Eric McFadden - Hôtel de l’Ange - Guebwiller le 21 novembre 2011
Eric, tu effectues cette nouvelle tournée européenne avec le Eric McFadden Trio. Peux-tu me le présenter, car tu as vraiment des musiciens fantastiques avec toi?
Oui, ce trio est constitué par moi-même, bien sûr, à la guitare et au chant. A mes côtés, nous retrouvons James Whiton à la contrebasse et Marco Bazzi à la batterie.
Je joue avec James depuis maintenant 10 ans mais je le connais depuis une vingtaine d’années. Nous nous sommes rencontrés à Albuquerque au Nouveau-Mexique. Dans le passé, il a prêté son talent à de nombreux groupes mais, après quelques années passées à travailler sur des projets différents, nous nous sommes retrouvés. Je crois que notre premier concert commun s’est déroulé à Seattle, depuis nous tournons régulièrement ensemble et j’ai enregistré quelques disques en sa compagnie. Notre batteur change plus régulièrement… Nous avons, par exemple, eu le plaisir d’être accompagnés à ce poste par Paulo Baldi (également musicien du groupe Cake par exemple) avec lequel nous nous avons effectué quelques tournées et que tu peux retrouver sur deux de nos albums. Marco, quant à lui, est vraiment formidable. Nous l’avons rencontré il y a deux ans aux Etats-Unis, bien qu’il soit originaire d’Italie. Nous sommes très contents de jouer avec lui actuellement.
Pour en revenir à James, je le considère comme l’un des meilleurs bassistes de la scène actuelle. Tu as d’ailleurs pu t’en rendre compte par toi-même… J’en ai rarement entendu d’aussi talentueux que lui (rires) !
Nous ne sommes pas les seuls à avoir pu nous en rendre compte puisqu’il a également été repéré par Tom Waits. D’ailleurs il est présent sur le dernier album de ce dernier (5 à 7 morceaux du très bon « Bas as Me » en fonction des versions, nda). Il doit en être très fier puisque nous sommes tous les deux des grands fans de Tom Waits.
James joue sur mes deux derniers albums (« Bluebird On Fire » et une compilation « Inside Out ») et je pense que notre collaboration n’est pas sur le point de s’arrêter.
Je tiens à préciser que « Inside Out » est une compilation constituée de quelques uns de mes anciens morceaux et par quatre chansons inédites, enregistrées pour la circonstance. James y a donc participé, c’est un disque principalement destiné au marché américain. Mes albums sortent, aux USA, sur le label PHYNE avec lequel il est très agréable de travailler. En Europe, j’ai la chance d’être distribué par Bad Reputation avec qui tout se passe également très bien…
Cette année, la tournée européenne du trio passe principalement par la France et l’Italie. Nous serons, bien sûr, de retour l’année prochaine…
De quelle manière pourrais-tu te présenter à ton public français ?
Si je m’en souviens correctement, mon nom est Eric Byron McFadden (rires) !
Je suis né à New-York mais j’ai passé une grande partie de ma jeunesse à Albuquerque au Nouveau-Mexique. Actuellement, je vis à San Francisco… et ce depuis de nombreuses années. Au fil des ans j’ai accumulé les expériences musicales au sein de nombreux groupes (Alien Lovestock, Far Away Brothers, Holy Smokes, Sons Of Crack Daniels etc…). J’ai également tourné aux côté de George Clinton Parlement Funkadelic avec qui j’ai également enregistré en studio. J’ai aussi partagé la scène avec Eric Burdon, le leader de l’inoubliable groupe des années 1960 The Animals. J’étais récemment en studio avec lui puisque je joue sur son nouvel album. Ces deux expériences sont des étapes importantes de ma carrière. C’est vraiment formidable de pouvoir faire de la musique avec de telles personnalités et de tels talents. Ce sont deux légendes et c’est un honneur de pouvoir travailler avec elles. Ces gens m’ont permis de parfaire mon éducation musicale…
Je tiens également à te parler du groupe Stockholm Syndrome avec lequel j’ai régulièrement travaillé en Europe depuis 2004. Ce jusqu’au dernier CD en date du combo, à savoir « Apollo », paru en 2011.
Comme tu peux le constater, je suis quelqu’un de très occupé… D’autant plus que je ne cesse de tourner sous mon propre nom avec mes différents groupes. Pour mon dernier album « Bluebird On Fire », j’ai eu la joie de pouvoir compter sur le talent de différents invités. Je peux te citer, en vrac, Dave Schools (aka Dave Smalls, nda) qui est le bassiste de Widespread Panic et qui a joué avec beaucoup de monde dont le groupe Gov’t Mule. Il y a aussi Dave Catching (Eagles Of death Metal, Queens Of The Stone Age etc…) aux claviers et à la guitare, Abby Travis (The Bangles, Tito & Tarantula, The Lovedolls, The Rails etc…) à la basse, Norwood Fisher (Fishbone…) également à la basse et quelques autres. J’ai un nouveau projet, sur lequel nous commençons à travailler, avec Norwood Fisher. Nous nous y consacrerons probablement avec Stephen Perkins, le batteur du groupe Jane’s Addiction…
J’ai vraiment encore beaucoup de choses à faire (rires) !
