Balkun Brothers
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : C’est avec un album éponyme, dont la production avait été confiée à Popa Chubby, que le duo Balkun Brothers a commencé à se forger une solide réputation en Europe. Fondé en 2010, le groupe se caractérise par un blues rock énergique, qui puise dans les racines tout en conservant le regard résolument fixé vers l’avenir. A l’orée d’une belle carrière et quelques mois avant la sortie d’un nouveau disque, les deux frères mon accordé cet entretien. Ce dernier a, comme il se doit, précédé une déferlante électrique que les spectateurs présents ne sont pas prêts d’oublier…

En préambule à cet entretien, pouvez-vous vous présenter et revenir sur vos origines exactes ?
Nick Balkun : Nous sommes les Balkun Brothers !Pour ma part, je m’appelle Nick et je joue de la batterie. Nous sommes originaires d’Hartford, dans le Connecticut, aux Etats-Unis d’Amérique.
Steve Balkun : Je suis Steve Balkun, le plus « vieux » frère des deux. Je joue de la guitare et je chante au sein de notre duo.66

Pouvez-vous revenir sur votre apprentissage musical ?
Nick Balkun : J’ai commencé à prendre des leçons particulières lorsque j’avais 15 ans. J’ai, également, intégré quelques marching bands durant mes années passées à l’Université. Par la suite, j’ai été membre de quelques groupes. Avec mon frère, nous jouons ensemble depuis environ 6 ans. Dorénavant, nous passons tout notre temps à faire du rock’n’roll et du blues.
Steve Balkun : C’est au Lycée que j’ai, vraiment, débuté le maniement de la guitare. J’avais, également, 15 ou 16 ans. C’est alors que j’ai commencé à prendre quelques leçons et à m’exercer à la maison. Pour cela j’écoutais beaucoup de musiques différentes, qu’il s’agisse de rock’n’roll ou de Jimi Hendrix dont j’ai regardé de nombreuses vidéos. Nous avons grandi à une époque où la scène rock alternative était très riche. Ainsi, Nirvana, The Red Hot Chili Peppers et des groupes tels que ceux-ci ont exercé une grande influence sur nous. Durant une année, j’ai intégré le Berklee College Of Music de Boston, dans le Massachusetts. J’ai beaucoup plus joué en dehors de cet établissement que durant les cours, mais cette expérience m’a permis de rencontrer de nombreux musiciens de la scène locale. J’ai, ainsi, pu me joindre à quelques groupes et jouer le plus possible. Un jour, Nick est venu me voir lors d’un concert et c’est ce qui l’a poussé à accentuer la pratique de la batterie. A mon retour, à Hartford, j’ai commencé à fréquenter de formidables clubs de blues qui se situent dans cette ville, comme le Black-Eyed Sally’s. Ce dernier est un endroit où j’ai passé beaucoup de temps et où tout le monde peut se permettre de monter sur scène et de jouer un petit peu. De ce fait, nous avons beaucoup appris au contact de musiciens plus âgés que nous. Des gens qui nous ont fait bénéficier de leur expérience. Ainsi, nous avons pu interpréter beaucoup de blues et apprendre de tous ceux que nous approchions. Notre but a toujours été de jouer le plus possible…

Qu’exprime exactement le blues pour vous ?
Steve Balkun : Le blues est le ressenti… C’est ce que tu ressens au plus profond de toi. Je pense que chaque personnalité, à travers tout l’univers, porte un peu de blues en elle. C’est, parfois, difficile à décrire mais tout le monde (sans forcément le savoir ou le comprendre) possède une part du blues. Le blues n’est pas qu’un genre en soit. Cette musique recèle de styles différents et a subi un grand nombre d’influences. Cela est parti du sud profond des Etats-Unis, en s’inspirant des chants d’esclaves, puis les afro-américains l’ont fait voyager à travers tout le pays en le mélangeant aux sons que l’on trouvait dans tous les états. Tout est parti d’une ville, pour s’étendre à tout le pays puis au monde entier. Cette musique a, aussi, évolué en arrivant en Angleterre et dans le reste de l’Europe. Elle est, aujourd’hui, composée de choses très différentes qui vont du rock’n’roll au rhythm and blues, en passant par la musique funk, le gospel, le jazz et bien d’autres influences. Ceci dit, la composante de base du blues demeure le feeling…

Pour vous il n’y a donc pas de véritable définition à donner au blues. Avant d’être une musique, c’est un vrai état d’esprit…
Steve Balkun : Absolument, car beaucoup de musiques peuvent prétendre au nom de blues. Certaines n’en possèdent pas la structure mais ont un feeling qui en est caractéristique. On peut sentir le blues dans le heavy metal, dans le hip-hop, dans le gospel, dans le jazz, dans le punk-rock et dans plein d’autres choses. Tout part de là…
Nick Balkun : Pour nous, de toute façon, toute forme musicale est issue du blues.

