Duck Duck Grey Duck
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Duck Duck Grey Duck est un combo qui fait fi de toute étiquette et qui explore les genres sans aucun complexe. Avec un son et un engagement personnel qui n’appartient qu’à lui, le groupe constitué par trois musiciens exemplaires (Pierre-Henri Beyrière à la basse, Robin Girod au chant et à la guitare, Nelson Schaer à la batterie) sait rendre hommage au blues rural du Mississippi comme à la scène punk rock (« Bel oiseau », hommage encore inédit à Alan Vega l’atteste avec grâce). Une richesse musicale qui sera, évidemment, au rendez-vous sur les prochains enregistrements de ces genevois. A l’occasion du Festival Natala 2017, je recevais le trio pour une émission qui lui était entièrement consacrée. Voici l’entretien qui en résulte…

Robin c’est, paradoxalement, la première fois que je t’interviewe à Colmar. Une ville qui a, pourtant une résonnance particulière pour toi, puisque tu as toujours pu y compter de nombreux soutiens…
Robin Girod : Effectivement, à force de croiser l’équipe que vous constituez avec quelques-uns…et de vous voir dans différentes villes, un véritable lien s’est noué entre nous.

« Here Come… », votre premier album paru en 2015, a séduit d’emblée la presse française. Chose qui n’avait pas forcément été le cas lors de tes précédents exploits discographiques au sein du groupe Mama Rosin’ (alors que la qualité était toujours au rendez-vous et que vous aviez pu collaborer avec des personnalités telles que Jon Spencer ou Moriarty). Y-a-t-il une explication rationnelle à donner à cela ?66
Robin Girod : Nous nous posons, souvent, la question nous-mêmes. Dans cette formule power trio (basse-batterie-guitare) il y a quelque chose d’assez lisible. C’est une formation plus « commune » par rapport à celles dans lesquelles j’ai pu jouer précédemment. En France, comme partout sur cette terre, il y a une proposition musicale qui est énorme donc les gens se dirigent plus facilement vers là où ils retrouvent des « codes » qu’ils connaissent. De ce fait, le power trio que nous constituons ensemble à une meilleure résonnance que tous les autres groupes que nous avons pu créer auparavant…

Pourtant, cette différence est moins flagrante ailleurs (notamment dans les pays germanophones). Ressentez-vous cette disparité au niveau des scènes sur lesquelles vous évoluez et des publics que vous croisez ?
Robin Girod : Oui… Ces deux dernières années nous avons pas mal tourné, donc nous avons rencontré des audiences différentes. Avec d’autres formations, nous avons pu bouger dans des pays tels que les Etats-Unis ou que l’Espagne. De ce fait, aujourd’hui, nous pouvons faire une carte des publics internationaux. L’Allemagne est, effectivement, un pays très axé sur le rock’n’roll. Il faut dire que les infrastructures qui s’y situent sont vraiment cools et adaptées à cette musique. On y trouve encore des clubs où il est possible de fumer et de jouer jusqu’à deux heures du matin. Ce sont des choses qui provoquent le public et qui provoquent le rock’n’roll ! C’est, malheureusement, un peu moins le cas aujourd’hui en France. C’est, en tout cas, notre ressenti actuel…

