Fred Chapellier
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Fred, tu viens de sortir l’album «Electric Fingers » (Dixiefrog). Pourrais-tu revenir sur sa genèse et son élaboration ?
Il est constitué de chansons que j’ai commencé à écrire il y a quelques années. Il faut dire que j’aurais dû l’enregistrer en 2010...
Comme tu le sais, à cette période j’ai eu la chance de pouvoir accompagner Jacques Dutronc sur scène. De ce fait, cela a largement rempli mon emploi du temps pendant un peu plus d’une année. L’enregistrement du disque « Electric Fingers » n’a donc commencé qu’en septembre 2011 pour s’achever un an plus tard, en septembre 2012.
J’ai vraiment souhaité prendre du temps pour écrire et composer les chansons qui le composent et n’ai pas cherché à proposer 2 blues, 2 rocks etc…
En fait j’ai écrit beaucoup de morceaux différents (ainsi que des instrumentaux) et n’ai gardé que ceux qui me plaisaient le plus. L’enregistrement a été réalisé un petit peu plus tard…
Je ne me suis vraiment pas donné de ligne directrice lors de l’élaboration de l’album.

Ce disque a été enregistré avec un groupe plus « resserré ». En tout cas, on y trouve moins d’invités que sur tes précédents opus. Est-ce un choix personnel et clairement défini à l’avance ?
Il était vraiment temps pour moi de faire un album estampillé à 100%  « Fred Chapellier ».
Je suis, bien sûr, très fier de ce que j’ai pu faire avec Billy Price qui reste un ami très cher et un modèle. Je suis aussi très heureux d’avoir travaillé avec Neal Black, Tom Principato, Nico Wayne Toussaint et tant d’autres…
Ceci dit je me devais de réaliser un CD qui me soit propre, qui soit le reflet de ma personnalité artistique et qui me colle à la peau.
C’est une chose que le public commençait également à souhaiter fortement.
Je m’en suis rendu compte en discutant avec les spectateurs après mes concerts.
J’en ai conclu que c’était vraiment le bon moment pour moi de faire ce disque…

A mon humble avis, il s’agit de ton disque le plus personnel à ce jour. Tu en signes ou cosignes la majorité des titres. Quels sont les thèmes que tu voulais absolument aborder à cette occasion ?
Ce sont des thèmes assez récurrents dans mon univers… Je m’inspire beaucoup de ce qui se passe autour de moi, dans la vie de tous les jours…
Une chanson comme « Something about you » n’est pas le reflet d’une histoire qui m’est arrivé mais j’ai vu cela dans mon entourage…. L’histoire d’un homme follement amoureux d’une fille et qui se rend compte que ce n’est pas réciproque… Dans ce titre, à chaque fin de couplet, il lui demande si c’est la fin… Il veut une réponse, il veut savoir…
Ce disque évoque l’amour mais on y trouve aussi des thèmes plus légers comme « Hot rod Cadillac automobile » qui ouvre cet opus.
C’est un mec amoureux de sa voiture qui y est évoqué, on connait tous de tels personnages.
Ici, on appelle ça le tuning, la caisse passe avant la fiancée ou la famille…
J’avais également à cœur d’interpréter un morceau écrit par mon pote Jimmy Britton (claviériste de Billy Price) avec qui j’ai travaillé sur plusieurs disques. Je l’ai donc sollicité dans ce sens et il m’a répondu en m’offrant « Marie Laveaux ».
C’est un thème qu’il affectionne particulièrement puisqu’il va régulièrement à la Nouvelle-Orléans. Il fait, bien sûr, référence à cette grande prêtresse vaudou, à travers l’histoire d’un garçon qui se fait jeter un sort sur sept générations. A la fin il lui dit « ton sort nous suit depuis sept générations, maintenant il va mourir avec moi »…
Il y a donc beaucoup de variété dans les sujets que j’aborde sur « Electric Fingers »… avec une majorité d’histoires « toutes bêtes » qui se sont passées dans mon entourage.

