Catfish
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Héritiers du delta blues et enfants naturels du rock indé, Amandine Guinchard (chant, percussions, basse) et Damien Félix (guitares, chant, percussions, harmonica) ont formé le duo Catfish en 2011. A travers celui-ci, ils parviennent à concilier la tradition musicale des rives du Mississippi avec un esprit d’avant-garde particulièrement bien senti et assumé. Le tout se traduit par des enregistrements qui savent allier richesse et dépouillement,ainsi que par des prestations scéniques hautes en couleurs. Auteurs-compositeurs talentueux et inspirés, les deux jeunes gens ont toutes les cartes en mains pour mener au firmament leur esprit vintage, à peine troublé par des rêves obsessionnels…teintés de rock.

Dans un premier temps, pouvez-vous revenir sur vos parcours respectifs en amont de la fondation de Catfish. Vous produisiez-vous déjà dans un idiome proche du blues avant de former votre duo ?
Damien : Nous sommes liés musicalement depuis assez longtemps. Nous nous sommes rencontrés au Lycée et avons eu plusieurs formations ensemble. Ces dernières se produisaient dans un registre plus « classique ». Puis, nous nous sommes retrouvés autour de l’envie de produire une musique qui soit plus viscérale, sans concession et plus directe. De ce fait, nous avons créé ce duo nommé Catfish, qui fêtera bientôt ses 4 ans d’existence.66

Pouvez-vous, justement, revenir sur la manière dont vous vous êtes lancés dans ce registre musical ainsi que sur les débuts de la formation ?
Damien : Nous avons toujours, plus ou moins, été attirés par le blues et par le rock. Nos premiers « petits » groupes étaient entièrement dédiés au blues (et au jazz en ce qui concerne Amandine). Puis, comme je te le disais précédemment, en peaufinant notre style et en grandissant musicalement parlant nous avons déterminé le registre dans lequel nous souhaitions nous engouffrer. De plus, nous étions frustrés de devoir faire des concessions en étant membres de groupes. Lorsqu’on est à cinq on est obligé de penser pour cinq. A deux c’est beaucoup plus facile, d’autant plus que nous nous entendons bien.

Pourquoi avez-vous choisi cette configuration de duo, avez-vous des modèles artistiques dans cette formule ?
Amandine : Oui, bien évidemment ! Nous pouvons parler des White Stripes ou des Kills qui sont des artistes qui nous « parlent » beaucoup. Sinon, le principe de jouer à deux est parti du fait que nous voulions faire une musique très épurée, qui aille à l’essentiel. En duo, nous nous contraignons à faire des choses très épurées et à essayer de trouver ce qui est le plus utile dans une musique pour que cette dernière vive et sonne bien. C’est un travail très intéressant qui découle sur peu de compromis car avec des groupes, qui possèdent davantage de membres, la composition peut être plus longue. A deux, en étant sur la même longueur d’ondes, c’est très rapide. C’est un avantage comme un inconvénient, mais un inconvénient que l’on sait tourner à notre avantage (rires) !
Damien : Ce sont des contraintes qui nous permettent d’être créatifs. A deux, il faut savoir détourner les contraintes et c’est ce qui est intéressant dans cette formule…

Ce nom de Catfish en dit long sur vos références musicales. Pouvez-vous revenir, plus précisément sur celles-ci ?
Damien : L’esthétique de base de Catfish est un certain blues, celui de Skip James par exemple qui est très épuré. On trouve peu de choses dans cette musique mais elle permet de délivrer des émotions qui sont énormes. C’est notre concept de base… Un « puriste » ne va, peut-être, pas du tout s’y retrouver. C’est donc d’une esthétique au sens large dont nous nous servons afin de faire notre musique. C’est notre interprétation de ce que nous voyons dans le blues.

Si vos racines musicales doivent beaucoup au blues, vous considérez-vous réellement comme un groupe représentatif de ce registre. Sinon, comment qualifieriez-vous ce dernier en ce qui vous concerne ?
Amandine : Nous avons plutôt tendance à dire que nous faisons du rock. C’est d’ailleurs le cas…Il est vrai que nous avons eu des influences blues mais nous nous nourrissons de tout pour créer. Actuellement, nous prenons une direction plus rock’n’roll avecdes touches plus contemporaines et plus electro. Le blues est notre base et nous a permis de créer le groupe. Aujourd’hui, nous cherchons à y ajouter toutes nos autres références afin de l’enrichir et de partir dans d’autres directions. Nous souhaitons élargir nos compétences et le style de musique que nous jouons.

Entre vos deux premiers E.P et votre album sorti en 2014 (« Muddy Shivers », label Volvox Music), cette évolution est-elle déjà palpable ?
Damien : On sent déjà une évolution dans notre dernier album mais c’est, surtout, sur le prochain que cela se ressentira même si la « patte » Catfish de nos débuts sera toujours présente.