Après l’incroyable débauche d’énergie déployée avec Mama Rosin’, je pensais que tu allais prendre un peu de recul…voire te reposer un minimum. En fait non, tu as continué à donner de nombreux concerts avec Duck Duck Grey Duck. C’est, un peu, comme si le « syndrome Bill Wyman » s’était emparé de toi. En effet, ce dernier a quitté les Rolling Stones pour arrêter les tournées mais, en fait, ne s’est plus arrêté d’en effectuer avec son nouveau groupe (Bill Wyman’s Rhythm Kings) à partir de ce moment-là. Au final, on a l’impression que c’est sur scène que vous puisez votre incroyable énergie…
Robin Girod : Il existe, effectivement, une forme de boulimie. Notre vie est de faire de la musique à 100%. Je crois, cependant, qu’aujourd’hui nous adorons encore plus le fait d’être en studio plutôt que d’être sur les routes ou de monter sur les scènes. L’un est, finalement, indissociable de l’autre et nous apprécions le fait de nous retrouver dans des endroits tels que celui où nous sommes actuellement (Festival Natala à Colmar, nda). Le fait de débarquer dans un parc, sous le soleil, nous nourrit forcément et ne nous donne absolument pas l’envie de nous arrêter. Nous avons beaucoup de projets sur le feu, comme la cassette audio secrète que je t’ai glissée dans la main tout à l’heure (rires) ! Pour l’instant, je dirais que nous allons encore continuer comme cela une trentaine d’années (rires) !

Avec, pour le moment, un seul album à votre actif, vous pouvez déjà allègrement vous produire près de 3 heures sur scène. De quelle manière concevez-vous vos sets, qui laissent souvent la part belle à des reprises assez inattendues ?
Nelson Schaer : Nous essayons, au maximum, de mettre l’énergie en avant. Il y a, toujours, un plan A et un plan B pour le début de nos concerts (selon le feeling ressenti sur le moment). Après, ces derniers se déroulent au gré de nos envies et de nos humeurs…
Pierre-Henry Beyrière : Lorsque tu joues dans un festival et que ton timing est limité à 45 minutes, tu sais que tu te dois d’être concis. Dans un club c’est différent, le public en veut toujours davantage. Du coup, on peut aller au maximum de nos capacités. Nous avons les ressources pour jouer plus de deux heures et demie, c’est cool !

Compte tenu de la largesse de vos influences, comment qualifiez-vous le son qui n’appartient qu’à vous et qui est issu de ce melting-pot musical ?
Robin Girod : C’est un compliment que tu nous fais là… Nous avons toujours beaucoup de difficultés à répondre à cette question. Nous nous inspirons de beaucoup de gens et nous allons voir énormément d’artistes en live. Plus on joue avec des groupes différents, plus de nouvelles portes s’ouvrent devant nous. Nous demeurons un groupe de rock qui est très influencé par le blues, par le jazz et par toutes les sonorités afro-américaines. Ces temps-ci, nous nous inspirons aussi de la musique des eighties et d’artistes tels que Jacno…dont l’œuvre peut nous habiter. Nous n’hésitons, d’ailleurs, pas à chanter à français et avons repris le morceau « C’est ça qu’est chouette » (titre du genevois Roger Loponte, paru à l’origine sur son album « Hold Up Maison », nda)que nous avons édité en single l’an passé. Qualifier notre son est très difficile pour nous…
Nelson Schaer : Nous n’avons, tout simplement, pas envie de nous fixer des limites. Nos goûts sont éclectiques et nous apprécions le fait de nous laisser porter par ce que nous aimons. Comme nous aimons beaucoup de choses, c’est cool !

En tout cas, pas d’esbroufe en ce qui vous concerne. Les solos à rallonge ce n’est vraiment pas trop votre truc, puisque vous préférez rester concis et envoyer la sauce en trois minutes…
Robin Girod : Oui, ça c’est peut-être lié à notre petit côté punk ! J’ai beaucoup de respect pour le blues, mais on sait comme il a pu « mal tourner » à partir d’une certaine époque. Même petit, je n’étais pas emballé par les longues démonstrations de certains guitaristes. Ceci, avant même que je me pose des questions sur la musique… Aucun de nous trois ne se situe dans ce délire. Un solo de guitare se doit d’être efficace et doit trouver sa place sans qu’il ne dure trop longtemps. Nelson fait, par contre, des solos de batteries très longs durant nos concerts (rires) !
Nelson Schaer : Evidemment, à côté d’un solo de guitare qui dure 20 secondes, le mien doit paraitre très long (rires) !

