Big Ron Hunter
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Surnommé le « bluesman le plus heureux du monde », Big Ron Hunter (dont le talent a été dévoilé par la Music Maker Relief Foundation en 2007) propose un blues racé, authentique et chargé de tendresse. Proche de deux autres figures importantes du label fondé par Tim Duffy (à savoir Guitar Gabriel et Captain Luke), le chaleureux chanteur-guitariste a aussi été séduit par les qualités du jazzman français Raphaël Imbert. Ce dernier l’a, d’ailleurs, convié aux séances d’enregistrement de son album « Music Is My Home : Act 1 » paru chez JazzVillage en 2016. Une aventure qui se poursuit, depuis, sur les routes…C’est peu avant la présentation de ce concept, dans le cadre du Nancy Jazz Pulsations, que j’ai retrouvé Big Ron Hunter. En avance à notre rendez-vous, ce dernier a fait preuve d’une gentillesse visiblement non feinte…

Ron, afin de débuter cet entretien, peux-tu revenir sur tes origines précises ?
Je m’appelle Big Ron Hunter et je suis originaire de Winston-Salem, en Caroline du Nord. Tout ce que je peux dire sur moi, actuellement, est que je suis le bluesman le plus heureux de la planète (rires) !66

De quelle manière es-tu entré en contact avec la musique, quel est ton plus ancien souvenir lié à cet art ?
J’ai été élevé en Caroline du Nord, dans une petite cabane située dans les bois. J’ai commencé à jouer le blues en compagnie de mon père ainsi qu’avec l’un de mes très bons amis…Guitar Gabriel (1925-2016).
Ce dernier est, par la suite, devenu un bluesman très réputé. Il m’a beaucoup parlé de cette musique et m’a enseigné de nombreuses choses au sujet du blues. Il disait toujours que même les bébés ont le blues…

Peux-tu évoquer, plus en détails, cette formidable amitié avec Guitar Gabriel ?
Je l’accompagnais souvent dans différents bars où il se produisait, afin de jouer avec lui. J’étais devenu, en quelque sorte, son lead guitariste. Nous avons joué ensemble dans de nombreux endroits dont des salons confinés en ville, mais aussi des parcs et surtout des débits de boissons. Nous avons partagé un nombre incroyable de bons moments ensemble…

Avant de rencontrer Tim Duffy, de la Music Maker Relief Foundation, quel a été exactement ton parcours musical ?
Avant de le rencontrer, je me produisais principalement à l’église mais aussi dans un club de jazz nommé le SpeakEasy Jazz. Dans mon passé, il m’arrivait de jouer beaucoup de rock’n’roll ou des titres de James Brown. J’ai même interprété du bluegrass…
Mon père me disait toujours qu’il fallait laisser ma guitare parler et j’ai, bien sûr, joué énormément de musique avec lui lorsque j’étais jeune.

De quelle manière as-tu été mis en relation avec la Music Maker Relief Foundation ?
Bien qu’issu de Caroline du Nord, j’ai été très touché par le blues du Mississippi. J’ai, dans un premier temps, enregistré un disque dans ce registre pour le label Rock House Records de Roy Roberts (« Pouring Out The Blues », nda). Après cela, la fondation Music Maker m’a écrit et Tim Duffy m’a appelé pour me dire qu’il aimait beaucoup mon style. Il m’a proposé de discuter avec lui et je me suis, tout naturellement, retrouvé à travailler avec lui. C’est une chose que j’adore !

Quel est, selon toi, l’impact principal de la fondation Music Maker pour des bluesmen de Caroline du Nord tels que toi ?
Le voyage ! A titre personnel, j’adore voyager et Music Maker m’a permis de découvrir la planète en me permettant d’obtenir un passeport. Je suis, par exemple, actuellement en France. C’est formidable car je rencontre beaucoup de personnes. Il faut dire que j’adore les gens…
J’ai ainsi pu découvrir, en plus de la France, le Costa Rica mais aussi des villes américaines où je n’avais jamais eu l’occasion de me produire. Par exemple, on a pu me voir à la Nouvelle-Orléans, à New-York et dans tous les recoins du Mississippi. Vraiment, Music Maker m’a envoyé partout…même en Allemagne. C’est vraiment formidable car, comme je te le disais, j’adore le fait de voyager, de jouer et de rencontrer des gens. La fondation Music Maker a réuni tout cela pour moi !

