Carla Thomas
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Comment avez-vous ressenti ce concert ?

J'ai adoré ! Nous voyageons depuis une semaine entre l'Espagne, l'Italie et la France pour terminer par les festivals de musique. J'ai toujours rêvé d'aller à Montreux. Mon père m'en avait tellement parlé. Il venait me dire : " je viens de rentrer du plus merveilleux des festivals : le Festival de Jazz de Montreux ". Je me disais que peut-être qu'un jour, moi aussi j'aurais la chance de pouvoir m'y rendre. Je n'imaginais pas que cela se ferait pour lui rendre hommage. Je suis très heureuse d'être ici en compagnie des vedettes du rythm'n blues qui font partie de notre groupe à Memphis, Tennessee. Mon frère Marvel joue de l'orgue et notre sœur Venice nous a rejoint pour cet hommage à Rufus Thomas ; tous réunis.

En quelque sorte, c'est une affaire de famille !
Absolument, et c'est fantastique de pouvoir le faire de cette manière. Nous avons ainsi pu travailler ensemble, tout en rendant cet hommage.

Comment avez-vous vécu d'avoir eu un père tel que Rufus Thomas ?
Maintenant nous sommes blindés à tous égards. Nous chantons ensemble depuis des années, depuis que je suis toute petite fille, en fait. Mon frère jouait et composait également de son côté. Nous composons des chansons depuis toujours. Ma sœur a enregistré en solo et sur mes albums. Dans son prochain album, elle va chanter un titre que je lui ai composé.

Quelles sont les musiques que vous écoutiez au départ : le gospel, le blues ?
Je crois bien que la première musique que j'ai écoutée venait probablement de l'église. Du moins celle que je pouvait reconnaître et qui m'intéressait. J'ai très vite fait partie du chœur. En même temps, comme mon père était musicien, j'ai toujours entendu toutes sortes de musiques. Pas uniquement du gospel : du blues, la pop qu'adorais ma mère et toutes ces chansons qui passaient à la radio. Elle voulait connaître les chansons les plus populaires, ainsi que la musique country. Dans notre voisinage se trouvait une chanteuse d'opéra afro-américain. Elle rassemblait tous les enfants des environs, tous des afro-américains, en fait. Nous ignorions tout de l'opéra. Mais elle organisait des fêtes où elle nous invitait tous chez elle pour nous interpréter des titres d'opéra. Je possède donc un petit vécu en matière d'opéra. Du blues jusqu'à l'opéra !

Que représente pour vous le son de Memphis ou le Memphis Blues ?
Le blues est une forme artistique purement américaine. Elle a débuté aux Etats-Unis comme bien d'autres styles de musique. Mais à l'écoute du blues, tous comprennent que c'est une musique typiquement américaine. Plusieurs villes clament être à l'origine du blues : Chicago, le Mississippi, ainsi que quelques artistes. Je crois que cette forme originale doit finalement tout à Memphis, Tennessee. Ceux qui venaient à Memphis cherchaient vraiment à créer quelque chose. Etant originaire de Memphis, j'en suis très fière. Nous devons notre renommée à la musique et à notre travail artistique. Il y a là de quoi être fier.

Vous étiez des tout débuts de la firme Stax. Quel regard jetez-vous sur cette période ?
Je suis très étonnée de voir des jeunes musiciens qui n'ont pas connu l'époque de mon père et qui perpétuent la tradition. Ils ont appris à connaître cette musique que nous n'avons jamais cessé d'interpréter. La jeune génération poursuit ce que nous avons commencé. Ce qui nous permet aussi de continuer. A force de jouer dans ces festivals, les plus jeunes spectateurs ont l'opportunité d'écouter pour de vrai les chanteurs originaux. Comme de nombreux interprètes ont repris nos chansons, il est important qu'ils sachent qui sont les chanteurs originaux, ceux qui ont enregistré ces titres les premiers. A présent, nombreux sont les artistes de cette époque qui trouvent l'opportunité de se produire sur scène. C'est merveilleux d'avoir été invités pour chanter et faire encore une fois partie de la communauté artistique.

Vous avez également partagé la vedette avec Otis Redding le temps d'un album. Etait-ce une période bénie pour vous ?
C'est un temps béni pour enregistrer en compagnie d'Otis Redding. J'avais l'habitude de chanter des ballades et des chansons plutôt douces. Il me disait : " Viens donc chanter avec moi ! Tu en es capable ". Nous nous sommes rendus à Detroit. Comme tout c'est bien passé, il m'a proposé d'enregistrer un album entier. Au départ, il était prévu de faire un album de type européen en 45 tours. Mais nous nous étions tellement amusés à enregistrer " Tramp " que nous avons voulu continuer. Il a très bien marché.

Quelle est votre actualité discographique ?
Mon nouvel album s'intitule " Carla and friends ". Il est composé principalement de collaborations avec des artistes de Memphis. Nous avons fait un spectacle tous ensemble. Puis tout a été masteurisé et édité en disque. Il est déjà sorti, donc il devrait être disponible ici aussi.

Comment trouvez-vous la situation des musiques " roots " à Memphis et aux Etats-Unis ?
On trouve de plus en plus de studios d'enregistrement. La musique continue à se diversifier en genres différents comme le rap. Memphis fourni toujours un contingent d'artistes de tous les styles : du rock au blues en passant par le rap et le gospel. Que des personnes très douées. Memphis leur doit sa renommée et le jeune génération en fait partie intégrante.

 

 
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carla.thomas.free

Interview réalsiée le 7 juillet 2003
au Montreux Jazz Festival

Propos recueillis par Jean-Luc

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