Booker, as-tu spécialement changé
ta setlist pour cette venue au Festival de Jazz de Montreux ?
Oui, nous avons joué davantage de vieilles chansons en incluant
notamment de nombreux morceaux des années 60.
Est-ce des morceaux que tu aimes encore jouer
?
Oui c'est toujours un plaisir de jouer des morceaux tels que " Soul
Dressing " ou " Boogalow ".
Il y a toujours un bon feeling
.
As-tu encore souvent l'occasion de jouer avec
Steve Cropper, d'autant plus que c'est Leon Pendarvis qui accompagne le
Blues Brothers Band à l'orgue ?
Nous jouons souvent ensemble avec Steve.
Il faut savoir que la première fois que je me suis produis ici
à Montreux, c'était avec les Blues Brothers dans
les années 80.
Ce soir il y avait dans le public des gens habillés
comme les Blues Brothers, comment ressent tu cela ?
C'est parfait !
Je l'ai également constaté lors d'un concert en Italie avec
les MG's. Je trouve cela formidable et j'en suis heureux car j'aime beaucoup
les Blues Brothers.
Pour revenir en arrière, peux-tu me parler
de ton éducation musicale ?
Mon éducation a commencé avec ma mère qui m'a poussé
à apprendre le piano. J'ai pris des leçons à Memphis
où l'on m'a enseigné la musique de BACH et j'ai étudié
d'autres compositeurs de musique classique.
Par la suite au Lycée j'ai appris à jouer d'autres instruments
tels que le hautbois, la clarinette, le trombone et le saxophone ténor.
Après cela, à l'Université, en Indiana j'ai commencé
à diriger l'orchestre de l'établissement et je me suis perfectionné
au trombone aux côtés de Thomas Bibersdorf.
J'ai vraiment commencé la musique par des études classiques.
As tu eu, de ce fait, des problèmes avec
ta famille quand tu as commencé à faire de la soul ?
Non, ma famille m'a toujours soutenue et a été formidable.
Mon père me trouvait des " jobs ", mes parents
avaient vraiment confiance en moi, je n'ai pas eu de problème.
C'était formidable.
T'arrive t'il de jouer à l'église
?
Je l'ai fais, y jouant des classiques.
Cependant actuellement je ne me produis plus dans les églises bien
qu'il m'arrive parfois de jouer du gospel.
Dans les années 70, tu as enregistré
avec les MG's l'album " Mc Lemore Avenue " reprenant en intégralité
" Abbey Road " des Beatles, pourquoi ce choix ?
" Mc Lemore Avenue " était en effet ma version d' "
Abbey Road ", c'était un hommage que je voulais faire
aux Beatles.
Comment as-tu rencontré les MG's ?
J'ai rencontré Steve grâce à sa collection de disques
lorsque nous étions au Lycée. Il m'a permis d'écouter
et de découvrir Ray Charles ainsi que de nombreux albums de jazz.
Nous étions au Lycée ensemble puis nous nous sommes retrouvés
chez STAX.
Quelle est ta définition de la musique
de STAX ?
C'est unique !
C'est un son qui lui est propre.
Ce son est original et provient d'une combinaison entre la country, le
rock'n'roll, le blues, le jazz.
C'est comme le son de la Tamla Mowtown, c'est original.
Aujourd'hui l'immeuble original qui abritait les
studios Stax à Memphis a disparu. Pense-tu qu'il restera un héritage
de cette page de la culture américaine ?
L'état du Tennessee a acheté l'immeuble en question et en
a fait un Musée consacré au label.
Tous les artistes de cette époque remercient le Musée STAX
et Deanie Parker qui travaille très dur pour éduquer
et sensibiliser les gens.
Quel serait ton meilleur souvenir avec les MG's
?
Tu sais, tout a été bon !
Cette nuit, par exemple, quand j'ai entendu le public crier " We
love you ! " et quand j'ai vu tous ces visages heureux
.
Il y a un vrai feeling qui est passé entre nous les musiciens et
les spectateurs.
C'est difficile de trouver le meilleur moment
.
Le concert de ce soir était un de nos meilleurs, un grand moment
était le solo de Steve Cropper sur " Summertime ".
Ce titre a pris une dimension particulière cette nuit.
Maintenant pour te donner un moment formidable de notre carrière,
ce serait l'enregistrement de " Green Onions ".
C'est peut être celui-ci, le meilleur moment.
N'est-ce pas toujours trop difficile de garder
un bon feeling lorsque l'on rejoue tous ces hits pour la millionième
fois ?
Non, je suis heureux de les jouer et de les écouter aussi lorsqu'ils
sont diffusés à la radio.
" Green Onions " est un morceau qui restera à jamais
gravé dans mon cur.
Lorsque tu commences ce morceau sur scène,
c'est incroyable il faut voir la réaction du public
Oui c'est indescriptible, c'est divin et c'est bon pour nous car nous
avons besoin de cela, de ces moments, c'est formidable !
Je crois que la sensation est différente lorsque l'on joue ou que
l'on écoute simplement ce morceau.
Lorsque j'écoute ce titre cela me rend heureux, mais lorsque je
le joue je me considère uniquement comme l'interprète.
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