Blues Power Band
(Hervé « Bannish » Joachim)
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

*Blues Power Band (Hervé « Bannish » Joachim) - La Flamme - Paris le 19 mars 2012*

Hervé, afin de débuter cet entretien, peux-tu revenir sur l’élaboration de « Dark Room » (label Dixiefrog, nda), le nouvel album du Blues Power Band ?
Eh bé presque trois années se sont écoulées, entre le début de l’écriture de ce disque et sa sortie. Il s’agit du quatrième album du groupe, le troisième en studio (le précédant étant le CD/DVD live « Where The Action Is », nda). C’est donc juste après la sortie de notre CD « Zee » que nous avons commencé à travailler, sans nous mettre la pression (la priorité étant alors donnée à la scène), en cherchant  de nouvelles idées et une « ligne directrice » pour la suite de notre parcours musical. Bien que très pris par nos concerts, nous avions dans l’esprit de composer afin de disposer, dès que possible, d’un nouveau matériel pour notre prochain album.bannish

« Dark Room » est, également, le titre d’une chanson du disque. Pourquoi l’avoir retenu comme nom générique de l’album. Qu’évoque votre « Dark Room » ?
Il y a eu, bien sûr, des discussions afin de déterminer le titre de l’album…Blues Power Band bénéficie d’une image assez « fun » (impression amplifiée par le thème de notre opéra blues-rock « Zee » et des shows inspirés du cabaret et du burlesque qui suivaient, nda). On a voulu exprimer une autre facette de BPB, en nous aventurant sur une écriture plus « sombre », sans trahir pour autant  l’enthousiasme et la bonne humeur de notre band. Aussi « Dark Room », ça sonnait, et ça exprimait bien l’idée de cet opus, de cette « pièce » plus sombre.

Comme tu me le disais précédemment, l’élaboration du disque s’est faite sur la longueur. D’ailleurs, on sent que vous avez apporté un soin particulier aux textes. Vous a-t-il fallu beaucoup de temps pour les ciseler ?
Au départ, nous sommes partis en nous demandant quel serait le sujet qui pourrait nous guider dans l’écriture (aussi bien en ce qui concerne les textes que les compositions). Rapidement, nous nous sommes arrêtés sur l’existence et les difficultés de l’homme d’aujourd’hui, étant quand même assez nombreux à nous sentir « gênés aux entournures » par rapport à l’évolution du monde. Nous avons voulu aborder cette difficulté à vivre, mais pas, comme c’est parfois le cas, en mode donneurs de leçons, ou avec des messages pseudo-politiques pré-pubères; les choses sont plus complexes, donc c’était plutôt dans une approche existentielle de celui qui est pris dans les méandres de ce monde. Un peu « Jean-qui-rit et Jean-qui-pleure ». Cette approche nous a aidé dans l’écriture des textes, et au final, même si, en tant que chanteur, il est normal que j’écrive davantage, il s’agit d’un travail qui a réuni plusieurs d’entre nous.

Musicalement « Dark Room » est pour moi, à ce jour, la plus belle réussite du Blues Power Band. Tout en conservant votre puissance, vous faites preuve de davantage de nuances (gommant le superflu et évitant les pièges de la démonstration musicale). Est-ce une chose qui était prédéterminée longtemps à l’avance ?
C’était une intention délibérée. Proposer un album plus « épuré », sans artifices, quelque chose de plus « brut », plus « concis », plus « direct ».  Content que tu ressentes ça.

L’un des morceaux du disque, « All together now », est dédié au groupe MC5. Pour quelle raison avez-vous choisi ce groupe en particulier ? Etes-vous, en général, des amateurs de la scène rock de Détroit ?
On ne peut pas dire que nous voulions, absolument, dédier un « truc » au groupe MC5. Il s’avère que « All together now » se prêtait bien au fait de faire référence à ce combo mythique. « All Together now » est un hymne pour une « révolution des cœurs », face à l’hypocrisie contemporaine. « Aime et fais ce que tu veux » en quelque sorte !   La dédicace, c’est comme  un clin d’œil, sans détour et sans prétention. Je déteste le côté « poète-poète », avec message engagé à deux balles.

D’un autre côté, et dans sa globalité, votre son semble imprégné de l’influence de nombreux groupes anglais… Avant d’enregistrer l’album, vous êtes-vous replongés dans l’univers de groupes britanniques des années 1960-70 ?

