Drew Davies
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Solidement implanté sur la scène blues française depuis quelques années, le saxophoniste gallois Drew Davies fait preuve d’une impressionnante  dépense  d’énergie lorsqu’il se produit devant un public. Si sa motivation est énorme, son égo est beaucoup moins prononcé.   

Pour Route 66, il revient enfin sur son cheminement musical… et sur son entrainante musique qui puise ses origines dans les clubs d’Harlem de la première partie du XXème siècle.

Drew, tu as la chance de pouvoir t’appuyer sur un très bon groupe constitué de musiciens français. En quels termes pourrais-tu me les présenter ?
Le premier à m’avoir rejoint est Pascal Fouquet (ex Hoodoomen, nda), un excellent guitariste originaire de Normandie. Sa renommée n’est plus à faire, tant sa personnalité est intégrée dans le paysage blues hexagonal. Je l’ai rencontré en même temps que le pianiste Fabien Saussaye dont le cursus d’accompagnateur est tout aussi impressionnant. Après quelques changements de line-up, j’ai eu la chance de pouvoir m’adjoindre les services du talentueux Simon « Shuffle » Boyer. Ce batteur, aussi à l’aise dans le blues que dans le jazz, a joué derrière de nombreuses pointures… aussi bien françaises qu’américaines. Il est inséparable du contrebassiste Thibaut Chopin qui, de ce fait, me fait aussi bénéficier de toute son expérience et de sa maitrise. Plus récemment c’est Jean-Marc Labbé, au saxophone baryton, qui s’est greffé à notre orchestre qui, grâce à lui, prend encore davantage de d’ampleur.dd

Est-ce qu’en arrivant en France, il y a une dizaine d’années, tu t’attendais à rencontrer des musiciens possédant de tels talents et de telles connaissances dans la musique que tu pratiques ?
Au départ, je ne suis pas venu en France pour y exercer la profession d’artiste.  Ceci-dit, au fur et à mesure de mes rencontres avec des musiciens de ce pays, je me suis rendu compte que je ne m’attendais pas à un tel niveau.
D’un autre côté, je n’ai jamais réfléchi en ces termes et quoiqu’il en soit je peux t’affirmer que je suis actuellement accompagné par un groupe au sein duquel je me sens particulièrement à l’aise.

Tu es britannique, peux-tu me parler de tes origines exactes et de la manière dont tu as découvert la musique ?
Je suis originaire du Pays de Galles.  Alors que j’étais âgé de 7 ans, mes parents ont quitté ce pays afin de rejoindre l’Angleterre. Nous nous sommes installés à environ 80 kilomètres de Londres. Ma mère étant une passionnée de rock’n’roll américain des années 1950, je me suis retrouvé confronté à cette musique qui m’a particulièrement marqué.  Vers mes 8 ans, je suis devenu chanteur soliste au sein de la chorale de mon école. Là, par contre, il s’agissait de chansons chrétiennes.
Par la suite, au Lycée, je me suis tourné vers la basse puis la guitare. J’ai travaillé intensivement l’art du dernier instrument cité pendant dix ans, puis je me suis plongé dans l’apprentissage du saxophone ténor. C’est ce que l’on appelle un changement radical…Pour être complet, j’ajouterai que je me suis remis à chanter il y a une dizaine d’années… lorsque j’ai eu l’idée de former mon groupe.

