Calvin Coal
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Personnage aussi humble que discret, Calvin Coal n’en est pas moins un travailleur acharné qui multiplie les projets. Remarqué en 2014 avec son album « Judge And Candemn », le chanteur-guitariste poursuit son chemin avec calme et lucidité. Au détour d’un concert, qu’il a donné au Festival Blues en Loire, j’ai intercepté le jeune homme afin qu’il réponde à mes questions. Il s’est prêté au jeu avec une facilité, quasi déconcertante, qui laisse entrevoir une intelligence en mesure de faire gagner des galons à son heureux possesseur. C’est, en tout cas, tout le mal que je lui souhaite…

Calvin, si tu es né en France, tu as passé une grande partie de ton enfance au Burkina Faso. Quels sont tes souvenirs les plus marquants, liés à cette période de ta vie ?
Il s’agit, tout simplement, des sorties en brousse. Mes parents étaient expatriés dans ce pays et, le week-end, nous sortions beaucoup dans les réserves naturelles qui bordaient Ouagadougou. Nous possédions un petit van Volkswagen qui ressemblait à ces vieux véhicules pour hippies. Avec mon grand frère (plus âgé de 3 ans), nous dormions dans une couchette située sur le toit. Je conserve d’excellents souvenirs de ces moments passés en brousse, c’était dingue !

A cette période de ta vie, alors que tu étais très jeune, as-tu eu des premiers contacts avec la musique ?66
Pas vraiment, dans la mesure où je ne suis pas issu d’une famille de musiciens. Je faisais un peu de piano (pendant deux ans) sur place. Les seuls vrais contacts que j’avais avec la musique étaient liés à ce que mes parents écoutaient…c’est-à-dire de la variété française. Ma culture musicale s’est donc affinée plus tardivement, à l’adolescence.

C’est donc à ton retour en France que tu t’es lancé dans l’apprentissage de la guitare. Peux-tu revenir sur ce dernier, ainsi que sur tes influences ?
C’est à l’âge de 14 ou 15 ans que j’ai découvert la guitare, alors que je me trouvais chez un copain qui était guitariste. Il commençait à reprendre des titres d’Eric Clapton. Ses goûts étaient, à la fois, orientés vers le blues et le metal. J’ai trouvé cela sympa et j’ai, immédiatement, été intéressé par la chose. J’en ai parlé à mes parents et, le Noël suivant, j’ai eu la chance de recevoir une petite FenderSquier. A l’époque, mes influences étaient le hard rock et le métal. J’avais des cheveux à cette période de ma vie…et j’ai pu les laisser pousser jusqu’à qu’ils soient très longs (rires). J’évoluais totalement dans ce registre…

J’ai lu que, entre 2000 et 2002, tu as été élève de la Music Academy International de Nancy. Il s’agit d’une école très réputée… Qu’as-tu retenu de cette expérience ?
Il s’agit de la plus grande expérience formatrice de ma carrière. J’y étais, comme tous les élèves, en contact avec des professeurs qui sont des musiciens professionnels. Malgré le nom de cette école, l’enseignement n’y ai pas vraiment académique…dans la mesure où ces gens-là nous mettent dans la perspective d’une dynamique professionnelle. En moins de deux ans, j’ai dû accumuler une somme de documents, de leçons et de de techniques qui me permettent encore de travailler…

De quelle manière avais-tu pris connaissance de l’existence de cette école ?
Tout simplement, en me renseignant sur internet… J’ai aussi pu compter sur l’aide de mon père, avec lequel nous avons exploré la piste d’une autre école située à Genève (à savoir l’AMR, Association pour l'Encouragement de la Musique Improvisée). Elle se prêtait un peu moins à ce que j’envisageais de faire et le tarif a, également, dû jouer en sa défaveur. De plus, la MAI de Nancy permet d’obtenir un bagage professionnel, sans être contraint de passer par la Conservatoire. Etant autodidacte, cela m’a parfaitement convenu !

Quels ont été tes professeurs sur place ?
Les professeurs qui m’ont le plus marqué sont Jean-Claude Rapin et l’américain Peter Nathanson qui est devenu connu dans le milieu blues français. Je garde aussi de bons souvenirs de Hans J. Kullock, le Directeur de l’Ecole qui a, également, écrit une méthode de basse. Il nous donnait des cours de business. C’était très marrant de le voir dans ce registre, car son enseignement était totalement personnalisé et anticonformiste. Puis il y avait un monsieur très bien, dont j’ai oublié le nom, qui nous enseignait l’harmonie. En improvisation nous pouvions compter sur Pierrejean Gaucher ainsi que sur beaucoup d’autres musiciens tels que le guitariste du groupe Ange.