Et selon vous, quels sont aujourd’hui les artistes qui représentent le mieux le blues ?
Steve Balkun : Eric Sardinas, qui a joué ici la nuit dernière, est l’une de nos grandes influences. Nous nous sommes inspirés de sa manière de mêler le rock au blues. Il y a, aussi, Buddy Guy, Gary Clark Jr… Il y a beaucoup de formidables artistes et chacun trace son propre chemin. BB King ne prenait pas la même direction qu’Albert King, Stevie Ray Vaughan ne cherchait pas à faire la même chose que Jimi Hendrix… Pareil pour Gary Moore, Eric Clapton ou pour Howlin’ Wolf qui se différenciait de Muddy Waters, au même titre que Charley Patton avec Son House… Tout le monde cherche à exprimer sa propre personnalité. Il y a tant de grands musiciens qui aiment le blues et qui savent l’exprimer à travers leurs propres parcours. C’est ce que nous essayons de faire avec les racines de la musique que nous aimons. Nous y intégrons nos propres personnalités et tenons compte de notre propre histoire et de notre propre vécu. Nous mêlons tout cela en essayant d’être les plus créatifs possible…

Pour vous le blues est donc, avant tout, un reflet de la vie…
Steve Balkun : Absolument, c’est une musique qui parle de ta vie… Si vous avez vécu un certain nombre de choses sur cette planète, vous avez trouvé le blues à chaque fois.
Nick Balkun : La vie est difficile, nous sommes confrontés à de nombreuses difficultés. Tu peux vivre des bons moments, puis des mauvais…
Steve Balkun : Le blues est une manière d’exprimer les problèmes rencontrés durant nos parcours respectifs. Il met en rythmes et en sons tous les soucis auxquels nous sommes exposés, il apporte également un peu de vie dans l’obscurité…

Vous considérez-vous comme un véritable groupe de blues ?
Steve Balkun : Je dirais oui et non (rires) ! J’ajoute simplement qu’aujourd’hui, nous faisons du rock’n’roll. Comme on le dit, le blues a eu un bébé et il a été appelé rock’n’roll.Si on ne tient pas compte de la puissance de nos amplis et du fait que nous jouons fort, on se rend compte que la musique que nous produisons est très proche de celle que pratiquaient jadis des musiciens comme Son House ou Charley Patton. C’est la même chose, contenant le même état d’esprit et les mêmes riffs. Cette musique a toujours été réinventée, cela ne date pas d’hier. J’ai donc envie de te répondre que oui, nous sommes un groupe de blues. Cependant, nous le réinterprétons. Il s’agit de notre propre style de blues. Nous sommes les Balkun Brothers, pas uniquement un groupe de blues ou un groupe de rock. Simplement les Balkun Brothers…

Quelle est, de ce fait, votre définition de la musique des Balkun Brothers ?
Steve Balkun : Psychédélique rock’n’roll (rires) !
Nick Balkun : Parfois nous l’appelons « bluesch » qui est un mélange de metal, funk, blues et rock’n’roll.

En ce qui concerne vos textes, où puisez-vous votre inspiration ?
Steve Balkun : Des choses que nous vivons dans nos propres existences, des endroits où nous allons, des gens que nous rencontrons, des situations que nous vivons, des bonnes et des mauvaises choses de la vie…
Nick Balkun : Nous évoquons, également, les rêves que nous faisons…
Steve Balkun : Parfois nous alignons simplement des mots et une chanson en nait (rires) !Le bonheur, le malheur, l’amour, les fêlures, les drames ou la possibilité d’être convoqué dans un poste de police (rires). Le fait de rencontrer de bonnes ou de mauvaises personnes…
Nick Balkun : Voyager à travers le monde, passer sa vie dans une voiture…tout cela peut se retrouver dans l’une de nos chansons (rires) !

