Comment as-tu commencé à jouer de
la guitare ?
Lorsque j'étais enfant, mon père possédait une guitare
et dès qu'il a remarqué que je commençais à
m'y intéresser, il a décidé de m'emmener prendre
quelques cours à Pigalle chez Marcel Dadi (célèbre
guitariste français de country music, pédagogue et spécialiste
du " finger picking " . Il a disparu tragiquement le 17 juillet
1996, dans le crash du vol 800 de la TWA dans l'Atlantique Ndlr). A partir
de là, je n'ai plus lâché mon instrument, jouer, jouer,
c'est tout ce que je voulais faire ...
Avant de partir aux USA, as-tu formé des
groupes en France ?
Le premier groupe avec lequel j'ai joué, en 1978-79, était
situé dans la région parisienne et s'appelait " Fellows
Blues Band " . Nous étions semi-professionnels. A ce moment-là,
il y avait très peu de combos de blues en France. Lorsque nous
nous sommes dissous, j'ai formé avec le bassiste et un copain batteur
mon propre groupe, " Blues Blasters " , au sein duquel j'ai
commencé à chanter. Après cette expérience,
je suis parti aux USA. C'était en 1983.
Pour quelle raison t'es-tu exilé aux USA
?
A l'âge de 16-17 ans, j'ai su que le blues allait faire partie intégrante
de ma vie, je voulais absolument aller au plus profond de cette passion.
Partir aux Etats-Unis était, de ce fait, devenu une évidence.
Quels sont les premiers musiciens que tu as rencontré
et quel a été leur accueil ?
Ma première rencontre avec des musiciens américains remonte
à 1980, lors de la tournée européenne du San Francisco
Blues Festival avec Sonny Rhodes, Luther Tucker, etc.
Je me suis véritablement incrusté à cette tournée
car j'étais fou du style de Sonny Rhodes, je suis allé les
voir à tous les concerts de la tournée. Quand cette dernière
s'est terminée, tous les musiciens sont rentrés aux Etats-Unis
sauf Sonny Rhodes qui est resté un temps à Paris. A ce moment-là,
j'étais véritablement devenu son ombre, je le suivais partout.
Lors d'une conversation avec lui à une terrasse de bistrot, après
avoir effectué mon premier concert professionnel à ses côtés
dans le club " Le Tigre " , à Reims, je lui ai demandé
si j'avais des chances de faire carrière Outre Atlantique. Il m'a
dit oui et m'a poussé à le faire. Cette rencontre a été
décisive.
Outre Sonny Rhodes, quelle a été
la rencontre la plus déterminante dans
ton cheminement musical ?
Arrivé à Oakland, aux USA, où se trouvaient tous
les musiciens avec lesquels j'avais envie de jouer, j'ai rencontré
Troyce Key qui était guitariste-chanteur et qui possédait
un club. Il avait besoin d'un guitariste. De ce fait, deux semaines après
mon arrivée, j'avais un contrat au sein de son groupe. Grâce
à cela, j'ai pu accompagner de nombreuses légendes qui venaient
jouer en " invités " dans le club, Big Mama Thorton,
Elvin Bishop, Charlie Musselwhite et tant d'autres...
A partir de ce moment-là, je me suis fait une réputation
et mon téléphone n'a plus cessé de sonner .
Pourquoi as-tu décidé de vivre dans
la baie de San Francisco ?
Pour deux raisons. D'abord, parce que c'est le blues de San Francisco
qui me " branchait " le plus à l'époque et ensuite
parce que j'avais de la famille à Oakland, un cousin qui m'a hébergé
pendant six mois et m'a facilité les choses.
Très honnêtement, je crois que si Muddy Waters n'était
pas mort, je serai allé à Chicago.
As-tu ressenti un changement dans la scène
blues américaine entre ton arrivée et l'heure actuelle ?
Cela n'a plus rien à voir. A l'époque, il y avait vraiment
une scène blues très vivante avec des artistes locaux qui
faisaient partie du paysage culturel. Aujourd'hui, ça n'existe
plus.
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