Dave Arcari
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Dave, depuis notre dernier entretien (le 23 novembre 2008, voir ICI), tu as réalisé de nombreuses choses. Peux-tu revenir sur celles-ci ?
Oui, je me souviens de notre rencontre au Caf’ Conc’ d’Ensisheim !
Depuis cette soirée je compte deux autres disques, sortis sur mon propre label (Buzz Records), à mon actif.
Il s’agit de « Got Me Electric » (2009) et de « Devil’s Left Hand » (2010)…
Récemment mon nouvel opus, « Nobody’s Fool », est paru via la compagnie française Dixiefrog. Il bénéficie ainsi d’une excellente distribution européenne. Quelques chansons qui en sont issues figuraient déjà sur mes précédents albums, mais ce sont de nouvelles versions enregistrées avec d’autres musiciens. Certaines sessions se sont déroulées en Finlande et d’autres au Royaume-Uni. On y trouve aussi, bien sûr quelques nouveautés complètement déjantées (rires) !ARCARI

Comment expliques-tu l’intérêt croissant des gens pour ta musique ?
Aaaah… Ma musique est un étrange mélange dont les influences sont le punk, le rockabilly, la country trash et le delta blues… Il en découle un son qui m’est propre et qui reste ancré dans une tradition très alternative. Mon jeu de guitare, tout en slide, y a la part belle.

De quelle manière t’es-tu vu invité à rejoindre le label Dixiefrog ?
C’est une histoire étrange…
J’ai rencontré Philippe Langlois (directeur et fondateur de Dixiefrog) au MIDEM, à Cannes, il y a peut-être dix ou douze années de cela. Nous avons eu de bons contacts ensemble mais, il faut bien l’avouer, ma musique est différente de ce qu’il est commun d’entendre chez des artistes qui se produisent, pour la plupart d’entre eux, avec un groupe.
Mon registre est assez particulier…
Cependant, nous sommes restés en relations depuis cette période.
Puis, il y a deux ans, j’ai participé à une édition du festival Blues Autour Du Zinc à Beauvais. J’y ai croisé David Isaac qui travaille avec Philippe. Il a assisté à mon concert puis nous avons discuté ensemble de généralités, sans chercher de possibles débouchées professionnelles. C’était, tout simplement, très amical.
L’année suivante, j’ai revu David qui m’a dit « j’ai à te parler ».
Je pensais, dans un premier temps, qu’il voulait me proposer de m’aider à trouver des dates de concerts en France. En fait ,durant notre discussion, il m’a appris que Philippe lui avait annoncé qu’il était possible que nous travaillions ensemble dorénavant.
A l’origine je voulais lui proposer de distribuer mon deuxième album en solo, « Got Me Electric », mais il m’a suggéré de réfléchir à un nouveau produit (qui diffère légèrement de ce que j’avais l’habitude d’enregistrer jusqu’à là). Il faut dire que les gens qui aiment mon style, qui m’écoutent dans les émissions de radio où lisent des articles sur moi dans la presse ne constituent qu’une petite « niche ». J’ai donc compris la logique de sa démarche et lui ai proposé une sorte de compilation regroupant des chansons de mes divers albums. Bref des titres assez sauvages, mais avec de nouveaux arrangements qui sont plus élaborés.
Certaines de ces chansons ont beaucoup été interprétées en live, avant l’enregistrement, et n’ont cessé d’évoluer durant cette période. Pour d’autres titres j’ai réalisé des sessions avec de nouveaux musiciens, afin de leur offrir une nouvelle jeunesse.

En ce qui concerne ton son et ton style, quelles sont les différences les plus notables entre tes anciens enregistrements et ce disque pour Dixiefrog ?
Tu sais, mon premier enregistrement en solo est davantage à considérer comme un  test me permettant de me situer. Personne ne l’a écouté, personne ne l’a diffusé… c’était un échec total.
Depuis j’ai clarifié, dans ma tête, le registre que je voulais vraiment aborder. J’ai changé beaucoup de choses et ma manière d’enregistrer a, elle-même, évolué. J’espère que mes nouvelles chansons attestent cela par rapport au premières, mais ce n’est pas à moi de le dire en premier (rires) !

Quels sont les thèmes qui se croisent sur l’album « Nobody’s Fool » ?
C’est une chose amusante… Je pars avec une idée de chanson en tête et lorsque je saisis ma guitare, afin d’y ajouter des notes, il m’arrive de tout transformer en fonction de l’inspiration du moment.
Ceci est lié aux endroits que j’ai vu ou aux gens que j’ai rencontré entretemps. Du coup l’idée originale disparait totalement et laisse la place à quelque chose de différent.
Sinon je peux évoquer des choses que j’ai en tête depuis longtemps, des souvenirs qui datent de 20 ans par exemple. Parfois, j’écris carrément sur rien en particulier et quand je réécoute le titre je me dis « Oh, mais ça a un sens ». Je ne sais pas d’où ces histoires viennent (rires) !

