Depuis la sortie du premier album, avez-vous été
soumis à une certaine pression ?
- En fait, nous avions besoin d'enregistrer un nouvel album, même
s'il y avait une certaine pression due au succès du premier album.
Pour nous, il était important de faire un bon album car nous n'avions
plus rien enregistré depuis cinq ans. Nous voulions nous prouver
que nous étions capable de faire un très bon album. Donc
la pression était en majorité due au fait qu'il fallait
réussir un très bon " produit ".
Donc la pression existait au sein du groupe ...
- Exactement, c'est ça. C'était une pression qu'on se mettait
sur nous-mêmes.
- Oui, c'était interne. Une pression interne, un peu comme une
combustion interne.
N'avez vous pas déjà joué
la majorité des chansons du nouvel album lors de votre précédente
tournée ?
- Si. Nous avions beaucoup de temps entre le moment où nous avions
enregistré le premier album et le second et nous avions écrit
des chansons pendant quatre ans. Alors nous avons pris le meilleures chansons
de cette période entre deux albums.
Depuis deux ans que vous êtes connus, comment
gérez-vous ce succès ? Cela a-t-il changé votre vie
?
- Ce qui a changé dans nos vies, c'est d'être musiciens à
plein temps. Notre travail n'est ni d'être secrétaire ou
profs ni ce que nous étions avant. Maintenant cela a changé
nos vies mais d'une certaine façon nous nous sommes toujours attendus
à ça car nous avions toujours cru en notre musique, nous
avions toujours cru en nous. Donc ça n'a pas vraiment été
une surprise. Je pense que ce qui nous a le plus surpris, c'est le temps
que cela a pris !
Comment votre musique a-t-elle évoluée?
- Je pense que ce que nous voulions vraiment faire avec cet album, c'était
d'essayer de montrer ce qu'on faisait sur scène, de capter l'énergie
de nos concerts. Il semblait que pour beaucoup de gens, il y avait une
différence entre notre premier album et Big Soul en concert. Il
y avait des gens qui disaient : " Oh, vous savez, on ne pensait
pas que vous étiez vraiment un groupe de rock ni que votre musique
soit si rock ! " C'est ce que nous voulons montrer à
présent. Je pense que nous allons continuer à faire ce genre
de musique tout en développant un côté plus personnel.
Il y a sur cet album des chansons acoustiques et des ballades qui sont
plus personnelles. C'est le genre de musiques que nous préférons
donc c'est dans cette direction que nous allons nous se diriger dans le
futur.
- Oui, je pense nous allons nous retourner vers nos racines qui sont le
folk, le blues et le rock'n roll. Maintenant nous nous sentons plus libres
d'explorer différentes choses.
Seriez-vous prêts à chanter de véritables
blues ?
- C'est possible. Je ne sais pas si nous sommes vraiment capables de faire
de la musique dans la lignée de John Lee Hooker. Ce que nous voulions
faire avec cet album, c'était vraiment explorer nos racines, nous
voulions faire des chansons dans un style très pur. Par exemple,
nous avons fait des chansons très rap, très punk, comme
ça les gens peuvent vraiment voir qui nous sommes. Mais il est
possible que nous fassions du blues dans le futur.
En France, beaucoup pensent que vous êtes
un groupe de scène. Sur cet album, avez-vous mis plus de l'énergie
présente sur scène ?
- Oui, car tous les instruments ont été enregistrés
en " live " pour traduire cette énergie que
nous avons sur scène. Nous l'avons fait pour nous et pour nos fans
car nous savions que c'était un certain lien entre nous et les
gens. Jouer sur scène et ce que ressentent les gens quand ils voient
Big Soul en concert. Les gens nous disent souvent : " Vous avez
tant d'énergie, c'est tellement puissant ! " C'est le
genre de choses que nous avons envie de capturer. Mais il y a aussi le
côté personnel. Nous montrons plus qui nous somment. Derrière
toutes ces lumières, toute cette excitation, toute cette énergie,
tout ce fun ... se trouvent des gens qui ont aussi des sentiments.
Vous en êtes à votre troisième
batteur. Y-a-t-il une malédiction qui pèse sur vous ?
- Pour moi (dixit le batteur), non. Je ne me souciais pas du groupe avant
de le rejoindre.
- Je pense que les gens ne réalisent pas qu'il est très
fréquent pour un groupe d'avoir plusieurs batteurs. C'est plus
commun que de changer de chanteur. Je ne sais pas si en France, c'est
pareil, mais aux Etats-Unis, il est difficile de trouver un batteur. Il
y a une telle demande pour les batteurs qu'ils sont libres de choisir
où ils veulent aller. Donc beaucoup de groupes locaux changent
régulièrement de batteurs.
- Un bon batteur joue pour différents groupes. Quand Dean a rejoint
le groupe, il avait déjà joué avec 4,5 groupes. C'est
très dur de jouer à la batterie et surtout de bien en jouer.
Alors les groupes sont très chanceux s'ils arrivent à trouver
un bon batteur et si le batteur reste avec eux. Nous sommes ensemble depuis
très longtemps et nous avons déménagé de Los
Angeles à San Francisco, ce qui a apporté beaucoup de changements.
Nous avons souvent changé de batteurs non pas parce nous nous entendions
plus avec eux mais parce qu'ils avaient d'autres choses à faire.
Dean est un peu spécial. Quand nous l'avons rencontré, nous
rentrions de France et nous avions vraiment tout ce que nous voulions.
