Alain Giroux
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Inépuisable défenseur d’un blues acoustique (popularisé aux Etats-Unis par Blind Lemon Jefferson, Big Bill Broonzy, Robert Johnson et consorts),Alain Giroux est de retour sur scène accompagné par le jeune harmoniciste Jean-Marc Hénaux. Ensemble, ils revisitent un répertoire traditionnel, tout en l’agrémentant de compositions originales et de morceaux emblématiques des années 1960 et 1970.
Agé de 72 ans, celui qui est l’un des pionniers du blues dans l’hexagone démontre ainsi qu’il n’a rien perdu de sa virtuosité, de sa passion, de sa verve et de son humour. De surcroit, en plus d’être un plaisir, chaque rencontre avec Alain se transforme en un moment précieux. Je vous propose donc d’en partager un nouveau, par le biais de l’entretien qui suit.

Alain, toi qui es un précurseur du blues en France, comment jauges-tu son évolution depuis toutes ces années ?66+
J’ai l’impression que, depuis mes débuts à la fin des années 1960, cette musique a connu des vagues successives et plusieurs regains d’intérêt. Pour ma part j’ai, principalement, été porté par la pratique du picking qui était très en vogue dans les années 1950. Beaucoup de bluesmen de cette période jouaient en fingerpicking. En effet, contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes, ce n’est pas Chet Atkins qui a découvert cette technique (rires). C’est donc dans cette mouvance que j’ai commencé à me faire connaitre.

Contrairement à la vague folk française, qui est totalement tombée dans l’oubli avant de remonter petit à petit, le blues a toujours été présent. Cette musique peut compter sur un public qui, s’il n’est pas énorme, reste important.On peut noter un retour à la guitare acoustique grâce à des artistes tels qu’Eric Bibb ou Keb’ Mo et d’autres artistes américains, qui reviennent aux sources.

D’un autre côté, il y a le développement du blues électrique (blues-rock, chicago-blues…) dont certains groupes français se font les dignes représentants (Shake Your Hips, Awek, Blues Power Band etc…). Le blues n’est jamais tombé en désuétude et peut compter sur un bon noyau d’irréductibles, voire d’intégristes (rires) ! C’est un genre musical qui est à la base de beaucoup d’autres et, de ce fait, il restera toujours vivant (même s’il sera toujours moins mis en avant que la variété française par exemple).

Je suis assez surpris de t’entendre citer le Blues Power Band parmi les groupes français que tu apprécies. Sa musique est, en effet, très électrique.En dehors de lui, quels sont les nouveaux artistes français de blues que tu aimes écouter ?
J’aime beaucoup, dans une formule duo, les Mountain Men. J’apprécie aussi Mr Bo Weavil (Mat Frémont) dont, à une époque,le père jouait du violon à mes côtés.Je suis content de constater qu’il se produit sur de belles scènes. J’aime beaucoup ce qu’il fait, surtout lorsqu’il joue en solo.

Pour en revenir au Blues Power Band, qu’est-ce qui te touche le plus dans sa musique ?
Contrairement à ce que les gens supposent, j’adore le rock et le blues électrique… même si je n’en joue pas et que mon registre est purement acoustique. Les musiciens de ce groupe sont vraiment très bons et j’adore le chanteur (Hervé « Bannish » Joachim).

Je les ai rencontrés au Salaise Blues Festival et nous avons immédiatement sympathisé. Les membres du groupe Awek sont aussi des copains, à l’instar de Manu Lanvin qui fait preuve d’une belle présence sur scène. Chez les moins jeunes, je reste copain avec Cisco Herzhaft qui partage mon amour de la guitare acoustique.

Tu as toujours, dans un registre acoustique, su aborder des registres assez variés. As-tu déjà été tenté de revenir aux racines africaines de cette musique ?
Honnêtement, non…Je suis toujours resté ancré dans la musique de pionnier du blues tels que Blind Blake, Lonnie Johnson ou Lightnin’ Hopkins. On peut parfois distinguer, dans leurs sons, des origines africaines flagrantes. Ceci-dit, je ne suis jamais allé au-delà. D’autant plus que la pratique de la musique africaine est une chose très compliquée (rires) !

