Gaëlle, par quel biais la musique est-elle entrée dans ta vie ?
J’ai commencé par la danse, je souhaitais devenir danseuse professionnelle. Cependant, sur scène, la musique me « parlait » tellement que j’ai décidé de bifurquer vers la chanson.
J’étais en contact avec Alec Mansion (chanteur belge connu pour avoir été membre du groupe Léopold Nord & Vous, Nda) qui avait remporté un grand succès en France avec le morceau « C’est L’amour » (Gaëlle en fredonne l’air, Nda). Il m’a permis d’intégrer le « milieu » et, de fil en aiguille, je me suis prise au jeu. Ma rencontre avec la chanteuse américaine Beverly Jo Scott a été déterminante, depuis je n’ai pas lâché la musique.
Ton éducation musicale s’est donc faite sur le tard…
Oui absolument, je n’avais pas de notion musicale auparavant…
Venant du milieu de la danse, tes premiers coups de cœur musicaux étaient-ils principalement liés à la musique classique ?
Oui, en tant que danseuse, je baignais dans la musique classique et aussi dans la musique contemporaine et le hip-hop. Beverly Jo Scott m’a fait découvrir le blues que je ne connaissais pratiquement pas. Il n’y avait que Tina Turner dans mes références, je l’aimais beaucoup !
J’ai, ainsi, pu approfondir mon savoir en ce qui concerne les musiques roots.
Le fait d’avoir été danseuse t’a-t-il apporté une certaine rigueur dans ton travail et ton apprentissage du chant ?
Pas spécialement dans l’apprentissage du chant mais au niveau de la rigueur dans mon travail c’est indéniable. Cela m’a aussi aidé au niveau rythmique…
Je suis très rigoureuse et suis devenue très exigeante envers moi-même et les gens qui travaillent avec moi.
Avant de travailler, en tant que choriste, avec Beverly as-tu chanté avec d’autres groupes ?
Au départ j’ai travaillé avec Alec Mansion puis Beverly est tombée sur moi (rires) !
Elle cherchait une nouvelle choriste, j’ai passé l’audition et maintenant cela fait 8 ans que je travaille avec elle.
Je ne savais pas que tu l’avais rencontrée par le biais d’une audition…
Si, une amie à elle se mariait. Le groupe qui jouait pour la cérémonie étant composé d’amis communs, ils m’ont invitée afin que je vienne interpréter 2 ou 3 morceaux. Coup de bol, Berverly était là et m’a demandée d’apprendre quelques chansons afin de passer une audition le lendemain. Entre nous, ça a collé directement !
Comment s’y est-elle prise pour te convertir aux musiques roots ?
Elle n’a pas vraiment eu besoin de me convaincre. La veille de l’audition j’ai écouté ce qu’elle faisait. Durant celle-ci, lorsqu’elle s’est mise à pousser sa voix, j’ai été complètement émerveillée.
Après une répétition, nous avons pu nous rendre compte que nos voix se superposent bien. J’ai été conquise…
En travaillant avec elle, as-tu cherché à approfondir ses propres origines musicales ?
Sa musique parle d’elle-même. Beverly m’a fait découvrir des artistes tels que Billie Holiday, Janis Joplin etc…
Aujourd’hui je baigne avec elle dans ses envies et ses goûts. J’ai adopté tout cela…
Après 8 ans de collaboration, quels sont les aspects que tu as le plus développés à ses côtés ?
La rigueur, l’aspect « black music », une connaissance approfondie des chœurs et des harmonies vocales et, bien sûr, la façon de tenir un show et de se comporter sur scène.
Est-ce qu’il y a eu un « échange » entre vous deux. Elle t’a enseigné les musiques roots, en tant que francophone l’as-tu sensibilisée aux textes français ?
Oui, d’ailleurs elle a fait un album en français récemment (« Dix Vagues », label Dixiefrog).
N’étant pas sûre de quelques mots, j’ai pu l’aider en ce qui concerne les textes.
Sur mon propre album, elle m’a aidée à faire quelques textes en anglais. A la base je ne me produisais que dans la langue de Shakespeare mais j’ai décidé, dorénavant, de partager le français et l’anglais dans mes prochaines réalisations discographiques.
Dernière petite question en rapport avec Beverly. Après 8 ans de collaboration, quel est ton meilleur souvenir à ses côtés ?
Il y a 4 ou 5 ans, nous avons été contactées pour une émission de télévision américaine produite par des allemands. Des grands musiciens y venaient afin d’y accompagner une vedette qui devait cuisiner quelque chose durant le show TV. Le chanteur en question était Sam Moore du mythique duo Sam & Dave. Nous avons été ses choristes le temps d’un concert et nous nous sommes éclatées toutes les deux. Etre, ne serait-ce qu’une heure, choriste de Sam Moore reste un moment magique et inoubliable !
Bien qu’accompagnant Beverly, t’arrivait-il déjà de travailler avec d’autres groupes voire en solo ?
J’ai eu plusieurs projets en solo mais ça ne fait qu’environ un an et demi que je me suis vraiment trouvée. Sinon, j’ai eu la chance de partir à Minneapolis et de faire les chœurs sur un album de Billy Peterson qui est le bassiste du Steve Miller Band. Son frère Ricky Peterson, qui est le claviériste de Prince, participait aussi aux sessions. C‘était une expérience superbe…
Aujourd’hui, tu écris tes chansons avec John Smets. Peux-tu me parler de votre façon de travailler ensemble ?
