B.B. King
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 C'est vraiment génial de vous voir ce soir et je suis peut-être un peu impressionné !

Juste un tout petit peu ...

Bien sûr ! Vous êtes déjà venu ici il y a cinq ans ?

Oui.

Avez-vous eu un si bon souvenir du concert que vous avez décidé de revenir ?

Pourquoi ai-je apprécié de revenir ? Cela m'a fait très plaisir. Il y a beaucoup de gens très sympathiques qui aiment cet endroit. C'est cela qui m'a donné envie de revenir. On voit qu'ils aiment ce que nous faisons, donc cela me réjouit particulièrement.

Vous étiez en concert en Italie il y a deux jours devant un certain nombre de personnes ?

Oui ! J'ai entendu parler de cinquante à soixante mille personnes, je ne sais combien exactement. C'est ce que l'on m'a raconté. Mais je suis heureux qu'il y ait cinquante mille, cinq mille, cinq cent ou cinq personnes.

Que pensez-vous de la situation actuelle du blues ?

Il se trouve que de plus en plus de jeunes jouent du blues aujourd'hui. Le blues est à présent plus populaire qu'il ne l'a jamais été.

Quelle est votre opinion sur ce retour à la mode ?

Il n'y a pas de retour à la mode du blues. Il a toujours été populaire. Alors comment peut-il y avoir un retour à la mode ? Il y avait dans les années cinquante, peut-être dans les années soixante, beaucoup de rockers qui jouaient du blues. Quand ils ont arrêté, beaucoup de gens ont pensé que le blues avait disparu. Maintenant que certains recommencent à en jouer, il y aurait un retour du blues. Peut être pour eux mais pour nous il n'y a pas de " revival ".

Le blues devient plus populaire : chez les jeunes on trouve plus d'amateurs et de même pour beaucoup de gens partout dans le monde, il y a des clubs de blues et même en Russie il y a du blues, alors vous voyez !

Gardez-vous la passion de jouer le blues ?

Oh oui ! Enormément ! Le blues est plus important pour moi que n'importe quelle autre musique. Peut être même plus parce que je comprend le blues mieux que je ne le fait pour tout autre type de musique.

Mais je l'aime plus que tout autre musique car le blues est toute ma vie. C'est de cette manière que j'ai vécu dans le passé, comme je vis aujourd'hui et de même demain.

Quelles musiques autre que le blues écoutez-vous?

J'aime un peu toutes les musiques. J'apprend un peu de chaque musique. Si j'avais écouté uniquement du blues, je n'aurais pas été ouvert comme je l'ai été. Pendant toute ma carrière, j'ai écouté du jazz, de la pop, du gospel et du rock'n roll. J'écoute un peu de toutes les musiques et je suis influencé par elles, d'une certaine manière. C'est tout à fait comme être une personne.

Vous êtes ouverts à d'autres catégories de personnalités et vous êtes intéressés par leurs sentiments. C'est ce qui fait de vous une personne et c'est la même chose pour la musique. Vous vous intéressez à telles et telles musiques, à tout ce qui sonne bien.

Je n'ai jamais entendu quelqu'un jouer quelque chose que je n'aimais pas. Chaque fois que j'ai entendu jouer quelqu'un, il jouait toujours quelque chose que j'aimais. Pas tout, mais quelque chose.

Que faites-vous chez vous après les tournées ?

J'ai cru que vous me demandiez ce que je faisais ici et j'aurais répondu que je vous parle ! Je suis un paysan et j'aime la campagne. J'aime piloter un avion mais je ne pilote plus beaucoup actuellement parce que ma compagnie d'assurance refuse.
Sauf si j'ai un autre pilote avec moi, ce que je n'aime pas. Donc je ne pilote plus beaucoup. Quand je rentre à la maison, je prends mon 4x4 et je part me promener.

Vous restez toujours aussi amoureux de Lucille ?

Oui, très amoureux. C'est la seule dame avec laquelle je ne me sois jamais bagarré ! Et pourtant, il y en a eu d'autres dans ma vie... B.B. King avec David BAERST

Dans la musique que vous écoutez aujourd'hui, quels sont les artistes qui attirent le plus votre attention ?

J'adore encore les vieux trucs, mais toutes les musiques méritent l'attention. J'idolâtrais Blind Lemon et T.Bone Walker mais je n'ai jamais été influencé uniquement par le blues. J'ai écouté du jazz, de la pop, du gospel et du rock'n roll et je suis le résultat de toutes ces influences. Vous savez, quand j'entends quelqu'un jouer, il y a presque toujours quelque chose qui me plaît. Même si je n'aime pas le tout, il y a très souvent une phrase ou un passage qui attire mon attention.

Je pense qu'il y a toujours du bon à extraire de n'importe quelle musique. C'est un peu comme les êtres humains; il y a des personnes que l'on n'aime pas énormément mais dont on peut apprécier une des facettes de la personnalité.

En dehors des tournées, jouez-vous beaucoup de guitare ?

-Oh, non, mon Dieu ! Mais, même si je ne joue pas tous les jours " physiquement ", il y a toujours de la musique dans ma tête. Si je jouais davantage, je crois que je pourrais être meilleur guitariste mais je n'en ai plus le courage. Quand je suis chez moi, je préfère me balader dans la nature. C'est mon côté campagnard... Vous savez, je suis né à la plantation.

Avant, j'adorais voler et piloter un petit avion, mais mon manager et ma compagnie d'assurance me l'interdisent désormais parce que je suis trop vieux, à moins d'être accompagné par un copilote, chose que je déteste. Alors, je prends ma voiture et je me promène, ou bien je reste chez moi à regarder la télévision. Un rien m'amuse, vous savez...

Cela dit, vu le nombre de concerts que vous donnez par an, vous ne devez pas être souvent à la maison...

-Exact, je donne encore entre 250 et 275 concerts par an, et dans le monde entier ! Je suis très fier d'avoir joué dans plus de 69 pays, y compris la Russie à l'époque où elle s'appelait encore Union Soviétique. J'ai également joué à Pékin, c'était extraordinaire ! Et à Hongkong ou en Amérique Latine... Depuis mes débuts, j'ai donné plus de 15.000 concerts, ça en fait...

Pourquoi continuer à une telle fréquence, après ces années ...

En fait, le blues n'a jamais été aussi populaire que le jazz ou le rock'n roll, malheureusement. C'est pourquoi j'ai décidé depuis très longtemps de faire le plus de concerts possible car, plus j'en fait, plus il y a de journalistes et de public qui viennent me voir et qui en parlent ensuite, et plus le blues aura de retentissement. L'idée d'être une sorte d'ambassadeur du blues me plaît car le blues est la chose la plus importante dans ma vie. Je comprends cette musique mieux que toute autre et je ne la considère pas comme un art mineur. Je la met au même niveau que n'importe quel autre genre de musique.

Le blues est toute ma vie. C'est comme cela que j'ai toujours vécu jusqu'à aujourd'hui. Aussi suis-je convaincu  qu'il mérite qu'on s'efforce de le faire connaître. Mes concerts ont également l'avantage de stimuler mes ventes de disques, ce qui est positif car ma musique ne passe pratiquement jamais à la radio, même sur les stations de " black music ".

Je parle ici des radios américaines car ce sont celles que je connais, mais quand je suis à l'étranger, j'ai l'impression que c'est pareil et sincèrement, je ne me l'explique toujours pas.

 

 
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le 9 juillet 1995 au

Festival de Guitare de VITTEL

Propos recueillis

par Eric Muller et Jean-Luc

 

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