Tu me disais que tes premières influences émanaient du hard rock et du métal. De ce fait, comment est venu à toi un soudain intérêt et une passion pour des musiques plus roots ?
Cela est venu naturellement. Je faisais beaucoup de hard rock, de heavy metal et de speed metal à l’époque mais, parallèlement à cela, j’ai toujours conservé un attrait pour la musique acoustique. Lors de soirées, au coin du feu, avec les potes…cela passe toujours mieux que du metal (rires) ! L’album « Unplugged » d’Eric Clapton a été déterminant pour moi. Je l’ai écouté en boucle et il m’a donné l’envie de me replonger dans une ambiance plus acoustique. J’ai aussi été marqué par un disque de blues (pas très roots je l’avoue) de Joe Satriani. Petit à petit, je me suis familiarisé avec cette musique puisque j’ai digressé vers des artistes plus anciens qui mêlaient déjà ces différents univers (comme Jimi Hendrix, par exemple). Bien sûr, je me suis aussi rapidement plongé dans l’œuvre de BB King…

Es-tu remonté aux sources de cette musique et as-tu cherché à en savoir davantage sur les « grands anciens » ?
Tout à fait ! J’ai, d’ailleurs, un projet très intéressant qui en est encore à l’état embryonnaire. Après avoir sorti un album de rock, « Judge And Condemn » en 2014, j’aimerais réaliser un disque plus conceptuel. Ce dernier s’inspirerait du livre « Mémoires d’un Esclave » de Frederick Douglass. Le disque remontera, ainsi, aux origines de cette tradition musicale qu’est le blues…jusqu’aux chants d’esclaves. J’ai développé tout un concept de compositions qui pourraient raconter le biopic de ce personnage historique, qui a été l’un des premiers abolitionnistes noirs américains au XIXème siècle.Je me suis, par ailleurs, passionné pour les collections folkloriques récoltées par John et Alan Lomax. Ces chants traditionnels monodiques, sous influence protestante, développés par les afro-américains… Je suis donc remonté aux sources et j’ai réalisé la synthèse de ce registre musical, à travers cet exercice.

Suite à ton apprentissage nancéen, tu as intégré de premières formations (dont Azéo, spécialisée dans le jazz funk). Puis, tu as décidé de fonder un groupe dédié au répertoire d’Eric Clapton. Pourquoi souhaitais-tu rendre, en particulier, hommage à cet artiste ?
Cela s’est fait naturellement, même si je n’avais pas une extrême volonté à le faire. Je souhaitais, simplement, rendre hommage à un guitariste-chanteur qui m’a suivi tout au long de mon évolution. De plus, on m’a souvent fait remarquer que mon jeu de guitare tient beaucoup de celui de Clapton. J’ai donc saisi l’occasion, tout en réalisant quelque chose de constructif sur un point de vue personnel.

En 2014 est sorti ton premier album, « Judge And Condemn ». Où as-tu puisé ton inspiration pour ce dernier ?
C’est un album particulier, dans le sens où j’y ai fait la synthèse de toutes mes influences. Cela donne plusieurs lectures possibles au disque. Il n’est pas étiquetable blues traditonnel car on y entend aussi du rock, du hard rock, du punk, du groove et des ballades. Il reflète donc tous les styles musicaux que j’ai pu côtoyer. Les textes abordentdes thèmes relatifs à mon vécu. C’était une nécessité de le faire mais, aujourd’hui, j’ai envie de passer à autre chose. Il demeure, malgré tout, un produit dont je suis fier et qui demeure une superbe expérience.

Outre ta carrière sous ton propre nom, tu as fondé un nombre de groupes impressionnant (Dead Wood, Bullrock Legacy, Black Jack…). Cela en dit long sur ta culture ainsi que sur ta diversité musicale. Pourquoi avoir décidé d’élargir ta palette au maximum ?
La première raison est la nécessité de se diversifier, afin de répondre à la demande des différents organisateurs. La deuxième est de pouvoir, justement, faire la synthèse de tout ce que j’aime et de tout ce que je sais faire…tout en ayant des projets cohérents. Du coup, en fonction des lieux dans lesquels je vais jouer, je serai davantage disposé à produire de la musique folk (avec Dead Wood) ou du jazz et du blues (avec Black Jack). Avec Bullrock Legacy c’est différent car il s’agit d’un projet au sein duquel j’ai été invité par le guitariste (Yoan Azencot) et le batteur (Romain Fayet), afin d’en devenir le chanteur. Il s’agit d’un combo de hard rock… J’ai accepté car j’ai estimé que le fait de lâcher ma guitare serait un bon exercice scénique. Pouvoir partitionner mes différentes envies et influences permet de trouver une cohérence dans chaque projet.

N’as-tu pas peur de brouiller les pistes en multipliant ces différents concepts ?
Si, un petit peu… Je me présente comme un musicien qui porte différents projets et ma volonté n’est pas, forcément, de me faire connaitre sous mon nom d’artiste. Je suis plus attaché au fait de développer des choses, qui me permettent de montrer ce que je sais faire. Depuis mon album, sorti sous le nom de Calvin Coal, je préfère me mettre au service de projets plutôt que de me concentrer sur ma propre personne.

Outre la préparation d’un nouvel album, dont tu me parlais précédemment, as-tu des objectifs particuliers pour la suite de ta carrière ?
Mon objectif principal est de composer, même s’il n’est pas toujours évident de trouver le temps. Il faut obtenir la stabilité et la sérénité pour cela…Il faut dire que je mène, en parallèle de ma carrière de musicien, une formation afin de devenir enseignant. Ma préoccupation principale est de continuer à faire des choses qui me plaisent. Cela en restant cohérent, car il m’est arrivé de me perdre en raison des impératifs liés à l’intermittence. En résumé, je tiens à faire des choses que j’aime tout en me redirigeant au maximum vers la composition dans tous ses domaines.

Souhaites-tu ajouter une conclusion à cet entretien ?
Merci d’être là… Je suis toujours étonné et enthousiasmé par le fait de voir que la musique indépendante (et autoproduite) suscite de l’intérêt. J’espère que nous allons faire de nombreuses vues sur ton site (rires) !

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Interview réalisée au
Festival Blues en Loire
La Charité-sur-Loire
le 18 août 2016

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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