Entre nous, tu n’es pas le premier à nous dire que le résultat sonne très anglais (rires) ! Tu es donc en train de dire que, lorsque nous nous lâchons, nous sonnons plus anglais qu’américains.
Je ne peux pas te dire que c’était une intention présente dès le lancement du projet. Notre but premier était simplement, qu’à l’écoute du résultat, les gens se prennent une grosse baffe (rires) ! Les partis pris étaient énergie, concision, power, langage direct, en évitant les effets de démonstration inutile.

Depuis quelques temps, nous avons pu constater l’intégration de Damien Cornelis (aux claviers) dans le groupe. A titre personnel, je trouve qu’il s’agit là d’un apport important dans votre évolution musicale. Est-ce une chose que tu ressens également ?
Oui, aujourd’hui Blues Power Band c’est six musiciens et, en même temps, ce n’est pas que six musiciens. C’est Régis « Papygratteux » Lavisse (guitares et chœurs), Pascal Guégan (guitares et chœurs), Damien Cornelis (claviers), Olivier Picard « Bathus » (batterie et percussions), Nicolas Paullin (basse) et Hervé « Bannish » Joachim (chant). Nous sommes six personnes dont les univers sont différents. Tu as donc raison de dire que c’est l’intégration de Damien Cornelis qui est importante, plus encore que celle d’un clavier. Nous n’étions pas des « obsédés » de cet instrument, mais depuis 2007, que nous tournons avec Damien, il a participé à quasiment tous nos concerts. Il jouait déjà sur la quasi-totalité des morceaux de Zee. C’est logiquement qu’il a participé à l’écriture de « Dark Room ». C’est une star notre Damien !

Quand on est six individualités aussi fortes, talentueuses et différentes, cela apporte-t-il des difficultés dans votre travail au quotidien et dans l’élaboration des chansons ? Les idées doivent fuser et doivent, parfois, être différentes. Arrivez-vous, facilement, à trouver des terrains d’ententes musicaux ou y-a-t-il parfois des divergences d’opinions qui vous obligent à arrondir les angles ?bpb
C’est la caractéristique de l’écriture d’un album…Soit il y a une personne qui écrit l’intégralité d’un disque (les autres se contentant de l‘interpréter), soit on se dit que c’est un travail d’équipe. Dans ce deuxième cas, on est souvent confronté au fait que tout le monde n’a pas la même capacité de « songwriting ». Il y en a qui sont à l’aise avec cet exercice, d’autres moins… ce qui est logique. Chez nous, celui qui a le plus de facilités du côté « songwriting », c’est « Papygratteux ». On a décidé de lui confier un rôle plus net dans la direction artistique, pour éviter les risques de compromis tournant à la compromission (ah ah ah). Comme on souhaitait un album plus direct, plus tranché, on a rapidement pris conscience que nous serions confrontés à des frustrations plus importantes que par le passé. Avant, nous arrondissions davantage les angles. Mais lorsque tu fais des compromis, le risque est d’obtenir un résultat « middle of the road » que nous ne souhaitions pas.

Cela fait assez longtemps que je te connais maintenant… Je remarque, durant cette journée que nous passons ensemble, que le terme « songwriting » te revient souvent à la bouche. Tu me sembles être très « à cheval » sur l’écriture des chansons. Dans ce domaine, quels sont les artistes que le groupe respecte le plus ?
Cette question rejoint des discussions que nous avons déjà eues ensemble… Chez BPB, on a toujours été sensible à ça, et on y  accorde de plus en plus d’importance  Il me semble que la scène française a beaucoup évolué dans ce registre, sur les dix dernières années. La qualité d’interprétation est  une chose, mais ça ne pouvait pas continuer à tourner en boucle comme ça. On a envie de créer des choses que l’on peut réécouter avec plaisir dans le temps. Des titres qui « tournent » bien sur scène et ce, pas simplement grâce à la qualité technique d’interprétation.  Je n’ai pas envie de décerner des prix à droite et à gauche…mais l’un des groupes qui me vient à l’esprit et qui partage ce souci avec nous, c’est Jesus Volt. Pour discuter régulièrement avec chacun d’eux, je sais qu’ils sont dans une démarche de recherche, en s’attachant beaucoup à l’écriture, aux arrangements, aux petits détails qui font que ça tue ou pas. Xav’ (Lord Tracy) a une vraie réflexion sur la façon dont il chante, ça n’est pas juste à l’instinct comme ça…perso, j’adore ça : savoir ce que tu fais au moment où tu le fais, et le faire bien ; trop bon ! J’adore partir, avec ma  machette pour défricher de nouveaux territoires, en travaillant avec les gars du groupe ; tu tournes autour, tu t’en sors pas, tu tâtonnes, et puis paf, bingo, ça y est, tu as ce que tu souhaitais…On voit tout de suite quand un groupe travaille dans cette intention ou pas, dans une recherche ou pas, dans un souci de perfectionnisme ou pas…le dernier album des Malted Milk m’inspire ce sentiment…bref, c’est intelligent quoi ! Ce travail autour de l’écriture est un moteur essentiel pour nous. Je sais par exemple que mon pote Jean-Marc Henaux, des Shake Your Hips, est aussi dans ce gout de recherche et d'exigence, et beaucoup d'autres aujourd'hui sur la scène française, c'est bien".