Vous citez, de plus en plus, le jazz comme source d’inspiration. Est-ce le libre court donné à l’improvisation qui vous intéresse le plus dans cette musique ?
Robin Girod : Oui, c’est l’une des raisons pour lesquelles le jazz fait partie de notre musique. Nous avons des formes relativement libres, dans lesquelles nous nous baladons. Cela nous donne la possibilité de ne jamais faire deux fois le même concert et de combattre l’ennui possible. Cette semaine, nous avons joué avec des groupes qui doivent faire exactement le même concert à chaque fois. Pour eux, tout est calé sur ordinateur, tout est calibré (les jeux de lumières et la musique). Dans ce cas de figure, on est à l’inverse du jazz qui est une musique qui laisse des options infinies grâce à l’improvisation. Par ailleurs, Je joue dans un autre groupe, formé avec Nelson et des jazzmen. Il s’appelle L’Orage…
Nelson Schaer : Dès le départ, le jazz a été une influence pour nous. Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous avons commencé en faisant du jazz ensemble…

D’ailleurs, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le jazz offre aussi des morceaux relativement courts, comme l’attestent les premiers titres de Thelonious Monk…
Robin Girod : C’est vrai, c’est l’exposition d’un thème auquel on ajoute un solo puis une fin. Le jazz peut, en effet, avoir ce format…De notre côté, nous avons commencé à faire du jazz ensemble alors que nous devions être âgés de 14 ou 15 ans. Cette musique ne nous a jamais quittés. Il y a beaucoup de milieux au sein desquels ce registre passe pour quelque chose d’intellectuel. Ce n’est absolument pas vrai ! En ce qui nous concerne, le jazz est une musique complètement viscérale, jouée dans les années 1940-1950 par les couches (afro-américaines) les plus basses de la population. C’est un registre plein de transpiration, qui est très rock’n’roll dans l’idée que nous nous en faisons.
Nelson Schaer : On y trouve aussi cette idée de jeu. Dans le jazz, il y a de l’interaction et on s’amuse.
Pierre-Henri Beyrière : Les racines de toutes ces musiques sont les mêmes, il y a quelque chose qui se retrouve dans chacune d’entre elles…qu’il s’agisse de jazz, de blues ou de rock’n’roll.

On connait vos influences en termes de rock ou de soul mais moins en termes de jazz. Quels sont les artistes qui vous influencent le plus dans ce domaine ?
Nelson Schaer : Il y en a beaucoup, mais nous citons régulièrement Art Blakey & His Jazz Messengers. Quand on voit des vidéos de ce groupe (durant les années 1950 et 60), on constate une débauche d’énergie hallucinante. En fait, c’est super rock’n’roll !
Robin Girod : Nous adorons toute la grande période des albums Blue Note, qui ont un superbe son et qui possèdent un véritable esprit (bien qu’enregistrés à la chaine) avec leurs pochettes incroyables. Nous avons des collections de disques de jazz énormes, contrairement à ce que les gens pourraient penser en nous écoutant.

Nous parlions d’improvisation en ce qui concerne la scène et on sait que votre premier album a, aussi, été marqué par une certaine spontanéité lors de son enregistrement. Est-ce également le cas pour celui à venir ?
Robin Girod : Pas du tout, puisque nous nous sommes donné du mal cette fois (rires) ! Nous avons pris du temps et nous avons même réfléchi à ce que nous allions faire…ce qui n’était absolument pas le cas sur le premier disque. Par contre, nous avons enregistré 22 morceaux dans le moins de temps possible. Cela ne nous a pas permis de composer et de produire comme nous l’entendions. On se retrouve, aujourd’hui, avec ces 22 titres qui sont un poil plus préparés que ceux qui constituaient l’album « Here Come… ». Quoi qu’il en soit, la même énergie y est présente. On enregistre et on ne sait pas comment ça va finir. On se retrouve avec des formes que nous ne pourrons pas jouer de la même manière en live, car nous ne les avons même pas comprises au moment de l’enregistrement. Notre prochain disque se prépare et on se réjouit…

