Beverly Jo Scott
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST
Comment as tu découvert la musique durant ton enfance en ALABAMA ?
Dès mon enfance, j'ai vécu dans un environnement musical en écoutant du gospel, du blues, de la country music et beaucoup de rock'n'roll. Je suis née en 1959, donc durant mes dix premières années c'était une vraie révolution musicale. Dès mes 7-8 ans j'écoutais la radio avec Canned Heat, Eric Burdon & the Animals. J'adorais le heavy rock.

Et comment en es tu venue à pratiquer la musique ?
Déjà toute gamine je voulais chanter…
Quand j'ai eu 6 ans, j'ai pu rentrer dans la chorale de l'église bien que je ne savais pas lire. J'avais une excellente mémoire auditive. Je connaissais tous les textes par cœur. Les adultes, de ce fait, n'ont pas pu me dire non. C'est comme cela que j'ai commencé.

Est ce que tu as eu l'occasion de te frotter aux clubs du sud des USA ?
Non, pas vraiment car je suis partie de chez moi très tôt.
A l'âge de 17 ans, j'ai pris la route, vivant tel un vagabond avec ma guitare en bandoulière. Je faisais de la musique de groupe en groupe selon leurs besoins en chanteuses, ce qui me permettait de ne pas toujours dormir sur les pierres. Petit à petit, j'ai fais mon chemin aux Etats-Unis. Puis je suis venu en Europe, en Belgique.
Je jouais dans la rue des Bouchers à Bruxelles et parfois y dormais. Puis je me suis dis que l'Europe pourrait peut être m'amener quelque chose car je ne connaissais que douleur et incompréhension aux USA. En Europe j'étais mieux, j'y ai trouvé ma place et maintenant je suis une vieille gauchiste (rires).

C'est donc en Europe que ta carrière discographique a commencé ?
Oui tout a fait, je n'avais pas enregistré auparavant.

Maintenant que tu es connue en Europe, sens tu un plus grand engouement pour ta musique de la part des américains ?
Non, quand je rentre chez moi ma famille et mes amis m'accueillent. Je contacte des copines chanteuses et nous faisons de grandes fiestas dans des petits bars où l'on se rend en bateaux nous tapant sur les cuisses pour chasser les moustiques. Nous faisons la fête !

Mais tu n'es toujours pas distribuée aux USA ?
Non, toujours pas, excuses moi j'avais mal compris ta question mais c'était tout de même une bonne réponse, non ? (rires)

Tu es ce soir au New Morning pour un concert concept autour de Janis Joplin, comment t'es venue l'idée et vas tu décliner la chose en faisant une tournée ou un album ?
C'est quelque chose que je fais vraiment pour mon plaisir. Je suis actuellement en studio pour le montage de mon premier DVD et CD Live. J'avais quelques jours devant moi et comme je ne peux pas rester inactive, j'ai réalisé ce projet que j'avais en tête depuis longtemps.

Je me suis donc entourée de gens " hypers balaises " qui me comprennent même si Slim BATTEUX (organiste du groupe Nda) est un peu " fou fou ". Mais je l'adore, c'est la première fois que je travaille avec un parisien sur scène et c'est bien. C'est " fuckin' bien " !

On retrouve aussi Paul Personne, ce n'est pas ta première collaboration avec lui, on sent qu'il y a des affinités, comment l'as tu rencontré ?
Paulo, je l'ai rencontré dans un studio de radio, France Inter, dans le cadre d'un concert de Carlos SANTANA que nous présentions ensemble. Nous avons sympathisés et de fil en aiguille nous sommes devenus copains. Je le respecte énormément, il y a tant de sincérité en lui, d'humilité dans son approche. Il chante le blues en français et je trouve ça très bien, ça ne me dérange pas du tout. Il fait swinguer en français ce qui n'est pas évident. Je l'aime vraiment bien !

Tu habites en Belgique, la scène artistique y est très vivace. Quelles y sont tes relations ?
Je connais ARNO, MAURANNE, Axelle RED et plein d'autres artistes. La Belgique est très riche en talents, non seulement dans la musique, mais aussi dans le cinéma, la danse, le théâtre d'avant garde, la peinture. C'est un petit pays qui regorge de talents et d'inspirations multiples. On a une image des belges de gens simples voir simplets ce qui est totalement faux ! Il suffit pour cela de parcourir leur histoire artistique et on ferme très vite sa gueule sur les belges après, on leur donne plutôt des éloges mérités.

