Aymeric Maini
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Malgré un seul EP à son actif, Aymeric Maini se positionne déjà parmi les valeurs montantes de la scène musicale française. En pleine préparation de son premier album, l’artiste nantais continue de donner des concerts afin de se faire connaitre du plus grand nombre. C’est à l’issue de l’un d’entre eux que j’ai pu le rencontrer dans le but de réaliser l’interview qui suit. Il y revient sur un parcours qui, contrairement à ce que l’on aurait pu penser, est déjà extrêmement riche. Un tel background, conjugué à un réel talent d’auteur-compositeur-interprète, nous laisse deviner que nous n’avons pas fini d’entendre parler de lui…

Aymeric, tu es issu de la scène musicale nantaise qui, depuis quelques années, produit de nombreux talents. Comment expliques-tu ce phénomène. Est-ce lié à la politique culturelle de la ville ou à un tissu associatif particulièrement riche ?66
C’est un petit peu des deux… Nous avons la chance d’avoir beaucoup de structures susceptibles de nous accueillir (salles, associations, labels, concerts sous les nefs etc…) et la ville est très volontaire, elle met beaucoup de choses en place. On y trouve donc un vivier de nouveaux artistes avec une scène métal, une scène soul-blues, de la chanson etc…
Des têtes d’affiche s’en sont extraites ces vingt dernières années et cela a fait beaucoup de bien (Philippe Katerine, Elmer Food Beat etc…) et quelqu’un comme Matthieu Chedid a, aussi, beaucoup trainé ses guêtres à Nantes. Cela a créé une dynamique, grâce à laquelle se sont distingués des gens comme les Malted Milk, Hocus Pocus ou C2C. Nous pouvons tous bénéficier de vrais professionnels qui nous entourent et qui tirent tout le monde vers le haut. Je suis content, à mon tour, de pouvoir faire mon petit trou. J’ai la chance de donner des concerts un peu partout en France et je me rends compte que nous pouvons vraiment nous estimer heureux à Nantes.

A titre personnel, de quel réseau te sens-tu le plus proche et quels sont les artistes nantais avec lesquels tu as tissé les liens les plus forts ?
Pour moi, tout a vraiment commencé avec David Le Deunff qui est le guitariste d’Hocus Pocus. Sur trois ans, nous avons dû donner environ 150 concerts ensemble.Auparavant, je travaillais pour Algam qui est le plus gros distributeur d’instruments de musique en France. Je m’occupais des partenariats entre les musiciens et les grandes marques, ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup de personnes (tout en pouvant jouer avec eux). C’est au Montreux Jazz Festival que j’ai rencontré Hocus Pocus et j’ai vraiment craqué pour ce groupe. Une amitié s’est nouée. Nous avons travaillé ensemble sur un album et nos routes se sont séparées car j’ai, à mon tour, sorti mon disque. J’ai aussi participé à l’inauguration de la salle Stereolux à Nantes (toujours en compagnie d’Hocus Pocus).

C’est donc de ce groupe et de ses proches (dont Arnaud Fradin de Malted Milk) dont je me sens le plus proche. Ses membres sont de véritables rassembleurs et ils adorent cela. Je fais aussi partie du groupe Dtwice avec lequel j’ai pu me produire en première partie de C2C (Zénith de Nantes et Zénith de Paris). Je suis donc très lié à David Darricarrère, leader du groupe Smooth (qui a enregistré 3 albums en 10 ans), qui a fait beaucoup parler de lui dans un registre électro-jazz. C’est à ses côtés que j’ai intégré Dtwice, qui est un projet plus électro-rock. A la base, ce n’est pas mon univers mais j’apprécie le fait de faire autre chose en si bonne compagnie. Cela m’aide beaucoup. C’est également lui qui m’a mis le pied à l’étrier en produisant mon premier EP sur son label Do You Like. Nous sommes une grande famille. Je joue également avec Igor Pichon qui est le bassiste de Malted Milk, Karl W. Davis et de Nina Attal. Il y a vraiment beaucoup de monde à Nantes (rires) !

Avant de revenir, plus en détails, sur tes réalisations j’aimerais évoquer ton passé. De quelle manière as-tu commencé la musique, as-tu suivi un apprentissage en particulier ?
J’ai commencé, en autodidacte, à l’âge de 8 ans par le biais d’un beau-frère qui jouait de la guitare et qui m’a transmis le virus de la musique. Cela fait donc un peu plus de 20 ans que je pratique. J’ai monté un bon nombre de groupes amateurs avant de travailler chez Algam. C’est en 2010 que j’ai commencé à tourner avec David le Deunff. J’ai dû relever un véritable défi pour me hisser à son niveau. Depuis, ça n’arrête pas...