Au moment où nous enregistrons cet entretien, tu reviens de Berlin où tu as représenté le groupe à une échelle internationale. Peux-tu revenir sur cette expérience et, avec très peu de recul certes, me dire ce que cela a pu vous apporter ?
C’est une démarche très simple et très intéressante…l’European Blues Union qui, depuis peu, essaie de réunir les différents professionnels européens du blues (y compris ceux des pays de l’est). Chaque blues society des 19 nations représentées envoie un artiste, afin de participer à un challenge. Je m’y suis rendu avec Xav’ Alberghini (manager du Blues Power Band, nda) afin de mieux comprendre comment cela était en train de prendre forme, et de faire mieux connaître notre band. C’était aussi une bonne occasion de soutenir cette initiative que nous étions nombreux à souhaiter depuis longtemps : organiser le blues à l’échelle européenne. Quelques « figuras » font le maximum pour cela depuis des années. Je tire un grand coup de chapeau à tous ceux qui s’y investissent et, notamment, aux représentants français emmenés par Jean Guillermo. Ces 2-3 jours (durée de la manifestation, nda), très denses, sont remarquablement bien organisés. A signaler au passage, la très bonne prestation de Roland Tchakounte qui représentait France Blues, aux côtés de Mike Ravassat, son guitariste, qui a été exceptionnel, comme d’habitude.

Comme je sais qu’il y a toujours beaucoup de choses en cours avec Blues Power Band, peux-tu me parler de vos projets ?
Nous avons passé beaucoup de temps à l’écrire, à le produire et à le sortir…donc, ce serait bien s’il pouvait être écouté (rires) ! Que les auditeurs puissent se faire un avis sur le résultat. Pour lancer la machine, nous avons fait un concert au New Morning (avec le groupe In Volt en première partie, nda) qui s’est très bien passé…Nous allons rééditer la chose le 19 avril au Réservoir où, cette fois-ci, nous partagerons la scène avec Hubert#06 (The Hub). Et le 15 juin, toujours sur Paris, nous nous produirons à La Maroquinerie. Je ne dis pas tout, concernant ce concert, car ce sera une grosse fête qui réservera beaucoup de surprises aux spectateurs. Par la suite nous voyagerons à travers la France pour quelques bonnes dates. De plus, comme pour l’album « Zee », nous ne comptons pas attendre les calendes grecques avant de nous mettre dans une dynamique d’écriture et de penser à ce que nous allons faire pour notre prochain opus ! Les idées se bousculent déjà au portillon, on ne pourra pas tout faire tout de suite (rires)...

As-tu une conclusion à ajouter ?
Bah merci David… (rires) ! Merci pour ta fidélité, merci de nous soutenir et nous donner la parole…

Remerciements : Hervé « Bannish » Joachim pour sa rock’n’fidélité et son entrecôt’amitié (sans aucun os dedans), Xav’ Alberghini pour sa dévorante passion menée avec tant de dextérité (mais gare, si tu continues de voir de Darrell Nulisch à chaque coin de rue… c’est que le surmenage te guète), Yann Charles pour la photo (ça c’est pour fayoter, c’est que le bougre risquerait de tarder à m’offrir les quelques sodas qu’il me doit).

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Interview réalisée à
La Flamme - Paris
le 19 mars 2012

Propos recueillis par
David BAERST

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