Il est dans la musique depuis, au moins, une vingtaine d’années. De ce fait il a toujours, au moins, 200 ou 300 chansons de disponibles. Je l’ai rencontré par l’intermédiaire de mon manager et j’ai été éblouie. Il m’a donné 5 ou 6 CD et m’a dit de choisir, parmi eux, les chansons qui me plaisaient et me correspondaient le plus. C’est ce que j’ai fait et, petit à petit, il a composé pour moi en fonction de l’univers musicale que je voulais créer.
Il compose, fait la mélodie, improvise un texte en « yaourt » et me transmet le résultat afin que j’écrive un texte sur tout cela.
Peux-tu m’en dire davantage sur ce personnage qui est, finalement, assez peu connu en France ?
John est un fou des Beatles !
Il joue aussi bien de la guitare que de la batterie ou des claviers. C’est aussi un excellent chanteur qui aime s’enfermer dans son studio où il pourrait passer des journées et des nuits entières.
Il fait des choses formidables, il faut vraiment l’écouter !
Tu me disais que tu écris tes propres textes. Peux-tu me parler d’eux ?
Ce sont des textes en français et en anglais. J’y évoque l’amour, le risque d’aimer…
Ma chanson « Katie Jane » est une référence aux relations amicales. Nous avons tous dans notre entourage une copine « fouteuse de merde » qui déforme la vérité, une « radio vipère » en quelque sorte. Je parle aussi de choses plus profondes comme la foule, l’effet de masse…
Mes chansons sont le reflet de mes états d’âme, ce que je vis, ce que je ne vis pas et ce que j‘aimerais vivre…
Ta musique me semble très proche du son folk-pop « West Coast ». Des artistes comme Joni Mitchell, Jackson Browne, Crosby Stills & Nash ou James Taylor figurent-il dans ton « Panthéon musical » ?
Joni Mitchell, grave…. Je l’adore !
Crosby, Stills & Nash aussi, d’ailleurs nous essayons de nous inspirer d’eux pour nos harmonies vocales puisque tous les musiciens de mon groupe chantent. Nous faisons aussi un peu référence aux Beach Boys dans ce registre.
Peux-tu, justement, me présenter ton groupe actuel ?
A la batterie il y a Youssef Khelil dit Michel Berbère en raison de sa forte ressemblance avec Michel Berger (rires) !
A la lead guitar il y a Salvatore Lombardo qui a travaillé avec pas mal de gens dont Belle Perez, une chanteuse très connue en Belgique et aux Pays-Bas.
Au piano et à la guitare folk il y a Ludo Catalfamo qui travaille avec beaucoup d’artistes en Belgique et qui est, lui-même, chanteur.
Outre ces influences « West Coast », comment pourrions nous définir ta musique ?
Mon côté pop-jazz ressort ainsi que des touches inspirées par mes rencontres. Il y a, aussi, un côté rock teinté de blues. C’est un mélange « hybride » de tout cela (rires) !
Tiens je reviens à Berverly… A ses côtés, tu as eu la chance de côtoyer des musiciens tels que Paul Personne, Elliot Murphy et bien sûr Slim Batteux. Ces derniers t’ont-ils conseillée d’une certaine manière ?
Slim Batteux m’a donné beaucoup de conseils, il m’a même envoyé des choses. Il est très fort dans les harmonies et il possède son propre son. Je l’adore, d’ailleurs nous tournons encore ensemble aux côtés de BJ (surnom de Beverly Jo Scott). Avec Paul Personne, nos contacts se sont limités à la scène et je n’ai pas beaucoup vu Elliot Murphy en dehors de quelques concerts.
Ceci dit il est vrai qu’il y a eu de superbes rencontres et de beaux échanges…
Tes premiers morceaux en solo sont-ils déjà gravés à ce jour ? Es-tu à la recherche d’un label ?
Oui, totalement…
Pour le moment je m’autoproduits à 100%. Nous sommes dans notre petit laboratoire et nous testons les chansons sur scène. Nous nous laissons le temps, sans pression. Nous ajoutons les épices nécessaires quand il le faut, tout cela se prépare petit à petit.
Si tu es très rigoureuse dans ton travail, t’accordes-tu des plages de liberté sur scène en improvisant de temps en temps ?
Cela arrive mais en principe je ne suis pas au courant (rires) !
Quels sont tes désirs pour l’avenir ?
Continuer car j’ai la chance de faire ce que j’aime et c’est le plus beau cadeau du monde !
Outre l’enregistrement de ton futur album, quels sont tes projets ?
J’ai beaucoup de concerts à venir en Belgique. Au mois d’août 2010 nous serons aussi en résidence avec un bassiste qui viendra nous rejoindre. Nous en profiterons pour préparer l’album et, probablement, un single qui devrait sortir au mois de septembre en Belgique.
Souhaites-tu ajouter une conclusion à cet entretien ?
Merci Cognac, le Summit est très très bon (rires) !
Remerciements : Christine Rosenzweig (One Way’s), Jean-François Pinchard (Galopin Prod)
www.myspace.com/gaellem
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