Le Blues sur-vitaminé de Charlie Fabert à L’Orange Bleue
En sortant son recueil de poésies «L’amour la poésie» en 1929, Paul Eluard était certainement loin d’imaginer qu’une salle de musiques nouvelles de Vitry-le-François (Marne) s’inspirerait, un jour, d’un vers qui en est issu («La terre est bleue comme une orange») afin d’y puiser son nom de baptême… L’Orange Bleue.
Presque aussi métaphorique que le célèbre auteur ce charmant complexe culturel, extrêmement bien équipé, n’en oublie pas pour autant sa mission première… ouvrir sa scène à un maximum de talents français et internationaux.

Une mission qui s’est transformée en un véritable sacerdoce lorsqu’elle a décidé de s’offrir, pendant près d’une semaine, au jeune bluesman Charlie Fabert (21 ans) qui y trouvait là l’endroit rêvé pour enregistrer le premier CD/DVD live de sa carrière.

Suivant de près le travail du jeune prodige, il m’est apparu naturel d’aller à sa rencontre afin de me rendre compte, par moi-même, du chemin parcouru depuis ses débuts et sa première venue dans l’émission « Route 66 » (en septembre 2008).
J’arrivais au dernier jour de sa résidence, quelques heures avant le début d’un concert qui s’annonçait déjà crucial...

Dès mon entrée dans la salle, je retrouvais Charlie qui s’apprêtait à effectuer les derniers réglages de son show.
Après m’avoir présenté aux membres de son groupe, il a démarré l’ultime répétition durant laquelle je n’ai pu que me rendre à l’évidence… A force d‘abnégation, le bonhomme a encore progressé et peut s’appuyer sur un «backing band» solide… où les différents intervenants rivalisent de talent.
Le choc a été amplifié en entendant, pour la première fois, la voix du chanteur anglais Paul Cox… l’un des invités de la soirée.

Constitution du groupe
Guitares et chant : Charlie Fabert |
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Basse : Philippe Dandrimont |
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Claviers : Vartan Fau |
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Batterie : Pierre-Alain Delaunoy |
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Saxophone : Mathieu Durmarque |
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Trompette : Patrice Lerech |
(malheureusement absent lors des ultimes répétitions, il vous faudra vous ruer sur le DVD pour le découvrir en image…) |
Trombone : Youssef Essaouabi |
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Invité spécial au chant : Paul Cox |
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Après quelques dizaines de minutes, tous ont décidé de réaliser une répétition générale, en interprétant le set dans sa quasi intégralité. Il ne m’en a pas fallu davantage pour discerner le potentiel de Charlie, qui ne se contente décidément pas de faire les choses à moitié.
C’est là que tout s’est accéléré : un repas rapide, un changement éclair de vêtements et l’arrivée de l’invité «surprise» de la soirée… Fred Chapellier !

Plus qu’un invité pour Charlie, Fred est un modèle musical et humain dont il revendique une certaine «filiation». Lorsqu’il parle de lui, il n’est pas sans me rappeler le guitariste texan Charlie Sexton qui, avant d’évoquer les habituelles légendes du Blues, citait comme référence première son contemporain et voisin Jimmie Vaughan…

Autre symbole (et non des moindres), pour ce concert, le guitariste Fabert à utilisé la guitare de son maître Chapellier. Un échange d’instruments (et de bons procédés) qui en dit long sur les liens qui unissent les deux artistes.

Il ne restait plus qu’à tout ce beau monde de « truster » une scène qui s‘en souviendra longtemps…
Face à un public nombreux et chaleureux, le set a commencé sur les chapeaux de roues. Naviguant entre la salle et les coulisses je n’ai pu qu’en constater la qualité, près de 3 heures durant...

Le tout a été filmé (avec une structure impressionnante) par une équipe de professionnels, menée par François Durupt (Esprit D. Clip), qui ne s’est pas contentée du concert et qui s’est largement attardée sur l’ambiance derrière la scène, interviewant invités et spectateurs. Tout y est passé, de la première note de l’introduction jusqu’à la dernière d’une héroïque jam finale.

Une soirée intense (et, qualitativement parlant, au-delà des espérances les plus folles) qui a marqué la fin de la « première période » du chanteur-guitariste (les reprises) et qui annonce le début de la suivante (les compositions originales, deux albums au contenu alléchant sont déjà en préparation).
Lorsque vous (re)vivrez ce concert, confortablement installés devant votre téléviseur, vous pourrez vous rendre compte que le Blues français est, décidément, bien à la fête en ce début de décennie. En tout cas, il peut s’enorgueillir de compter, en son sein, un nouvel artiste de talent…
Ce dernier a toute une vie devant lui pour faire vivre son rêve…
Un rêve nourri à grandes doses d’énergie, de travail, de talent et d’humilité…
Maintenant, que tombent les préjugés et que le public salue l’entrée définitive de Charlie Fabert dans la cour des (très) grands !
David BAERST

www.myspace.com/charliefabert
www.charliefabert.com
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