Alice Francis
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Nda : En l’espace d’un seul album (« St. James Ballroom », Universal Music, 2012), Alice Francis remis au goût du jour des sons « ancestraux » (swing, charleston, jazz…) en les mariant à des rythmes plus contemporains. Le résultat permet à un jeune public de se replonger dans l’âge d’or des dancings de Harlem, tout en s’éclatant sur les pistes de nos actuels dance-floors.                                              af
Loin des boites de nuit, c’est aussi sur scène que l’artiste prend toute son ampleur. Ceci en proposant à un public hétéroclite, un show (aux accents burlesques) particulièrement bien rodé.  Je vous invite donc à découvrir, ci-dessous, une experte en mélanges… qui n’est pas prête de succomber aux sirènes de la division.


Alice, en préambule à cet entretien, peux-tu revenir sur tes origines exactes ?
 Je me nomme Alice Francis et je vis en Allemagne, bien que je sois née en Roumanie d’un père d’origine tanzanienne. J’habite actuellement à Cologne, à l’instar de mes musiciens.

As-tu eu, durant ta jeunesse, une éducation musicale complète ?          
Oui, même si mon parcours est celui de presque tout le monde.                                                               
Durant mon enfance, j’écoutais les disques de mon père puis j’ai commencé à jouer de la guitare et à écrire des poèmes. C’est quand j’ai ces deux derniers points se sont mêlés que tout est devenu, petit à petit, un peu plus sérieux pour moi. D’autant plus que, par la suite, j’ai intégré un Conservatoire de Théâtre et de Musique à Hambourg, où l’on m’a prodigué un enseignement classique.                     
Ceci-dit, je me considère davantage comme une autodidacte.

Comment as-tu, précisément, travaillé ta technique vocale ?   
Je pense que, dans un premier temps, j’ai fait comme tout le monde. J’ai simplement essayé des choses… Puis j’ai découvert le jazz…                                                             

Quand on parle de jazz aujourd’hui on pense à ce style que l’on vous enseigne au Conservatoire ou à l’école. C’est-à-dire quelque chose d’assez théâtral voire de figé et barbant. Mais cette musique, dans les années 1920, était l’équivalent de la musique pop voire du mouvement punk. Tout le monde devait rêver d’être musicien et d’en jouer. C’est de ce style dont sont issues toutes les vraies et bonnes vibrations. A titre personnel, je me considère comme une héritière de cet état d’esprit. Ce côté « allez, on se lance et on le fait à fond » (rires) !

Quelles sont tes influences exactes ? 
J’ai donc commencé à m’intéresser à la musique en écoutant les disques de jazz de mon père. C’est grâce à eux que j’ai pu découvrir Billie Holiday et ce type d’artistes…                                                          
Plus tard je me suis mise à écouter beaucoup d’autres styles différents tels que le rap, le hip-hop, le r & b, la soul music et même du rock… Ce sont aussi des scènes dont je suis issue.                                              

C’est le parcours typique pour tous les musiciens actuels. Cependant, au final, on en revient à ce que l’on est vraiment. Je crois, en tout cas, que c’est ce qu’il m’est arrivé…

De quelle manière l’idée de mélanger du swing, de l’électro et du hip-hop est-elle venue à toi ?
En premier lieu, je pense que c’est arrivé un peu par accident (rires)… enfin je dirais plutôt accidentellement…  

 C’est un ami qui produisait des rythmes de hip-hop en utilisant des samples de vieux morceaux (chansons avec des percussions, des violons etc…) qui m’en a donné l’idée. Je trouvais cela un peu délicat et étrange mais aussi très amusant. J’ai donc commencé à chanter par-dessus et automatiquement j’y ai ajouté une touche de jazz et de swing. Tout le monde s’est exclamé d’enthousiasme et m’a dit que le résultat était très bon, que je devrais poursuivre dans cette voie. L’idée a donc fait son chemin et j’ai fait écouter le produit de mes ébauches à Goldielocks. Il a trouvé cela formidable et m’a dit que nous allions faire quelque chose ensemble. Il a donc commencé à travailler sur des arrangements et à m’aiguiller sur la direction à prendre. Celle de mélanger la musique des années 1920 et d’autres sons collectés à droite et à gauche (vieilles musiques traditionnelles, anciennes émissions de radio…) a des sonorités bien plus contemporaines. Il m’a conseillé de laisser faire les choses naturellement, car ce mélange me correspondait à merveille, qu’il me représentait telle que j’étais. Puis tout a pris de l’ampleur…

Finalement, comment pourrais-tu définir cette musique… ta musique ? 
On pourrait dire que c’est de la musique pop définitivement ancrée dans son époque, c’est-à-dire le XXIème siècle. Nous utilisons même des Iphones dans notre production, puisque nous en extrayons certaines sonorités. Sur scène, comme tu le constateras par toi-même plus tard, nous utilisons des samples et Sir Chulmin-Yu qui fait les chœurs utilise un harmonizer. Toute les technologies actuelles sont optimisées en étant mélangées à du vieux jazz, du swing, du charleston…  

Nous utilisons des petits morceaux de tout ce que nous aimons et l’intégrons à notre musique.
 Pour exemple, Goldielocks a arrangé des harmonies très subtiles pour les chœurs et les a mixées à des gros sons puissants. C’est quelque chose qui manquait dans la musique d’aujourd’hui et quand nous nous sommes dit « on y va » et que nous nous sommes aventuré sur le chemin de l’ancienne mode musicale, tout a été très cool…       
Maintenant nous nous éclatons à réaliser ce mélange des genres !