En termes de compositions, restez-vous malgré tout attachés aux thèmes récurrents dans blues traditionnel ?
Amandine : Je ne me suis jamais trop inspirée des standards de blues pour écrire. Mon travail, à ce niveau-là, est vraiment personnel. Nous abordons tous les thèmes intemporels de l’amour, des trahisons, des relations entre les gens et de tout ce qui peut se passer dans nos têtes lorsque l’on se sent bien ou pas. Je pense que nous resterons fidèles à ces sujets, en y ajoutant malgré tout des accents un peu plus joyeux et optimistes (rires) !

Comment vos enregistrements se déroulent-ils. Restez-vous fidèles au vieux matériel ou êtes-vous à la pointe de la technologie actuelle ?
Damien : Nous sommes des amoureux du son. De ce fait, nous privilégions un certain type d’amplis… Nous demeurons, cependant, des gens de notre époque même si nous aimons le son analogique. Donc, nous ne refusons pas de travailler avec du matériel numérique. On ne s’enferme pas dans des clichés. S’il y a quelque chose d’utile, qui apporte un plus avec une technologie nouvelle, pourquoi pas ?

Vous semblez, également, très attachés à l’image que vous véhiculez. Avez-vous un « dress code » spécifique ?
Amandine : Nous avons toujours essayé de proposer un projet complet, qui soit autant musical que visuel. Ceci, que ce soit dans la mise en scène, le décor ou les vêtements. Nous ne sommes pas du genre à monter sur scène en short, t-shirt, claquettes…nous essayons de faire un effort (rires) ! Du coup, nous avons vraiment pour volonté d’avoir une image très complète et très homogène avec ce que nous faisons musicalement. L’ensemble représente vraiment notre groupe. On se fait plus facilement une idée lorsque l’on a une image qui colle à la musique…

Puisque vous parlez de mise en scène, seriez-vous prêts à faire appel à un professionnel de la chose et à davantage théâtraliser vos prestations scéniques ?
Amandine : Nous le faisons déjà plus ou moins. Nous participons à des résidences durant lesquelles nous travaillons notre spectacle. Des gens, qui ne sont pas forcément des metteurs en scène, y interviennent et nous conseillent sur nos déplacements et sur tout un tas de petites choses qui simplifient la vie. Il s’agit d’un peu mieux organiser la scène par rapport aux spectateurs. Ces conseils nous permettent de proposer un spectacle plus fluide.
Damien : Nous aimons ce qui est direct et spontané. De ce fait, l’aspect théâtral ne nous intéresse pas forcément. Nous faisons une musique qui nous demande de délivrer une énergie, un truc frontal. En mettant trop en scène, on pourrait créer une forme de distance entre nous et le public. Ce n’est pas le but…

Précédemment vous me parliez de vos influences musicales, avez-vous également des modèles en termes de performances scéniques ?
Damien : Nous adorons Nick Cave et, sur scène, Jon Spencer est aussi un « truc de dingues ». Ce sont des artistes qui transpirent et c’est ce que nous aimons !

Pouvez-vous évoquer vos projets et, en particulier, l’évolution musicale que vous souhaitez donner au groupe ?
Amandine : Nous maquettons actuellement pour le prochain album. Six morceaux ont, déjà, été enregistrés. Ils prennent une direction plus electro grâce à notre petit Korg MS-20 (synthétiseur analogique datant de la fin des années 1970, nda) que nous essayons d’intégrer de plus en plus au sein de nos compositions. Nous développons, également, un côté plus indé et plus « froid » que ce que nous pouvions faire auparavant (c’est-à-dire du blues roots).
Damien : Oui, effectivement, notre musique prend une tournure plus indus…

Afin de renforcer cet aspect, seriez-vous prêts à intégrer de nouveaux musiciens à votre projet ?
Damien : Oui, pourquoi pas dans nos enregistrements… Nous ne nous mettons pas de barrières. Nous travaillons pour la musique et s’il le faut, à un moment donné, nous n’hésiterons pas à ajouter quelqu’un. Compte tenu de notre formule, il nous faudra trouver la bonne personne et le bon équilibre. Notre concept est assez particulier car nous jouons déjà tous les deux de la batterie sur scène. C’est une formule bizarre et intégrer une troisième personne pourrait s’avérer compliqué car il faudrait vraiment trouver le bon équilibre. Ceci dit pourquoi pas, nous en parlons régulièrement…

Souhaitez-vous ajouter une conclusion à cet entretien ?
Amandine : Venez nous voir sur scène ! Si vous ne l’avez pas encore fait, c’est une erreur (rires) !
Damien : Fournissez-nous aussi une piscine de toute urgence (entretien réalisé durant la canicule du mois de juillet 2015, nda).

Remerciements : Marina (BMK)

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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 3 juillet 2015

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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