La sortie de ce futur album est envisagée pour quelle période ?
Nelson Schaer : En principe pour la fin de l’année 2017, aux alentours du mois de novembre…

Sortira-t-il, comme le premier, sur Casbah Records ou bien sur Cheptel Records ?
Robin Girod : Nous allons continuer de travailler avec Casbah Records car, lors de la sortie du premier disque, nous avons vécu une belle expérience ensemble. Nous avons, aussi, trouvé un super label à Bâle. Il s’appelle A Tree In A Field Records (maison de disques, reconnue pour sa finesse, mythique en Suisse). Nous aurons donc deux labels très respectables…

Au printemps 2016, vous avez sorti « Au pays des merveilles de Juliet ». Une reprise du titre d’Yves Simon, auquel vous redonnez aussi une vie assez insolite sur scène. Pouvez-vous m’en parler ?
Robin Girod : Ce morceau fait partie d’une période de la chanson française (les années 1970) que nous avons étudiée. La chanson française connait, actuellement, un souffle nouveau et nous nous demandons si nous n’allons pas davantage chanter dans la langue de Molière dans le futur. Dans ce morceau d’Yves Simon, on retrouve un côté psyché et complètement poétique. Le texte est incompréhensible, alors que les accords sont très simples. On y trouve du groove, des percussions. Ce truc nous a tous touchés et je crois qu’il allait de soi que nous fassions cette reprise…

Cheptel Records, Casbah Records, Moi J’Connais Records auparavant…ça en fait des labels fondés ou explorés. Votre rapport au disque, l’objet, est assez incroyable…
Robin Girod : Soyons honnêtes, nous aimerions que ces disques et ces labels nous permettent d’avancer un peu plus un jour. Nous aimerions, au moins, que tout cela puisse nous permettre d’investir dans un bon studio et dans un local de répétition. Nous rêvons d’une grande ferme à la campagne, où nous pourrions installer un studio et un bureau de label. Ce n’est pas encore le cas… Pour répondre à ta question, nous adorons l’objet qui nous parait encore nécessaire. Plus nous bossons avec notre label (Cheptel Records) et avec d’autres groupes, plus nous nous rendons compte de la difficulté qui est la notre aujourd’hui. En effet, le fait de vendre des disques reste une chose difficile. On nous parle du retour du vinyle mais c’est un leurre. Ce n’est pas du tout ce qu’il se passe en réalité. Actuellement, les disques ne se vendent plus. Nous n’avons pas forcément envie de nous dire « il faut vendre des disques », mais nous voulons faire découvrir notre musique à un maximum de gens. C’est là que nous essayons de trouver des solutions et de nouvelles manières de faire…

Pour cela, vous savez très bien utiliser l’outil vidéo…
Nelson Schaer : Oui, il faut faire des clips. Mais, si tu n’as pas une méga équipe de production derrière toi, il est difficile de faire quelque chose de sérieux…qui tienne la route. Notre idée était donc de trouver un artiste qui puisse faire quelque chose avec un petit budget. Nous avons un pote, Mathieu Epiney (qui est, aussi, un très bon guitariste), qui fait des films d’animation depuis des années. Nous l’avons mandaté pour travailler avec nous et il en est à sa troisième réalisation pour Duck Duck Grey Duck (dont « Mexico » qui avait bien marché et, bien sûr, notre nouveau titre « Ride my bike »).