Lorsque tu t’es lancé dans l’apprentissage du saxophone, étais-tu intéressé par ce que faisaient des spécialistes de cet instrument. Je pense, par exemple, à des gens tels que Big Jay McNelly (dans un registre blues shouter) ou A.C Reed (dans un registre Chicago blues) ? 
A mes débuts, je ne les connaissais pas. La vraie révélation a été, pour moi, la découverte de la musique de Louis Jordan. Je suis resté « scotché » sur ce chanteur-saxophoniste durant des années entières. Au départ, mon groupe a presque été formé dans le but de lui rendre hommage.  C’est avec lui que j’ai découvert le mélange de jazz et de blues et aussi le simple fait d’être saxophoniste dans ces registres musicaux (même si on retrouve davantage de saxophone dans le jazz que dans le blues). Mes recherches m’ont alors permis de connaitre la musique de Sam Butera (saxophoniste de Louis Prima). C’est dans sa lignée que je me suis, par la suite, intéressé à des gens tels que Red Prysock, Plas Johnson, Big Jay McNelly etc… Tous ces mecs-là m’ont énormément influencé mais je n’irai pas jusqu’à dire que je suis un spécialiste du blues dans le sens le plus pur du terme. Mon registre est, par exemple, assez éloigné de celui d’A.C Reed dont tu parlais. Je ne suis pas encore arrivé à cette « dimension » du blues. Pour le moment, je reste ancré dans le crossover du jump et de ces sons-là.

Des sons qui, finalement, restent les origines du rock’n’roll… 
Oui, bien sûr !  C’est le « mélange » dans lequel tous les saxophonistes trouvent leur compte.

Outre les saxophonistes, quels étaient tes artistes de prédilection lorsque tu as commencé à jouer de la musique ?
Beaucoup de musiciens m’ont marqué… En jazz, il y a les grands orchestres de swing comme ceux de Count Basie ou de Duke Ellington que j’apprécie pour leurs côtés rythmiques. Le swing est vraiment essentiel dans la musique que nous faisons…Il m’est difficile de te donner des noms car à chaque fois que j’en cite un, je dois en oublier 200 autres…

Lorsque tu as décidé de te lancer dans une carrière musicale. T’a-t-il été facile de te faire une place sur la scène française ?
Tout pays possède son propre fonctionnement en ce qui concerne les différents circuits musicaux. J’ai fait des rencontres qui m’ont aidé. Par exemple, la reconnaissance du groupe, qui date des années 2007-2008, est liée au fait que nous avons commencé à accompagner le célèbre chanteur et pianiste anglais Mike Sanchez. Cette collaboration a débuté à Paris alors que ce dernier devait se produire, dans un petit endroit de la capitale française, pour une seule date. Tout a bien marché entre nous et Mike. Tant et si bien que cette aventure se poursuit toujours. Maintenant nous faisons 20 à 30 concerts par an avec lui. S’il ne se lasse pas de nous, nous pouvons en dire autant à son sujet.

D’ailleurs, au moment où nous enregistrons cet entretien, je peux te dire que nous serons dans deux jours au Breda Jazz Festival (Pays-Bas) avec lui. Cette collaboration nous a aidés… tout comme le fait de pouvoir compter sur les réseaux des musiciens du groupe. Ainsi Pascal et Fabien sont très impliqués dans le blues alors que Simon a beaucoup de relations dans le monde du jazz traditionnel (en plus du blues). Thibaut est implanté dans le blues et le rock’n’roll, donc notre cercle s’élargit de plus en plus.

Penses-tu que le fait d’être originaire de Grande-Bretagne a été un avantage pour toi. Les gens se sont-ils davantage ouverts en se disant « il vient d’Angleterre, ses connaissances doivent être solides » ?
Oui et non dans la mesure où l’avantage majeur réside dans le fait d’être anglophone, ce qui aide en ce qui concerne le chant. Puis il y a cette image de « pureté » liée au fait d’être anglais ou américain. Cependant il y a toujours un certain historique puisque les français et les anglais ne se sont jamais entendus sur de nombreux points (rires). Si je ne suis pas considéré comme les américains, le fait d’être anglophone quand tu es chanteur continue d’être un avantage non négligeable…
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Peux-tu me parler de ta discographie à ce jour ?
J’ai enregistré, au total, quatre albums à ce jour. Le premier « Ten Days Ten Nights » date de 2008 et avait été réalisé avec Pascal Fouquet et Fabien Saussaye mais une autre section rythmique. Ensuite il y a eu un hommage au guitariste Tiny Grimes sur lequel j’ai invité des guitaristes de blues et de jazz (Anthony Stelmaszack, Nico Duportal, Stan Noubard-Pacha, Pascal Fouquet, Nicolas Pellier, Zeb Heintz…) rencontrés au quatre coins de la France. L’enregistrement s’était déroulé à « l’ancienne » avec tous les protagonistes dans la même pièce et chacun choisissait les titres sur lequel il voulait intervenir. Puis il y a eu « Wild Man Walk » (2010), principalement constitué de reprises de morceaux datant des années 1950. Mon dernier disque en date est « You Make Me Shake » (2012) constitué de 10 compositions personnelles et de deux reprises.