Qu’évoquent toutes ces chansons originales ?
Elles évoquent un peu tout ce qui passe dans mon esprit (rires) !
Parfois les idées  peuvent venir lorsque je suis assise dans le bus et que je vois quelque chose qui m’inspire, parfois cela peut être lié à des gens que je rencontre. Par exemple, quelqu’un qui pourrait se montrer désagréable vis-à-vis de moi. Je me dis « ok, je vais en faire une chanson » (rires) !  
Sinon, je peux évoquer l’amour, la haine, l’amitié…                                                                                   
  
J’ai, par exemple, écrit une chanson sur ma sœur qui était toujours fâchée après ma mère lorsqu’elle était plus jeune. J’étais encore plus jeune qu’elle et j’écoutais tout cela sans vraiment comprendre ce qui se passait…

J’ai même une chanson qui se nomme « Kiss my ass » (rires)… Elle n’est pas sérieuse je te rassure (rires) ! Elle est liée à tous ces gens qui n’arrêtent pas de me « coller » et de me dire plein de choses très gentilles (mais pas toujours très honnêtes) depuis que je suis plus connue.

Quels sont les artistes actuels dont tu t’inspires le plus ?                                                                       
C’est très difficile à dire tant il y en a… Je pourrais, par exemple, citer un groupe français dont je suis une grande fan et dont je respecte beaucoup les musiciens qui le constituent. Il s’agit de Caravan Palace avec lequel j’ai eu la chance de partager la scène pour quelques concerts en Allemagne et en Angleterre. C’est un groupe vraiment formidable… je crois qu’ils sont cinq sur scène avec violon, guitare, batterie etc… Le contrebassiste peut, en un temps très rapide, troquer son instrument contre une guitare… c’est impressionnant et vraiment très bon !
Je suis aussi influencée par des gens que j’ai beaucoup écoutés comme Public Enemy et d’autres rappeurs. C’est une musique que j’utilise aussi sur mes disques et sur scène. Bien sûr, j’aime énormément le swing et le jazz mais j’apprécie aussi Eminem et Beyoncé. Je ne peux pas choisir entre tel et tel style… je préfère me plaire à tout mettre ensemble… c’est comme ça que mon idée de tout mixer a germé…

En plus de chanter, joues-tu également d’un instrument de musique ?                                                   
Je joue principalement pour composer. Ceci à la guitare ou au piano… Il m’arrive, parfois, de « gratter » une guitare sur scène… mais seulement si l’on m’y pousse vraiment (rires) !                                                   
Il faut dire que je ne me considère pas comme une vraie guitariste…

Ressens-tu une chose particulière à l’idée de te produire en France, qui était la terre d’adoption de Joséphine Baker ?                                                                                                                                                   
Je trouve cela formidable, il y a une saveur particulière lorsque je joue ici. C’est très différent que de se produire dans son propre pays. Il y a, par exemple, plus d’ouverture qu’en Allemagne. Vos radios jouent tous les types de musiques. On y entend davantage de jazz, de swing ou des choses qui partagent des racines communes avec ces deux genres respectifs. Je voudrais juste te dire que ce n’est pas forcément le cas ailleurs sur cette planète (rires) !
On ne trouve pas partout des gens aussi ouverts…
                                                                                       
Cette année, j’ai donné mes premiers concerts en France et j’appréhendais vraiment la manière dont les gens allaient percevoir mon style. Il est parfois difficile de l’imposer car il n’est pas considéré comme du jazz dans les festivals liés à cette musique, en raison du rap et des samples qui le composent. Il peut faire peur à certaines personnes, comme cela aurait pu être le cas au Enghien Jazz Festival il y a trois jours… Il faut dire que ce dernier est très porté vers les traditions de cette musique. Lorsque je suis montée sur la scène du théâtre qui m’accueillait, je me demandais vraiment ce que j’allais dire à ce public…

Pourtant à la fin du concert, nous avons eu droit à une formidable salve d’applaudissements et des « bravos » fusaient de partout. J’en étais très heureuse, c’était un grand moment qui a démontré la largesse d’esprit du public français.

Quels sont les espoirs que tu portes en l’avenir ?
J’aimerais beaucoup tourner à travers le monde. Mon choriste Sir Chulmin-Yu est asiatique(originaire de Corée) et ce serait vraiment l’aboutissement d’un rêve que de pouvoir me produire dans cette partie du monde. J’aimerais aussi collaborer avec d’autres artistes, y compris des français comme Caravan Palace ou Parov Stelar qui lui est autrichien. Ce dernier est considéré comme le grand gourou de la musique électronique.

Souhaites-tu ajouter une conclusion à cet entretien ? 
Oui, en effet, je serais très reconnaissante si tes auditeurs et lecteurs prenaient la peine de venir assister à l’un de mes concerts.
Venez swinguer et bouger avec nous toute la nuit, cela me rendra très contente (rires) !

Remerciements : Valérie, Rebecca & Chloé (R&V Hayat Chatelus), l’ensemble du service de presse du Cognac Blues Passions et Bruno Migliano pour les photos.

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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 3 juillet 2013

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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