L'émission "blues"
de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST
a
Blues Power Band (Hervé "Bannish" Joachim)
Hervé, pour commencer, peux-tu me dire combien
de membres constituent le "Blues Power Band" ?
Nous sommes 5 : basse, batterie, 2 guitares et chant...
C'est une formation assez classique avec Olivier "Bathus"
Picard à la batterie, Nicolas Paullin à la basse,
Pascal Guégan et Régis "Papygratteux"
Lavisse aux guitares et ton serviteur, Hervé "Bannish"
Joachim, au chant.
S'agit-il d'une amitié qui date de longtemps
ou est-ce, au contraire, en cherchant à former un groupe que tu
les as croisés ?
C'est plutôt la version 2 qui est devenue la version 1...
Cela fait une dizaine d'années que nous existons et, au départ,
il s'agissait d'un projet purement musical.
Le groupe a connu quelques changements depuis tout ce temps mais nous
pouvons dire qu'une véritable amitié s'est tissée
entre nous.
Lors de votre rencontre, étiez-vous issus
d'univers musicaux différents ou aviez-vous déjà
en dénominateur commun : le Blues-Rock ?
Chacun apportait quelque chose de spécifique mais il faut avouer
que nous avons un point commun à la base. Comme tous les adolescents,
nous baignions dans le Rock et ses différentes composantes.
Un des guitaristes, Pascal, est un connaisseur très averti du Blues.
Des styles les plus roots aux plus contemporains, ses connaissances sur
le sujet sont profondes...
Nicolas notre bassiste, tout comme Olivier à la batterie, est plutôt
orienté Rock avec une prédilection pour la musique Funk.
Notre "Gibson-man", Régis, est très Rock et possède
aussi, depuis plus récemment, de bonnes connaissances du Blues.
Quant à moi, même si j'ai démarré par le Rock,
ça fait très longtemps que je suis sensible à cette
musique "Blues".
C'est elle qui nous réunit aujourd'hui...
Au moment de la formation, quels étaient
les artistes qui figuraient dans vos goûts communs et qui ont inspiré
le groupe à sa naissance ?
On peut dire, même si c'est pas très original les 3 KING
(BB, Albert & Freddie, Nda), ça c'est clair!
Il y a aussi T Bone Walker qui a beaucoup d'importance pour nous. De façon
moins partagée nous apprécions aussi Bill Perry et des choses
un peu plus aux frontières du Rock comme les Doctor Feelgood, les
Nine Below Zero et toutes les formations de ce type.
Composiez-vous vos titres dès le départ
?
Au départ, pour l'essentiel, nous faisions des reprises. Cependant
nous avons toujours tenu à en offrir des versions personnelles.
Par exemple, sur notre premier album, nous avons enregistré "Kiss"
de Prince. Sans être des fans nous aimions ce morceau.
De ce fait Régis a apporté une idée et nous avons
enregistré ce titre de façon beaucoup plus Blues, avec une
couleur très particulière.
Avez-vous rapidement commencé à
faire des concerts ?
A ce jour nous avons fait environ 300 concerts et cela a toujours été
quelque chose d'important pour nous. Nous avons joué dans à
peu près toutes les configurations et devant tous les publics,
des grosses scènes aux petits bars...
Nous avons essayé de nous confronter à toutes les situations
car beaucoup de musiciens nous ont dit que c'est comme cela que l'on fait
ses "classes".
Nous avons aussi pu nous enrichir au contact de publics très différents,
l'essentiel étant toujours de tirer partie de chaque concert. Il
faut que ce soit, à chaque fois, une expérience qui nous
fasse progresser.
Comment vous situez-vous dans la scène
Blues française puisque vous ne faites ni du Pub Rock ni du Blues
traditionnel. Quelle est donc la définition qui vous correspond
le mieux ?
C'est une très bonne question (rires)!
Honnêtement je ne sais pas trop y répondre...
Il est clair que nous ne pouvons pas être considérés
comme un groupe de Blues "coeur de gamme" au sens Chicago Blues
classique....
Il est vrai aussi que nous ne sommes pas un groupe de Pub Rock même
si bien des groupes amis se réclament de cette mouvance.
On sait bien que ce n'est pas la même chose...