Ceci dit, je préfère rester très occupé plutôt que le contraire…
Comment expliques-tu ton besoin de tant enregistrer (rien qu’avec ses propres groupes, Eric McFadden a sorti près de 30 albums ces 15 dernières années, nda) et travailler ?
Je suppose que c’est pour cela que je suis né (rires) !
Je ne peux pas m’arrêter… J’adore la musique et créer des choses nouvelles. J’apprécie aussi la spontanéité, les rencontres avec de nouvelles personnes de la sphère musicale. C’est très agréable d’imaginer des combinaisons entre des musiciens venus d’horizons variés et d’explorer des territoires artistiques méconnus. C’est magique…
Je veux continuer à explorer et à apprendre de cette manière.
Tu sais, je ne peux vraiment pas m’arrêter…
Est-ce pour cette raison que tu as déménagé à San Francisco ?
Ce sont des amis, avec lesquels j’ai travaillé dans cette ville, qui m’ont poussé à m’y installer.
Ils ont vraiment insisté et je l’ai fait (rires) !
Je n’avais jamais imaginer y vivre auparavant…
A quand remontent tes débuts de musicien professionnel ?
J’ai commencé, dans des clubs, alors que j’avais 14 ans. Ceci dit, j’ai continué à exercer d’autres professions jusqu’à mes 25 ou 26 ans je crois…
Je me suis lancé à 100% dans la musique à partir du moment où j’ai constaté que je pouvais pleinement en vivre et, éventuellement, que j’étais devenu meilleur (rires) !
Quoiqu’il en soit, il faut toujours faire des sacrifices pour faire ce que tu aimes dans la vie.
De quelle manière t’es-tu découvert la passion de la guitare ?
Mon père en jouait et m’a mère en possédait également une… j’ai donc toujours été sous le charme de cet instrument.
Je me souviens que l’un de mes professeurs, à l’école, avait initié les élèves à la guitare. Il nous avait appris à jouer « Yellow Submarine » des Beatles. C’est après cette approche que j’ai décidé d’en pratiquer tout le reste de ma vie (rires) !
Mes parents ont fait le reste et m’ont beaucoup appris de par leur impressionnante collection de disques. J’ai commencé à écouter de tout : Beatles, Bob Dylan, Rolling Stones, Led Zeppelin, Miles Davis, Beethoven, John Lee Hooker, Mississippi John Hurt etc…
Eric McFadden Experience, Eric McFadden Solo, Eric McFadden Trio… quelles sont les différences musicales les plus notables entre ces différentes formations ?
L’Experience est un groupe très étoffé en termes de musiciens. En plus de la traditionnelle section rythmique, Il y a des cordes (violoncelle, violon…), un accordéon, parfois des cuivres… beaucoup de talents sont passés par là !
Bien sûr cela permet de nombreuses combinaisons musicales.
Est-ce que tu joues le même répertoire avec ces différents concepts ?
Les chansons interprétées sont très différentes d’un groupe à l’autre.
Il peu y avoir des titres communs, mais ils sont assez rares…
En tant qu’auteur-compositeur, où trouves-tu ton inspiration ?
Dans la vie tu sais…
La créativité découle des expériences humaines. Ces dernières ne peuvent qu’influencer la créativité et apporter une consistance à une œuvre. Mes ressentis, mes sensations… tout cela se reflète dans ma musique.
Tu es influencé par énormément de style différents. De ce fait, comment qualifierais-tu, toi-même, ta propre musique ?
C’est simplement une combinaison entre toutes ces influences et mes expériences personnelles. Il m’est très difficile de dire exactement à quoi cela ressemble le plus. J’ai grandi en écoutant du rock and roll, je suis depuis toujours sensible au blues, j’écoute parfois du jazz, du flamenco ou du punk-rock…
Toutes ces choses trouvent leur place dans ma musique. Je ne peux pas exactement dire de quoi il s’agit, sinon simplement de la musique…
En 2010, tu as sorti un album de reprises (« Pull A Rabbit Out Of His Hat - Tribute Vol.2 »), en hommage à des grands noms de la musique. Comment as-tu, alors, sélectionné les morceaux retenus ?
