Aidan Connell
& The Daybreakers
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Jeune et affamé, deux qualitatifs qui (au propre comme au figuré) conviennent parfaitement à Aidan Connell. Le prodige britannique de la 6 cordes, promis à un bel avenir, a offert un showcase aux auditeurs de Route 66, dans le cadre des 25 ans de l’émission. Sans aucun complexe, il y a démontré que sa musique n’a rien à envier à celle jouée 5 décennies plus tôt par ses glorieux ainés. Accompagné, pour la circonstance par le batteur Anthony Payne et par le bassiste Conor Cotterill (formant, ainsi, un line-up « new look » de The Daybreakers), le chanteur-guitariste a surpris l’auditoire en le replongeant avec talent dans l’époque bénite du Swinging London…qu’il n’a pourtant pas connu. Après avoir convoqué le fantôme de Muddy Waters, le temps d’un rappel constitué d’une relecture originale du classique « Got my mojo working », le trio exténué (et plus affamé que jamais) a eu la gentillesse de répondre à mes quelques questions.

Dans un premier temps, pouvez-vous revenir sur vos cursus respectifs et vous présenter les uns après les autres ?66
Aidan Connell : Je joue du blues et du rock’n’roll et suis originaire de Reading, Berkshire. Je devais être âgé de 11 ans quand j’ai débuté l’apprentissage de la guitare. C’était dans un registre classique. Puis, je suis entré dans une Académie de Musique appelée ACM (Academy of Contemporary Music). C’est de cette manière que mon éducation s’est déroulée.
Anthony Payne : Pour ma part, je suis le batteur d’Aidan durant cette tournée. J’ai commencé la pratique de cet instrument à l’âge de 7 ans en prenant des leçons. J’ai connu plusieurs professeurs qui m’ont permis de me perfectionner.
Conor Cotterill : Je suis le bassiste du projet et je viens de Stratford…qui est un endroit situé à l’est de Londres. J’ai commencé la musique par la guitare classique alors que je devais être âgé de 15 ans. Puis, je me suis orienté vers la basse vers mes 18 ou 19 ans. J’ai fréquenté un Lycée, axé sur les cours de musique, situé dans la partie est de Londres. Depuis, je n’ai jamais cessé de jouer dans des groupes. Ceci dans des registres assez différents les uns des autres.

Pour ta part Aidan, dans quelles circonstances as-tu commencé à te produire sur la scène londonienne ?
Aidan Connell : J’ai grandi à environ 25 miles de Londres, dans une très petite ville. A compter de mes 14 ans, je me suis souvent rendu à Londres en train. Par la suite, à l’âge de 17 ans, j’ai eu l’opportunité de m’y installer. 

Est-ce à partir de ce moment-là que tu as commencé à te produire de manière professionnelle ?
Aidan Connell : J’ai un petit attendu avant de pouvoir me produire professionnellement. En effet, c’est vers mes 20 ansque j’ai, pour la première fois, signé un contrat avec un label. C’était avec un groupe formé un an plus tôt en compagnie d’amis qui, comme moi, s’étaient installés à Londres. Nous avons travaillé ensemble et sorti quelques disques.

Tu t’es, également, fait remarqué au sein du groupe Melody Nelson. Peux-tu revenir sur cette expérience ?
Aidan Connell : Il s’agissait d’un groupe qui a connu une grande notoriété à Londres. Nous avons, par ailleurs, beaucoup tourné dans toute l’Europe et même en Amérique. Nous avons enregistré quelques disques. C’était une belle expérience qui nous a apporté de la popularité. Les autres membres étaient Itay Holzkaner et Paul Martin Wold. Bien sûr, il s’agissait d’un clin d’œil à Serge Gainsbourg mais notre musique était assez psychédélique. Notre registre était, en fait, relativement hard, avec des réminiscences de blues…

D’ailleurs, quelles sont tes influences principales ?
Aidan Connell : Je les puise dans le vieux blues et je m’inspire d’artistes tels que Howlin’ Wolf ou Muddy Waters. Bien sûr des personnalités des années 1960/1970 telles Peter Green de Fleetwood Mac, Jimi Hendrix, Cream ou encore Led Zeppelin ont eu un réel impact sur ma musique. Cependant, je puise mon inspiration encore plus loin. Comme dans le blues du désert avec Ali Farka Touré ou la pop avec Serge Gainsbourg, dont j’apprécie particulièrement une partie du répertoire.

