Nda : Bluesman de père en fils, une tradition qui ne se perd pas dans le Mississippi. Après Earnest Roy Senior (qui a joué avec Ike Turner, John Lee Hooker, Wade Walton et bien d’autres), c’est son fils Earnest Roy Junior (né le 25 septembre 1958) qui a pris le relais et qui continue de promouvoir un blues d’une touchante authenticité auprès des amateurs du genre. Après un concert d’une rare intensité, dans le cadre majestueux de la Salle des Gardes du Château François 1er à Cognac, ce dernier m’a reçu afin de revenir sur une vie vouée corps et âme à la musique du Diable.
Earnest, pour débuter cet entretien, peux-tu te présenter et évoquer succinctement ton enfance à Clarksdale dans le Mississippi ?
Je suis Earnest « Guitar » Roy est je suis littéralement né dans la musique et, plus spécifiquement, dans le blues. Mon père était déjà un bluesman et c’est à ses côtés que j’ai appris les rudiments du genre, alors que j’avais entre 5 et 7 ans. A l’âge de 8 ans, j’ai intégré son groupe. A cette époque, Big Jack Johnson en était le bassiste. Ce combo se nommait Earnest Roy & The Clarksdale Rockers…
Quand as-tu commencé à te produire sous ton propre nom ?
J’ai réellement débuté, sous mon propre nom, aux alentours de mes 14 ans…
Aujourd’hui, tu es accompagné par un groupe qui porte le nom de celui de ton père. Pourquoi as-tu fait ce choix ?
Effectivement, j’ai repris le nom du groupe de mon père, The Clarksdale Rockers. Cependant, sa configuration n’est pas tout à fait la même car l’ensemble de mon père était plus étoffé. Il y avait des cuivres, en plus d’une imposante section rythmique. Earnest Roy Sr m’a tout enseigné, en ce qui concerne le blues. Tout ce qui a un rapport avec la musique, car il n’évoquait jamais le côté business de cette profession avec moi. Il pouvait être assez dur en ce qui concerne mon apprentissage mais il a été un excellent professeur. Il me disait toujours qu’il fallait que je donne le meilleur de moi-même. Je me suis, successivement, lancé dans la pratique de plusieurs instruments ; la batterie, la basse puis la guitare soliste à l’âge de 11 ans…
Comme je te le disais, à 14 ans j’ai fondé mon premier groupe qui se nommé First Choice. Par la suite, comme je portais déjà le nom de mon père, j’ai décidé d’également donner le nom de son groupe au mien. C’est aussi une forme d’hommage…
Comment se porte la scène blues à Clarksdale actuellement ?
Elle continue de traverser les générations. Ce n’est plus comme à la fin des années 1950 ou pendant les années 1960, mais je ne pense pas qu’on en verra la fin prochainement. A l’époque on te servait un verre puis tu commençais à faire du bruit, il y avait de la musique partout.Il fallait, également, savoir faire preuve de connaissances et d’une certaine authenticité pour jouer cette musique. Les artistes originels connaissaient le blues sous toutes ses formes. Ils savaient ce qu’étaient les mauvaises périodes, celles qui annoncent des temps difficiles. Avec mon groupe, nous parlons toujours de choses de cette nature, des mauvais moments et des relations humaines. Aujourd’hui, par contre, n’importe qui se colle l’étiquette et se met à faire du blues… même sans savoir exactement de quoi il s’agit !
Selon toi, quelles sont les particularités de ton propre blues ?
C’est quelque chose qui est profondément ancré en moi. Je l’ai traversé et c’est ce que j’essaye d’exprimer. Je ne chante pas particulièrement sur les soucis des gens. Je fais des chansons sur les propres problèmes que je rencontre. C’est un blues sur ce que je suis réellement.
Peux-tu évoquer ta collaboration avec Rod Parsley ?
Rod Parsley est un célèbre télé-évangéliste qui possède un grand charisme. C’est un bon professeur, qui aborde les sujets avec précisions et qui se trompe que rarement. Certaines personnes sont septiques mais, à titre personnel, je crois en son enseignement et en ses prêches. Je vais te dire pourquoi il est aussi bon. C’est parce qu’il est un homme de la campagne, de la terre. (Nda : Rod Parsley est une superstar de la télévision américaine dont les sermons réunissent des millions de téléspectateurs. Roy l’a accompagné en tant que guitariste)
Dieu tient-il une part importante dans ta vie et dans ta musique ?
Je crois en Dieu, je suis un chrétien… C’est une chose que je fais transparaitre dans mes propos et dans ce que j’interprète. Lorsque les gens se sentent mal, qu’ils pensent être sur une pente descendante, je chante des choses que tout le monde peut comprendre. Ainsi, j’essaye de les aider. Je ne crois pas au mauvais langage et je donne toujours tout ce que j’ai. Je le fais pour les autres, pour moi et pour mes enfants.
Justement, qu’aimes-tu évoquer dans tes textes ?
J’aime les chansons joyeuses, qui peuvent rendre les gens heureux. Quand j’évoque certains problèmes c’est, essentiellement, pour montrer comment on peut les contourner. Je tente de transmettre de l’énergie et de faire en sorte que les gens se sentent mieux après m’avoir écouté. C’est une constante dans les chansons que j’écris. Faire en sorte de montrer aux gens comment ils peuvent se sentir mieux. Par exemple, j’ai un morceau qui s’intitule « You got a bigger smile » qui dit que, si une femme est à ta table, tu arriveras davantage à la séduire en lui faisant un beau sourire (rires) !Où que tu ailles, il faut montrer un beau sourire… pour tous les gens qui sont autour de toi !
En jouant ici, as-tu été surpris par l’enthousiasme que génère ta musique auprès du public français ?
Non, je n’en suis pas surpris. La musique est une sensation et, cette sensation, je l’ai en moi. C’est mon âme que je partage et cette dernière est chargée de bonheur. Je me contente donc de transmettre ces sentiments heureux à l’audience.
As-tu un rêve pour le futur ?
J’espère que durant toute ma vie, j’arriverai à faire en sorte que chaque nouveau jour soit meilleur que le précédent. Pour moi et pour tous les gens autour de moi. Je veux qu’un sourire soit inscrit sur mon visage chaque jour. J’aime l’amour et j’aime les gens. Quels qu’ils soient, de toutes les nationalités et de toutes les religions… j’aime les gens !
Aimerais-tu ajouter un dernier mot à l’attention de ton public français ?
J’avais entendu dire que les français aiment le blues et j’ai, maintenant, pu constater que c’est une réalité. J’ai été très bien accueilli ici et c’est une chose que j’ai vraiment appréciée, merci au public français !
Remerciements : Aurélie Roquet et son équipe (On The RoaD Again), Gwenaëlle Tranchant, Lisa Bécasse et tout le service de presse du Cognac Blues Passions.
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