Ces dix ans de Blues Power Band ont forgé quelque chose qui nous
parait être du Blues Power Band!
Ceci est dit sans aucune prétention car il est vrai que je n'arrive
pas à nous mettre dans une case ou une autre.
Peux-tu me parler de la série de concerts
effectuée fin 2005 dans la région de Shangaï. Par quel
biais êtes-vous parvenus à vous produire dans un continent
aussi éloigné ?
C'est les hasards de la vie...
A force d'enchaîner les concerts nous faisons beaucoup de rencontres.
Tous les musiciens savent qu'après chaque gig il y a toujours 2-3
personnes qui viennent vous dire "J'ai un super plan pour vous,
c'est génial, vous méritez d'être plus connus, je
vous recontacte etc...". Souvent derrière il ne se passe
pas grand chose...
Cependant, un soir, quelqu'un nous a abordés de la sorte, en nous
demandant si nous aimerions nous produire à Shanghaï, puis
l'a fait (rires) !
Quelques semaines plus tard nous avons reçu un coup de fil et des
contacts nous permettant de passer dans la meilleure salle de la ville.
Nous sommes, de ce fait, partis une semaine là-bas pour cette expérience
peu courante...
Arrivés là-bas et avons été pris en charge
comme des grands (rires).
Il y avait des grandes affiches rédigées en mandarin et
des photos de Blues Power Band dans toute la ville.
C'était assez rigolo mais nous avions conscience que le fait de
vivre cela ne se représentera peut-être pas 50 fois.
Vous vous êtes donc produits dans un seul
lieu là-bas qui était une authentique salle de concerts...
Oui, tout à fait et je le confirme pour y être retourné
par la suite dans d'autres conditions. C'est clairement le meilleur endroit
de Shangaï!
Il se nomme l'ARK que l'on pourrait comparer à l'une des
belles salles parisiennes. Nous y avions de très bonnes conditions
pour jouer.
Le lieu se situe dans un endroit très "international"
de Shangaï. De ce fait dans le public il y avait des coréens,
des japonais et même des allemands qui nous ont recontactés
par la suite.
Quel a été le contact avec le public
local, les gens venaient-ils vous voir après le concert ?
Oui, on se serait pris pour les Beatles (rires)!
Il y avait des coréennes déchaînées qui se
battaient pour être prises en photo avec nous (rires) !
Il faut dire que je m'étais entraîné à dire
bonjour en chinois. D'ailleurs à chaque fois que je prononçais
ce mot sur scène je voyais tous les gens qui se marraient car ma
prononciation ne devait pas être adaptée (rires).
Bref, cela reste un bon souvenir et au delà des concerts c'était
l'occasion de vivre tous les 5 la découverte d'un monde où
ça bouge.
Tous ceux qui auront l'occasion d'y aller s'en rendront compte. C'est
une ville qu'on aime ou pas mais elle a le mérite de bouger et
il s'y passe beaucoup de choses ce qui est loin d'être le cas partout
ailleurs...
De surcroît, je ne pense pas que les gens sur place avaient déjà
eu l'occasion d'écouter beaucoup de Blues-Rock venu de France.
Peux-tu me parler du nouvel album du groupe, "Shoot,
Shoot, Don't Talk!", qui va être distribué sur le label
Nocturne ?
Jusque là nous n'avions fait qu'un album "Ballbreakers
associated" (ce CD est vendu sur le site internet du groupe,
voir lien ci-dessous, Nda).
Ce disque avait été réalisé pour graver notre
son et notre façon de jouer sans autre objectif particulier.
Pourtant nous avons eu l'agréable surprise de constater que la
critique était bonne et qu'il se vende plutôt bien.
Cet album était constitué aux 2 tiers de reprises et nous
commencions à nous engager dans une dynamique de composition.
Après l'expérience de Shangaï, un passage à
Cognac, une tournée en Corse et des rencontres avec des artistes
tels que "Sax" Gordon Beadle ou Big Dez, nous avons voulu faire
un bel album constitué uniquement de compositions personnelles.
Nous avons composé de nombreux titres puis fait une sélection
parmi ceux-ci afin d'offrir le meilleur de ce que l'on pouvait faire.