Robin, tu es également un producteur de grand talent. Dernièrement, tu nous as fait découvrir Melissa Kassab et tu travailles, actuellement, avec un duo féminin américain (Mr Airplane Man). Peux-tu revenir sur ces différentes collaborations ?
Robin Girod : Tout se fait, un peu, au fur et à mesure de ma vie. A chaque fois, je me dis « je suis arrivé au bout » mais il y a toujours quelqu’un qui me rappelle. Des artistes auxquels je ne m’attends pas… En ce qui concerne Mr Airplaine Man, nous avions réédité leur toute première démo (sur laquelle j’étais tombé dans un magasin en Allemagne). J’avais, alors, contacté ce duo pour leur demander l’autorisation et le disque était sorti sur Moi J’Connais Records. Il s’agit, pour moi, d’un groupe culte dans le domaine du garage blues des années 1990. Les deux membres, Margaret Garrett (chant, guitares) et Tara McManus (batterie, claviers) ont repris du service et nous les avons fait venir en Europe pour une série de concerts (un festival en Suisse allemande, un set à Genève et un autre gig à Rouen). Ces trois journées demeurent pour nous un merveilleux souvenir puisque, durant cette période, nous avons même côtoyé Dick Annegarn. Elles sont d’excellentes instrumentistes et possèdent une vraie culture de la musique populaire américaine. Elles ont grandi dans un environnement bien différent de celui que l’on connait en Europe. Dernièrement, elles m’ont contacté car elles avaient bossé avec un producteur dont je suis un grand fan. Elles n’ont pas aimé son boulot et m’ont demandé de venir bosser avec elles. J’ai donc passé une semaine, en studio, en Californie. Il en résulte un disque qui risque de sortir sur Third Man Records, le label de Jack White. J’ai adoré travaillé aux States, avec ces personnes. Maintenant, nous envisageons d’organiser une tournée commune avec les Duck Duck Grey Duck. Cette série de concerts devrait se dérouler en mars 2018 en Californie. Mr Airplane Man est un groupe féminin, super habité, de blues primitif…je l’adore !

Actuellement, cette scène californienne semble vraiment avoir tes faveurs…
Robin Girod : C’est vrai, mais j’ai l’impression qu’on en arrive au bout. Nous avons passé 5 ou 6 ans à s’inspirer de ce qui se faisait sur cette côte ouest. La scène de San Francisco est assez semblable à celle de Genève. Il y a 3 ou 4 gars qui se sont occupé d’artistes plus jeunes et qui ont fondé des labels. Ils jouent tous ensemble… C’est, simplement, l’échelle de la ville qui n’est pas la même. Lorsque je me rends sur place, je me sens comme à la maison. Nous connaissons tous ces musiciens qui ont changé la face du garage rock. Il y a quelque chose qui nous rapproche d’eux. Cette scène a, effectivement, changé notre vision du rock’n’roll…

Pour en revenir à la production, un élément qui te sied à merveille, te sers-tu d’éléments que tu as pu emmagasiner au contact d’autres producteurs que tu connais. Penses-tu, au contraire, avoir une démarche totalement personnelle ?
Robin Girod : Je peux répondre à cette question en me souvenant que le tout premier disque que j’ai produit est « Bleu Bizarre » d’Adieu Gary Cooper (sorti en février 2014, nda). Ce groupe a décidé de me faire venir en studio avec lui, suite à mon explication de l’enregistrement de « Bye Bye Bayou » (disque de Mama Rosin sorti en 2012, nda) dont le producteur était Jon Spencer. Ce dernier est un vrai guide, il se lève puis il ne te lâche plus jusqu’à la fin. Puis, à 18h00, il rentre chez lui car il a terminé son travail. C’est un vrai job et un job reste un job…même si c’est un job de passion, un truc formidable… J’en parle, à chaque fois, avec tant d’enthousiasme (car Jon Spencer nous a beaucoup apporté sur ce disque), qu’Adieu Gary Cooper ma poussé à me lancer. C’est comme cela que tout a commencé. Je me suis donc, fatalement, énormément inspiré du travail que Jon Spencer a réalisé sur l’ultime enregistrement de Mama Rosin.

