Charly & The Wagabonds
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Connue pour avoir été la première chanteuse du groupe Moriarty, Charlène Dupuy (dite Charly) revient enfin à la musique… avec un engouement et un plaisir communicatifs. 
L’énergie de cette « globe-trotteuse » se traduit d’ailleurs sur scène par des prestations hautes en couleur.Avec son nouveau groupe The Wagabonds, l’artiste revendique pleinement son côté « hobo » et s’apprête à vider son sac.Que son talent puisse enfin lui permettre, avec ou sans billet, de sauter dans le train du succès…

Charly, tu as commencé à te produire en public alors que tu étais très jeune. As-tu suivi un apprentissage particulier avant de te « lancer » sur une scène ?cv

J’ai fait du piano pendant trois ans alors que j’étais toute petite. Puis j’ai appris les rudiments du saxophone, un instrument que j’adore.Ceci dit, je m’exerçais principalement en écoutant et en chantant sur des disques d’interprètes telles que Billie Holiday et même Patricia Kaas, car je suis aussi issue de cet univers (rires) !

Quand nous partions en vacances, avec mes parents, je me mettais dans le grand coffre de la voiture familiale… dont le hayon intérieur était ouvert. Pendant les 4 heures de route je n’arrêtais pas de chanter. Je reprenais tout ce que j’entendais…C’est une formationun peu particulière mais elle en vaut bien une autre….

Peux-tu être plus précise quant à tes influences qui, visiblement, étaient assez larges ?

Je viens d’une famille qui aime la musique… Pour ma part, je ne savais pas exactement ce que je chantais même s’il est clair que la dominante était le jazz (Billie Holiday, Sarah Vaughan…). Il y avait aussi du classique à la maison… et moi, qui passait du Patricia Kaas.Par la suite, j’ai vraiment découvert la musique en allant vivre à Paris et en rencontrant les membres de ce qui allait devenir le groupe Moriarty. Ces gens m’ont, en particulier, donné la possibilité de m’ouvrir au blues. J’ai, par exemple, découvert l’univers de Janis Joplin en faisant la manche pour des clochards dans les rues de la capitale française. Je suis réellement tombée amoureuse de son style.

Puis j’ai continué à m’ouvrir et, maintenant, j’écoute de tout et apprécie particulièrement Nina Simone. J’ai aussi un grand respect pour PJ Harvey qui a une incroyable capacité de renouvellement. Je ne l’ai encore jamais vue sur scène mais j’aimerais beaucoup.  
Cependant c’est la version de « Summertime » de Janis Joplin, que je pourrais écouter en boucle toute une soirée, elle me fait pleurer. C’est définitivement ma chanson préférée !

Avant d’évoquer Moriarty, j’aimerais revenir sur le premier groupe dont tu as été la chanteuse, il s’agit de Wild Child. Peux-tu revenir sur cette expérience ? 
C’était génial ! J’avais 13 ans et je chantais dans les bars avec eux. C’était avec deux cognaçais, dont Hervé Bache-Gabrielsen (qui a, depuis, repris en mains la maison de Cognac familiale), qui m’ont fait découvrir des artistes tels qu’Eric Clapton. Nous reprenions aussi des titres de Téléphone, c’était vraiment une expérience formidable.

Je me souviens que mon père m’emmenait tous les samedis soirs dans un petit pub (le Wellington devenu aujourd’hui Le Cosy, nda). J’avais intérêt à assurer dans tous les domaines car je me souviens qu’il me disait des trucs du genre « tu pourras revenir la semaine prochaine si tu as une bonne note en espagnol » (rires) ! D’ailleurs, depuis, je ne parle plus de tout l’espagnol (rires) !
 
Notre trio était acoustique et était constitué, en plus de moi, de deux guitares folk. C’était une très bonne école même si me souviens avoir parfois pleuré lors de répétitions. Par exemple sur « The girl from Ipanema » Nicolas Chauveau, qui était l’autre musicien, pouvait me reprendre pendant deux heures au sujet de ma tonalité. Il n’était pas méchant et cela a été un bon apprentissage.
 En fait, ils étaient mes deux potes… c’était vraiment génial !

Puis, tu es partie très jeune pour Paris où tu as rencontré le groupe Moriarty. Existait-il déjà en tant que tel ou as-tu réellement participé à sa création ?
 
J’ai complètement participé à sa genèse. Nous étions tous voisins. C’était également le cas de mon meilleur ami qui m’a poussé à aller à leur rencontre. Ils devaient en être, à ce moment-là, à leur deuxième répétition. J’y suis donc allé car je cherchais un nouveau groupe (la page Wild Child se tournant définitivement en raison de l’éloignement géographique et des études de mes deux ex compères partis sur Bordeaux et Poitiers). Nous avons fait des reprises de blues ensemble.

