Wilko Johnson
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST



Wilson, quels sont les musiciens qui t’accompagnent actuellement sur scène ?   
Oh, j’ai vraiment la chance de pouvoir m’appuyer sur un groupe formidable !  Il s’agit d’un trio international, car nous sommes tous originaires de pays différents. bd

A la guitare, nous y retrouvons l’excellent as italien de la six cordes, Roberto Morbioli. Il se produit, le plus souvent, avec son propre groupe mais il tourne régulièrement au sein de ma formation acoustique. Non seulement il est un très bon musicien mais, en plus, c’est une formidable personnalité. Nous travaillons ensemble depuis, maintenant, un an.  

A la basse, je suis accompagné par monsieur Detlef Blanke qui est l’un des grands bassistes allemands. Il est aussi producteur et possède son propre studio d’enregistrement. Nous avons, d’ailleurs, produit mon dernier album live ensemble. Il est un excellent musicien et il possède une véritable passion pour cet art. De surcroit, c’est également quelqu’un de très gentil. 
Je suis vraiment très heureux de pouvoir partir en tournée avec de telles individualités !

Peux-tu revenir sur ton parcours ?
Je suis originaire de Caroline du Nord, aux USA. J’étais un petit garçon de la campagne puisque j’ai grandi dans un bourg répondant au nom d’Edenton. Je suis un bluesman… un chanteur de blues qui parcourt le monde afin d’y jouer sa musique.

Ceci dit, pour être tout à fait honnête, je n’ai découvert cette vocation qu’à un âge relativement tardif. Je me considère comme béni d’avoir été touché par cette musique. Depuis j’écris mes chansons et je raconte mes propres histoires. Je suis vraiment très heureux de pouvoir faire tout celà et, en particulier, d’avoir l’opportunité de représenter le blues à travers toute la planète.

C’est en Caroline du Nord que se situe la Fondation Music Maker, créée par Tim Duffy, qui vient en aide à des artistes de blues oubliés et originaires du Sud des USA. Est-ce que tu connais cette organisation ? 
Non, je ne la connais pas. Tu sais, je passe la majeure partie de mon temps en Europe. J’y vis et j’y tourne beaucoup. De ce fait, je ne suis pas toujours à la pointe de l’actualité en ce qui concerne le terroir musical dont je suis issu.

D’où provient ton attirance pour les percussions ?
Je suis tombé amoureux des percussions, dès mon plus jeune âge, alors que je n’étais qu’un petit garçon.  Mon cousin germain était déjà batteur ainsi que bassiste. C’est donc lui qui m’a sensibilisé à ces instruments qui sont devenus mes premiers amours. Comme nous n’avions pas les moyens de nous en acheter, nous avons appris à les fabriquer nous-mêmes. Pour cela, nous utilisions tout ce qui nous passait par la main. Qu’il s’agisse de bidons, de boites en tous genres, de livres, de seaux de peinture etc...

Ce fameux cousin jouait donc de la basse alors qu’un autre cousin, plus jeune, tenait la batterie et que je chantais avec eux. J’improvisais ainsi et j’ai commencé à faire mes premières chansons de la sorte. J’adorais cela, le fait d’écrire des chansons m’est donc venu naturellement et très facilement.

Comment pourrais-tu décrire ta manière de chanter ?
Tu sais, la meilleure manière de te décrire mon approche vocale serait de te dire qu’elle est assez brute, roots et influencée par le gospel. Ceci parce que, la dernière musique citée, a fait partie de ma vie dès les débuts. J’ai également été très touché par la country music car j’avais l’occasion d’en entendre très régulièrement à la radio. Lorsque le blues est entré dans ma vie, on peut dire qu’une nouvelle porte s’est ouverte devant moi. C’est comme si cette porte m’appelait par mon nom…
J’ai donc décidé de la franchir et me suis retrouvé dans un monde où je me suis immédiatement senti comme chez moi. De ce fait, ma musique est aujourd’hui constituée d’un grand mélange de toutes ces sources d’inspiration… c’est-à-dire du blues, du gospel, de la soul music, de la country…

De quels chanteurs te sens-tu le plus proche ?
 J’apprécie de nombreux grands chanteurs et, parmi eux, je suis particulièrement touché par quelqu’un que je connais depuis une dizaine d’années et que j’ai eu l’occasion de rencontrer. C’est un homme formidable doublé d’un grand chanteur-guitariste et auteur-compositeur. Son nom est Eric Bibb…

Ce type est formidable et je le considère, aujourd’hui, comme l’un de mes héros. Je me sens très proche de son style musical, aussi bien en ce qui concerne son écriture que sa manière de chanter. bd

Peux-tu revenir sur tes débuts professionnels ?
Cela fait, environ, dix ans que je suis un professionnel de la musique. Je pratique cet art depuis une vingtaine d’années mais ce n’était pas mon activité professionnelle avant le début des années 2000. J’ai trois enfants et, pendant longtemps, mon activité journalière était de les éduquer. Ce n’est que lorsqu’ils sont devenus assez grands que je me suis complètement immergé dans une carrière musicale.

Tu vis actuellement en Allemagne, pourquoi ce choix ? 
Tout simplement parce que mon épouse est allemande. A l’époque, j’étais un militaire américain basé en Allemagne. A la fin de cette période, j’ai donc décidé de rester vivre dans ce pays.

