Bror Gunnar Jansson
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Depuis quelques années, le roman policier que l’on dit « venu du froid » connait un engouement majeur auprès des lecteurs français. Cette fascination vis-à-vis des scènes de crimes ne se limite, désormais, plus à des auteurs tels que le regretté Stieg Larsson (connu pour sa série « Millenium »), Lars Kepler (qui est, en fait, le nom de plume du couple formé par Alexandra Coelho Ahndoril et par Alexander Ahndoril)ou encore Camilla Läckberg. En effet, leur compatriote Bror Gunnar Jansson a décidé de mettre en musique quelques meurtres commis ces dernières années. Il en résulte le fascinant « They Found My Body In A Bag » (Playground Music, Les Editions Miliani, septembre 2019), un album majeur dont la teneur ne peut laisser insensible. Sans jamais tomber dans le piège du pathos, le chanteur-guitariste y dévoile avec grâce une nouvelle face de sa musique. Du blues ancestral se détachent en effet, ici, des sonorités plus brutales. Ces dernières mettant en exergue la cruauté des faits exposés tout au long des 51 minutes du disque. Un voyage musical dont on ne sort pas indemne et qui porte à réflexion. Après une inoubliable rencontre dans le cadre du Cognac Blues Passions en juillet 2014, pour ce qui était l’un de ses premiers entretiens à un média de l’hexagone, Bror Gunnar Jansson m’a accordé un nouvel entretien à l’occasion de l’édition 2019 du Nancy Jazz Pulsations. A l’issue de son soundcheck, afin de coller au mieux à l’atmosphère de l’album, nous avons décidé d’un commun accord de privilégier un espace extérieur à la loge et d’enregistrer l’interview sous la pluie…en étant simplement abrités par un parasol. Un moment intime, hors de l’espace et du temps, que je vous propose de retrouver ci-dessous.

Tu es de retour avec l’album « They Found My Body In A Bag ». En quoi ce disque diffère-t-il de tes précédents opus ?66
J’estime qu’il est sensiblement différent dans le sens où la majeure partie des chansons qui le constituent sont basées sur des enquêtes criminelles actuelles. Des évènements qui se sont déroulés en Suède, mais aussi ailleurs. Il s’agit là, bien naturellement,d’un aspect qui démarque ce disque. De surcroît, j’ai également opéré à une certaine mutation musicale. Une partie de l’album reste fidèleà ce que j’ai pu faire auparavant en s’inspirant de sons anciens. L’autre partie est, quant à elle, imprégnée de sonorités plus récentes qui ne sont pas sans évoquer le stoner ou le grunge…

D’ailleurs, tu n’es pas seul sur ce disque. On y retrouve, en effet, deux musiciens qui ont décidé de te suivre dans cette entreprise. Il s’agit, en l’occurrence, du bassiste Henrik Nilsson et du batteur Emanuel Svensson (déjà présent sur « And The Great Unknow Part I & II »). Peux-tu me les présenter ?
Oui, bien sur ! Il s’agit là, à titre personnel, de bons amis. Nous avons d’ailleurs monté un groupe ensemble. Avec ce dernier, nous jouons davantage de musique dans un registre stoner. Comme j’avais l’intention d’intégrer cette musique à l’album, le fait de les solliciter pour les titres concernés était une évidence.

Peux-tu évoquer l’atmosphère générale de ce disque, qui semble plus sombre que ses prédécesseurs ?
Je ne sais pas si on peut le qualifier de sombre… Je pense qu’il est simplement différent dans le sens où il reflète davantage des atmosphères quasi cinématographiques. Ces dernières nous conduisent vers des chemins aussi rudes que rugueux.

Y-a-t-il un fil conducteur qui relie les chansons entre elles, ou est-ce que chacune évoque une histoire différente ?
Chaque titre représente un cas particulier. Par exemple, cinq des chansons évoquent cinq faits divers distincts qui se sont déroulés en Suède. Il y en a une autre qui est inspirée par un acte qui s’est passé aux Etats-Unis et encore une autre dont les faits sont issus d’un drame qui a eu lieu au Danemark…

Est-ce que certains films ont, également, inspiré ton travail sur cet album ?
Non, il n’y pas spécialement eu de films qui m’ont inspiré sur ce disque. Ce dernier est vraiment influencé par des cas réels. J’ai vu de nombreux documentaires qui revenaient sur ces actes violents et qui m’ont permis d’élaborer l’album.

