Nda : C’est Barrie Masters chanteur (et dernier membre fondateur en activité) d’Eddie And The Hot Rods qui s’est chargé, quelques minutes avant de monter sur scène, de répondre à ces questions. Plus de 35 ans après avoir atteint la plus haute marche des charts anglais avec « Do anything you wanna do » (et partagé la scène avec The Ramones, Sex Pistols, The Clash, Police etc…), il a prouvé que son groupe n’a rien perdu de son énergie. A l’instar de ses amis, membres de Dr Feelgood, il peut se targuer d’avoir permis au mouvement pub rock d’avoir marqué, à tout jamais, l’histoire du rock anglais.
Sur un plan musical, depuis les débuts du groupe, quels sont pour toi les principaux changements qu’il y a eu au sein d’Eddie And The Hot Rods ?
Le changement principal est bien sûr lié aux personnes en elles-mêmes.
En effet, notre line-up original (Barrie Masters au chant, Dave Higgs et Pete Wall aux guitares, Rob Steel à la basse, Steve Nichol à la batterie, nda) a beaucoup évolué.
D’ailleurs, pour anecdote, notre batteur actuel (Simon Bowley, nda) est le neveu de Steve Nichol qui tenait les baguettes à nos débuts.
Nous avons conservé notre structure avec deux guitaristes (aujourd’hui Richard Holgarth et Chris Taylor) et un bassiste (Dipster), nous demeurons un quintet.
Le résultat que nous obtenons ensemble est, à mon sens, très bon… nous travaillons bien !
En dehors de cela, notre style est passé du rhythm and blues et de la musique pub rock standard à un son encore plus direct et sauvage. Le punk, le rock and roll et le rhythm and blues en sont les trois composantes essentielles. Nous restons un groupe très percutant et incisif.
Notre but est de continuer à faire évoluer notre musique mais surtout… de garder nos pieds solidement ancrés dans le rock and roll !
Comment expliques-tu la longévité de ce groupe formé en 1976 (à Southen, Canvey Island dans l’Essex anglais) ?
(rires) C’est une chose que je ne pourrais pas expliquer précisément…
Je pense que c’est, avant tout, une question de plaisir. Nous sommes un groupe de scène, pas de studio.
Nous prenons notre plaisir en nous produisant devant un public et ce à longueur de temps. Nous passons notre vie sur la route et jouons autant que nous le pouvons, dans tous les types d’endroits possibles. Puis, notre entente est très bonne… il n’y a pas de secret !
Quand tu passes ta vie avec d’autres musiciens il faut forcément qu’il y ait des atomes crochus entre vous. C’est le cas pour tous les groupes qui existent depuis longtemps…
Nous aimons ce que nous faisons et partageons les mêmes racines, même si nos goûts personnels peuvent varier. Nous écoutons tous des styles musicaux différents mais nous y trouvons toujours des dénominateurs communs. C’est grâce à cela que nous sommes toujours en activité et que perdure le son des Hot Rods !
Quels sont les mots d’ordre du groupe en 2012 ?
Let’s get drunk again (rires) !
Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans un très bel endroit… c’est très cool !
Toutes les conditions sont réunies pour faire un bon concert de rock and roll.
Si nous sommes ici, c’est à l’initiative du groupe The Doctors avec qui nous allons partager la scène.
Notre but, pour le moment, est donc simplement de passer du bon temps… et de donner le meilleur de nous-mêmes.
La scène pub rock constitue-t-elle toujours une sorte de famille, quelles sont tes relations avec des groupes tels que Dr Feelgood, Nine Below Zero ou The Inmates ?
Elles sont très bonnes…
Nous essayons de rester en contact autant que possible, même si ce n’est pas toujours facile…
Si nous ne nous croisons plus de manière très régulière, cela est lié à un problème très simple.
C’est un soucis que l’on retrouve aussi bien en Angleterre, qu’en Allemagne, qu’en France et dans le reste du monde. Il devient, en effet, de plus en plus difficile de se produire devant un public… de donner un concert. De nos jours, les spectateurs n’ont pas forcément l’argent nécessaire pour se permettre d’aller assister à un spectacle. Afin de remédier à ce problème nous essayons, dès que nous le pouvons, de nous réunir afin de participer à une soirée commune. De ce fait, en achetant un seul billet, le spectateur peut voir non pas un mais trois ou quatre groupes.
Nous avons testé ce concept l’an dernier en France et, du coup, nous avons eu beaucoup de travail ! Cela a bien marché…
C’était une tournée nommée « Legends Of Pub Rock Tour » qui s’est déroulée sur deux semaines (onze dates réparties sur treize jours entre le 11 et le 23 octobre 2011, nda). Les gens pouvaient donc venir et assister à de bons concerts de rock dès la fin de l’après-midi. Faire cela nous a procuré beaucoup de plaisir. C’était « fun » pour nous et le public était aux anges.
C’était formidable de nous retrouver tous ensemble, pour cette tournée, avec les membres de Dr Feelgood et de Nine Below Zero (et aussi le groupe français Classic And Troubles, nda). C’était bon de faire du bruit chacun à notre tour, vraiment « fun » !
Qu’est donc devenue la marionnette d’Eddie (le nom du groupe provient de cette fameuse marionnette que Barrie agitait sur scène aux débuts du groupe) ?
