Dirty Deep
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Le nom de Dirty Deep sonne comme un nom de groupe, pourquoi l’as-tu choisi comme pseudonyme alors que tu es un artiste solo… a-t-il une signification particulière pour toi ?dd
Il s’agit d’une référence à la Louisiane et aux marécages profonds et sales qui s’y situent. D’ailleurs, il faut aussi dire que je ne suis que rarement propre sur moi (rires). Donc ce pseudonyme me colle plutôt bien à la peau… ou sur la peau (rires) !

De quelle manière pourrais-tu te présenter ?
Je suis français même si, sur scène, il m’arrive souvent d’oublier ma langue maternelle afin de parler en anglais. C’est un petit problème lié à la musique…
En dehors de cela, j’ai 21 ans et je vis à Strasbourg. Je pourrais également ajouter que je possède une petite camionnette verte qui est très sympa… et dont l’intérieur ne sent pas très bon.

Est-ce parce que tu t’investis tellement dans tes chansons que tu oublies parfois l’endroit où tu joues ?
Si j’oublie où je me produis, c’est uniquement lié à l’alcool (rires) !
Disons que je m’immerge complètement dans mes chansons et que je joue le jeu à fond…

De quelle manière l’amour du blues est-il venu à toi ?
Tout a commencé un soir d’Halloween… 
Lors de cette soirée, j’étais avec un ami membre du groupe Dead Duck. Il avait apporté un harmonica et s’est mis à en jouer. Il ne savait pas vraiment comment manier cet instrument mais le son qu’il produisait m’était agréable. Du coup, j’ai souhaité commencer à en apprendre les rudiments. C’est grâce à cela que j’ai découvert l’univers du blues.

Il n’y avait donc pas d’antécédents familiaux, tu n’as pas reçu cet amour en héritage...

Non, malheureusement je n’ai pas eu cette chance.

Est-ce ce musicien du groupe Dead Duck qui t’a aiguillé, afin de découvrir tel ou tel artiste, ou cette recherche t’était-elle personnelle via des albums ou internet ?
Compte tenu de la génération dont je suis issu, internet m’a été d’un grand secours dans ce but… Sinon, ce soir-là, le musicien en question m’a prêté son harmonica… ce que je déconseille à tout le monde de faire, surtout en fin de soirée (rires) !
En fait, c’est en tapant les termes « harmonica » et « blues », sur mon moteur de recherches préféré, que je suis tombé sur Sonny Boy Williamson II. Autant dire que j’ai pris une « grosse claque », c’est lui qui m’a poussé à me lancer… et personne d’autre (rires) !

Pendant combien de temps ne t’es-tu concentré que sur l’art de l’harmonica ,
Environ pendant 4 mois…

L’apprentissage de la guitare est donc venu immédiatement après...
Après avoir découvert Sonny Boy Williamson II, j’ai écouté beaucoup de blues et je voulais absolument jouer cette musique avec des gens. J’ai eu du mal à trouver des jeunes alsaciens de ma génération qui partagent cette passion. Du coup, j’ai acheté une petite guitare classique sur laquelle j’ai « collé » mon harmonica. Comme ça marchait très bien, j’ai appris de cette manière…

Outre Sonny Boy Williamson II, quels sont les artistes qui ont eu un réel impact sur toi ?
 Il y a eu des harmonicistes comme Little Walter puis des artistes tels que Son House qui, lui, s’accompagnait aussi à la guitare. Je peux également citer Robert Johnson (qui a ses débuts était harmoniciste) et tant d’autres
Les énumérer nous prendrait toute l’heure de cette émission (rires) !

Avant cette fameuse soirée d’Halloween, écoutais-tu de la musique ou étais-tu plutôt indifférent à cet art ?
J’écoutais un peu de musique mais mon premier vrai frisson musical est lié à ma découverte du blues. Comme beaucoup de personnes j’ai « tilté » en entendant Led Zeppelin, qui utilisait aussi l’harmonica. C’est un groupe culte qui a la capacité de faire chavirer n’importe qui.
A cette époque-là c’est son côté blues qui m’intéressait le plus chez lui, il était plus convivial et expressif que son côté rock. Pour moi il est à l’origine du premier « stoner blues » avec le morceau « When the levee breaks », l’un de mes titres préférés de ce combo…dd

Quel est, pour toi, le mot qui traduit le mieux ton amour blues ?
Le mot partage… car le blues est un partage de douleurs… de choses qui nous font un peu « chier », ainsi qu’un partage de bonnes soirées alcoolisées… durant lesquelles on a très vite tendance à attraper un instrument et à se laisser aller.