Je crois que « Marie Laveaux » est l’une de tes premières incursions dans un univers propre à la Louisiane. Envisages-tu, dans l’avenir, de compléter cette démarche en t’y rendant et, pourquoi pas, en y enregistrant ?
Je me suis rendu dans un grand nombre de villes aux Etats-Unis et j’ai eu le plaisir de me produire dans de nombreux hauts lieux du blues (Chicago, Memphis…).
Bizarrement, je ne me suis jamais déplacé jusqu’en Louisiane alors que c’est une cité qui m’attire particulièrement. J’ai très envie d’y aller !
Je sais, d’après tous mes amis qui s’y rendent de manière régulière, que c’est l’un des endroits où il faut être si on veut entendre de la bonne musique.
Il faut que j’y aille !
Ce morceau est mon premier pas dans cette direction…

fred

On connait la Nouvelle-Orléans comme étant un berceau du blues et du jazz. Cette ville a toujours été à la pointe, que ce soit en termes de funk, de rock et aujourd’hui de rap. T’intéresses-tu à tous ces genres qui font aussi la renommée de la ville, toi qui est un « puriste » du blues ?
Je ne pense pas être un puriste du blues, d’ailleurs je suis très loin de n’écouter que cette musique. Au risque de surprendre, j’en écoute même assez rarement…
Lorsque je me passe un disque dans ce registre, il s’agit souvent d’un album de l’un des piliers du genre; Albert King, BB King et évidemment Roy Buchanan que j’écoute toujours (pour mémoire, Roy Buchanan est l’une des influences majeures de Fred, ce dernier lui avait consacré le CD « A Tribute To Roy Buchanan » en 2007, nda).
Depuis quelques années, j’ai davantage envie de me plonger dans mon propre univers donc je diversifie les styles que j’écoute.
Je sais que la Nouvelle-Orléans reste un « nid » où il y a tout un tas de nouveaux artistes (que ce soit dans le rap, le rock, le blues ou le jazz) qui donnent une impulsion positive à cette ville et à la Louisiane en général.
Il faut absolument que je m’y rende afin de combler cette lacune…
D’un autre côté, je ne peux pas dire que je suis inspiré par tous ces gens car je ne les connais pas plus que ça…

Pour en revenir à « Electric Fingers »… S’il ne joue pas sur l’album, il y est présent par le biais de sa plume. Je veux, bien entendu, parler de Neal Black qui est l’un des songwriters texans actuels que je préfère. Peux-tu revenir sur votre collaboration sur ces quelques titres ?
Neal est un garçon avec lequel j’aime vraiment travailler… nous sommes, de surcroit, très amis !
Nous n’avons pas besoin de parler pendant des heures pour nous comprendre ou pour savoir ce que l’autre pense. J’ai composé des musiques pour lesquelles il m’a écrit des textes. Une fois de plus, il a démontré qu’il a l’art et la manière pour trouver les mots justes, leur placement, ainsi que la ligne mélodique pour la voix.
C’est vraiment un orfèvre… Je le considère, comme tu le disais très justement, comme l’un des meilleurs songwriters dans ce style. C’était, une fois de plus, un grand plaisir de travailler avec lui. Il a immédiatement et parfaitement compris ce que je voulais…
A titre personnel, j’ai tout de suite été emballé par ses propositions…

Parmi les treize titres qui composent l’album, il y a aussi deux reprises. Il s’agit de deux chansons de Bobby « Blue » Bland, un artiste que tu apprécies particulièrement. Sur quels critères les as-tu sélectionnées ?
En fait, je ne me suis pas dit que j’allais interpréter deux morceaux de Bobby « Blue » Bland. Je voulais juste reprendre deux chansons que j’avais vraiment envie de jouer et de chanter. J’étais très motivé à l’idée d’en faire mes propres versions !
Il faut dire que si Roy Buchanan est mon guitariste préféré, Bobby « Blue » Bland est l’un des chanteurs que j’apprécie le plus. Beaucoup trop de gens ne connaissent pas encore ce dernier et je conseille à tout le mode de se plonger dans son œuvre.  C’est un géant du blues et de la soul music… il a su trouver le juste milieu entre ces deux musiques. Sa voix, très particulière, me touche aussi énormément…
Billy Price est, tout comme moi, un grand admirateur de Bobby « Blue » Bland. Lorsque je travaillais avec lui aux USA, nous écoutions très souvent ce dernier. Je voulais absolument lui rendre hommage, avec un titre, sur ce disque.
Il se trouve que je n’ai pas pu choisir et que finalement j’en ai enregistré deux, c’est tout…