Vous l’aviez légèrement évoquée au début de notre entretien mais pouvez-vous me parler, plus en détails, de la scène blues dans le Connecticut ?
Steve Balkun : Quand tu penses au blues, et plus spécialement en Amérique, le Connecticut n’est jamais le premier endroit qui te vient à l’esprit. Pourtant, on y trouve actuellement une excellente scène blues. Nous sommes très chanceux de pouvoir y évoluer. Le club Black-Eyes Sally’s que nous évoquions précédemment en est l’endroit le plus important. Nous avons, vraiment, de la chance de pouvoir y entendre beaucoup de musique live. Il y a beaucoup de concerts, beaucoup d’endroits et beaucoup de musiciens. Dans le Connecticut, les gens qui évoluent dans le milieu du blues sont très éduqués. Ils connaissent parfaitement l’histoire de cette musique et ont tout écouté.
Nick Balkun : Il y a The Connecticut Blues Society qui y défend cette musique ardemment et qui organise de beaux évènements. C’est une vraie famille !
Steve Balkun : Oui, ce n’est pas la « Mississippi River » mais la « Connecticut River »… C’est là que nous avons appris notre métier. Nous avons également pu nous produire à Memphis et dans le sud des Etats-Unis. Nous savons donc d’où vient cette musique. Cependant, nous restons des enfants du Connecticut et, en toute honnêteté, nous adorons ce qui s’y passe en matière de blues. Il y a beaucoup de clubs, alors que la plupart des gens ne s’y attendent pas… Les gens avec lesquels nous évoquons le sujet sont souvent surpris. Eux, qui vivent à New-York ou à Boston, ne comprennent pas pourquoi nous faisons cette musique alors que nous ne sommes pas originaires de Memphis ou d’Austin… Dans le fond c’est une bonne chose car cela nous permet de leur apprendre des choses et de leur démontrer que, de notre côté, nous sommes ouverts à toutes les influences. Nous nous intéressons à tous les styles afin d’essayer de créer le nôtre…

Dans quelles circonstances vous êtes-vous retrouvés sur le label Dixiefrog-Borderline Blues qui a sorti votre album éponyme en 2015 ?
Steve Balkun : Ils ont entendu parler de nous et ils ont beaucoup aimé notre style, après avoir visionné quelques vidéos sur internet. Ils ont particulièrement apprécié notre formule duo car, au départ, nous étions un groupe qui comportait davantage de membres. Nous avons effectué une première tournée en Europe l’été dernier et nous nous apprêtons à sortir un nouvel album. Notre relation avec Dixiefrog-Borderline Blues est vraiment saine. Philippe Langlois et David Isaac sont de très bonnes personnes. Ils nous soutiennent énormément…

A ce jour, quelles ont été les plus belles rencontres qui ont jalonné votre parcours ?
Steve Balkun : Nous avons rencontrés des gens vraiment cools ! Nous avons eu la chance de participer à un concert de Johnny Winter, peu de temps avant sa disparition. Nous gardons, également, de bons souvenirs d’Eric Sardinas avec lequel nous avons eu la chance d’effectuer une petite tournée. Pour ma part, j’ai aussi pu jouer avec Joe Bonamassa. Nous avons pu nous produire avec un groupe new-yorkais nommé Gogol Bordello, qui mélange punk rock et musique gipsy. Nous avons joué sur de grandes scènes avec eux, aux Etats-Unis, alors qu’ils ne sont pas encore très connus aux Europe. C’était une expérience formidable. Nous connaissons aussi très bien le groupe Morphine de Boston Massachusetts, qui était très populaire dans les années 1990 (jusqu’à la mort de son fondateur sur scène en 1999, le chanteur et Bassiste Mark Sandman, nda). Nous avons participé à un show de ce groupe il y a quelques mois. Dana Colley, le saxophoniste de Morphine, joue sur notre prochain album. Le fait qu’il ait participé à nos sessions est une chose très importante à nos yeux. En effet, ce combo de rock a toujours été l’une de nos grandes influences. Nick a, également, rencontré Chad Smith, le batteur des Red Hot Chili Peppers.
Nick Balkun : C’est quelqu’un qui m’inspire beaucoup et qui me montre la voie à suivre afin de rendre mes prestations plus intenses. Il me pousse à devenir meilleur et à donner le meilleur de moi-même. C’est, vraiment, un type très gentil… Tous ces gens nous donnent confiance en ce que nous faisons et nous aident à travailler encore plus dur !