Qu’est-ce qui t’a poussé à te produire dans une formule one-man band ?
C’est la formule la plus simple pour faire du bruit ! De plus, il n’est pas nécessaire d’attendre les autres pour répéter et de s’appuyer sur eux afin de composer des chansons.  Tout est relativement aisé, même s’il est parfois un peu long de devoir systématiquement conduire sa camionnette tout seul.

Avais-tu intégré des groupes avant de te lancer dans cette aventure ?  
J’ai fait quelques tentatives de groupes, mais elles n’ont jamais abouti. J’ai aussi joué de l’harmonica sur un album de Dead Duck et à ses côtés sur scène. La formule groupe est très bien mais il faut trouver les gens avec lesquels on peut partager toutes ses envies. Si pendant mes concerts je veux improviser ou partir en délire sur un morceau, libre à moi de le faire…

Le one-man band n’est pas un phénomène nouveau (on en trouve la trace dès le XIII ème siècle !) même s’il revient à la mode depuis quelques temps. As-tu approfondi tes connaissances dans le domaine en ce qui concerne le blues ?    
J’en ai, principalement, écouté un qui est Doctor Ross. C’est un incontournable… Sinon, car pour moi c’est un one-man band, il y a John Lee Hooker qui aurait pu se contenter de taper du pied sur tout un album pour nous faire bouger la tête.

Outre Dead Duck, as-tu pu compter sur l’appui d’autres musiciens lorsque tu t’es lancé dans cette carrière ?    Effectivement, les membres de Dead Duck ont une grand part de responsabilité dans ce que je fais actuellement. Ils sont, pour moi, à la fois de très bons amis et musiciens. C’est en faisant leur première partie que j’ai donné mon premier concert. Sinon j’ai beaucoup d’autres proches musiciens, qui ont tous eu de l’influence sur moi.

Ton blues est très ouvert puisque tes goûts vont de Sonny Boy Williamson II et Son House à Scott H. Biram et Mark Porkshop Holder. Finalement, comment définirais-tu ta propre musique ?
Je dis que c’est du blues-garage, pour la bonne et simple raison que j’essaye d’avoir un son garage qui se rapproche de celui des années 1990. Je suis assez grunge, tout en faisant du blues, ce qui peut déplaire à certains « puristes ».

Est-ce qu’il y a des groupes, venus d’univers musicaux différents, qui t’intéressent ?    
Oui, ne serait-ce que Nirvana pour la voix de Kurt Cobain…    J’aime aussi beaucoup les Beatles, les Rolling Stones et de nombreux autres musiciens...

Tu connais par cœur une quinzaine de titres de Calvin Russell, que tu reprends régulièrement sur scène (Dirty Deep venait d’interpréter « Rats and Roaches » en live dans l’émission), comment t’est venue ta passion pour cet artiste ?    
Pour moi, c’est l’une des personnes qui a le mieux réussi à gérer les traditions musicales texanes en y associant le rock’n’roll repris par les blancs. De plus, c’est un merveilleux songwriter… ses paroles sont très touchantes, on peut facilement s’y identifier.

Peux-tu me présenter ton premier album « Back To The Roots » ?    
Le titre fait référence à sa pochette, qui est un vrai retour aux racines avec sa camionnette rouillée. De plus, je l’ai enregistré dans mon garage en analogique, sur bandes. C’est donc un live dans mon garage, juste en face de la porte (rires) !    On pouvait difficilement faire plus roots (rires) !

Avec ton ingénieur du son, avez-vous utilisé du vieux matériel ? 
Oui, relativement, même si je ne sais pas d’où il a sorti son matériel (rires) !  Je lui ai fait confiance sur la totalité du projet…   L’ensemble, une fois dépoussiéré, tournait plutôt bien !

Peux-tu revenir sur l’inspiration qui s’émanait de toi tout au long de l’écriture des morceaux ?
J’ai abordé des thèmes « basiques », propres au blues… si on veut tout mettre dans un gros sac. Je parle donc forcément des femmes, de la route, du travail et d’autres trucs qui nous pèsent un petit peu dans la vie de tous les jours.

Les femmes te pèsent ?
   
   
Oui, les femmes me pèsent… à moins que ce soit moi qui «pèse » les femmes (rires) !    Tout ce que j’évoque dans le disque est inspiré par des anecdotes et expériences que j’ai vécues dans les mois précédents son écriture.