Il y a donc eu pas mal d’aventures de groupes avant que tu ne commences à te produire sous ton propre nom…
Pas tant que ça… Il n’y a pas de nom que tu pourrais connaitre. C’était des petits groupes amateurs et c’est après que j’ai commencé à bûcher à fond. Plus récemment j’ai aussi collaboré à quelques projets avec Jim Murple Memorial. Il s’agissait d’un groupe constitué de membre de JMM, de David Le Deunff et de moi-même, qui s’appelait Gofaast-Tribute To Reggae Legend et qui faisait des reprises. J’ai aussi travaillé avec le chanteur Ours, Lieutenant Nicholson et plein d’autres. Nous avons créé un mouvement qui se nomme Uni.K qui créé une relation artistique entre Paris et Bamako (Mali). Un album est en cours de préparation avec des enregistrements réalisés dans les deux villes. Il réunira des artistes tels que Vieux Farka Touré, Bassekou Kouyaté etc…Je me consacre donc pleinement à mon projet solo, à Dtwice et suis appelé à collaborer avec beaucoup de musiciens voire à faire des remplacements dans des groupes. Plus j’en fais, mieux je me porte !66

Sur ton CV, cela met en valeur beaucoup d’expériences riches et variées. Le fait d’aborder ces différents registres musicaux t’a-t-il apporté une certaine matière pour ta carrière solo. Puises-tu dans tous ces styles ?
Je me suis imprégné de tout cela. J’aime partager la musique qui reste, à mon sens, un véritable moyen de communication. Il y a quelques temps, j’étais au Burkina Faso où j’ai trouvé des gens avec lesquels les européens n’ont pas grand-chose en commun. Par contre, le fait de jouer de la musique ensemble nous permet de nous comprendre. Quand on fait de la scène, des duos ou des featurings on boit des influences de chacun. Cela peut ressortir, parfois inconsciemment, par petites touches à droite ou à gauche. Lorsque l’on travaille sérieusement avec quelqu’un, on absorbe toujours un petit bout de l’autre. J’essaye de faire une synthèse de tout ce que j’apprécie. Je n’aime pas me mettre dans une case. Aujourd’hui je sonne d’une certaine manière. Si je suis encore là dans dix ans, mon son sera probablement différent. Tout cela est un voyage et, en principe, on ne fait jamais un voyage seul. Il faut savoir s’imprégner des autres…

Malgré ce que tu viens de me dire, pourrais-tu définir ta musique ? Comme j’ai pu le constater, lors de ton concert de ce matin, ton éventail est vraiment très large (compositions personnelles et choix des reprises)…
J’aime bien définir mon style sous le nom de pop-soul. Dans la soul il y a le blues et le jazz (je suis un fan inconditionnel de Ray Charles qui savait manier les genres dans son répertoire). Puis, le terme pop n’est pas péjoratif pour moi. J’aime les mélodies et les choses qui sont accessibles à tout le monde. J’écris actuellement mon album et j’essaye de faire quelque chose de personnel, qui puisse parler au plus grand nombre. Pour moi, c’est ce qu’on appelle de la pop…

Tu évoquais David Darricarrère. Peux-tu évoquer votre collaboration sur ton premier EP éponyme, sorti en 2013 ?
Depuis mes débuts. Je considère que j’ai beaucoup de chance. Nous nous étions rencontrés à l’occasion de la création de son projet Dtwice, au sein duquel j’ai été recruté pour jouer de la guitare et faire les chœurs. Assez rapidement, il m’a proposé de sortir quelque chose sous mon propre nom. Très honnêtement, au début, je ne me sentais pas prêt et craignais de ne pas avoir suffisamment de matière. Il m’a rassuré et tout s’est bien déroulé. C’était en janvier-février 2013. Au mois de mars nous nous sommes mis au boulot et en juillet le disque était prêt. Tout s’est déroulé de façon naturelle et simple. Ce travail, au jour le jour, a été intensif pendant deux mois. J’adore cette façon de travailler, nous nous sommes trouvés. On se complète bien et il est, vraiment, un très bon réalisateur. Il sait se mettre au service des gens, tout en apportant sa touche aux projets sur lesquels il travaille. Un premier EP est tout un poème, il faut pouvoir y présenter son univers et il m’a aidé dans ce sens. Je suis fier de ce disque et de cette collaboration, c’est parfait !