Aujourd’hui, comment jauges-tu la situation du blues dans le sud profond ?
Le blues continue à très bien se porter, car beaucoup de jeunes gens se lancent dans sa pratique et lui portent un grand intérêt. Ils n’hésitent pas à découvrir ses facettes les moins connues pour les réinterpréter à leur manière.
On ressent vraiment un intérêt sincère de la part de tous ces jeunes gens…C’est aussi pour cela que je joue le blues. Je pratique cette musique, une chose qui est facile pour moi qui suis simplement la direction empruntée par mes ainés. C’est une manière de leur rendre hommage. Ces anciens bluesmen ont vécus des vies très difficiles alors que pour des gens tels que moi, c’est devenu beaucoup plus facile que par le passé…

Quelles sont les différences les plus notables, à ton avis, entre les amateurs européens de blues et les américains ?
Le public est, en effet, sensiblement différent d’une rive de l’Atlantique à l’autre. Les français, par exemple, sont les plus attentifs. Ils écoutent en faisant preuve de concentration. Les américains, eux, aiment beaucoup parler et n’hésitent pas à se faire entendre durant les concerts. Pour capter leur attention, je dois vraiment jouer du mieux possible et ajouter un message à ma musique (rires).

Que souhaites-tu, justement, exprimer à travers tes chansons ?
J’exprime l’amour à travers mes chansons. J’exprime aussi le bonheur ainsi que le mouvement et le rythme. J’essaye de transmettre des sensations, tout en faisant preuve d’un maximum d’originalité.

Tu arrives en Frances alors que la campagne pour l’élection présidentielle américaine bat son plein. Cela évoque-t-il quelque chose en particulier pour toi…ou t’en sens-tu éloigné ?
Je crois qu’en Amérique nous avons, plus que jamais, besoin de nous rapprocher et de nous aimer les uns les autres. C’est ce que je tente de réaliser, humblement, à travers ma musique. D’apporter un peu d’amour au monde. La musique est une bonne façon de communiquer, notamment sur ce sujet…

J’aimerais, maintenant, évoquer ta participation au projet « Music Is My Home ». De quelle manière es-tu entré en contact avec Raphaël Imbert ?
Raphaël est venu me rendre visite. Il voulait se prendre une chambre d’hôtel mais je lui ai proposé de rester chez moi, dans ma maison située en Caroline du Nord. Nous sommes devenus de grands amis !

As-tu été surpris par l’intérêt que te porte ce musicien de jazz ?
Oui, en effet, d’autant plus qu’il est français ! Cela constitue un long voyage et j’étais surpris que quelqu’un vienne spécialement de ce pays pour me rencontrer. Deux ans plus tard il m’a proposé de venir en France et j’ai été très honoré à ce moment-là. C’est une chose formidable, d’autant plus que cela s’est régulièrement reproduit depuis.

Comment expliques-tu que la France soit un pays si cher à ton cœur ?
C’est comme un rêve… Un rêve que je vis alors que je n’avais jamais osé le faire de toute ma vie. Ici, les gens sont vraiment amicaux, emplis d’amour et de gentillesse à mon égard. La vue est très jolie, les environs sont formidables… En fait, pour moi, tout est vraiment formidable dans ce pays (rires) !

Comment avez-vous travaillé ensemble, avec Raphaël ?
Raphaël s’est emparé de son saxophone, alors qu’il était chez moi, puis il m’a simplement dit « let’s play ». Nous avons, ainsi, commencé à jouer ensemble. Nous avons, également, échangé au sujet de nos points de vue musicaux et il a tenu compte du mien. Je lui ai dévoilé ma musique, mon univers…

Et de quelle manière les sessions d’enregistrement se sont-elles déroulées ?
De la plus belle des façons car nous étions tous ensemble et nous avons construit un travail commun. Je suis prêt à recommencer pour un nouvel album (rires) !

Quels sont tes espoirs pour l’avenir ?
Mes espoirs… J’aimerais vraiment enregistrer un nouvel album avec Raphaël. Je souhaiterais aussi donner des concerts avec lui, ainsi que son équipe, aux Etats-Unis. Ce serait vraiment formidable…

As-tu quelque chose à ajouter à cet entretien ?
Français…je vous aime ! Je vais vous apporter beaucoup d’amour et je vais en prendre un maximum du votre, afin de le ramener aux Etats-Unis (rires) !

Remerciements : Coralie Arnould (Nancy Jazz Pulsations), Olivier Corchia (Cie Nine Spirit) et Raphaël Imbert.

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Interview réalisée au
Nancy Jazz Pulsations
le 8 octobre 2016

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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