Big Soul
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Depuis la sortie du premier album, avez-vous été soumis à une certaine pression ?
- En fait, nous avions besoin d'enregistrer un nouvel album, même s'il y avait une certaine pression due au succès du premier album. Pour nous, il était important de faire un bon album car nous n'avions plus rien enregistré depuis cinq ans. Nous voulions nous prouver que nous étions capable de faire un très bon album. Donc la pression était en majorité due au fait qu'il fallait réussir un très bon " produit ".

Donc la pression existait au sein du groupe ...
- Exactement, c'est ça. C'était une pression qu'on se mettait sur nous-mêmes.
- Oui, c'était interne. Une pression interne, un peu comme une combustion interne.

N'avez vous pas déjà joué la majorité des chansons du nouvel album lors de votre précédente tournée ?
- Si. Nous avions beaucoup de temps entre le moment où nous avions enregistré le premier album et le second et nous avions écrit des chansons pendant quatre ans. Alors nous avons pris le meilleures chansons de cette période entre deux albums.

Depuis deux ans que vous êtes connus, comment gérez-vous ce succès ? Cela a-t-il changé votre vie ?
- Ce qui a changé dans nos vies, c'est d'être musiciens à plein temps. Notre travail n'est ni d'être secrétaire ou profs ni ce que nous étions avant. Maintenant cela a changé nos vies mais d'une certaine façon nous nous sommes toujours attendus à ça car nous avions toujours cru en notre musique, nous avions toujours cru en nous. Donc ça n'a pas vraiment été une surprise. Je pense que ce qui nous a le plus surpris, c'est le temps que cela a pris !

Comment votre musique a-t-elle évoluée?
- Je pense que ce que nous voulions vraiment faire avec cet album, c'était d'essayer de montrer ce qu'on faisait sur scène, de capter l'énergie de nos concerts. Il semblait que pour beaucoup de gens, il y avait une différence entre notre premier album et Big Soul en concert. Il y avait des gens qui disaient : " Oh, vous savez, on ne pensait pas que vous étiez vraiment un groupe de rock ni que votre musique soit si rock ! " C'est ce que nous voulons montrer à présent. Je pense que nous allons continuer à faire ce genre de musique tout en développant un côté plus personnel. Il y a sur cet album des chansons acoustiques et des ballades qui sont plus personnelles. C'est le genre de musiques que nous préférons donc c'est dans cette direction que nous allons nous se diriger dans le futur.
- Oui, je pense nous allons nous retourner vers nos racines qui sont le folk, le blues et le rock'n roll. Maintenant nous nous sentons plus libres d'explorer différentes choses.

Seriez-vous prêts à chanter de véritables blues ?
- C'est possible. Je ne sais pas si nous sommes vraiment capables de faire de la musique dans la lignée de John Lee Hooker. Ce que nous voulions faire avec cet album, c'était vraiment explorer nos racines, nous voulions faire des chansons dans un style très pur. Par exemple, nous avons fait des chansons très rap, très punk, comme ça les gens peuvent vraiment voir qui nous sommes. Mais il est possible que nous fassions du blues dans le futur.

En France, beaucoup pensent que vous êtes un groupe de scène. Sur cet album, avez-vous mis plus de l'énergie présente sur scène ?
- Oui, car tous les instruments ont été enregistrés en " live " pour traduire cette énergie que nous avons sur scène. Nous l'avons fait pour nous et pour nos fans car nous savions que c'était un certain lien entre nous et les gens. Jouer sur scène et ce que ressentent les gens quand ils voient Big Soul en concert. Les gens nous disent souvent : " Vous avez tant d'énergie, c'est tellement puissant ! " C'est le genre de choses que nous avons envie de capturer. Mais il y a aussi le côté personnel. Nous montrons plus qui nous somment. Derrière toutes ces lumières, toute cette excitation, toute cette énergie, tout ce fun ... se trouvent des gens qui ont aussi des sentiments.

Vous en êtes à votre troisième batteur. Y-a-t-il une malédiction qui pèse sur vous ?
- Pour moi (dixit le batteur), non. Je ne me souciais pas du groupe avant de le rejoindre.
- Je pense que les gens ne réalisent pas qu'il est très fréquent pour un groupe d'avoir plusieurs batteurs. C'est plus commun que de changer de chanteur. Je ne sais pas si en France, c'est pareil, mais aux Etats-Unis, il est difficile de trouver un batteur. Il y a une telle demande pour les batteurs qu'ils sont libres de choisir où ils veulent aller. Donc beaucoup de groupes locaux changent régulièrement de batteurs.
- Un bon batteur joue pour différents groupes. Quand Dean a rejoint le groupe, il avait déjà joué avec 4,5 groupes. C'est très dur de jouer à la batterie et surtout de bien en jouer. Alors les groupes sont très chanceux s'ils arrivent à trouver un bon batteur et si le batteur reste avec eux. Nous sommes ensemble depuis très longtemps et nous avons déménagé de Los Angeles à San Francisco, ce qui a apporté beaucoup de changements. Nous avons souvent changé de batteurs non pas parce nous nous entendions plus avec eux mais parce qu'ils avaient d'autres choses à faire. Dean est un peu spécial. Quand nous l'avons rencontré, nous rentrions de France et nous avions vraiment tout ce que nous voulions. Nous avions besoin de faire cet album, donc nous avons a cherché quelqu'un qui resterait avec nous longtemps. Avant nous pensions que s'il savait jouer les morceaux, cela suffirait. Mais maintenant nous savons qu'il nous faut quelqu'un qui connaisse les chansons, qui puisse être en tournée avec nous et faire les interviews. Dean a déjà beaucoup voyagé, il a joué dans différents groupes, il a l'expérience d'un musicien professionnel, il convient au style de musique que l'on a et en tant que personne, il est sympa. En faisant l'album, j'ai senti qu'il était plus impliqué dans le groupe que le batteur précédent. Pour le premier album, nous avions trois batteurs différents. Dean a aussi fait une vidéo avec nous : " Julene ".