Quels sont les artistes dont tu te sens le plus proche aujourd’hui ?
Je suppose que l’artiste dont je me sens le plus proche est Seasick Steve, qui est vraiment un très chouette type !
Nous avons donné plusieurs concerts ensemble…
De ce fait, j’ai pu constater qu’il est toujours très enthousiaste et qu’il soutient beaucoup les musiciens. Parfois, lorsque tu rencontres un artiste que tu apprécies depuis longtemps, tu peux être déçu par le personnage… mais avec lui ce n’est vraiment pas le cas…ARCARI
Au Royaume-Uni, je compte d’autres bons amis parmi les musiciens. Je peux te citer le groupe Hokie Joint, avec lequel j’ai aussi donné quelques concerts, ou Ian Siegal que je trouve encore meilleur lorsqu’il joue seul que lorsqu’il est accompagné par un groupe. Sur ce festival (Cognac Blues Passions 2012, nda), j’ai eu la chance de rencontrer les Delta Saints mercredi soir. Nous avons bu quelques verres de Cognac ensemble… puis nous avons bu quelques bouteilles de Cognac ensemble (rires) !
Ce sont des jeunes gens qui proposent quelque chose de différent, ce qui est vraiment important.
Ils sont très gentils et il est facile de sympathiser avec ces garçons de Nashville… c’est une très belle découverte !
Sinon, je n’avais jamais entendu parler du groupe Needtobreathe que j’ai découvert ici.
Je suis passé devant la scène, par hasard, alors qu’il donnait son concert… je l’ai trouvé fantastique, quelle présence !

Seasick Steve pourrait être un excellent collaborateur pour un futur album…
Ce serait vraiment très bien…
Tu sais, travailler avec lui serait un vrai plaisir mais il a déjà beaucoup de succès et, de ce fait, est entouré par une réelle « industrie de la musique »… qui doit lui dicter ce qu’il doit faire ou non…
Il y a deux jours, j’ai reçu un message d’un ami qui tient un café à Glasgow. Seasick Steve, accompagné par toute son équipe, s’y était arrêté alors qu’il était sur la route. Il a demandé à cet ami de me transmettre son bonjour.
Etre face à lui est très facile, il est très abordable et ouvert. Par contre, le fait de devoir passer par son agent ou sa maison de disques ne facilité rien, surtout quand tu n’es pas sur leur « liste d’amis ».
Mais qui sait, peut être qu’un jour… (rires) ?

Tu es de retour en France, un pays que tu sembles particulièrement apprécier…
Oui, c’est cool… vraiment cool ici !
Je ne sais pas si c’est l’effet Dixiefrog, ou si c’est parce que je viens pour la quatrième ou cinquième fois, mais je trouve de plus en plus de gens intéressés par ce que je fais. Je suis très agréablement surpris lorsque je les croise…
Avant de venir sur ce festival à Cognac, j’ai donné un concert à Reims. C’était complètement incroyable, les spectateurs étaient serrés comme des sardines et complètement déchainés. A Paris, c’était aussi très sympa…
Il y a vraiment une scène alternative très intéressante ici. Les gens ont beaucoup d’enthousiasme…
C’est un plaisir pour moi d’être, ici, dans un festival aussi grand que celui de Cognac.
Le public y est un peu inhabituel pour moi…
Les personnes le constituant sont beaucoup moins sauvages que celles des scènes que j’ai l’habitude de fréquenter. C’est très intéressant de voir leurs réactions. Cela se passe plutôt bien, même si je pense que je vais encore en effrayer quelques unes durant mon concert de cet après-midi (rires) !

Quels sont tes projets ?
Actuellement, je travaille sur de nouvelles chansons. Le fait d’écrire n’est pas très difficile mais, par contre, coucher sur du papier quelque chose qui soit un peu différent est une réelle difficulté.
Parfois je m’applique à écrire tous les jours, pendant un mois, sans qu’il en sorte quoique ce soit sinon de la merde. D’autre fois, j’arrive à finaliser deux bonnes chansons en une heure. Des titres qui viennent de nulle part… Je n’arrive pas à comprendre ce phénomène.
A ce jour, j’ai en stock, treize nouvelles chansons enregistrées en Finlande avec le bassiste et le batteur que l’on retrouve sur quelques titres de « Nobody’s Fool ». Ils m’ont également accompagné sur des dates de concerts dans leur pays. Je ne sais pas encore de quelle manière ces titres verront le jour. Si un label sera intéressé ou si je les mettrai en téléchargement légal sur internet…
Si ce matériel est assez bon, je ne te cache pas que j’aimerais beaucoup que Dixiefrog le sorte en album. Philippe Langlois et David Isaac sont les premiers avec qui j’ai pu communiquer normalement et exposer mes souhaits. Avec eux, tout se fait en bonne intelligence et ils sont honnêtes. Ce n’est vraiment pas une maison de disques comme une autre…
Des gens comme eux te poussent à donner le meilleur de toi-même et à t‘améliorer de jour en jour. Ils sont formidables !

Souhaites-tu ajouter une conclusion ?
Fuck you… euh non (rires) !
Je veux simplement préciser qu’il est bon d’être de retour en France. De retrouver des amis ainsi qu’autant d’enthousiasme et de soutien. Merci à tout le monde et à toi en particulier !

Remerciements : Margaret Mc Donald, David Isaac (Dixiefrog)

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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 8 juillet 2012

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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