As-tu eu l’occasion de tester tes chansons sur scène avant de les enregistrer ?  
C’est l’une de mes grandes tares, car bien sûr j’en ai plusieurs, je ne travaille pas assez mes morceaux (rires). Ceci dit, la plupart de ceux que l’on retrouve sur ce CD ont été testés sur scène. D’autres n’ont été finis que la veille de l’enregistrement… c’est un petit souci qui ne tient qu’à moi (rires) !

Avant cet album, tu avais sorti un EP. Etait-il constitué des premières moutures de quelques-unes de ces chansons ?   
Il s’agissait de morceaux totalement différents, dans un registre qui n’était pas tout à fait le même. C’était un peu plus « folky-garage »…

Donc, il existe le rock’n’roll garage, le blues garage mais aussi le folk garage (rires)…
Oui mais cet EP n’a pas été enregistré dans un garage… mais dans mon appartement !

C’est donc du « folk appartement » !   
Oui c’est exactement ça, du « folk appartement » (rires) !

Depuis la sortie de « Back To The Roots », tu tournes de plus en plus. Quels sont tes meilleurs souvenirs scéniques à ce jour ?
Il y en a un qui me vient directement à l’esprit… mais je ne m’en souviens pas entièrement (rires) ! C’était en Bretagne (Binic Folk Blues Festival 2012, nda) et j’avais joué après le groupe de rock-blues psychédélique californien Radio Moscow. Il est d’ailleurs très visible que ses membres sont originaires de Californie (rires) ! On va dire que, ce soir-là, je suis monté un peu de travers sur scène et que je ne me souviens pas de tout le concert. J’ai tiré des leçons de cette expérience et, depuis, je n’ai pas réitéré cet exploit (rires) !   

Sinon, je garde un grand souvenir de ma première partie de Scott H. Biram, durant laquelle ce dernier est venu taper des mains devant la scène pendant mon concert. C’était un grand moment d’émotion (rires) !   
On va dire que tous les concerts représentent de grands instants scéniques (rires) !

Le Binic Folk Blues Festival semble être une manifestation importante pour toi…  J’y ai joué deux années d’affilées, en y donnant à chaque fois trois concerts sur les scènes officielles. C’était incroyable et j’y ai fait de nombreuses rencontres essentielles. C’était, par exemple, le cas avec Left Lane Cruiser et Black Diamond Heavies, qui comptent actuellement parmi mes groupes préférés. De rencontres humaines et musicales qui ont bouleversé mon train-train habituel.

Des contacts se sont-ils noués entre vous ?  
Je reste en contact avec tous les américains rencontrés à Binic. Ils m’ont même proposé un hébergement pour l’an prochain, car je prévois de leur rendre visite.

Revisites-tu tes morceaux d’un concert à l’autre ?   
Disons que je retravaille leurs bases tout en les jouant de la même manière. Dans un concert, on ne sait jamais trop ce qu’il peut se passer. Au final, je laisse une grande part à l’improvisation. C’est d’ailleurs ce qui fait le blues, si tout était réglé comme sur du papier à musique… ce ne serait plus du blues…

Fais-tu beaucoup de reprises sur scène ?
Je n’en chante pas tant que ça, car mon répertoire personnel me permet déjà de tenir la scène pendant une heure et demi. Il m’arrive cependant de jouer des morceaux qui me tiennent à cœur, signés par des artistes importants à mes yeux. Je finirai donc toujours mes concerts par une reprise et par un ou deux titres improvisés. Ceci en partant d’une structure blues toute simple, sur laquelle j’improvise des paroles qui traduisent mes pensées du moment…

Peux-tu évoquer tes projets ?   
Je commence à écrire mon prochain album dont neufs morceaux sont déjà presque terminés. Je compte l’enregistrer à la fin du mois de juillet 2013. En outre, je ferai une tournée d’été et donnerai, auparavant, quelques concerts avec mon fameux acolyte Thomas Schoeffler Jr. On se marre bien ensemble ! Je possède, d’ailleurs, tout un calepin avec des anecdotes liées à nos pérégrinations communes. Je raconte tellement de conneries lorsque je suis au volant qu’il est obligé de toutes les écrire !Parfois, j’ai un peu honte lorsqu’il me les ressort (rires) !

Souhaites-tu ajouter un mot de la fin ?  
Mais y-a-t-il une fin (rires) !  Vivez blues, vivez musique et écoutez Sonny Boy Williamson !


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Interview réalisée au
Studio RDL
à Colmar le 20 février 2013

Propos recueillis par
David BAERST

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