Après avoir participé à une quinzaine de groupes, je peux t’assurer que ce que je ressens actuellement avec The Wagabonds et proche de l’ambiance qui régnait alors avec Moriarty. Je suis restée cinq ans avec le dernier groupe cité. Les musiciens qui le constituaient étaient mes « frangins », nous partions même en vacances ensemble …
 
Je me souviens avoir chanté « Jimmy » et « Lovelinesse » avec eux, deux titres qui figurent maintenant dans leur répertoire.

Leur chanteuse actuelle, Rosemary Standley, est devenue une copine. Ils sont tous restés pour moi de bons potes. D’ailleurs leur harmoniciste Tom nous rejoint parfois sur scène.
 
Après mon départ ils ont fait une super belle route, dans un style beaucoup plus fin.Ils ont réellement accompagné Rosemary et sa voix qui est magnifique.Nos manières de chanter sont totalement différentes et je crois qu’ils ont fait un excellent choix. De toute façon, je ne serais pas restée puisque je suis une véritable baroudeuse (rires) !Il faut toujours que j’aille voir plein de choses avant de pouvoir me poser (rires) !

Rosemary était en concert (avec son projet bis, The Ligthnin 3), il y a trois jours à Jarnac. As-tu pu la revoir à cette occasion ?
 Je suis « verte »… Nous étions en résidence avec The Wagabonds juste avant, nous avons répété pendant des heures et des heures. De ce fait, il n’aurait pas été sérieux de ma part de venir car il me fallait récupérer, afin de pouvoir assurer mes concerts de cette semaine. J’ai encore la voix un peu fatiguée après ce travail, il fallait donc que je dorme. Ceci dit, nous nous sommes envoyé des textos durant sa venue.cv

Tu évoquais l’aspect « routard » de ta personnalité tout à l’heure. Il est vrai qu’après l’expérience Moriarty, tu as voyagé à travers le monde. Que t’ont apporté ces voyages, t’ont-ils inspirée sur un point de vue culturel et musical ?
Il est vrai que j’ai beaucoup voyagé… D’ailleurs, le fait d’aller vivre à Paris était aussi un voyage pour moi. J’avais vraiment l’impression de sortir de mon petit « cocon » qu’est Cognac. Paris c’était la vie avec tout ce qu’il y a de fou. Je parlais à tout le monde… J’ai toujours eu une âme de baroudeuse et je pouvais passer six heures à discuter avec un mec sous un pont.Par la suite j’ai vécu trois ans en Inde, ce qui a été un grand passage dans ma vie. C’était un paradis et, à titre personnel, une échappatoire qui m’a permis de faire le point. Je n’ai fait qu’un peu de musique là-bas car je me consacrais pleinement à un projet humanitaire.

J’y ai créé, avec une amie, une association pour enfants dans un village de pêcheurs. C’était à la « roots complet », nous étions à deux sur la mobylette et on se faisait engueuler par les ONG car nous dormions sur le village (de ce fait les enfants voulaient, en permanence, rester avec nous et ne plus aller à l’école… d’ailleurs, on leur faisait enlever leurs uniformes) !
C’était une très belle expérience… Sur un point de vue musical j’ai certainement été un peu inspirée par mes voyages mais nous n’avons pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour cela de nos jours (il y a internet etc…).Pour anecdote, j’ai appris à parler anglais en Inde. Du coup, selon un pote américain, il parait que j’ai un petit accent indien quand je m’exprime dans la langue de Shakespeare. D’ailleurs, selon certaines personnes, je serais plus indienne qu’un indien qui vivrait en France depuis toujours. Ceci parce que nos cellules changent tous les sept ans… Mais je n’en suis pas si sûre (rires) ! Ce pays a été pour moi une renaissance, même si la vie y est très dure et qu’il y est aussi question de « machettes et compagnie »…

Puis, le fait d’être dans l’humanitaire, m’a démontré qu’il n’y a pas que la musique dans la vie. Monter ce centre éducatif m’a permis, pour la première fois, d’être dans de la création concrète. Dans un certain sens, voir des choses concrètes prendre forme avec des enfants et moins fatiguant que de faire de la musique …

Tu reviens, aujourd’hui, sur les devants de la scène musicale française avec Charly & The Wagabonds. Peux-tu me présenter ce groupe ?
Nous sommes tous issus d’endroits, d’âges (de 19 à 40 ans) et de repaires musicaux différents. Il y a Bastien Cabezon (de Bordeaux) à la batterie, il est très influencé par le blues des années 1950. Aux claviers il y a Chaker (de Paris) qui vient de l’électro mais qui écrit actuellement son propre album en français, dans un registre proche de celui de M (Matthieu Chedid). Laurent Bauer (d’Angoulême) est le « vieux » de 40 ans à la guitare, il possède une solide expérience. Il a commencé dans un registre garage et possède, à mon sens, une « pure voix » à la Jeff Buckley. Il y a aussi Yann Grolleau (d’Angoulême) à la basse. Ce dernier (qui est également sculpteur) a joué une douzaine d’années avec un groupe de punk rock de Niort. Depuis dix ans, il vit à Angoulême et y a joué dans diverses formations (dont We Are Beautiful à compter de 2004) aux côtés de Laurent Bauer. Ceci dans un domaine de fanfare rock festif, avec dix musiciens sur scène.