Tu as déjà abordé des registres très différents. Y-en-a-t-il un que tu n’as pas encore exploité et que tu aimerais aborder sur ton prochain album ?
C’est une question difficile… Je suis fier de mon premier EP car il représente, justement, tout ce que j’aime faire. Si on cherche bien, on remarque qu’il y a même des chœurs gospel sur le morceau « Till you’re bored ». On y trouve aussi un peu de blues, des syncopes etc…C’est une bonne « carte d’identité » et, maintenant, nous allons creuser tout cela. Sans comparer les talents, j’aime beaucoup le travail de Ben Harper. Sur un album comme « Diamonds On The Inside » il a su sauter du coq à l’âne (du vieux funk aux titres roots joués à la guitare Weissenborn, en passant par le reggae et des morceaux lunaires) tout en trouvant une logique entre les différentes chansons. C’est une démarche que j’apprécie. De mon côté, je ne sais pas encore comment je vais pouvoir articuler tout cela mais il faut une vie pour tout explorer. Je vais déjà commencer par creuser les pistes que nous avons lancées avec le EP. Il y a de quoi faire...

Peux-tu m’en dire davantage sur ton premier album qui est en préparation. Aimerais-tu y aborder des thèmes en particulier ?
J’ai envie de parler du quotidien, de la vie… J’évoquais Ray Charles mais j’aime aussi beaucoup Stevie Wonder. Des gens qui ont toujours su aborder les faits de société avec beaucoup de tact. Je ne veux pas, pour autant, que ma prose passe pour de la revendication. J’aimerais que cela passe davantage comme une discussion. Les textes ne sont pas encore finalisés, donc cela peut encore partir dans diverses orientations différentes.

Tu t’exprimes en anglais, mais as-tu des références en ce qui concerne la chanson française ?
Je tiens à citer, en premier, Matthieu Chedid même si nous n’avons pas du tout le même registre vocal. C’est quelqu’un qui a le mérite d’avoir proposé quelque chose de nouveau. J’étais surtout fan de sa première tournée « Le Tour De M », en trio. Il n’y a rien à jeter dans ce concert et j’ai dû voir 100.000 fois le DVD s’y référant. Il y a tout ce qu’il faut où il faut, la dynamique est juste parfaite et tout y est bien. J’aime beaucoup ce garçon…Il y a, aussi, les anciens comme Gainsbourg, Renaud et Mano Solo que j’écoute avec plaisir. Ce n’est pas de la musique que je ferais pour l’instant mais je m’en nourris. Il y en a plus tant que ça, qui ont le pouvoir de savoir toucher là où il faut…J’en reviens toujours à Ray Charles, car il savait toujours trouver le mot juste. Celui qui va définir la bonne émotion, au bon moment et en raccord avec une musique qui sait traduire le tout. Dans le blues, j’adore Bill Deraime que mon père écoutait souvent. Cet artiste à faire sonner sa musique en français, ce qui n’est pas simple.

A l’instar d’un Bill Deraime. Serais-tu prêt à franchir le cap et à proposer des textes en français ?
Ce ne sera, très probablement, pas le cas sur mon premier album car ce serait un réel effort. Je ne veux pas me forcer car, quand on se force, on fait mal les choses. Par contre, il serait étonnant que je ne passe pas par le français à un moment de ma vie. Je ne sais pas encore sous quelle forme cela se fera. Sans trahir de secret, je pense que je profiterai d’une collaboration avec un autre artiste français pour franchir le pas. Je testerai cela avant de le faire, moi-même, sous mon propre nom.

Souhaiterais-tu évoquer autre chose, en conclusion à cet entretien ?
J’aimerais parler du festival Cognac Blues Passions où nous nous trouvons actuellement. Je suis ravi d’avoir été invité dans le cadre de cette édition. C’est une fierté d’autant plus grande que beaucoup d’artistes que j’admire sont passés et passent encore ici. Merci à ses organisateurs et merci à toi pour cet entretien. A bientôt !

Remerciements : Gwenaëlle Tranchant, Lisa Bécasse et tout le service de presse du Cognac Blues Passions.

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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
Colmar le 3 juillet 2014

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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