Big Sandy
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Adulé par les afficionados de rock’n’roll, Big Sandy (né Robert Williams) est à juste titre considéré comme l’un des plus dignes successeurs des illustres membres du Million Dollar Quartet. Trente années de carrière, des centaines de milliers de kilomètres parcourus et plus de 3000 concerts livrés à travers la planète font foi de son impressionnant engagement.Remarquablement accompagné par ses fidèles Fly-Rite Boys (Ashley Kingman à la guitare électrique, Kevin Stewart à la contrebasse, Ricky Mc Cann à la batterie), le charismatique chanteur-guitariste a effectué deux mois de tournée, à travers l’Europe, durant l’été 2016.
L’une des ultimes dates de cette dernière s’est déroulée en Alsace, dans le cadre de la première édition du festival Rockin’ Rumble. Une occasion de le rencontrer que je ne pouvais, évidement, pas laisser filer.
Souhaitant échapper à la chaleur de la salle, l’artiste m’a donc invité à enregistrer l’entretien qui suit dans son van de tournée, toutes portes ouvertes. Un bon moyen de profiter d’une fraicheur nocturne bienvenue, juste avant de faire fondre de bonheur un public survolté.

Robert, afin de débuter cet entretien, peux-tu me parler de la manière dont s’est déroulée ton enfance ?66
Ok ! J’ai grandi dans le sud de la Californie, un peu en dehors de Los Angeles. Dès mon plus jeune âge, je me suis passionné pour la musique et en particulier pour les vieux disques.Je crois que, dès cette période de ma vie, la chose la plus importante à mes yeux était réellement la musique !

De quelle manière cette passion s’est-elle déclenchée ?
Je suppose que c’est par l’entremise de mes parents, qui possédaient beaucoup de vieux disques. Les jeunes de mon âge pouvaient avoir des passions diverses, telles que la peinture ou le football américain. Pour ma part, c’était la musique que j’écoutais intensivement dans ma chambre. J’étais, alors, plongé dans une sorte de rêverie et j’imaginais beaucoup de choses en me concentrant sur les paroles des chansons. J’ai poursuivi jusqu’à me retrouver, à mon tour, sur une scène afin de chanter. Je rêvais beaucoup lorsque j’étais un jeune garçon !

Quelles étaient, à ce moment-là, les registres musicaux qui avaient ta préférence ?
Je pense que le doo-wop a, dans un premier temps, été ma plus grande influence. Bien sûr, j’adorais aussi Elvis Presley. La première fois que je l’ai vu, je me suis dit « waouh, son style est vraiment cool ! ». J’appréciais vraiment ce qu’il véhiculait à ses débuts et, notamment, son look.
Très jeune, je fréquentais les librairies afin d’y dénicher tous les livres qui évoquaient le rock’n’roll ainsi que son histoire. Il va de soi que ceux consacrés à Elvis m’intéressaient particulièrement. De tout cela, a découlé un engouement pour toutes les musiques qui ont précédé et influencé le rock’n’roll. Ainsi le bluegrass, le rhythm & blues et la country music n’ont, rapidement, plus eu de secret pour moi. Lorsque j’ai commencé à jouer de la musique j’ai, ainsi, pu m’aventurer dans ces différents registres.

De quelle manière as-tu commencé à chanter ?
J’ai commencé à chanter seul, par moi-même, dans ma chambre. Il faut dire que j’étais particulièrement timide à l’époque. Je n’osais pas déployer mes capacités naissantes devant un public.
A l’adolescence, j’ai débuté l’apprentissage de la guitare en prenant des leçons après mes journées de cours au Lycée. J’ai appris quelques accords puis j’ai, rapidement, commencé à composer mes propres mélodies et chansons.J’avais quelques amis qui avaient fondé un groupe de rockabilly. C’est lors de fêtes que j’ai rencontré ces personnes de ma génération, avec lesquelles je parlais de musique. Lorsque je leur ai dit que je chantais, ils ont souhaité m’entendre et ont trouvé ma voix très jolie. Ils m’ont donc demandé de me joindre à leurs répétitions suivantes et de continuer à m’exercer avec eux, ce devait être en 1984. C’est devenu mon premier groupe…