Comment a été enregistré le CD-ROM ?
- Oh ça, c'était une expérience. C'est drôle, car ceux qui nous avaient proposé ce projet avaient des idées, mais nous, on ne savait pas trop quoi faire. On était aux Etats-Unis et eux en France et ils ont dit :  " Voici l'idée ! ". On n'avait pas de budget, rien ! D'un côté il y a une haute technologie pour faire un CD-ROM mais ce qu'on avait pour filmer, c'était de la technologie " bas de gamme " ! On avait posé une camera sur une caisse dans le studio et cela nous filmait. Une fois, la caméra est tombée ! On s'est dit que le résultat serait affreux, que cela allait être stupide. Finalement cela a bien été arrangé. J'ai été étonnée du résultat.

Avec votre premier album, il était très difficile de percer sur le marché américain. Les choses ont-elles changé depuis ?
- On n'a pas encore essayé réellement. Notre prochain but est de retourner aux Etats-Unis pour faire bouger les choses. On a de la chance cette année car nous avons un manager. Maintenant, quelqu'un s'occupe du business. Nous étions très occupés par la musique et pendant longtemps nous avons eu du mal à penser au business. Quand on est venu en France, ça a marché et on s'est dit que c'était génial ! On ne pensait pas à ce qui allait suivre, ni à jouer dans d'autres pays. Mais maintenant nous avons l'intention de retourner aux Etats-Unis : notre deuxième album peut toucher le marché américain, à mon avis. Nous avons une certaine expérience des tournées et quelqu'un qui s'occupe du business, alors je pense que cela peut devenir une réalité.
- On a aussi eu un problème juridique. Heureusement, les choses se sont arrangées et on peut aller aux Etats-Unis pour jouer en concert.
- On n'a tué personne ! C'était juste une question de contrats.

Vous avez enregistré cet album dans un studio, ce qui n'était pas le cas du premier. Est-ce qui a changé ?
- On a eu la possibilité de mieux travailler. Par exemple pour mixer l'album on utilisé un système digital - c'est un peu technique - on pouvais sauvegarder les rushs dans l'ordinateur, rentrer chez nous, y penser et revenir travailler plus tard. Ce qui nous a permis de gagner beaucoup de temps et d'avoir plus de facilités. L'élément le plus important de ces séances a été l'osmose entre les gens qui travaillaient ensemble et l'atmosphère, une atmosphère créatrice. Cela a été le cas pour ce deuxième album comme pour le premier. Pourvoir bénéficier de tout ce côté technologique a rendu les choses plus faciles. On a pu faire ce qu'on voulait sans se dépêcher.
- Mais en ce qui concerne l'enregistrement, c'était pratiquement la même chose. Pour le premier album, nous avions aussi enregistré la plupart des basses en conditions " live " et pour cela, le studio ne comptait pas beaucoup. Il ne nous a pas fallu tellement de temps pour enregistrer le deuxième album. Les basses ont été enregistrées en trois jours et le tout a duré un mois sans travailler tous les jours, mais presque. Enfin le mixage a duré environ trois mois.
- Il a duré trois mois car il y avait Noël entre temps. Pour nous cela n'a pas duré si longtemps.

Pour quelle raison chantez-vous un rap sur l'album ?
- Je pense que pour moi et Kelleth, le rap est quelque chose de matériel, c'est en nous. Nous avons écouté du rap pendant des années. Quand nous habitions à Los Angeles, nous regardions beaucoup de vidéos de rap. Dans les années 80 et au début des années 90, notre groupe préféré était Public Enemy. J'aime beaucoup le rap car c'est du " chant parlé ", ça rime, c'est de la poésie. Parfois tu peut prendre le rap comme une bravade. J'adore le rythme du rap - il faut toujours penser au rythme quand tu chantes - mais avec le rap, c'est un peu un piège. C'est plus dur de chanter au bon moment, c'est un peu un jeu.

Devant chaque chanson du nouvel album, il y a une sorte d'introduction musicale. Pourquoi ?
- Il y a tant de styles différents sur l'album que ces introductions servent un peu de transition entre les chansons. Nous sommes aussi influencés par beaucoup d'albums de rap et de hip hop qui utilisent souvent ce genre de sons. Nous avions envie de trouver le genre de trucs bizarres, de bruits qui fassent d'une certaine façon partie de l'album sans être confondus avec les chansons. Ces genres de trucs qu'on fait habituellement en studio, à la radio ou au micro, il fallait les intégrer à l'album.
- C'est comme des petits ponts entre les chansons. Pendant les concerts, on parle ou on fait des trucs entre les chansons. Cela crée une continuité dans l'album comme pendant le show.

Une dernière question : Julene et Mary Lou sont-elles sœurs ?
- Non, en fait, Julene est ... Je ne sais pas trop en fait si c'est une personne ou un labyrinthe. Julene est une idée, une personne ou un sentiment. Julene, c'est un peu le côté le plus sombre de ma personnalité, mon ombre, je ne sais pas trop. Mary Lou est le prénom de ma mère. Je ne sais pas si elles sont sœurs mais comme elles sont sur le même album, elles font partie d'une même famille.

 
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bigsoul.com

le 31 mai 1997 à la Laiterie de Strasbourg

Propos recueillis en

exclusivité par Jean-Luc et Eric MULLER

 

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