Tu vendais un peu la mèche précédemment sur ton prochain album qui sera un live, peux tu nous en dire plus ?
Je peux simplement dire qu'il représentera les dernières années de scènes parcourues à travers l'Europe. Nous le sortons pour " clôturer " une collaboration de longue date avec mes anciens musiciens qui m'accompagnent depuis presque 20 ans. Maintenant nous passons à autre chose, on verra quelle direction je vais prendre et avec qui je vais travailler….

Le DVD et le CD live serviront à mettre un terme à ce chapitre et donnera une bouffée d'air frais au nouveau chapitre avec de nouvelles chansons, un nouveau répertoire et probablement un nouveau " line up ".

On te sent vraiment très impliquée sur scène, même pendant les balances, tu te donnes vraiment.
Oui, il faut que je me calme, mais aujourd'hui je suis très excitée. J'espère que je serai aussi bonne pendant le show que durant le soundcheck (rires) ! Il faut dire que j'avais vraiment besoin de me défouler, donc je l'ai fait.

Sur disque comme sur scène, tu sais très bien t'entourer, avec qui souhaiterais tu encore collaborer ?
C'est difficile à dire, il faut que je vive assez longtemps.
Je crois que ce serait avec des gens qui puissent m'aider dans l'écriture de mes textes, à manipuler le français par exemple car j'aimerai davantage chanter dans cette langue. J'aimerai travailler avec des auteurs qui puissent capter ma sensibilité et mes émotions ainsi que ma sauvagerie. Cela me plairait plus que de travailler avec des musiciens, de toute façon les musiciens je les veux tous (rires).

Sur ton dernier album studio, paru chez Dixiefrog, tu as donné une nouvelle direction à ta musique, y incluant de nouveaux sons, souhaites tu continuer dans ce sens ?
Je vis avec mon temps, j'ai toujours utilisé des petites machines ou des samples, même sur scène depuis 1991.
Je ne voulais pas forcément évoluer mais j'utilisais les gadgets que j'avais sous la main. Le prochain album studio, on verra si je mets des " trucs " ou pas. C'est selon mon humeur du jour….

Juste derrière nous il y a Elliot MURPHY qui vit aussi en Europe, votre amitié pourrait elle un jour se concrétiser sur disque ?
J'ai déjà travaillé avec Elliot à plusieurs reprises, il m'a fait venir en guest sur scène à ses côtés. Il m'a trompé avec d'autres choristes les derniers temps (rires), mais je suis toujours prête à aller chanter avec lui. En plus nous sommes potes et putain qu'est ce qu'il est doué, oh my god quel poète ! Espérons que dans l'avenir….

C'est un excellent songwriter, il pourrait t'aider pour tes textes….
C'est un excellent songwriter, en effet, " fabulous ".
Je suis toujours sur le cul quand je l'entend et j'adore aller à ses concerts rien que pour écouter, il ne me fatigue jamais.

Outre l'album live, as-tu d'autres projets ?
Oui après je vais continuer à faire quelques concerts ciblés avec le show Planet Janis dans une formule un peu plus complète et rodée. Nous ferons notamment l'Olympia au mois de juin. Je prépare aussi une nouvelle formule et un nouveau répertoire, j'ai vraiment plein de choses à faire….

Que pouvons nous te souhaiter pour l'avenir alors ?
Me souhaiter de vivre longtemps et d'avoir la santé. De continuer à faire de la musique et que la guerre en Irak se termine bientôt et que l'on entende plus parler de tous ces connards là-bas chez moi dans mon pays, ces imbéciles….

Pourrais tu t'inspirer de ces évènements pour tes prochaines chansons ?
J'ai besoin de digérer tout cela, tellement j'étais mal avec toutes ces choses. J'ai eu besoin d'écrire un album plus doux, avec des revendications plus douces car tout le monde est en train de hurler. Je me suis donc dis qu'une voix douce passera peut être mieux….

Maintenant, je suis très inspirée, je veux écrire mais je ne veux pas non plus essayer de tirer profit de mes railleries en essayant de me donner un air de rockeuse dure. Si j'écris quelque chose sur cette guerre cela viendra de moi et aussi peut être d'une histoire vraie de quelqu'un que j'ai rencontré ou quelque chose comme ça. Il faut faire gaffe avec ce genre de trucs car on est vite en train d'essayer de se montrer fort, moi je ne suis pas là-bas, je ne fais pas la guerre. J'écrirai plutôt pour les gens qui sont là-bas et " BUSH is a motherfucker and he can go in hell "!

 

 
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Les liens :

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Interview réalisée au

New Morning de Paris

le 1er Décembre 2004.

Propos recueillis par David BAERST.
En exclusivité !

 

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