Magneto Guitars :
Une passion au service de six cordes !
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Magneto Guitars : Une passion au service de six cordes !

En ce début de 21ème siècle, la simple évocation du mot « musique » fait immédiatement penser à des termes moins poétiques tels qu’ « industrie », « ventes », « argent », « business »… voire carrément mafieux comme « milieu »!
Heureusement, il reste dans le domaine artistique de nombreux passionnés qui continuent de donner ses lettres de noblesse au genre.

Qu’ils soient musiciens, interprètes, auteurs, compositeurs, labels, distributeurs, propriétaires de Clubs ou programmateurs, tous s’unissent dans un effort commun… afin de perpétuer  leur vision indépendante de la chose.
Parmi les travailleurs de l’ombre, figurent quelques créateurs qui mettent leurs talents à disposition de ceux qui brillent sous les spotlights. Christian Hatstatt est de ceux là…

Ce luthier a décidé de fonder sa propre marque d‘instruments, Magneto Guitars.
Fort d’une solide expérience, il vous invite à le suivre dans son univers où le qualitatif l’emporte sur la quantitatif. Une démarche qui, petit à petit, lui permet de s’inscrire dans la tradition de quelques illustres aînés qui partagent sa même obsession… le bon son !


Affublé de son éternel sourire, il revient sur son parcours et sur sa vision de la musique. Pour notre plus grand plaisir, savourons ce bout de route en sa compagnie….

 


 
Christian, de quelle manière as-tu découvert l’univers de la guitare ?
 
En découvrant les Beatles à la télévision (Noir et Blanc, je précise) un soir, j’avais 11 ans et je m’en souviens comme si c’était hier. Ayant commencé la musique par le piano classique, la découverte de cette musique populaire m’a fait prendre conscience de beaucoup de choses, notamment l’influence de la musique noire américaine sur toutes les musiques dites modernes.

L’émotion que j’ai ressentie ce fameux soir est encore intacte, la musique a encore le même pouvoir sur moi et c’est ce qui me fait avancer.
C’est aussi ce qui m’a fait étudier la guitare et ce qui m’a donné envie de mieux connaître la fabrication de l’instrument.
 
L’aspect technique de l’instrument t’a-t-il rapidement attiré ?

Pas tout de suite et heureusement car la musique est la chose la plus importante dans l’absolu, si on ne la respecte pas, on ne saura respecter l’instrument. Après quelques années de pratique à la guitare acoustique, j’ai découvert la guitare électrique qui évoluait énormément dans les années 70 et 80. C’est à cette époque que j’ai essayé de comprendre les éléments qui importaient dans le son d’une guitare. J’entreprenais alors les premières transformations sur mes instruments et je faisais quelques réparations simples.
 
A partir de quand as-tu commencé à en fabriquer ?

Bizarrement je parlais de l’envie de devenir luthier depuis mes 11 ans et je dessinais déjà de “nouveaux” instruments sur mes cahiers d’école… mais il a fallu passer par d’autres métiers avant. Puis un jour vraiment par hasard, un luthier américain résident à Bâle me propose de travailler pour lui, j’avais alors 21 ans.
 
Peux-tu revenir sur ton parcours professionnel en termes de lutherie ?

Lorsque je commençais à vraiment travailler sur le métier, mon travail consistait autant à m’occuper de réparations ou de production de nouveaux prototypes qu'à répondre à beaucoup de demandes de clients qui venaient du monde entier. Il fallait s’occuper de beaucoup d’aspects auxquels je n’avais franchement jamais pensé auparavant.
 
Pourquoi avoir décidé de fonder ta propre marque ?
 
Comme dit, le rêve existait depuis mes 11 ans mais il a fallu beaucoup de temps pour apprendre toutes les facettes du métier. Aujourd’hui, le fait de savoir construire un instrument ne suffit plus. Les raisons de la création de Magneto Guitars sont multiples. La raison principale était de proposer des instruments de fabrication artisanale basés sur un concept “musical” plutôt que sur un concept “marketing”.

Aussi, je travaille avec un ami japonais depuis beaucoup d’années et nous partageons les mêmes idées sur la qualité et la noblesse qu’un instrument doit avoir. Nous avons donc décidé de travailler ensemble sur ce concept. L’admiration que nous avons pour nos cultures respectives rend cette collaboration très intéressante. En effet, j’ai toujours eu un respect profond pour la minutie Japonaise.

Peux-tu me présenter l’actuelle gamme Magneto Guitars ?

La gamme a été créée sur d’un concept sonore ou musical. Nous voulions que les instruments aient un son qui leur soit propre et que leur structure favorise les fréquences dites moyennes (ou mediums). Ceci nous a amenés a créer deux formes de base un peu différentes tout en respectant une certaine tradition. Puis ces deux formes de bases sont devenues 6 modèles qui se différencient par leurs bois ou leurs configurations de micros.
 
Quelles sont les différences fondamentales entre ces six modèles. Pour quels types de musiques préconiserais-tu chacun d’entre-eux ?