Ce groupe était-il professionnel ?
Oui, il se produisait dans des dancings et lors de fêtes…y compris paroissiales. Nous avons fait le tour des night-clubs à l’époque…

Ton nom d’artiste est-il inspiré par la chanson « Big Sandy » de Bobby Roberts, qui est un rockabilly datant de 1956 ?
Non, pas vraiment !Le nom Big Sandy vient de l’une de mes chemises. Sur cette dernière était apposé un patch sur lequel était écrit Big Sandy. C’était une chemise de mécanicien, qui appartenait à l’un de mes oncles lorsqu’il était jeune, c’est-à-dire dans les années 1950. Son prénom était Santiago, dont le diminutif hispanique est Santi. En anglais, on le traduit par Sandy… De ce fait, lorsque je me suis mis à porter cette chemise, les gens ont commencé à m’appeler Sandy. Ceci-dit, j’aime beaucoup la chanson Big Sandy que tu viens de citer…elle est très bonne !

Je connais bien la scène blues californienne mais j’avoue moins connaitre la scène rock’n’roll de cet état. Aussi, peux-tu m’en parler ?
Il y a une excellente scène rock’n’roll et rockabilly dans le sud de la Californie. Déjà à l’origine de ces musiques, dans les années 1950 et 1960, elle était bien présente et elle n’a jamais disparue. Même dans les années 1970, beaucoup d’artistes s’y distinguaient grâce au label Rollin’ Rock Records fondé par le producteur Ronny Weiser. Il organisait, également, des spectacles dans le sud de la Californie. Il a enregistré d’anciennes gloires du genre comme Ray Campi ou Mac Curtis mais a aussi lancé de jeunes artistes à l’instar du groupe The Blasters, qui est devenu très populaire et qui a donné de nombreux concerts. Je pense avoir grandi dans un environnement très musical, en étant constamment entouré par des groupes de rockabilly. Dans ma région, beaucoup de concerts étaient organisés. Ils étaient très riches et proposaient des groupes de styles différents sur la même affiche. Le même soir, on pouvait donc assister à un set d’un groupe de rockabilly puis à celui d’un combo punk. Tous étaient réunis au sein d’un même spectacle…

Quand et dans quelles circonstances as-tu décidé de fonder ton propre groupe, The Fly-Rite Boys ?
J’étais dans un autre groupe dans les années 1980. Lorsque ce dernier s’est dissous, j’ai été très content de pouvoir revenir à un son plus authentique et plus traditionnel.
J’ai rencontré des musiciens, habitués des scènes de Los Angeles. Tous se produisaient dans des groupes différents. Nous avons commencé à jouer ensemble en 1988, avec pour objectif d’obtenir un son qui soit le plus authentique possible. Il y avait alors beaucoup de néo rockabilly comme les Stray Cats. Nous, nous voulions sonner comme les vieux enregistrements, ceux de Gene Vincent par exemple…

Tu as enregistré avec un groupe que j’apprécie particulièrement, à savoir Los Straitjackets. Quels sont tes relations avec lui ?
Avec Los Straitjackets, notre collaboration traverse les ans ! C’est, en effet, dans les années 1990 que nous avons réalisé un disque en commun pour la première fois. Je connais Eddie Angel, l’un des guitaristes du groupe, depuis encore plus longtemps car la première fois que je l’ai rencontré il était encore membre de The Planet Rockers. Nous étions sur le même label et avions eu, alors, l’occasion de tourner ensemble en Europe. Un jour, il m’a proposé de chanter avec Los Straitjackets. Nous avons donc fait un 45 tours, puis un album ensemble. Il s’agit de rock’n’roll chanté en espagnol. Nous sommes de très bons amis et nous adorons travailler ensemble, rien que pour le fun !

Aujourd’hui, le rock’n’roll est redevenu très à la mode. Toute une nouvelle génération s’intéresse à cette musique et à ses codes (la danse, les vêtements, les tatouages…). Comment expliques-tu ce phénomène ?
Je pense que cette musique a toujours été populaire. Parfois elle sommeille un petit peu mais elle revient toujours lorsqu’une nouvelle génération s’intéresse à elle. Le rock’n’roll possède un bon état d’esprit et il est très excitant. Les jeunes d’aujourd’hui y reviennent afin d’échapper aux sons actuels qui sont assez stériles. Il est donc très attractif pour ces jeunes qui sont impressionnés par tous ces anciens éléments, comme les voitures ou les vêtements vintages. Le rock’n’roll marque une courte période de l’histoire mais il se montre intemporel, car il revient à travers chaque nouvelle génération.