As-tu déjà fait la démarche d’aller vers certains groupes, afin de leur proposer tes services ?
Robin Girod : Je tente parfois la chose. Cependant, il reste difficile de proposer cela à des groupes lorsque l’on vient de Suisse. Un soir, j’ai écrit une lettre à CharlElie Couture, car je suis très fan de ce qu’il fait. Je lui ai proposé de produire l’un de ses disques après l’avoir vu sur scène. Je voulais qu’il vienne enregistrer à Genève, avec Duck Duck Grey Duck en backing band. Mon but était d’emmener son son ailleurs, comme Rick Rubin a pu le faire pour Johnny Cash. CharlElie Couture mérite vraiment de revenir au premier plan de la musique francophone… Ma tentative n’a pas fonctionné mais nous avons fini par nous rencontrer. Récemment, il nous a même proposé de devenir son backing band pour une date unique en Nouvelle-Calédonie. Malheureusement, ce concert n’a finalement pas eu lieu. C’est vraiment un type avec lequel j’adorerais faire un album totalement « ovniesque ». J’aimerais sincèrement provoquer notre rencontre musicale avec lui. J’espère pouvoir y arriver…

Il s’est, également, aventuré en Louisiane dernièrement. Il y a même enregistré l’album « Lafayette » (sorti en 2016), que je trouve très réussi…
Robin Girod : Il y a bossé avec des musiciens que nous avions rencontrés en Louisiane du temps de Mama Rosin. Je trouve, moi aussi, ce disque très réussi. Je pense qu’il avait besoin d’y chercher des choses à droite et à gauche. Le résultat prouve que cette recherche n’a pas été vaine…

Vous fourmillez toujours de projets et avez toujours quelque chose « sur le feu ». Je pense que, dans un premier temps, vous allez vous consacrer à la finalisation de votre prochain album pour lequel 22 titres ont déjà été enregistrés. Comment allez-vous procéder à la sélection finale ?
Robin Girod : Cela fait trois mois que nous nous posons la question. Nous sommes passés par toutes les étapes de transformation…savoir ce qu’on enlève, ce que l’on garde…
Nelson Schaer : Nous ne sommes pas plus avancés. Toutes les personnes qui ont écouté le résultat ont un avis différent. Du coup, nous ne sommes pas plus aidés (rires) !
Robin Girod : certaines disent que c’est mieux et d’autres disent que c’est moins bien que notre premier album. Ce n’est pas évident de se faire confiance…

Le fait de sortir plusieurs EP (ou vinyles 25cms), de manière moins espacée que des albums complets, pourrait peut être vous permettre de mettre en évidence chacune de vos facettes sur (à chaque fois) un disque dédié…
Nelson Schaer : C’est, effectivement, une possibilité mais ce n’est pas si simple… Il faut conserver une certaine cohérence et le coût final risque de ne pas plaire aux maisons de disques.
Robin Girod : Le format EP que l’on voit passer aujourd’hui ne ressemble plus à rien. J’ai l’impression que tout le monde en sort mais moi…je me demande vraiment ce que c’est. C’est quoi, un single ? Quatre morceaux ? Je pense que ce format est utile pour démarcher un label. En ce qui nous concerne, nous allons faire un disque entier. Nous ne savons pas encore sous quelle forme (nous pensions, par exemple, à deux albums qui sortiraient à 6 mois d’intervalle) et nous avons envie de tout tenter. Le pire dans tout cela c’est que, dans le van qui nous menait ici, nous envisagions de repartir en studio quelques jours pour graver d’autres titres (rires) ! Quoi qu’il en soit, compte sur nous pour t’abreuver en musique le plus longtemps possible !

Je ne vais pas vous demander un mot de la fin, car ce terme ne vous ressemble pas…mais avez-vous quelque chose à ajouter à cet entretien ?
Robin Girod : Merci pour ce Crémant d’Alsace que nous dégustons en cette fin d’après-midi… c’est toutes ces sensations qui nous font du bien…

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Interview réalisée au
Festival Natala - Colmar
le 15 juillet 2017

Propos recueillis par
David BAERST

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