Didier Marty
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST



Didier, tu es un saxophoniste très demandé dans le milieu du Blues et du Rock'n'Roll en France, comment l'amour de cet instrument t'est-il venu?
Au risque de te décevoir, il n'y a jamais eu d'amour du saxophone car j'ai commencé à pratiquer cet instrument par accident.

Je voulais faire du piano et comme il n'y avait plus de place en classe de piano, je me suis retrouvé en classe de saxophone. J'avais davantage l'amour de la musique et de la scène que de cet instrument.

Je ne sais pas si je suis très demandé, en tout cas j'aime sincèrement le Blues et le Rock'n'Roll. Comme il y a peu de saxophonistes spécialisés dans ce genre en France, à l'inverse des guitaristes, on me voit souvent…

Je ne suis pas un saxophoniste dans l'âme puisque mes premiers coups de cœur musicaux ont été des guitaristes comme Jimi Hendrix, Johnny Winter, Muddy Waters.

C'est peut être pour cela que je fait maintenant du Rock'n'Roll et du Blues.

A force de pratiquer, certains saxophonistes sont-ils devenus tes mentors ?
Non, la première fois que j'ai entendu un saxophoniste qui m'a frappé c'était dans un magasin de disques, dans le rayon Rock.

Je suis tombé sur le morceau " Urgent " du groupe Foreigner dont le son de sax était monstrueux. Le musicien en question était Junior Walker qui était un grand saxophoniste de la firme Motown. C'est là que je me suis rendu compte qu'avec un sax on pouvait passer par-dessus des guitares saturées.

C'est un challenge que j'ai pu relevé lorsque j'accompagnais le groupe TRUST. Tout cela c'est grâce à Junior Walker…

Quels ont été tes premiers engagements en tant que professionnel et dans quel style te produisais-tu alors ?
En fait mon but premier n'a jamais été de devenir professionnel. Ce qui m'éclate, c'est la scène et la préparation d'un spectacle. Le jeu des hasards et des rencontres a fait le reste.

Lorsque j'ai rencontré le batteur Jeannot Cirillo il y a plus de 20 ans, c'était pour faire une audition pour Jesse Garon qui, à l'époque, venait de faire un gros succès. Je ne sais plus avec qui j'ai commencé à faire du Blues mais tout s'est enchaîné…

Tout ce qu'il faut, c'est aimer le Blues et le Rock'n'Roll qui seront toujours - avec la musique Soul et le Rythm and Blues - les fils conducteurs de ma carrière.

Aujourd'hui, outre tes multiples collaborations, tu es à la tête de plusieurs groupes ; Marty & the Gang, le Mardi Brass Band. Peux-tu me parler de ces différentes formations ?
Je crois que ces différents groupes sont issus d'envies différentes. J'en parlais un jour avec Charlélie Couture qui disait à Antoine Tomé que j'accompagnais alors : " Pourquoi ne rassembles-tu pas tous ces personnages pour n'en faire qu'un ? ".

J'ai besoin d'investir toutes mes facettes dans des personnages différents. Par exemple j'ai un groupe, aussi avec Jeannot, qui se nomme les Zoozoos avec lequel ont fait les cons et nous jouons sur le fil du rasoir.

Moi, faire le con sur scène, c'est un truc dont j'ai besoin.

Si ne n'avais pas ce groupe, je ferai, peut être, le con avec Marty & the Gang ou avec Mardi Brass Band et ce serait peut être moins bien venu. Ces groupes, ce sont comme des outils de communication.

La première fois que je t'ai vu, tu accompagnais Screamin' Jay Hawkins, peux-tu me parler de cette période ?
C'était une expérience qui restera à tout jamais importante car c'est quelqu'un qui a marqué l'histoire du Blues. En plus il m'a marqué à titre personnel parce que c'était un mec différent des autres. À la fois complètement barré et toujours dans son film, mais aussi profondément humain. Nous avons toujours eu d'excellents rapports.

Il ne supportait pas que les musiciens ne soient pas traités comme lui, mis à part le cachet (rires). C'était un show-man fabuleux toujours ravivé par la scène, même à la fin de sa vie. Il était capable de toutes les facéties. Pour moi il reste un modèle au niveau du spectacle.

Au même titre que mon père, qui est la première personne que j'ai vu sur scène. Il faisait des bals publics en tant que chanteur-animateur. La première fois que je l'ai vu en représentation il portait une perruque, des talons aiguilles et chantait des conneries. Entre lui et Screamin' Jay Hawkins, j'avais des raisons d'être fasciné par le spectacle.

Quelles sont les collaborations qui t'ont le plus marqué ?
Incontestablement c'est Screamin' Jay' Hawkins, puis Lionel Richie puisque j'étais le seul blanc-bec au milieu d'une horde d'excellents musiciens. Je pense aussi à une chanteuse de Blues qui se nome Zoom, peu connue en Europe, avec laquelle nous faisons des standard du Rythm and Blues.

Un soir elle a dit au public qu'elle était venue jouer en Europe pour pouvoir payer des chaussures à sa petite fille. Sur ce elle a chanté un Blues qui m'a vraiment déchiré, comme je n'avais jamais entendu auparavant.
Ce sont les premières personnes qui me viennent à l'esprit mais il y en a d'autres.

Combien de cd's as-tu à ton actif avec tes propres groupes ?
Je ne sais pas exactement…
Une bonne dizaine et je vais continuer à produire le plus de choses possibles.

Avec le Mardi Brass Band, tu diriges 30 musiciens. Je pense que tu as dû t'inspirer des formations de la Nouvelle-Orléans pour cela. As-tu eu l'occasion de te rendre sur place et de te frotter aux musiciens locaux ?
Oui, j'ai déjà eu l'occasion de rencontrer des louisianais à Paris comme Coco Robicheaux qui - en me voyant avec Marty & the Gang - croyais être chez lui.

Il faut dire que nous sommes quasiment les seuls à jouer ce style de musique en France. Nous avons aussi fait la première partie de Marva Wright à la Cigale et reçu les félicitations de ses musiciens.
Quand je suis allé à la Nouvelle-Orléans, c'était plus en tant que touriste branché musique que pour prendre des contacts.

Cependant j'y ai vu des vieux Brass Bands qui m'ont donné l'envie d'en former un à mon tour. Cela remonte à près de 5 ans.

Quels sont tes projets actuels ?
J'en ai trop comme me l'a dit un pote. Avoir des idées c'est facile, pour les faire aboutir c'est beaucoup plus difficile.

J'essaye d'y aller " molo ", faisant le plus réalisable en priorité. J'enregistre actuellement avec les Zoozoos, nous écrivons aussi ensemble pour le prochain album de Marty & the Gang. Quant au Brass Band, il y a plein de projets puisque je voudrais qu'il fasse la musique de l'origine des Brass Bands de la Nouvelle-Orléans jusqu'à nos jours.

Ceci représente une période très large et rend ce projet ambitieux. D'autant plus que je me suis rendu compte que je voulais ajouter une part pédagogique à cela, en apprenant des choses aux spectateurs.

J'ai aussi une formation qui s'appelle les Rolling Dominos qui fait la musique de Fats Domino, toujours liée à New-Orleans.

Avec ce dernier groupe nous allons sortir un DVD.

A titre personnel, mes projets sont de vieillir le moins vite possible et d'essayer d'éclater tous les spectateurs qui me feront le plaisir de venir assister à l'une de nos prestations.

Remerciements : A Jeannot Cirillo pour m'avoir mis en contact avec Didier.


 
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Les liens :

didiermarty.com

Interview réalisée au
Club Med World à Paris
le 9 mai 2006

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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