À la base nous proposons deux formes: la T-Wave et la Sonnet

  1. les modèles T-Wave on été créées en hommage aux créateurs du blues et de la musique traditionnelle américaine. Ce sont des instruments qui ont une forte identité et une sonorité très tranchée, préconisées pour des sonorités plus “roots”
  2. les modèles Sonnet sont des instruments plus versatiles qui permettent d’aborder beaucoup de styles différents

Après, les combinaisons de bois et de micros servent à créer des variations sonores. Ceci est notre vision de créateurs, mai il est intéressant de voir ce qu’en font les musiciens qui les jouent. Par exemple, Fred Chapellier qui est une référence dans le blues, préfère utiliser une Sonnet. Fab Tranzer, guitariste français immigré au Mississipi/USA préfère une T-Wave.

 
Quelles sont les caractéristiques techniques de la marque ?

Tout d’abord nous respectons un principe qui nous est cher: ne faire intervenir que des luthiers chevronnés et utiliser des matériaux de bases de première qualité. Ceci est très important, il faut que chaque personne et chaque élément soit respecté. Un autre principe consiste à préférer des matériaux qui passent de vrais tests de qualité et de respect de l’environnement.

Pour être plus technique: nous utilisons des aulnes nord américains pour nos corps, un érable (hard rock maple) réputé autant pour sa solidité que ses qualités sonores pour nos manches, des palissandres indiens pour les touches. Les bois doivent impérativement être séchés à l’air libre pendant 5 années au minimum.
Puis, ils sont livrés dans notre entrepôt où ils restent encore 1 an au minimum. Avant utilisation, nous avons une étuve qui nous sert à réduire l’humidité des bois à 8%. Ce travail là nécessite pas mal d’énergie et n’est effectué que par très peux de fabricants mais nous pensons que c’est la base d’un instrument de qualité. Ensuite commence le travail de lutherie…

Nos instruments sont fabriqués de manière artisanale et les seules machines que nous utilisons sont des scies à ruban et des tables de fraisage, tout le reste est fait à la main. Une phase importante est l’art de poncer à la forme souhaitée, notamment pour les manches qui est le lien direct avec le musicien.
Nos corps sont finis avec une laque nitrocellulosique.
Tous les acastillages et chevalets sont fabriqués pour nous par Gotoh qui est un fabricant de renommée mondiale situé au Japon. Les micros que nous utilisons sont spécialement fabriqués pour nos instruments. Tout cela, afin de donner le plus de personnalité possible à l’instrument final.
 
Comment s’effectue la répartition des tâches entre ton atelier français et ton site de production au Japon ?

Toute la fabrication se déroule dans notre atelier à Matsumoto, Nagano. C’est une belle région située dans les montagnes et le climat ainsi que l’humidité sont identiques à l’Alsace. A la différence près que cette région est réputée pour son savoir faire en matière de lutherie. Je m’occupe principalement du design des instruments et je passe du temps au Japon pour le lancement et la création des instruments. Nous avons un bureau et un petit stock en Alsace où nous nous occupons principalement du marché européen car nous voulons travailler avec des magasins et des musiciens qui partagent notre point de vue.
 
Tu as participé à de nombreux salons à travers le monde et tu commences à endorser des guitaristes prestigieux. Peux-tu évoquer tes premières sources de satisfaction ?

Les sources de satisfactions sont aussi intenses que les premières émotions musicales. Magneto Guitars est aussi une aventure humaine et nous avons la chance de compter des artistes prestigieux qui jouent nos instruments: le guitariste de Blues Français Fred Chapellier qui est également compagnon de scène sur la tournée de Jacques Dutronc joue nos instruments et les fait sonner magnifiquement bien.

Fab Tranzer, qui est un ami de longue date et qui nous a beaucoup aidé durant l’élaboration, fait énormément d’enregistrements aux Etats Unis et nous fait l’honneur d’utiliser nos instruments. Perry Stenbäck est le guitariste le plus réputé au Danemark et utilise sa guitare Magneto tous les jours pour des enregistrements ou des concerts. Ces musiciens sont également des humains charmants ce qui facilite la collaboration.

Je participe à tous les salons de la musique depuis des années pour y rencontrer musiciens et magasins spécialisés. Autant que de participer à ces grands salons, j’aime aussi montrer nos instruments dans des expositions un peu plus petites ou on a le temps de parler aux aficionados.
 
Quels sont les objectifs que tu t’es fixé (en termes d’évolution de la gamme et de ventes) ?

J’ai beaucoup d’objectifs et les priorités ne sont pas nécessairement d’ordre économique. Le premier objectif que je me suis fixé est de ne jamais arrêter d’apprendre et de garder une dimension humaine, c'est à dire d’éviter une gamme trop large et de continuer à travailler la qualité. Ensuite notre atelier est prévu pour fabriquer un maximum de 300 instruments par an et nous ne voulons pas vraiment dépasser cela.

Pour l’instant nous sommes dans une phase de développement et de promotion de la marque et il reste beaucoup de travail jusqu’à ce que l’atelier soit à sa production maximale. Les commandes rentrent et nous avons de plus en plus de magasins partenaires dans toute l’Europe, ce qui est très positif.

L’objectif principal est de continuer à faire travailler des gens qui sont vraiment formés au métier; ce qui fait de nous une entreprise atypique. Alors que la règle actuelle consiste plutôt à préférer les sites de productions de faible coût. Nous voulons simplement livrer de vrais instruments de musique fabriqués par des professionnels pour les vrais amoureux de la guitare.

David BAERST

www.magnetoguitars.com
www.myspace.com/magnetoguitars

 

 

 

 
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