Tu aimes des artistes africains, comme Ali Farka Touré que tu citais. A titre personnel, te considères-tu aussi comme un griot dans le monde actuel du blues ?
Aidan Connell : Oui absolument et je regrette que beaucoup trop de gens se concentrent uniquement sur la musique quand ils écoutent du blues. Il ne suffit pas de se contenter d’écouter de longs soli de guitares mais aussi d’être perceptif en ce qui concerne les sujets abordés dans ce registre. Au début, le blues était joué en acoustique et les gens étaient très sensibles aux textes qui reflétaient leurs préoccupations quotidienne… mais qui flirtaient aussi allègrement avec des sujets moins évidents, voire particulièrement imagés. A l’époque, des gens tels que Muddy Waters jouaient exclusivement en acoustique et, souvent, dans des champs de coton. Puis cette musique s’est électrifiée avant de devenir, sous cette forme, très populaire en Angleterre. Avec cette mutation, elle est devenue plus lyrique et les longues envolées musicales ont eu tendance à estomper la richesse des textes. Pour accrocher les gens, je pense qu’il faut évoquer des histoires qui leurs sont familières. L’un de mes amis, qui jouait dans un grand groupe, m’a toujours dit qu’il faut savoir écrire de bonnes chansons si tu souhaites que les gens s’en souviennent…

La scène blues londonienne était très riche entre les années 1960 et 1970. Comment se porte-t-elle aujourd’hui ?
Aidan Connell : Elle se porte bien…à condition que tu sois âgé de 50 ans ou plus (rires) ! Je ne voudrais rien dire qui puisse prêter à controverse mais je pense que les gens ont oublié d’où vient le blues. Pour eux, il s’agit simplement d’un style de musique. Ils ne comprennent pas vraiment le registre en lui-même.

A titre personnel, te considères-tu comme un « vrai » bluesman ?
Aidan Connell : C’est aux gens de décider de la chose, je ne crois pas que ce soit à moi de le dire…

Quels sont les thèmes que tu préfères développer au sein de tes chansons ?
Aidan Connell : Uniquement le sexe, la copulation et ce genre de jeux (rires) !

Tu as, souvent, eu l’occasion de te produire avec Gary Clark Jr. Peux-tu revenir sur votre amitié ?
Aidan Connell : Nous avons, effectivement, eu l’occasion de jammer ensemble à Londres. Suite à cela, nous sommes devenus amis et avons partagé la même scène sur divers concerts. J’ai pu me perfectionner à ses côtés et je lui en suis gré. D’ailleurs, il est possible de voir plusieurs vidéos nous réunissant sur YouTube. J’ai aussi eu l’occasion de jouer avec Otis Grand qui est un peu moins connu. Il s’agit, pourtant, d’un formidable guitariste de blues né au Liban et qui vit aux Etats-Unis. Il a eu l’occasion de jouer avec B.B. King et a tourné avec tous les plus grands. Si Gary Clark est formidable, je dois dire que j’adore le côté plus « old school » d’Otis Grand.

Anthony et Conor, en ce qui vous concerne, pouvez-vous me parler plus particulièrement des autres projets musicaux auxquels vous participez ?
Anthony Payne : Je joue dans un autre groupe londonien qui est très inspiré par la musique des années 1960 et 1970. Son influence principale est Led Zeppelin (mais aussi Humble Pie, The Rolling Stones, Peter Frampton…) et nous y adjoignons des sonorités plus funky. Nous sommes 4 musiciens à constituer ce combo, appelé Flare Voyant, qui apprécie particulièrement le travail qu’a pu effectuer Chris Kimsey sur des enregistrements mythiques datant des deux décennies que je citais. D’ailleurs ce dernier a beaucoup apprécié nos premières démos et s’est chargé de produire notre premier E.P éponyme, paru en novembre 2017. Depuis il y en a eu un deuxième, « Seeds Of The Flamboyant », qui est sorti en 2018. Nous avons eu la chance d’effectuer la première partie des Pretty Things à Paris et même de titiller la curiosité du légendaire guitariste Jimmy Page, qui est venu assister à l’un de nos concerts.
Conor Cotterill : Pour ma part, j’ai la chance de pouvoir me produire dans plusieurs groupe et ce dans des registres diversifiés. Je peux ainsi, au sein de l’un deux, également aborder un registre seventies inspiré par des groupes tels que The Allman Brothers Band ou Led Zeppelin.

Aidan, t’es-tu fixé un but en particulier pour l’avenir ?
Aidan Connell : Enregistrer davantage ! D’ailleurs, je travaille sur un nouvel album en solo pour lequel j’ai déjà 20 chansons de prêtes. Il va, maintenant, me falloir faire des choix douloureux afin de n’en garder que 15. Actuellement, il y a l’une de mes chansons (qui n’est pas encore sortie) qui est très fréquemment diffusée, dans le cadre d’une émission consacrée au blues, sur Planet Rock qui est une grande station de radio basée en Angleterre. Les gens qui découvrent ainsi mon travail sont très enthousiastes. C’est de bon augure pour la suite…

Aujourd’hui, c’était la première fois que tu enregistrerais un live pour une radio française. Souhaiterais-tu ajouter quelque chose à l’attention des auditeurs qui te découvrent à cette occasion ?
Aidan Connell : J’aimerais simplement inviter ces gens à faire des recherches sur notre musique. J’espère qu’ils viendront nous voir lors de nos prochains concerts dans ce pays. Sinon, je n’ai qu’à remercier les français pour l’accueil reçu aujourd’hui !

Remerciements : Syd Philips

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Interview réalisée au
Studio RDL - Colmar
le 24 septembre 2019

Propos recueillis par

David BAERST

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