Tu connais très bien un excellent artiste français, qui s’appelle Nico Duportal. Quelle est ton appréciation de la scène française en général ?
Je ne connais pas très bien la scène française, en dehors de certains artistes que j’ai pu croiser sur des spectacles. Je connais mieux Nico, car il voyage beaucoup et s’est déjà produit aux Etats-Unis. Chez moi, dans le sud de la Californie, il a joué avec mon ami Tommy Harkenrider. C’est d’ailleurs aux USA que je l’ai rencontré, pas en Europe. Puis, nous sommes devenus amis. Sinon, je ne connais pas spécialement de musiciens français mais j’ai trouvé que les groupes (Eddy And The Head-Starts ainsi que Ramblin’ Wolf And The Backyard Dogs, nda) qui ouvraient la soirée de ce soir étaient très bons.

Aujourd’hui, de nombreux amateurs de rock’n’roll te considèrent comme une légende. Le quotidien d’une légende est-il facile à vivre ?
(rires) C’est une chose très drôle car, dans mon esprit, je me souviens de l’adolescent que j’étais et qui rêvait de faire de la musique. Aujourd’hui, beaucoup de gens me respectent et disent que je suis une légende de la scène rock’n’roll. C’est très drôle et j’aime cela. D’autant plus que ça part d’un bon sentiment…

Tu as enregistré de très nombreux disques et donné énormément de concerts à ce jour. As-tu, malgré tout, un rêve en particulier pour la suite de ta carrière ?
J’ai réalisé un 45 tours il y a quelques mois, c’est ma dernière sortie en date. Lorsque j’ai écrit ces deux chansons, j’ai ressenti comme une nouvelle énergie m’envahir. J’étais tellement motivé que cela m’a donné l’envie de retourner en studio, afin d’enregistrer un album complet. J’espère l’avoir terminé d’ici la fin de l’année 2016. Sinon, mon seul rêve est de continuer à produire la meilleure musique possible et de donner le maximum de ma personne. On devient tous meilleurs avec le temps et je souhaite encore progresser en tant que chanteur et qu’auteur-compositeur.

L’inspiration te vient-elle naturellement ?
(hésitation) Cela dépend un peu des circonstances. Cela peut être difficile pour moi quand je suis sur la route. J’observe donc beaucoup et il m’arrive de noter certaines conversations. Les situations qui m’entourent sont très importantes…
Par contre, lorsque je suis chez moi, je prends mon temps et je m’installe avec ma guitare. Là, je laisse les idées venir tranquillement à moi. On ne sait jamais vraiment quand l’inspiration va venir. Parfois c’est très facile et parfois…beaucoup moins.

Quels sont tes prochains projets ?
Je vais continuer d’enregistrer en compagnie des Fly-Rite Boys. Au début de l’année prochaine, je vais également tourner avec Los Straitjackets, nous espérons enregistrer un nouvel album ensemble. Ma carrière poursuit donc sa voie et j’en suis très heureux (rires) !

En conclusion, souhaites-tu ajouter quelques mots à l’attention de ton public français ?
J’aimerais le remercier pour sa fidélité, tout au long de ces années passées au service de la musique. Certains de mes fans français me suivent depuis la sortie de mon tout premier album et ils ont traversé les décennies à mes côtés. Je les porte sincèrement dans mon cœur. En arrivant dans le hall de la salle ce soir, de nombreuses personnes sont venues à ma rencontre pour me saluer ou pour prendre une photo. Je trouve qu’en France, c’est très différent que dans les autres pays…merci beaucoup !

Remerciements : Robert Williams alias Big Sandy, Benoit Zol

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Interview réalisée au
Rockin’ Rumble - Illkirch Graffenstaden
le 3 septembre 2016

Propos recueillis par
David BAERST

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