Un jour, dans le cadre du festival Gresiblues, j’ai assisté à la conférence d’un professeur qui évoquait justement les compositions rythmiques des musiques africaines. En fait, c’est l’enfer (rires) ! Donc, je ne vais pas revenir en arrière. Je sais quel est mon créneau et j’adore écouter ce que je ne fais pas…à chacun son truc (rires) !

Tu as toujours travaillé en solo ou en duo. Serais-tu tenté de te lancer dans une nouvelle aventure, au sein d’un groupe ?
Non… d’autant plus que, pour moi, un duo passe déjà pour un big band (rires) ! Mon jeu de guitare ne nécessite pas d’être accompagné par une batterie ou une basse. Pendant plus de 20 ans, j’ai joué avec le violoniste Jean-Louis Mahjun. Cela constituait un duo assez inédit.

Actuellement, je travaille avec Jean-Marc Henaux (également membre du groupe Shake Your Hips) avec lequel nous sommes revenus vers un son très roots, en formule guitare-harmonica. Ensemble il nous arrive, cependant, de reprendre des chansons de Bob Dylan ou du Creedence Clearwater Revival. En fait, je suis mon propre orchestre (rires) !

Quelles caractéristiques, qu’il s’agisse de qualités ou de défauts, doit posséder un musicien pour t’accompagner ?
Il doit y avoir une réelle complicité, voire une réelle amitié, qui nous unit. Nous devons pouvoir travailler en totale osmose… nous regarder, nous écouter et bien communiquer entre nous. Le duo est le summum de la communication. Dans les plus grandes formations, lorsqu’un musicien prend un solo, les autres ont le temps d’aller faire un tiercé (rires) !

Conserves-tu des contacts avec les prestigieux prédécesseurs de Jean-Marc Hénaux ?
J’ai toujours des contacts, par téléphone ou par e-mails, avec Jean-Jacques Milteau ainsi qu’avec Bill Deraime avec lesquels j’ai commencé (en 1970 au sein du groupe Backdoor Jug Band, nda). A chaque fois que nous nous retrouvons, l’atmosphère est très sympathique.

Peux-tu me parler de la manière dont tu as rencontré Jean-Marc Hénaux ?
Je me suis installé en Ardèche, pas très loin de Montélimar. Il m’arrive d’y donner des cours de guitare et, un jour, un élève m’a fait part de son envie de se mettre à l’harmonica. Il m’a parlé de Jean-Marc, avec lequel il s’était mis en relation du côté de Valence. J’ai souhaité les écouter jouer et c’est à cette occasion que j’ai rencontré Jean-Marc. Nous avons, pour la première fois, interprété un ou deux morceaux ensemble . Le résultat « collait » bien et j’appréciais particulièrement sa manière de jouer. Nous avons donc souhaité nous revoir puis tout est allé très vite. Les concerts se sont succédé…

En quoi, selon toi, est-il différent des autres musiciens avec lesquels tu as eu l’occasion de jouer ?
Il joue très bien, il est très sympa et on s’amuse bien (rires) !

Maintenant que vous tournez ensemble, avez-vous déjà des projets communs et/ou as-tu des choses en perspectives de ton côté ?
Nous avons, pour projets, des concerts et des festivals en vue. Des dates sont déjà calées jusqu’à l’été 2015. Nous avons, par ailleurs, enregistré ensemble un EP de 5 titres (« Meeting In The South ») qui nous sert avant tout de carte de visite. D’ailleurs, il serait bon que nous en réalisions un deuxième car le premier est déjà épuisé. Ceci-dit, nous n’avons pas prévu d’enregistrer une véritable albums dans les prochains temps…

As-tu une conclusion à ajouter à ce nouvel entretien pour Route 66 ?
Cela me fait très plaisir de te revoir, car nous nous connaissons depuis de nombreuses années. Je suis ton actualité sur internet et c’est toujours très intéressant. J’espère que nous nous reverrons très bientôt… tant que je suis encore vivant (rires) ! Merci David !

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Interviews:
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Duo-Alain-Giroux-Jean-Marc-Henau

Interview réalisée au
Salon Guitarmaniaks
Colmar le 31 mai 2014

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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