N’as-tu enregistré « que » treize chansons pour ce disque ou davantage de titres ont-ils été captés en studio ?
J’ai, au moins, dû enregistrer deux morceaux en plus.
Ils n’ont pas trouvé leur place sur l’album pour diverses raisons. Soit je n’étais pas assez satisfait du groove général, soit je n’étais pas content de ma façon de chanter ou des paroles… Il y avait toujours quelque chose qui me chiffonnait. Comme je n’étais pas sûr à 100%, j’ai préféré les mettre de côté. Pour le moment ils sont en « réserve » et pourraient très bien se retrouver sur un prochain CD.
Ils sont là, quelque part au chaud… on verra bien !

fred

Tu es constamment en mouvement, que ce soit en concert ou en studio. Pour bien te connaitre, je te soupçonne déjà d’avoir de nouveaux projets en tête… Si tel est le cas, peux-tu m’en parler ?
Une chose est sûre… avec « Electric Fingers », je vais tourner durant toute l’année 2013. Au mois de juin, ce sera avec mon pote Tom Principato qui reviendra en Europe car nous adorons jouer ensemble !
Avec lui, c’est comme quand je joue avec Neal Black… c’est un peu les vacances. Nous ne nous posons pas de questions, 3-4 et c’est parti !
L’année 2013 sera vraiment consacré à la promotion de ce nouveau disque et, de ce fait, je vais jouer partout.
Sinon j’ai, effectivement, un projet qui verra le jour fin 2013 ou début 2014.
Cela se ferait avec deux musiciens américains mais, comme rien n’est certain, je ne peux pas vraiment en dire davantage pour le moment.
Si cela se confirme, je me rendrai aux USA afin d’enregistrer avec un groupe du terroir et deux artistes bien typés blues, blues-rock et… très portés sur les guitares !
Après cette expérience, je sortirai peut être un bon album live…

Ta notoriété a, de plus en plus, tendance à dépasser les frontières françaises. Comment ressens-tu ces expériences, surtout lorsque le public ne te connait pas encore très bien ?
Si j’ai déjà eu l’occasion de me produire en Allemagne depuis une dizaine d’années j’y ai, dernièrement, donné plusieurs concerts successifs (clubs et festivals).
L’accueil y a été absolument incroyable…
Je compare les allemands aux américains, quand ils aiment ils sont à fond. Ils sont debout, chantent, dansent et ils ont le sourire.
J’ai redécouvert un public passionné…. De nouvelle dates sont d’ailleurs à l’étude pour ce pays. Dernièrement, avec mon groupe, nous avons aussi donné plusieurs concerts à Bruxelles et c’était merveilleux. Tout cela est positif et le fait que l’album vienne de sortir est une bonne chose. Tout comme le fait de chanter en anglais, car cela m’aide considérablement à traverser les frontières.
Tout cela est de bon augure pour les années à venir…

Est-ce qu’il y a un pays dans lequel tu ne t’es jamais rendu et où tu aimerais absolument te produire ?
J’ai joué dans pas mal d‘états, y compris en Angleterre à plusieurs reprises…
J’aimerais beaucoup aller en Australie. Grâce à internet je suis en contact avec de nombreux habitants de ce pays. Ces derniers ont commandé mon album  et ils adoreraient me voir venir.
Evidemment, ce n’est pas une chose simple à monter… emmener tout un groupe a un coût élevé. C’est une chose qui doit s’organiser bien en avance…
J’ai également adoré me produire au Québec et j’aimerais beaucoup y retourner.
Quant aux Etats-Unis, quitte à surprendre, je ne tiens pas particulièrement à y rejouer. Les conditions y sont vraiment très difficiles, y compris pour mes amis américains qui sont très réputés là-bas.
C’est pour cela qu’on les voit régulièrement en Europe. C’est ici que ça se passe…
Finalement, je suis très content d’être européen. Je ne vis pas loin de Paris et suis en plein cœur de ce continent, c’est une vraie chance…

As-tu une conclusion à ajouter ?
Juste te remercier car cela fait des années que nous nous connaissons… et parce que tu as suivi tout ce que j’ai fait depuis mes débuts. Te remercier aussi de faire en sorte que le blues soit diffusé sur les ondes et de m’inviter régulièrement dans tes émissions. C’est toujours un plaisir…
Je voulais te dire merci pour cela…

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Interview réalisée
au Camionneur
le 3 novembre 2012

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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