Nda : S’il a été révélé au plus grand nombre par le biais de ses prestations dans l’émission télévisée The Voice, Flo Bauer garde la tête aussi froide que sa musique est incendiaire. A même pas dix-huit ans, il accumule les concerts et les rencontres musicales en tous genres. Des expériences dont il est avide et qu’il met à profit, afin de se forger une identité artistique qui se dessine peu à peu. Il y a fort à parier que l’appliqué jeune homme franchisse, aussi sereinement que rapidement, l’énorme marche qui sépare le statut de révélation de la scène blues-rock française à celui d’artiste confirmé.
Flo, peux-tu revenir sur le lien étroit qu’entretien ta famille avec la musique ?
C’est assez particulier… Cela remonte, au moins, à la génération de mon grand-père. Il faisait continuellement de la musique, jouait de plusieurs instruments (saxophone, guitare, batterie…) et chantait merveilleusement bien. Chaque week-end, il se produisait dans des bals. Sa fille, c’est-à-dire ma mère, faisait aussi de la musique mais a finalement décidé de se consacrer à la danse. Un art dont elle est, actuellement, professeur. Mon père, quant à lui, est un véritable passionné. Il m’a fait découvrir le rock et le blues, je lui dois toute la culture musicale que je possède. C’est grâce à tous ces gens que je peux, aujourd’hui, proposer un panel varié et m’aventurer dans plusieurs registres différents.
Est-il vrai que tes débuts de musicien remontent à tes 6 ans ?
Oui, j’ai débuté la pratique de la guitare à l’âge de 6 ans et demi sous la houlette de Pierre Specker. Ce dernier est mon mentor, il m’a enseigné beaucoup d’autres choses dont le chant. J’ai tout de suite senti le « truc » et je me suis rapidement mis à chanter en m’accompagnant seul, à la guitare.
Puisque tu parles de Pierre Specker, peux-tu nous présenter ce personnage ?
C’est quelqu’un d’unique que l’on surnomme le « barde du Sundgau », même si bien d’autres termes pourraient le définir. C'est un grand défenseur de la culture alsacienne et de son dialecte. C’est aussi un passionné de musique folk, de country et de rock. Des éléments avec lesquels il m’a familiarisé et qu’il intègre dans son groupe, Pierre Specker Band’, auquel j’appartiens. Je me produis, effectivement, avec lui depuis environ 5 ans. C’est au même moment que j’ai fondé mon combo, Haute Fréquence. Pierre Specker m’a mis sur la voie, il possède une belle école de guitare. Il enseigne cet instrument à de nombreuses personnes, c’est un mec passionnant !
Le fait de chanter en alsacien semble suranné aux yeux de beaucoup de monde. Cela relève pourtant d’un véritable état d’esprit folk. La musique de Pierre Specker est, par ailleurs, fortement teintée d’influences américaines…
Exactement ! On a tendance à classer l’alsacien dans le registre ringard. Pourtant, même si ce dialecte est de moins en moins parlé, il révèle une grande authenticité qui se marie à merveille avec la musique américaine jouée par Pierre. Cette dernière évoque Poco, The Eagles ou The Byrds. On peut facilement s’y intéresser, il n’est vraiment pas nécessaire de parler ou comprendre le dialecte (Flo n’est pas dialectophone, même s’il chante en alsacien dans le groupe de Pierre Specker, nda).
C’est donc, uniquement, à ses côtés que tu as appris les rudiments de la guitare…
Oui, cela a duré une dizaine d’années. Cela fait, maintenant, deux ans que j’ai arrêté afin de me consacrer exclusivement à mon groupe. Depuis je continue d’apprendre mon métier au sein de mes diverses formations…
Quand as-tu commencé à donner des concerts ?
C’était il y a 5 ans, alors que j’avais un peu plus de 12 ans, au sein du Pierre Specker Band’.
Je suis impressionné par ta voix… Tu profites de sa puissance sans, toutefois, chercher à la forcer. Tu sais même en jouer en toute subtilité. Comment l’as-tu travaillée ?
J’ai commencé à chanter, de moi-même, alors que j’étais tout petit. Je ne prends des cours que depuis un an et demi ou deux ans chez Raymonde Steiner. Elle m’a beaucoup fait avancer. Elle m’a, aussi, beaucoup épaulé afin que je sois prêt pour aborder l’émission The Voice à laquelle j’ai participé. Techniquement, elle m’a énormément aidé et j’appréhende différemment mes concerts depuis que je travaille avec elle.
Avant de sortir ton premier album avec Haute Fréquence. Il y a eu une étape importante en ce qui concerne ta carrière. Tu as, en effet, participé à l’émission télévisée The Voice. Qu’est-ce qui t’a poussé à vivre cette aventure qui semble assez éloignée de ton univers ?
C’est, en effet, assez éloigné de mon univers et de ma vision de la musique… C’est pendant que j’étais élève d’un stage, à la MAI (Music Academy International) de Nancy, que le directeur de casting de The Voice m’a repéré ( je participais pourtant à un stage de guitare et non de chant). J’ai donc vu ce mec (Bruno Berberes) sans savoir de qui il s’agissait, alors que je trainais dans une salle de chant. Il m’a demandé ce que je faisais là et m’a proposé de chanter quelque chose. J’ai donc interprété « Angie » des Rolling Stones (que j’ai, par la suite, également chanté dans l’émission). Le résultat lui a plu au point de me donner ses coordonnées et de me demander de le rappeler. Je ne savais pas quelle en était la raison et, au final, c’était pour participer à The Voice. C’est donc grâce à lui que je suis tombé là-dedans, sans trop le vouloir. Au final, je me suis dit que cela constituerait une expérience sympathique…tout en pensant que je ne passerai même pas à la télévision, compte tenu du nombre important de pré-castings. Je ne me faisais pas la moindre illusion mais ça a marché et cela reste une superbe expérience.