Nous avions besoin de faire cet album, donc nous avons a cherché
quelqu'un qui resterait avec nous longtemps. Avant nous pensions que s'il
savait jouer les morceaux, cela suffirait. Mais maintenant nous savons
qu'il nous faut quelqu'un qui connaisse les chansons, qui puisse être
en tournée avec nous et faire les interviews. Dean a déjà
beaucoup voyagé, il a joué dans différents groupes,
il a l'expérience d'un musicien professionnel, il convient au style
de musique que l'on a et en tant que personne, il est sympa. En faisant
l'album, j'ai senti qu'il était plus impliqué dans le groupe
que le batteur précédent. Pour le premier album, nous avions
trois batteurs différents. Dean a aussi fait une vidéo avec
nous : " Julene ".
Comment a été enregistré
le CD-ROM ?
- Oh ça, c'était une expérience. C'est drôle,
car ceux qui nous avaient proposé ce projet avaient des idées,
mais nous, on ne savait pas trop quoi faire. On était aux Etats-Unis
et eux en France et ils ont dit : " Voici l'idée
! ". On n'avait pas de budget, rien ! D'un côté
il y a une haute technologie pour faire un CD-ROM mais ce qu'on avait
pour filmer, c'était de la technologie " bas de gamme "
! On avait posé une camera sur une caisse dans le studio et cela
nous filmait. Une fois, la caméra est tombée ! On s'est
dit que le résultat serait affreux, que cela allait être
stupide. Finalement cela a bien été arrangé. J'ai
été étonnée du résultat.
Avec votre premier album, il était très
difficile de percer sur le marché américain. Les choses
ont-elles changé depuis ?
- On n'a pas encore essayé réellement. Notre prochain but
est de retourner aux Etats-Unis pour faire bouger les choses. On a de
la chance cette année car nous avons un manager. Maintenant, quelqu'un
s'occupe du business. Nous étions très occupés par
la musique et pendant longtemps nous avons eu du mal à penser au
business. Quand on est venu en France, ça a marché et on
s'est dit que c'était génial ! On ne pensait pas à
ce qui allait suivre, ni à jouer dans d'autres pays. Mais maintenant
nous avons l'intention de retourner aux Etats-Unis : notre deuxième
album peut toucher le marché américain, à mon avis.
Nous avons une certaine expérience des tournées et quelqu'un
qui s'occupe du business, alors je pense que cela peut devenir une réalité.
- On a aussi eu un problème juridique. Heureusement, les choses
se sont arrangées et on peut aller aux Etats-Unis pour jouer en
concert.
- On n'a tué personne ! C'était juste une question de contrats.
Vous avez enregistré cet album dans un
studio, ce qui n'était pas le cas du premier. Est-ce qui a changé
?
- On a eu la possibilité de mieux travailler. Par exemple pour
mixer l'album on utilisé un système digital - c'est un peu
technique - on pouvais sauvegarder les rushs dans l'ordinateur, rentrer
chez nous, y penser et revenir travailler plus tard. Ce qui nous a permis
de gagner beaucoup de temps et d'avoir plus de facilités. L'élément
le plus important de ces séances a été l'osmose entre
les gens qui travaillaient ensemble et l'atmosphère, une atmosphère
créatrice. Cela a été le cas pour ce deuxième
album comme pour le premier. Pourvoir bénéficier de tout
ce côté technologique a rendu les choses plus faciles. On
a pu faire ce qu'on voulait sans se dépêcher.
- Mais en ce qui concerne l'enregistrement, c'était pratiquement
la même chose. Pour le premier album, nous avions aussi enregistré
la plupart des basses en conditions " live " et pour
cela, le studio ne comptait pas beaucoup. Il ne nous a pas fallu tellement
de temps pour enregistrer le deuxième album. Les basses ont été
enregistrées en trois jours et le tout a duré un mois sans
travailler tous les jours, mais presque. Enfin le mixage a duré
environ trois mois.
- Il a duré trois mois car il y avait Noël entre temps. Pour
nous cela n'a pas duré si longtemps.
Pour quelle raison chantez-vous un rap sur l'album
?
- Je pense que pour moi et Kelleth, le rap est quelque chose de matériel,
c'est en nous. Nous avons écouté du rap pendant des années.
Quand nous habitions à Los Angeles, nous regardions beaucoup de
vidéos de rap. Dans les années 80 et au début des
années 90, notre groupe préféré était
Public Enemy. J'aime beaucoup le rap car c'est du " chant parlé ",
ça rime, c'est de la poésie. Parfois tu peut prendre le
rap comme une bravade. J'adore le rythme du rap - il faut toujours penser
au rythme quand tu chantes - mais avec le rap, c'est un peu un piège.
C'est plus dur de chanter au bon moment, c'est un peu un jeu.
Devant chaque chanson du nouvel album, il y a
une sorte d'introduction musicale. Pourquoi ?
- Il y a tant de styles différents sur l'album que ces introductions
servent un peu de transition entre les chansons. Nous sommes aussi influencés
par beaucoup d'albums de rap et de hip hop qui utilisent souvent ce genre
de sons. Nous avions envie de trouver le genre de trucs bizarres, de bruits
qui fassent d'une certaine façon partie de l'album sans être
confondus avec les chansons. Ces genres de trucs qu'on fait habituellement
en studio, à la radio ou au micro, il fallait les intégrer
à l'album.
- C'est comme des petits ponts entre les chansons. Pendant les concerts,
on parle ou on fait des trucs entre les chansons. Cela crée une
continuité dans l'album comme pendant le show.
Une dernière question : Julene et Mary
Lou sont-elles surs ?
- Non, en fait, Julene est ... Je ne sais pas trop en fait si c'est une
personne ou un labyrinthe. Julene est une idée, une personne ou
un sentiment. Julene, c'est un peu le côté le plus sombre
de ma personnalité, mon ombre, je ne sais pas trop. Mary Lou est
le prénom de ma mère. Je ne sais pas si elles sont surs
mais comme elles sont sur le même album, elles font partie d'une
même famille.
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