Actuellement, tous deux jouent aussi ensemble dans une autre formation (The Henney Buggy Band) spécialisée dans les reprises folk et pop, tout en essayant de faire des compos. Puis il y a Thomas Ottogalli qui s’est produit dans de nombreux registres différents (musique irlandaise, funk…). Enfin, on y retrouve parfois Thomas « Tom » Asamot que tout le monde connait car il est l’harmoniciste du groupe Moriarty.

Cherchez-vous à créer une atmosphère particulière, née du mélange de tous les registres musicaux différents dont vous êtes issus ?
Oui, mais nous sommes encore un groupe très jeune, même si nous sommes déjà parvenu à faire beaucoup de choses et de progrès en très peu de temps. Dans le futur, je pense même qu’une touche d’électro sera ajoutée à notre environnement sonore. Il y a un vrai « truc » qui se passe… D’un autre côté, comme nous n’interprétons que mes chansons, une unité demeure…

 Yann Grolleau prend alors la parole : Nous ne nous forçons pas afin d’entrer dans un style en particulier. Nous avons tous des approches personnelles de la musique et l’ensemble se marie bien. Nous partons, effectivement, des chansons de Charly (guitare-voix ou piano-voix) et nous essayons de nous y fondre, de rentrer dedans).

Charly : C’est vraiment ça ! C’est génial, d’autant plus que j’ai rarement connu une telle symbiose avec mes précédents groupes. Les Wagabonds comprennent complètement ce que je souhaite musicalement parlant et je peux, de ce fait, leur laisser toute la liberté dont ils ont besoin. Ils peuvent créer des ambiances inédites que j’ai en tête, comme le bruit du vent. C’est vraiment magnifique et je ne les remercierai jamais assez pour cela. Quelle chance d’avoir pu rencontrer de telles personnalités…

Essayes-tu de faire passer des messages à travers tes morceaux ?
Je suis prête à parler de tout et de n’importe quoi. De manière générale mes textes sont assez universels. Je les imagine en me basant sur des « groupes d’émotion », avec des graphiques… Les sujets abordés sont l’amour, la mort… ce qui est déjà énorme car il y a beaucoup de choses à dire là-dessus (rires) !Nous n’existions pas il y a encore trois mois. Donc le message principal que je souhaiterais véhiculer serait « alors vous avez vu, c’est possible… il ne faut jamais désespérer ! ».

Les choses se font au moment où elles doivent arriver. J’ai vécu des expériences difficiles, intégré des groupes qui se cassaient la gueule au bout de six mois ou un an…Je pense que tout se fait naturellement. C’est de cette manière que, par exemple, je suis allée en Inde. Je n’allais pas très bien et, un jour, j’ai discuté avec un type dans un café pendant 5 heures. Il m’a proposé ce trip et j’ai accepté. Même s’il ma saoulée au bout de quatre jour et que j’ai continué ma route seule (rires) ! Bref, c’est ce schéma qui s’est reproduit avec ce groupe. Chacun des membres possède le même truc « barré » que moi. Nous sommes toujours prêts à vivre une nouvelle aventure !

Il y a trois mois nous n’existions pas. Puis Michel Rolland (Directeur et Programmateur du Cognac Blues Passions, nda) m’a contactée en me demandant si je n’avais rien à lui montrer à part mes chansons piano-voix. Je lui ai alors juré que je trouverai des musiciens et ces derniers ont été assez « tarés » pour me rejoindre et me suivre alors que nous n’avions aucun contrat de signé.Il faut donc toujours foncer ! C’est une chose qui ne s’explique pas, c’est magique !

Le groupe n’existe que depuis trois mois, quels sont donc les espoirs que tu portes en l’avenir ?
Je sais que c’est ça !
Que c’est le groupe que j’attendais depuis toujours ! Je ne peux pas l’expliquer mais je le sais. J’en parlais même dernièrement avec Tom de Moriarty. Lorsque j’ai débuté dans ce groupe il y a 15 ans, je n’étais pas encore prête et j’étais trop instable. Actuellement je me sens « aux petits oignons », d’ailleurs tout change puisque j’adore aussi faire la cuisine depuis deux ans (rires) !Je me sens bien…

Ce serait une belle conclusion mais souhaiterais-tu ajouter autre chose ?
Que j’aime beaucoup ton interview en fait…C’est à la fois rebondissant et liant. Ce n’est que la deuxième que je fais depuis la création du groupe et je peux t’assurer que la précédente, qui était plus courte, était vraiment nulle. A tel point que je ne savais pas quoi dire (rires) !

Remerciements : Valérie, Rebecca & Chloé (R&V Hayat Chatelus), l’ensemble du service de presse du Cognac Blues Passions.

www.charlyandthewagabonds.com

 

 
Interviews:
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Les reportages
 

charlyandthewagabonds.com

Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 5 juillet 2013

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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