(rires) Oh, elle n’avait pas la vie facile et a été très abimée durant notre collaboration…
Elle est morte d’une manière très sauvage (rires) !
Où cherches-tu ton inspiration aujourd’hui ?
Dans tout ce qui peut se passer chaque jour de la vie…
J’ai la chance, avec le groupe, de pouvoir beaucoup voyager et de tourner à travers le monde.
Je peux ainsi observer le quotidien de chaque pays.
Je suis toujours très surpris de mes rencontres, comme celle avec un jeune garçon que j’ai pu croiser lors de nos concerts américains. Il avait aux alentours de 25 ans et connaissait les textes de toutes nos chansons. Je le retrouvais à chaque concert de notre tournée aux USA. Un jour il m’a dit « c’est incroyable, tu comprends parfaitement ce que je ressens, comment fais-tu cela ? » (rires) !
Je n’ai pas pu lui donner de réponse, c’est très dur à expliquer puisque nous ne sommes pas de la même génération. J’ai dû lui dire que j’ai exactement vécu les mêmes choses que lui plus tôt, que nos jeunesses sont marquées par de nombreux points communs. C’est une expérience qui va peut être m’inspirer pour une chanson, les frustrations de la jeunesse à travers plusieurs générations…
Davantage que les Bee Gees, le groupe Eddie & The Hot Rods sait ce que les gamins peuvent ressentir le vendredi ou le samedi soir lorsqu’ils sortent et essayent de s’amuser.
Nous savons ce que sont leurs frustrations…
Musicalement parlant, de quels groupes actuels, te sens-tu le plus proche ?
Hum… ce n’est pas évident de répondre à cette question…
Il y a un jeune groupe américain que j’aime beaucoup, il se nomme Prima Donna.
Puis, il y a Green Day que je trouve très bon.
Je constate que, dans chaque pays que je traverse, il y a de très bons et jeunes artistes actuellement.
C’est aussi le cas en France. J’y apprécie beaucoup deux groupes de filles avec lesquels j’ai partagé la scène ces derniers mois. Il y en a un dont je n’arrive pas à me souvenir du nom mais le deuxième se nomme Psycho Pussy, il est vraiment très bon !
C’est vraiment « fun » de voir tous ces nouveaux groupes débarquer, c’est très rafraichissant pour la musique en général !
Es-tu surpris de constater que de nombreux jeunes, y compris en France, s’intéressent toujours au pub rock ?
Oui… mais c’est à la fois surprenant et non surprenant…
Je suis surpris parce que ce genre à, actuellement, tendance à redevenir de plus en plus populaire.
Aux USA, certains jeunes se comportent de la même manière que nous au même âge. Ils sont très attentifs aux textes et aux musiques. Je constate que nous vivons les mêmes choses et avons les mêmes ressentiments, bien que 35 ans séparent ces deux périodes. Nous cherchons à vivre les mêmes bons moments après l‘école. C’est sympa de constater cela…
Sinon j’adore les jeunes français ! Ils sont pour moi, actuellement, le meilleur public de rock and roll au monde. J’aime vraiment le public français…
As-tu des amis au sein de la scène rock française ?
Il faut que tu vois ma page facebook, tu y trouveras tous mes amis français !
Pour en revenir à nos débuts, à partir du milieu des années 1970, le premier groupe français que j’ai côtoyé était Little Bob Story. Je continué d’échanger avec lui depuis tout ce temps…
J’ai aussi partagé la scène avec Téléphone et beaucoup d’autres tout au long de ces années.
Aurais-tu un message en particulier pour ton public ?
Keep on keepin’ on !
Aujourd’hui je peux, un peu près, m’offrir tout ce que je souhaite. J’ai beaucoup travaillé pour cela…
Cependant, cela devient de plus en plus difficile pour les gens…
Si je peux, à ma manière, leur apporter un peu de joie… je le ferai toujours avec plaisir.
Garder le sourire est une chose très importante.
Quelle est ton opinion sur les mésaventures du groupe Pussy Riot en Russie ?
Oh….
Il est difficile de parler de cela… à tout ce qui touche à la politique.
J’essaye de me tenir à distance de ce domaine…
Aux alentours des années 80, nous étions un groupe qui ne se préoccupait que du rock and roll et du punk. Nous n’avions pas d’autre message. Encore aujourd’hui, il n’y a que ça qui nous excite (rires) !
Peux-tu me parler de tes projets les plus immédiats ?
A la fin du mois d’octobre ou au début du mois de novembre, Universal sortira un double album du groupe. Il sera composé d’anciennes chansons…
Nous allons aussi « mettre en chantier », après les fêtes de fin d’année, un nouveau disque prévu pour 2013. Nous prendrons le temps d’en faire la promotion et de le défendre sur scène. Ces sorties constituent une belle série pour nous. Notre actualité est favorable, nous avons beaucoup de bon travail en perspective (rires) !
Aurais-tu une dernière chose à dire à ton public français ?
J’aimerais avoir, davantage, l’occasion de venir ici et d’y passer du temps.
J’adore ce pays et ses habitants. Je ne peux que tous les pousser afin de venir nous voir en concert, afin que nous passions du bon temps ensemble !
Remerciements : Yvan & The Doctors
www.eddieandthehotrods.com
www.myspace.com/eddieandthehotrods
https://www.facebook.com/TheHotRods?rf=109524995732429
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