Une expérience qui peut constituer une arme à double tranchant…car il ne doit pas être facile de revenir à son quotidien, après ces 6 émissions vues par des millions de téléspectateurs ?
Il est vrai qu’il y a une sorte de grand-écart qui se fait lorsque l’on participe à ce genre d’émissions. On démarre de rien, on est soudainement projeté au plus haut puis, dès que l’émission est terminée, les gens passent à autre chose. Il faut donc bien rester terre à terre et ne pas se mettre trop d’idées en tête. En effet, lorsque l’on passe à la télévision, on te retient aussi vite que l’on t’oublie. C’est dans cet état d’esprit que j’ai participé car je ne voulais pas me faire de mal. De plus, mon but était de continuer à faire de la musique comme j’en faisais avant.
D’un point de vue strictement artistique, as-tu appris beaucoup de choses en participant à cette émission télévisée ?
Une émission telle que celle-ci permet de découvrir certaines choses que l’on ne peut pas apprendre durant un stage ou au sein d’une école. Je veux évoquer par là une certaine professionnalisation, une constance dans le travail, savoir se tenir sur un plateau etc… Cette expérience m’a, aussi, permis de gagner en assurance et en métier. Ces choses m’ont beaucoup servi, je ne peux pas le renier…
Tu as aussi dû beaucoup apprendre aux côtés des musiciens expérimentés qui accompagnent les participants de l’émission. J’ai été estomaqué en apprenant que le groupe qui vous accompagnait était constitué de telles pointures (Greg Zlap, Hervé Brault…)…
C’est très simple, ce sont les meilleurs qui jouent dans ces émissions. Ainsi, j’ai également pu travailler avec Michel-Yves Kochmann, Julien Schultheis, Jean-Philippe Fanfant et bien d’autres. Ce sont des artistes formidables et j’ai pris mon pied en me produisant à leurs côtés.
A chaque émission, des millions d’euros sont en jeu. L’as-tu ressenti, est-ce que l’aspect financier d’une telle machine influe sur la rigueur que les participants se doivent de déployer durant les préparatifs ?
Je n’ai pas ressenti cette pression et on ne nous a jamais parlé de l’enjeu financier de l’émission. Les gens étaient, avant tout, là pour nous recadrer et pour nous rappeler que nous devions aussi nous faire plaisir…sans nous soucier des avis des autres. Je ne suis pas, forcément, du genre à faire les choses comme on me le demande mais je savais très bien qu’il fallait respecter certaines obligations. C’était finalement assez libre, il faut le dire !
Parmi tous les concurrents, étais-tu le seul à être issu du blues ?
Je n’étais pas vraiment le seul… Je pense, en particulier, à mon pote Igit. Il tourne actuellement et a sorti un magnifique EP, teinté de blues. Ceci-dit nous n’étions pas légion à aimer cette musique. Il faut dire que la production cherche à proposer un panel représentatif de tous les goûts musicaux. Je correspondais au critère du jeune rocker, j’étais dans la case blues-rock…
Justement, qu’est-ce qui te touche le plus dans le blues ?
L’âme qui s’en dégage ! A chaque fois que j’écoute un vieux blues, je trouve que cette musique est transcendante. J’aime la force et la liberté qu’on y retrouve. J’apprécie le fait qu’il ne suffit pas de respecter des codes, c’est ce qui m’attire…
Depuis The Voice, les concerts se sont succédés pour toi. Peux-tu revenir sur les plus marquants d’entre eux ?
Beaucoup de choses se sont passées en effet. J’ai pu faire la première partie d’artistes formidables comme Fred Chapellier, Lucky Peterson, Mountain Men. Dans un autre registre, j’ai aussi joué avant le dernier concert en date de Florent Pagny à Colmar (Festival de La Foire Aux Vins). C’était devant 10.000 spectateurs qui n’étaient pas forcément acquis à ma cause, même si beaucoup parmi eux me connaissaient de l’émission. Cela reste un grand moment et je ne me suis pas privé pour interpréter du blues…
Outre le fait de travailler avec Pierre Specker, tu as formé Haute Fréquence et tu as lancé le Flo Bauer Blues Project. Peux-tu m’en dire davantage sur ces deux derniers concepts ?
Haute Fréquence existe depuis 5 ans et nous avons un nouveau bassiste depuis un an et demi. Nous interprétons des reprises auxquelles nous mêlons quelques compositions personnelles. Nous nous amusons à mélanger les styles (parfois même au sein d’un même morceau). Nous ne voulons pas nous contenter d’un statut de cover band. Nous souhaitons amener un petit plus à la musique que nous jouons. Nous n’avons que 65 ans à nous quatre (le plus jeune membre n’a que 15 ans et il a commencé la guitare il y a 11 ans !) mais avons déjà de nombreux concerts à notre actif. Ayant envie de me diversifier, j’ai fondé le Flo Bauer Blues Project qui est un trio dont les deux autres membres ont entre 30 et 40 ans de plus que moi. Ce sont des excellents musiciens issus du groupe Mojo. C’est un immense plaisir de pouvoir jouer avec eux et de faire rejaillir mon amour du blues en leur compagnie.
As-tu une conclusion à apporter à ta première venue dans l’émission ?
C’était un honneur d’être ici, surtout en sachant qu’il y a de nombreux artistes internationaux que j’apprécie qui sont passés par ce studio avant moi. Vive la musique et vive le blues !
Remerciements : Serge Bauer
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