Outre ces sujets, on retrouve un clin d’oeil à John Lee Hooker et un autre au groupe Earth sur l’album. Pourquoi as-tu spécialement choisi ces artistes ?
Je ne sais pas ! J’ai simplement écrit ces chansons et c’est après coup que les gens ont constaté qu’elles peuvent faire référence à tel ou tel artiste. Quand je fais de la musique, je joue des choses que je ressens à l’instant T et c’est après qu’il m’arrive de constater que mon travail a pu être influencé par des éléments musicaux qui me tiennent à cœur et qui évoquent d’autres musiciens.

T’arrive-t-il encore de jouer, pour le plaisir, avec certains membres de ta famille ?
Oui, je continue de jouer avec mon père. Ma sœur, quant à elle, connait l’apprentissage musical de tous les jeunes de son âge. Elle écoute de nombreux registres différents et joue du violon classique. D’ailleurs, j’aimerais beaucoup faire quelque chose avec elle dans l’avenir. J’ai quelques idées en tête que je souhaiterais concrétiser. Par exemple, ajouter des instruments à cordes sur certaines de mes chansons…

Comment te situes-tu au sein de l’actuelle scène blues internationale ?
Je n’en ai aucune idée… Je ne ressens rien de particulier au sujet de cette dernière et je t’avoue que je n’en connais pas grand-chose. J’en suis vraiment désolé (rires) !

De quelles manières souhaiterais-tu encore faire évoluer ta musique dans l’avenir ?
Je ne sais pas… Lorsque j’ai débuté mon projet en solo, j’essayais simplement de faire ma musique comme je la ressentais et comme je savais, humblement, la jouer. Mon but principal était de prendre un maximum de plaisir avec. Cela reste, d’ailleurs, mon leitmotiv. Il faut que je me sente en accord total avec ce que je fais et que j’y prenne du plaisir. J’essaye de transcrire mes différentes pensées de manière naturelle, sans jamais me projeter en amont sur tel ou tel arrangement. Rien n’est défini longuement à l’avance.

Ici, en France, tu suscites beaucoup d’intérêt auprès des médias (et pas seulement ceux spécialisés dans la musique). Comment, de ton côté, parviens-tu à expliquer cela ?
Je ne sais vraiment pas pourquoi… Je suis juste capable de créer des choses qui me passent par les mains et par l’esprit…des choses que je ressens et qui me donnent de la joie. Sincèrement, je n’arrive pas à expliquer cela…c’est à eux de le faire (rires) !

« They Found My Body In A Bag » fascine de par son côté obscur. Tu es, pourtant, quelqu’un de plus enjoué que ce que tu laisses paraitre sur ce disque. Fondes-tu des espoirs particuliers en l’avenir ?
Juste d’être capable de continuer à faire les choses qui sont importantes à mes yeux. C’est là ce qu’il y a de primordial en ce qui me concerne…

Je te remercie de m’avoir, à nouveau, accordé quelques minutes alors que ton planning est particulièrement chargé. En termes de conclusion, souhaiterais-tu ajouter quelque chose à l’attention de ton public français qui te soutien en masse depuis ta découverte ici, en 2014 ?
Merci de m’écouter ! La France est un pays important à mes yeux, même dans ma manière d’appréhender et de faire de la musique. Mon public, ici, est très proche de moi et il me tient à cœur. Je lui suis reconnaissant car il me permet de faire ma musique de la manière dont je l’entends. Il semble l’apprécier pleinement et cela me fait particulièrement plaisir.

D’ailleurs, ta musique connait-elle le même impact dans ton pays, la Suède, qu’ici en France ?
En fait, chaque pays est très différent des autres…et chaque public est très différent des autres. Durant une longue période, pour différentes raisons, je me produisais un peu moins en Suède. Notamment afin de développer ma carrière dans les autres pays… Actuellement, j’y donne beaucoup plus de concerts. Chose qui permet de voir certaines choses évoluer à mon égard. C’est très encourageant et ça me satisfait particulièrement. Comme je te le disais, chaque pays est différent et c’est donc à moi d’essayer de trouver ma « nourriture » ici et là…

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Interview réalisée au
Chapiteau du Parc de la Pépinière - Nancy
le 12 octobre 2019

Propos recueillis par

David BAERST

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