Tu évoquais Mike Sanchez mais tu as aussi travaillé avec des artistes, très confirmés, qui vivent en France (Shanna Waterstown, Fred Chapellier…). As-tu beaucoup appris à leurs contacts ?
Oui, avec tous…Dans la sphère musicale, tout le monde connait les avantages liés au fait de travailler avec Fred Chapellier. C’est un homme extrêmement gentil doublé d’un véritable virtuose de la guitare. Il possède un univers artistique qui lui est propre ainsi qu’une solide expérience.
J’ai également travaillé avec Big Dez, lors d’une tournée qui incluait aussi le chanteur et bassiste américain Mike Cross. C’était très bref mais aussi très enrichissant.

Mon projet avec Shanna Waterstown date d’il y a à  peine un an et touche davantage au rhythm and blues des années 1960 (Aretha Franklin, Etta James, Ray Charles etc…), ça fonctionne bien. Cela nous ramène à une musique binaire et non ternaire, ce qui est intéressant pour le groupe. Cela nous ouvre d’autres horizons… Depuis le début de l’année dernière, nous travaillons aussi avec un américain vivant au Canada. Il s’agit de Kenny « Blues Boss » Wayne qui est une vraie « crème ». Plus gentil que lui je ne connais pas…C’est vraiment un artiste exceptionnel puisqu’il est un formidable pianiste et chanteur. Il possède énormément de feeling, beaucoup de groove et a beaucoup à apporter à la musique.  Ses compositions sont superbes et il rend de très beaux hommages à Fats Domino. A chaque fois qu’il interprète une chanson de cet artiste, on y est vraiment. Nous avons déjà une tournée commune qui se prépare pour le mois d’août 2013 et une autre pour le mois de mars 2014 (presque une date par jour).

As-tu encore des rêves de collaborations, aussi bien avec des artistes français qu’anglo-saxons ?
Oui, les « grands », les plus connus (rires) ! Plus sérieusement, je te dirai non… pas particulièrement. Je ne me dis jamais que j’aimerais bosser avec tel ou tel artiste. Les rencontres se présentent d’elles-mêmes et ça marche ou non.  Sinon j’aurais, bien sûr, adoré jouer aux côtés de Louis Jordan ou de Louis Prima (dans le même orchestre que Sam Butera) ! Je suis ouvert à toute proposition qui pourrait se présenter…

Outres tes tournées avec ton propre groupe, ou aux côtés de Kenny « Blues Boss » Wayne, as-tu des projets ?
Pas spécialement…  Cette période marque la continuation de tout ce qui existe déjà, ce qui nous coûte déjà pas mal de temps (rires) ! Je pense que nous travaillerons sur deux nouveaux disques en 2014. L’un avec le groupe et l’autre, peut-être, avec Kenny « Blues Boss » Wayne. Ce dernier semble assez motivé à l’idée d’enregistrer des sessions en notre compagnie. Il n’est donc pas impossible que la chose se réalise…

As-tu une conclusion à ajouter ? 
Pas forcément…  J’aimerais juste pousser tes lecteurs et auditeurs à venir nous voir lors de nos concerts (rires). Cela nous fera toujours plaisir (rires) !


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Interview réalisée au
Jazz Festival – Munster
le 9 mai 2013

Propos recueillis par
David BAERST

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