L'été 2006 a été consacré, en partie,
à l'enregistrement et au mixage. La pré-sortie a été
faite à la Scène Bastille, le concert était sold-out
et le public conquis...
Les premières critiques sont très positives ce qui nous
fait vraiment plaisir.
De plus Dom S-D a fait un super boulot au niveau du packaging ce qui est
très agréable car il est valorisant de mettre à disposition
un bel objet, surtout dans le contexte des ventes actuelles de CD (rires)!
Aujourd'hui nous savons qu'il sera distribué via Why Note /
Nocturne. La sortie est prévue dans les bacs français
le 2 avril 2007.
Tu parlais de "l'environnement artistique"
de ce CD comme la pochette. Comment pressens-tu l'avenir de tels objets
quant on sait que les prévisions les plus pessimistes donnent encore
5 ans de vie au support CD. N'est-ce pas trop frustrant d'entendre cela
au moment de sortir un deuxième album ?
C'est vrai, bien que pour être honnête nous n'allons pas jusqu'à
ce type de réflexion. Nous vivons la chose comme elle se présente...
Nous avions envie de faire un bel album sans rien laisser au hasard, c'est
pour cela que nous sommes fiers d'avoir en invités sur ce disque
des gens comme "Sax" Gordon Beadle, Big Dez ou encore Greenbullet
des Shaggy Dogs. Nous avons l'impression d'avoir réalisé
un bon produit qui est bien reçu par les radios et la critique...
Que sera demain? Ca, je ne sais pas trop le dire car je ne suis pas un
visionnaire. Si les ventes de CD sont généralement en baisse
il y a quand même un label qui mise sur nous et qui nous distribue,
ce qui est un bon signe.
Nous ferons en sorte de nous adapter au contexte s'il le faut...
Peux-tu revenir sur les belles rencontres que
tu as pu faire durant tous les concerts du groupe, en tournée etc...?
On pourrait beaucoup en parler...
Les meilleures rencontres, sans vouloir contourner la question, sont celles
avec le public.
Voir des sourires et des yeux qui pétillent, c'est ce qu'il y a
de plus beau lorsque l'on se rend dans des endroits que l'on ne connaît
pas et où il se passe des choses.
Sinon outre les rencontres avec "Sax" Gordon Beadle et Big Dez
nous avons la chance de vivre à Paris et donc de souvent participer
à des jam sessions. De ce fait, les rencontres sont multiples...
Ainsi, nous avons "tapé le boeuf" avec Bernard Allison
ainsi qu'avec des artistes plus jeunes mais aussi talentueux comme K-Led
Ba'Sam et tant d'autres...
Notre style se prête à ce genre de rencontres, sur scène
comme en dehors. C'est aussi ce que nous aimons dans la musique que nous
faisons.
Le moment est peut-être mal adapté
pour en parler puisque vous sortez à peine votre deuxième
CD, mais voyez-vous déjà plus loin en termes de concerts
et d'écriture ?
Il est vrai que nous souhaitons rester dans cette dynamique de création
et au fil de l'eau nous continuons à écrire des morceaux...
Même si l'actualité immédiate ne nous y pousse pas.
Si le troisième album pouvait être produit pour le milieu
de 2008 ce serait bien mais ce n'est qu'un projet car nous nous concentrons
vraiment, actuellement, sur la sortie de notre deuxième opus.
Le groupe a-t-il des prétentions particulières
en termes d'objectifs, mais pas seulement au niveau des ventes (rires)
?
On va se faire chambrer si on le dit (rires) !
Parfois entre nous on se dit "Olympia 2008" (rires) !
De toute façon, si on y arrive tant mieux et si on y arrive pas
on sera contents quand même (rires).
As-tu, pour finir, quelque chose à dire
qui te tienne à cur ?
Ce qui me tient à coeur c'est de faire des entretiens comme celui-ci
et de constater que des gens s'intéressent à nous...
J'aime que cela se passe dans un contexte amical car c'est une valeur
qui nous est chère.
Les gens nous disent souvent que l'on a l'air de bien s'entendre. Ceci
est valable entre nous 5, de plus cette musique n'est, pour moi, pas détachable
du sourire.
Tous les moments passés durant les interviews, les concerts ou
les répétitions... tout cela c'est du bonheur !!!