The Dixie Hummingbirds
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Interview d'Ira Tucker, leader de la formation depuis 1938

Comment arrivez-vous à garder l'âme du groupe en transmettant le flambeau de génération en génération ?
Cela n'a pas toujours été facile, mais c'est une tradition que nous essayons de faire perdurer. Il y a peu de temps, nous avons encore perdu quatre membres du groupe. Depuis toutes ces années, il y a une trentaine de membres qui se sont succédés les uns après les autres. Il y a peu de temps, d'autres remaniements sont encore intervenus.

Vous n'avez jamais interprété autre chose que du gospel. Est-ce dû à un choix ou à un manque d'opportunités ?
Depuis que j'ai rejoint les Dixie Hummingbirds (il y a soixante cinq ans), j'ai eu beaucoup d'occasions d'interpréter du blues ou de la soul ; de la musique profane.
Mais lorsque j'ai débuté dans le groupe, j'étais très jeune et ma mère m'a dit : " tu feras du gospel et rien d'autre ". Du coup, je n'ai jamais eu le courage d'interpréter de la musique profane (rires).

Que pensez-vous de ces affiches de festivals qui mélangent les genres ?
Je ne me sens pas concerné. Il y a longtemps, nous avons partagé pendant six mois la scène d'un club new-yorkais avec Lester Young.
De mon point de vue, il ne faut pas juger les autres, mais amener le public qui est venu écouter du blues ou du jazz à aimer notre musique.

Sister Rosetta Tharpe disait que vous chantiez comme elle et vous appelais " mon bébé ". Pouvez-vous nous parler de cette époque ?
Elle était comme ma sœur musicienne. Nous avons joué ensemble des années durant. Je l'ai rencontrée en 1939. A l'époque, j'étais baryton. Le premier morceau que j'ai interprété en tant que leader était " Free me Jésus " qui était un titre de Sister Rosetta Tharpe. C'est à ce moment-là que nous avons commencé à faire des tournées communes.

Est-ce que, pour vous, le fait de mélanger musique sacrée et musique profane, comme le font certains artistes, est compatible ?
De façon plus personnelle, cela peut m'arriver. Ça dépend du contexte. Dans certains festivals, on demande aux artistes d'interpréter pour le final un morceau qui peut être profane ou sacré. Dans ce genre de contexte, tu te sens obligé de le faire.

Est-ce que, dans la tradition, votre musique se joue à des moments précis ?
En fait, c'est très simple. Quand tu en as envie, tu chantes !

Il n'y a que des hommes dans votre groupe : choix ou hasard ?
De façon générale, on voit de plus en plus de femmes et d'enfants dans les groupes de gospel. Certains de ces groupes sont parfois constitués de familles entières. Le père, la mère et les enfants …
En ce qui concerne les Dixie Hummingbirds, s'il n'y a pas de femmes, c'est un choix. Quand tu es en tournée sur la route, le fait d'avoir des hommes et des femmes dans le groupe peut être un problème (rires).

Comment expliquez-vous la longévité des groupes de gospel ?
C'est une combinaison de deux choses. D'abord la façon de prendre soin de soi-même, quand on est sur la route …
Donner le meilleur de soi-même, mais sans jamais tenter de brûler la chandelle par les deux bouts et au milieu en même temps. Il ne faut pas essayer d'être le meilleur mais il faut donner le meilleur de soi.
Il ne faut pas arnaquer les gens. Moi, je veux ce qu'on m'a promis et rien de plus.
Il y a aussi la foi. J'ai rejoins les Dixie Hummingbirds en 1938 quand j'avais quatorze ans et je suis toujours là.

 

 
Interviews:
Les photos
Les vidéos
Les reportages
 

Les liens :

Interview réalisée au
Cognac Blues Passions 2004

Propos recueillis
par David BAERST

 

 

Le
Blog
de
David
BAERST
radio RDL