Billy Branch
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Quand avez-vous commencé à jouer de la musique ?
Je viens de Chicago et j'ai joué de l'harmonica dès l'âge de onze, douze ans. J'ai débuté professionnellement avec un vieux pianiste de boogie-woogie, Jimmy Walker. Cinq ans après, j'ai commencé à accompagner Willie Dixon.

Comment avez-vous rencontré Willie Dixon ?
J'allais encore au collège. Une secrétaire avait mentionné dans les bureaux qu'elle avait travaillé avec lui. Je l'ai harcelée pour connaître son numéro de téléphone.

Quand je l'ai appelé, il m'a dit me venir immédiatement. Il était tout de suite très amical. Il m'a invité à son studio d'enregistrement un jour où Carey Bell se trouvait en ville. Il m'a demandé de les accompagner à l'harmonica. Ce fut ma première session d'enregistrement.

A quel moment avez-vous enregistré vos propres disques ?
Le premier titre publié sous mon propre nom a été " Bring Me Another Half Pinte " sur lequel figurent beaucoup d'harmonicistes. Georges Paulus l'a produit en 1974.

L'album " Harp Attack " a-t-il été une bonne expérience pour vous ?
C'était génial ! Jouer en compagnie de James Cotton, Carey Bell. Quel honneur de se trouver sur cette session ! Tous les gars que j'idolâtrais étaient dans le coup. J'avais toujours cherché à imiter ces types, je les suivais et j'essayais de jouer comme eux. Du coup, c'est comme si j'avais reçu mon diplôme.

Vous êtes parti en tournée en trio avec Joe Louis Walker et Matt " Guitar " Murphy. Pourquoi n'avoir jamais fait de disque ensemble ?
Matt Murphy est tombé malade. Pendant longtemps, je n'ai pas réussi à lui parler, ni même à le joindre. Faire ce disque n'aurait pas été une mauvaise idée de, mais les choses se sont passées différemment.

Vous travaillez aussi au sein des écoles pour faire connaître le blues. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?
Depuis 1978, je m'occupe d'ateliers blues dans les écoles. J'étais un pionnier dans ces programmes. Le succès a été tel que je suis allé partout à Chicago et à travers les Etats-Unis. Je suis même allé jusqu'en Belgique ! Cette expérience s'est avérée très enrichissante en retour. Car les enfants que nous suivons apprennent tous à jouer de l'harmonica, voire plus si le temps et l'argent le permettent. Parfois je dispose d'un mois complet comme récemment à Seattle, état de Washington. Le groupe complet est alors impliqué.

Certains apprennent l'harmonica, d'autres la guitare, la batterie et la basse. Je leur enseigne l'histoire du blues et les chansons standard, voire même des originaux. Ensuite nous nous produisons en concert, parfois dans d'autres écoles ou dans des festivals.

Certains continuent ensuite ?
Très peu passent professionnels. Le plus important dans l'affaire, c'est que dans les clubs de blues j'en rencontre très souvent. Ces gosses vont dans les clubs de blues parce que mon expérience d'apprentissage a fonctionné.

Vous pensez que les jeunes sont mal informés au sujet du blues ?
Les jeunes comme les vieux. Malheureusement, les gens ne sont plus familiarisés avec le blues, particulièrement parmi les jeunes noirs. Ils pensent qu'ils n'aiment plus le blues. Personnellement, je me suis toujours arrangé pour jouer dans les clubs noirs comme dans les blancs.
Notre réputation s'est construite aussi bien auprès des jeunes que des moins jeunes. Si on m'avais donné au dollars chaque fois qu'on me disait : " Je n'aimais pas le blues avant de vous entendre, les gars ", je serais un homme riche.

Notre façon de jouer vient directement de nos influences musicales qui incluent le rythm'n blues, Jimi Hendrix et les Rolling Stones. Vous voyez ce que je veux dire ? Nous somme également capable de jouer du blues traditionnel : Muddy Waters, le classique Chicago Blues et même parfois le vieux Delta Blues.
Le problème vient que beaucoup de gens croient qu'ils n'aiment pas le blues parce qu'il est vieux et triste. Il devrait assister à une performance live de Lucky Peterson, de Koko Taylor pour comprendre à quel point le blues peut être excitant.

Comment se porte le blues à Chicago aujourd'hui ?
Eh bien, il est toujours vivant. Enormément de groupes, de clubs … Trop de groupes même, car il devient difficile de trouver des engagements. Certains se font payer des misères. Dur de trouver une paie correcte dans ces conditions. Ceux qui ont des boulots de jour viennent juste pour jouer ! Du coup des gars comme moi travaillent dur pour monter le niveau et garder la barre haute.

Quand on attrape un magazine de blues, il y a tellement de noms qu'on ne peut pas les connaître tous. Certains se qualifient eux-mêmes de bluesmen alors qu'ils ne jouent pas de blues. Ils se font de l'argent parce que le circuit des festivals est très lucratif.

Quels sont vos projets pour le futur ?
Mon but est d'arriver à produire un blues de haut niveau et à fort impact sur les gens. J'aime tester divers sons actuel tout en restant fidèle à l'esprit du blues.

 

 
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Interview réalisée
le 4 juillet 2003 au
festival de Jazz de Strasbourg

Propos recueillis par
David BAERST et Jean-Luc

En exclusivité !

 

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