Etais-tu déjà musicien à l’armée ?
Non, j’étais un boxeur…  J’appartenais à une équipe militaire américaine tout en étant, parallèlement à cette activité, un soldat tout à fait classique. La boxe était une sorte de récréation pour moi…Il m’arrivait de jouer des percussions et de rejoindre des groupes qui s’étaient constitués à l’armée, mais sans plus…

Il y a beaucoup de musiciens de blues, très talentueux, en Allemagne. En connais-tu certains ?
Il y a beaucoup de formidables musiciens de blues dans ce pays, c’est vrai !  Le premier nom qui me vient à l’esprit est Abi Wallenstein que tu dois connaitre. Il y a aussi un résident allemand, mais qui est originaire de Yougoslavie, c’est Todor « Toscho » Todorovic qui est le leader et membre fondateur du groupe Blues Company (il en est également le chanteur-guitariste et auteur-compositeur, nda). Ce dernier m’a beaucoup aidé lorsque je me suis lancé dans cette carrière. Sinon, dans mon propre développement musical et scénique, je me suis aussi appuyé sur des artistes tels que Tommy Schneller ainsi qu’un guitariste avec lequel j’ai, aussi, eu l’occasion de jouer. Je veux parler de Michael Van Merwyk qui se produit régulièrement, avec son propre groupe, dans un registre blues-soul. J’apprécie vraiment ce type, il est formidable !

A ce jour, combien de disques as-tu enregistré ? 
J’ai enregistré 9 albums…  Le premier d’entre eux « My Day Will Come » a été conçu en Allemagne. Puis, il y a « Get On Your Knees And Pray » enregistré en Hongrie avec The Mississippi Grave Diggers, qui est un groupe de ce pays. Ce combo est constitué de gens magnifiques qui jouent de beaucoup d’instruments, on y retrouve même du violon. De manière générale, comme tu le sais, j’adore jouer avec des artistes européens… J’ai donc enregistré sept autres albums dont certains sont des enregistrements publics. Ces sessions se sont souvent déroulées en collaboration avec des musiciens tels que l’harmoniciste Klaus Grossert ou le guitariste Doc Fozz.

J’ai eu la chance de signer un contrat avec le label Ruf Records, qui a donné naissance aux disques « Love Is The Key » (2009) et « Thumb A Ride » (2011).  J’ai, dernièrement, enregistré un nouvel album live au Luxembourg et je suis très fier de pouvoir proposer un nouveau CD qui sort en avril 2013. J’ai la chance de le voir paraitre sur le label Dixiefrog. C’est mon meilleur disque à ce jour et je suis très excité à l’idée de le voir distribuer dans les bacs des disquaires. Les sessions de cet album se sont faites avec un excellent groupe suédois…  

Je suis très heureux de pouvoir travailler avec Dixiefrog. Ce label est très important, il est gage de qualité et de sérieux. C’est une vraie compagnie, entièrement vouée au blues (pour plus de renseignements sur la discographie de Big Daddy Wilson, je vous invite à consulter son site internet, nda)…

De plus, c’est le label d’Eric Bibb !
Oui, c’est vrai !
Eric Bibb en est l’un des artistes, au même titre que d’autres formidables personnalités !Aujourd’hui, je suis fier de pouvoir sortir un disque au milieu de tout ce beau monde !

Tu es quelqu’un qui aime écrire ses propres chansons… 
Oui, je suis auteur-compositeur… j’écris mes propres chansons. J’ai commencé tard et j’ai, de ce fait, beaucoup de choses à dire. J’ai de nombreuses histoires à raconter et suis très heureux de pouvoir le faire.

Quels sont les thèmes que tu abordes ?
Je parle de choses variées… J’évoque ce que je vois, je ressens, j’entends ou j’y transcris mes rêves.  J’essaye d’être toujours positif car trop de gens pensent que le blues ne reflète que le mauvais côté de la vie, la tristesse… 

Je tiens à ce que les auditeurs aient un beau sourire en m’écoutant et qu’ils sortent de mes concerts le cœur léger… en ayant l’impression d’avoir été encouragés à faire des choses positives. Mon message demeure « L’amour est la clé » (en référence à l’un de ses albums « Love Is The Key », nda) !

En dehors d’Eric Bibb, quels sont les artistes actuels qui t’influencent le plus ?
J’apprécie de nombreuses personnes comme Taj Mahal, Robert Cray, Mighty Sam McClain. Comme tout le monde, j’écoute BB King dont la musique m’a beaucoup inspiré. J’aime aussi des gens qui ne sont plus parmi nous et, en particulier, Howlin’ Wolf et Muddy Waters. J’étais aussi un grand fan de Luther Allison…

Quels espoirs portes-tu en l’avenir ?
Continuer à écrire de la bonne musique et à rencontrer des gens. J’espère aussi poursuivre mes collaborations avec d’autres musiciens de blues, qu’ils soient européens ou américains. De manière générale, je tiens à continuer à faire ce que j’aime…

Aurais-tu un message particulier pour ton auditoire français ? 
Je dirais simplement que, si vous aimez le blues, les racines de la musique américaine, le folk, la soul… n’hésitez pas à acheter mon nouveau CD… « I’m Your Man » (rires) !

Souhaites-tu ajouter une conclusion à cet entretien ?
Simplement que je suis heureux d’être ici, merci !

Remerciements : Yohann (Nueva Onda) et Helga !

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Interview réalisée à l'
Hôtel de L’Ange
à Guebwiller le 22 février 2013

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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