Quelques unes de ces chansons relèvent du choix d’Eric Coubard du label Bad Reputation. Ce dernier m’a, par exemple, proposé de reprendre un titre des Doobie Brothers. D’autres ont été sélectionnées par des amis, comme « Ashes to Ashes » de David Bowie. Pour ce projet, toutes les opinions étaient bonnes à prendre. Tous ces morceaux ont pour point commun d’avoir été créés par des artistes que je respecte et avec lesquels j’ai grandi. J’ai, par exemple, eu beaucoup de mal à choisir un titre des Clash car il s’agit d’un groupe dont je suis un grand admirateur.
Peux-tu me parler, plus en détails, de ton nouvel album « Bluebird On Fire » ?
Il a été enregistré dans trois studios différents. Ces endroits sont Prairie Sun à Cotati dans le nord de la Californie, Rancho De La Luna à Joshua Tree en Californie et Robot Recording à San Francisco, toujours en Californie. L’ensemble a été mixé par Travis Kasperbauer qui est un formidable ingénieur du son et musicien. C’est lui qui a produit le disque, en compagnie de Delphine Suter… Les enregistrements se sont déroulés de manière très spontanée, beaucoup de choses ont été faites dans des conditions « live ». On y retrouve tous les musiciens dont je t’ai parlé précédemment plus quelques autres. Tous sont très bons… La sortie européenne a été assurée par Bad Reputation et la sortie américaine par PHYNE Entertainment.
Tout à l’heure tu as évoqué Eric Burdon. Peux-tu m’en dire davantage sur votre collaboration, dans quelles circonstances as-tu rencontré cette légende ?
Mon ami, le batteur Wally Ingram, a rencontré Eric Burdon à Joshua Tree où vit ce dernier. Ils sont rapidement devenus amis. Un jour, sur l’une de mes tournées (alors que Wally faisait partie de mes musiciens), Eric Burdon a assisté à notre show. Il est monté sur scène et nous avons fait quelques morceaux ensemble. Nous avons parlé tout le reste de la nuit, bu des verres et passé un excellent moment.
Deux semaines plus tard j’ai reçu un message me disant qu’il voulait m’intégrer dans son nouveau groupe…
Nous avons fait une tournée qui est passée par les Etats-Unis, l’Europe, le Canada et l’Australie. Puis j’ai arrêté de l’accompagner afin de pouvoir poursuivre mes propres projets. Nous ne nous sommes pas perdus de vue et, récemment, nous avons enregistré ensemble. Sa voix est toujours incroyable et son nouvel album sonne vraiment bien… Je suis vraiment heureux d’avoir pu participer à ce disque.
Où ce disque a-t-il été enregistré ?
Nous l’avons enregistré à Los Angeles…
Es-tu surpris par l’accueil du public français vis-à-vis de ta musique ?
J’en suis très reconnaissant… j’apprécie sincèrement la manière dont les gens abordent ma musique ici. Je suis toujours content de venir en France et de faire écouter ma musique à ce public si attentif.
Quels sont tes prochains projets ?
Comme je te le disais auparavant, avec le bassiste John Norwood Fisher (du groupe Fishbone) et probablement avec Stephen Perkins (le batteur du groupe Jane’s Addiction) ainsi qu’un clavier nous allons préparer quelque chose pour un avenir proche… Il est encore un peu tôt pour en parler car nous sommes en pleines discussions. Par contre, je peux te dire que ce concept sera vraiment formidable « he’s gonna be fuckin’ rock ! » (rires) !
Quels sont les espoirs que tu portes en l’avenir ?
Simplement persister à faire ce que je fais et élargir encore mon champ de vision. Je veux continuer à donner le meilleur de moi-même. J’aimerais aussi sensibiliser les gens, qui n’ont pas forcément accès à cet art, à la musique.
Je voudrais me produire dans des écoles, car je pense que les enfants ont besoin d’en entendre. J’aimerais chanter pour les malheureux, les sans abris, aller à la rencontre des personnes âgées dans les hospices…
Je reste intimement persuadé que l’on peut rendre la vie plus facile et agréable avec la musique. Elle peut avoir des aspects positifs sur la société, sur la vie politique, elle peut changer beaucoup de choses. C’est un remède contre la morosité. Elle a changé la vie de beaucoup de mes amis…
As-tu une conclusion à ajouter ?
J’ai beaucoup de choses à dire mais après le concert d’hier soir et l’enregistrement de la session acoustique cet après-midi, pour ton émission de radio, je suis trop fatigué pour m’en souvenir (rires) !
C’est vraiment un plaisir de parler avec toi, nous partageons la même vision de la musique. C’est toujours agréable de pouvoir parler avec de vrais amateurs. J’espère pouvoir aller à la rencontre de mon public français le plus souvent possible dans l’avenir. Merci de m’avoir écouté et de me soutenir « rock on » !
Remerciements : Eric Coubard (Bad Reputation) et Yohann Feignoux (Nueva Onda).
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