Pouvez-vous me parler de votre prochain album ?
Steve Balkun : Bien sûr ! Tu es le premier à nous poser une question sur le sujet (rires) !Nous en sommes au stade final avant qu’il ne soit complètement terminé. Il sortira, probablement, au début de l’année 2017…aux alentours du mois d’avril. Ce disque sera notre meilleur à ce jour et montrera ce qu’est vraiment notre son actuel. Nous avons enregistré 10 chansons pour cet opus mais il n’est pas impossible qu’une ou deux autres viennent s’ajouter à la liste. Il est probable, pour cela, que nous nous rendions dans un studio du Connecticut. Un ami new-yorkais nous aide pour le mixage, le mastering et pour que nous puissions obtenir le son que nous désirons vraiment.
Nick Balkun : Tu verras, le son est énorme, plein… On y trouve du rock’n’roll, du blues, des choses plus funky, psychédélique ou expérimentales. Tu y trouveras des nouveautés au niveau de nos voix par exemple. Nous avons utilisé des micros spécifiques pour cela…
Steve Balkun : Oui, nous avons fait beaucoup d’expérimentations pour ce disque que nous produisons nous-mêmes. Nous avons pris le temps d’explorer le studio et de travailler, nous n’étions pas contraints d’aller vite. Nous avons donc attaché beaucoup d’importance à notre son. Ceci pour qu’il soit très brut et live, tout en bénéficiant d’effets relatifs au travail en studio. Ce sera un disque très rock, inspiré par divers évènements…principalement américains. Nous y reviendrons, par exemple, sur le crétinisme de notre classe politique…qui nous conduit là où nous en sommes aujourd’hui. Ce disque sera donc assez politique même si ce sujet ne sera pas l’élément moteur de tous nos propos. Il sera inspiré par toute cette démence qui nous entoure donc, notamment, celle liée à nos amis politiciens. C’est dans ces moments que nous avons encore plus envie et besoin de rock’n’roll, ce qui explique l’énergie de l’album…afin de secouer tout cela !Le rock’n’roll est notre moyen d’expression et c’est ce qui peut nous sauver. Beaucoup de personnes rêvent de devenir célèbres et de gagner beaucoup d’argent. Elles rentrent dans un système qui leur fait croire en la chose puis tout devient statique…les initiatives disparaissent et l’engagement est en berne. Seul le rock’n’roll peut rendre le monde meilleur (rires) !

La semaine qui vient s’annonce très importante pour la situation politique aux Etats-Unis (interview enregistrée le 6 novembre 2016, deux jours avant l’élection de Donald Trump). N’est-ce pas trop difficile, pour vous, de vivre cela à distance alors que vous êtes en tournée européenne ?
Steve Balkun : Nous ressentons des sentiments contradictoires. Nous aimerions nous impliquer davantage, car cette élection est l’une des plus bizarres de l’histoire. Son processus est très intense, la campagne est très violente… Nous espérons le meilleur pour notre pays, nous souhaitons le meilleur à tout le monde et nous nous efforçons d’avoir la vision la plus claire possible, afin d’être à l’écoute des gens.
Nick Balkun : Nous essayons de rester positifs et de transmettre cet état d’esprit aux gens. Nous pensons simplement que tout ira de mieux en mieux pour les millionnaires et les grandes sociétés. Ce monde n’est pas forcément celui dont nous rêvons et il fait parfois beaucoup de bien d’être éloigné de tout ce système. De faire un break avec tout ce qui se passe dans les hautes sphères. Entendre parler de Donald Trump et de toutes ces choses devient fatiguant à la longue. Nous avons donc fait le choix de rester positifs…

Pour en revenir à votre prochain album. Que souhaitez-vous parvenir à réaliser grâce à lui ?
Steve Balkun : Nous espérons qu’il nous permettra de réaliser des tournées européennes plus longues. Dans les prochains mois, nous nous produirons aux Etats-Unis avant de revenir ici aux alentours des mois d’avril et de mai. Ce futur « european tour » sera plus long. Je crois que nous reviendrons aussi en octobre-novembre 2017 pour quelques festivals en Allemagne. Bien sûr, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour promouvoir au mieux cet album. Nous sommes très excités à l’idée de le voir sortir, tout comme notre label Dixiefrog-Borderline Blues.
Nick Balkun : Et surtout, nous espérons que les gens l’écouteront fort, très fort…c’est tout (rires) !

Souhaitez-vous ajouter un dernier mot à l’attention de vos admirateurs français ?
Steve Balkun : Nous souhaitons simplement les remercier. Chaque concert a été fantastique…de Paris à Cognac, en passant par Strasbourg. Nous avons reçu de l’amour de la part des français et c’est une chose très importante à nos yeux.
Nick Balkun : Nous avons visité beaucoup de recoins de ce pays durant les deux dernières années. C’est devenu une deuxième maison pour nous. Les français sont aussi beaux que leur pays et que leur culture. Nous adorons être ici et nous espérons avoir souvent l’occasion de revenir afin de partager notre rock’n’roll avec vous !

Remerciements : David Isaac (Dixiefrog-Borderline Blues)

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Interview réalisée au
Au Camionneur - Strasbourg
le 6 novembre 2016

Propos recueillis par
David BAERST

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Emission spéciale Route66 avec Balkun Brothers

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