L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST | ||
Bobby, peux-tu nous parler de ton itinéraire
musical ? Un jour, je suis allé à l'entrée des artistes demander
des autographes. Le trompettiste Kenny Ball (qui aujourd'hui joue
du jazz dixieland) est sorti et m'a demandé où il pouvait
boire un thé. Je lui ai indiqué le chemin et il m'a proposé
de l'accompagner. J'étais d'accord car c'était un de mes
héros. Un jour je suis allé voir le groupe à Nottingham où
il y avait un bal qui durait bien après que le dernier train pour
retourner à Coventry ne soit parti. Les musiciens ne voulaient
pas que je dorme dans la gare vide. Après discussion je leur ai
demandé si je pouvais partir avec eux. Ils m'ont demandé
d'envoyer un télégramme à mes parents pour les prévenir
et je suis parti avec l'orchestre pendant trois jours. Au bout de 4 ou 5 mois j'ai vu que le groupe passait dans une ville du
sud de l'Angleterre pendant 4 semaines. La dernière semaine un des musiciens est venu me chercher pour
me dire que Sid Phillips souhaitait me voir dans sa loge. Après cela j'étais pendant 3 ans aux côtés
de Eric Delaney et Johnny Dangsworth. Durant ces 3 ans, je n'ai pas joué
mais j'ai observé. De ce fait je connais tous les instruments,
je sais quand un musicien joue bien ou pas. Puis pendant un mois, j'étais
batteur dans un petit groupe de jazz traditionnel. J'étais réticent pour aller dans un endroit de rock'n'roll
alors que je venais du jazz, mais l'argent a eu raison
. Ce
dernier n'avait pas beaucoup de galas, son manager m'a alors proposé
de rejoindre le groupe de Marty Wilde. Nous sommes retourné chercher du travail au 2I's coffee bar où
Vince Taylor nous a proposé de le rejoindre. Pourtant, le deuxième jour, Eddie Barclay (accompagné de
Jean Fernandez) est venu nous voir et nous a proposé un contrat
nous promettant argent et succès. Comment se sont passés les premiers pas
du groupe avec Vince en France et comment en es tu venu à intégrer
le groupe d'Hallyday ? Le patron du star Club qui était un bandit, un vrai mafieux avec
un flingue l'a très mal pris. Je lui avais proposé de faire
tout de même le concert, Tony Harvey et Johnny Vance les autres
musiciens chantant à la place de Vince. Il nous a viré et
nous a dit que si Vince revenait il le flinguerait. Quelques jours plus tard Johnny Starck, le manager de Johnny Hallyday
m'a téléphoné, sachant que je quittais Vince. Nous
nous étions séparés 6 ou 7 fois mais ce coup ci ma
décision était définitive. Il m'a demandé
si j'étais intéressé pour accompagner Johnny Hallyday.
J'ai répondu : " Quelle question ! Oui bien sûr !
". Nous avons commencé avec Johnny le 1er Août 1963.
Peux tu nous parler de l'épopée
" Joey & the Showmen " ? Au mois d'octobre suivant après un concert à Marseille Johnny et moi sommes sortis ensemble (Bobbie me précise alors qu'il est un vrai couche tard et me fait part de quelques anecdotes nocturnes avec Vince Taylor que la décence ne me permet pas de retranscrire ici , Nda). Nous étions dans une boite de nuit et Johnny a commandé comme d'habitude du whisky puis nous avons parlé. La bouteille fini, Johnny m'a dit qu'il partait à Nashville enregistrer son disque alors que mon rêve était justement d'aller aux USA. Il m'a alors répondu : " Eh bien, viens avec moi, je t'offre ta place et je t'invite à Nashville et New-York pendant 10 jours ! ". Je lui ai répondu : " Hallyday, tu as presque déjà bu 1 bouteille de whisky, tu ne sais pas ce que tu dis, tu auras tout oublié demain matin ! ", il m'a dit qu'il se souvenait toujours de tout. Il m'a invité le lendemain pour un déjeuner sur le port avec Jean-Jacques Debout et dans le taxi qui nous conduisait m'a confirmé l'invitation. Après le voyage à Nashville nous sommes allés à
New-York faire la tournée des boites pour chercher un guitariste.
Johnny et Lee Hallyday ont vu Joey Greco sur une affiche et nous
sommes rentrés dans le club. Johnny a mis une bouteille de whisky
sur la table, nous étions bourrés. Joey a joué, il
était vachement bien puis nous a rejoint à table. Joey a
été OK pour nous rejoindre après la fin de ses contrats,
soit fin novembre 1963. Qu'as tu fais lorsque ton contrat avec Hallyday
a été fini ? Avant qu'il ne parte, il m'a dit : " C'est dommage, je veux que
tu sois encore mon batteur à mon retour mais je ne peux pas te
donner 18 mois de ton salaire actuel ". Il m'a malgré
tout donné une très importante somme d'argent pour tenir
18 mois en m'autorisant à jouer avec d'autres personnes mais en
me demandant d'être à ses côtés à son
retour. Pendant ce temps là Vince Taylor n'avait pas beaucoup de
travail, il passait son temps à St Tropez. J'étais dans une boite le " Speakeasy " que fréquentaient
les Beatles, les Rolling Stones etc
. Entre temps, j'ai revu Jeff Beck au " Speakeasy " qui m'a proposé
de faire un concert avec lui, les Deep Purple m'ont dit ok. Il m'a donc
présenté les membres du groupe, le bassiste Ronnie Wood
(futur Rolling Stones) et le chanteur Rod Stewart
. Un mois après j'ai été mis à la porte de
Deep Purple alors que Jeff Beck avait déjà trouvé
un autre batteur
. C'est la plus grande gaffe que je n'ai jamais fait dans ma vie. Puis j'ai monté le groupe Bodast avec Dave Curtis et le
futur guitariste du groupe Yes Steve Howe. On a fait un album de
compositions originales. Ensemble nous avons accompagné Chuck Berry
pour une série de concerts au Royal Albert Hall de Liverpool et
à l'Olympia à Paris. A l'époque j'étais barbu
avec les cheveux longs et de ce fait des gens qui me connaissaient ne
m'ont pas reconnu à Paris. Quels ont été tes rapports, par
la suite, avec tes anciens leaders ? Aujourd'hui es tu toujours heureux de jouer, as-tu
toujours cette motivation ? Je me demande parfois comment je suis encore vivant après tout
ce que j'ai fais. Peut être suis-je immortel, mais je ne crois pas
(rires). Je pensais que cette carrière était derrière moi.
En 2003 Patrick " Crazy Legs " Deloizy m'a invité
à faire un gala à Bagnolet pour un " tribute "
à Vince Taylor. Le 20 juin 2004 je n'en croyais pas mes yeux quand Patrick m'a dit qu'on
passerai à l'Olympia à Paris. On a fait un succès
énorme et le producteur du spectacle, Monsieur Marionneau,
nous a dit qu'il voudrait à nouveau Joey Greco & Bobbie clarke
pour un nouveau show des pionniers du rock français, et j'espère
que c'est vrai ! Note : Je n'ai pu malheureusement que résumer
les propos de Bobbie tant celui-ci était loquace à Lardy,
qu'il m'en excuse. Remerciements : Patrick " Crazy legs
", Alexi, Simon et surtout Paolo des Silver Stars. Mister Hawkins
pour son humour, toute l'équipe de la salle René Cassin
pour leur sympathie et tout les autres artistes présents ce soir
là.
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Les liens : Le site www.lespionniers Interview réalisée Propos recueillis par David BAERST |
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