa musique, ce que j’appelle la Hallyday music et sur scène il assure toujours. J’aime le voir prendre sa moto et faire un trip, c’est tout de même autre chose qu’une croisière de milliardaire en bateau. Bon c’est vrai que je me rattache plus au passé qu’au présent avec lequel je ne suis pas toujours en phase pour plein de raisons mais je suis quand même allé 10 fois sur la dernière tournée. Ce "Flashback Tour 2006-2007" était dans l’esprit du Rock’n’roll !
Oser "Rivière... ouvre ton lit" 40 ans après la création de ce titre il fallait le faire, c’est tout de même mieux que « Mon plus beau noël » !
DB : Ne trouves-tu pas frustrant qu’il soit davantage connu pour des titres peu représentatifs de sa production discographique (Pour exemple, il a sorti en 1973 un album remarquable, « Insolitudes », dont la qualité a été immédiatement masquée par un horrible duo avec Sylvie Vartan qui a squatté les Hit-Parade …) ?
JFC : C’est pour moi un drame absolu, le fossé qui l’a toujours séparé de ses goûts, ses envies et ce que son public attendait .Si on avait fait une émission ensemble j’aurais aimé qu’on diffuse des titres comme « Toi qui t’en vas », « La prison des orphelins », « Tant qu’il y aura des trains » « Je construis des murs autour de mes rêves » etc...
L’exemple que tu cites, je le développe beaucoup dans le livre où je reprends textuellement une interview donnée par Johnny à J B Hebey, tout est dit dans cet entretien ...
Cet exemple s’est répété tout au long de sa carrière, hélas...
DB : Vas-tu lui envoyer un exemplaire du livre et t’attends-tu à une réaction de sa part ?
JFC : Une réaction non, je ne pense pas, mais j’aimerais qu’il ait le livre et surtout qu’il l’aime. Je pense que cet ouvrage donne une image positive et authentique de l'artiste.
DB : En 50 ans de scène, comment jauges-tu l’évolution du showman ?
JFC : Evidemment avec le temps, ses problèmes de santé (deux hanches en plastique depuis plus de 20 ans), il n’est plus le showman bondissant des années 60 / 70...mais sa voix et sa présence ont gagné en puissance. Sa façon de bouger reste magique même si elle est devenue minimaliste. Il capte toujours autant les regards, l’attention. Il restera toujours magique en live. J’ai pu le constater en emmenant lors de son dernier passage à Bercy des membres de ma famille qui ne l’avait jamais vu et qui ont été conquis.
DB : Tu l’as rencontré à plusieurs reprises. Aujourd’hui que lui dirais-tu ?
JFC : Je l’ai vu à de multiples reprises mais vraiment rencontré deux fois, en 1995 et 2002. Si je le voyais aujourd’hui je crois que j’aimerais, comme je l’ai fait avec Michel Mallory, évoquer les fantastiques années de création musicale qu’ont été les années 1970. Je le remercierai, aussi, pour tout le bonheur qu’il nous a donné pendant ces 50 ans de scènes et de passion
DB : Peux-tu évoquer tes plus grands souvenirs scéniques concernant Hallyday ?
JFC : 93 concerts tu imagines combien le choix est difficile, mais je vais essayer : Le premier Palais des sports en 69 un show brillantissime, le Johnny Circus et cette proximité avec le public, son groupe que j’adorais, Nanette Workman qui nous rendait dingue ! Vigneux en 73 sous chapiteau, ambiance de folie...
Ensuite le Palais Des Sports 1976, ce Johnny Story, les lasers et un répertoire magnifique. Le Pavillon de Paris 1979, la dernière de folie avec tous ses potes, le Zénith avec ce poing hallucinant. Des Bercy je mettrais le Lorada tour (1995-1996) en 1er , je l’ai vécu intensément. Le Parc des Princes 1993 est pour moi son plus grand show...la perfection !
Le Stade De France 1998 dont le troisième concert, qui avait lieu sous la pluie, était totalement dément. La Tour Eiffel (2000) et cette nuit magique, la même année que son come back à l’Olympia. Difficile d’être sélectif, je n’ai jamais été déçu...
DB : Souhaites-tu ajouter une conclusion ?
JFC : D’abord te remercier pour ce sujet et l’occasion que tu m’as donnée de parler de ce livre. Ensuite dire aux fans que ce livre est pour eux et que j’espère ils vont l’aimer et enfin à Johnny "continue aussi longtemps que possible à faire vivre la Hallyday music" !
Merci ...
*Johnny Hallyday, 50 ans de scène et de passion (éditions Flammarion)*
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