Pouvez-vous nous parler de vous ? Qui est donc
Gashouse Dave ?
C'est une monstruosité. Mon vrai nom est David Randall Shorey
et je viens des Etats-Unis. Je suis un individu unique (rires).
Eh ! Je suis Gashouse Dave et je suis content d'être parmi
vous. Comment me suis-je retrouvé à être lui ? Il
se trouve que je suis un placebo. Il fallait que je me trouve un nouveau
nom.
Pourquoi donc ?
J'ai joué au sein du groupe " Top Jimi and the Rythm Pigs
". C'est une bande d'illuminés et cinglés du blues
où chacun avait un surnom, à part moi. Mais j'avais travaillé
dans une compagnie de gaz à Tava, en tant que collecteur de factures.
Un jour Spider, le joueur de saxophone m'a appelé : " Hey
! the Gasman : ça va être Gashouse Dave". Je porte
ce nom depuis vingt ans, donc c'est trop tard à présent
pour en changer.
A partir de quand avez-vous commencé à
jouer de la musique et quelles furent vos premières influences
?
Quand j'étais un petit garçon, ma mère m'a enseigné
le piano. Je n'avais pas plus de quatre ans. Pendant un moment, j'ai bien
apprécié, puis j'ai préféré aller jouer
au baseball. Après, mon père a voulu que j'essaye la trompette.
J'ai bien tenté d'apprendre, mais je n'aimais pas du tout ça.
Je lui ai demandé si je pouvais me mettre à la batterie.
Il a refusé car, selon lui, j'étais trop irresponsable !
Quand j'ai proposé la guitare, mes deux parents étaient
d'accord pour refuser, à moins que je ne l'achète moi-même.
En conclusion, disons que j'ai compté mes maigres ressources. Puis
j'ai consulté le catalogue Sears Roebuck où l'on trouve
de tout, depuis les sous-vêtements féminins jusqu'aux instruments
de musique.
Les guitares Silverstone coûtaient 95 $, donc j'ai mis l'argent
dans une enveloppe que je leur ai posté immédiatement. Deux
semaines plus tard, j'avais en main ma première guitare.
Depuis, j'ai tenu en main des centaines de guitares différentes,
bien que je n'ai jamais possédé qu'une seule Dobro. Ma collection
personnelle comprend 17 guitares de grande valeur (une Stratocaster de
1958, 1963,64 et 65 ; une Firebird de 1964, des Martins, des Gibsons,
des Les Paul
)
Je les aime ! Elles sont toute ma vie. Je me fiche du reste
Pouvez-vous nous parler de votre collaboration
avec Mike Bloomfield ?
Je ne parlerai pas de collaboration au sens propre. Il était le
boss et j'étais son esclave. J'étais embauché dans
son groupe pour y jouer sa musique à lui. En cours de route, il
est devenu mon meilleur ami et aussi mon mentor. J'ai même écris
un livre à son sujet. Vous pouvez vérifier sous mon nom
(David Randall Shorey) sur Amazone.com. Vous y trouverez neuf livres dont
je suis l'auteur. 
Le titre de l'ouvrage sur Mike est " Tell on it - Compendium of
Obscurity " (Parles-en). C'est une expression qu'il employait
à tout bout de champ. Quand on s'asseyait à une table, chacun
racontait une histoire après l'autre. Plus l'histoire empirait
et devenait effrayante, plus il l'adorait. Il me demandait toujours de
lui en dire encore plus ! Parle en encore, c'était son expression
favorite.
Ce livre relate tous les moments que nous avons vécu durant les
concerts, particulièrement les évènements qui ont
précédé la fin de sa vie. Peu de gens savent ce qui
c'est réellement passé alors
Je pourrais parler de Mike sans jamais m'arrêter. C'était
la personne la plus intelligente que j'ai pu rencontrer. Il avait une
relation très fine avec ce que j'appelle " l'Americana ".
Car, bien qu'étant blanc et juif, il assimilait facilement la musique
noire, tout comme les créations des tous débuts de Tin Pan
Alley ; bref toutes les bases de la culture musicale populaire
américaine. On se rend compte à quel point il pouvait intégrer
ces sons en écoutant toute sa discographie.
J'ai collaboré avec lui dans les dernières années
de sa carrière. Nous avons commencé à travailler
ensemble à partir de 1975 jusqu'à sa mort en 1981.
Vous avez passé quelques années
à vivre de votre plume à Paris. Quels sont vos souvenirs
de cette période ?
Ce fut une période sombre de ma vie. Aux Etats-unis, j'étais
diplômé en lettres à Springfield. J'allais également
obtenir une maîtrise en commerce. En 1969, année de ma promotion,
le Viêt-Nam posait déjà problème. Ne voulant
pas y aller, je suis parti en France.
Je me suis retrouvé dans de beaux draps par ici - car je ne suis
pas un ange. Un ami à moi, un amigo, était très fortuné.
Nous sommes allés en Angleterre, où j'avais une petite amie.
Comme son père l'avait envoyé à l'excellente université
de Yale, en promettant de lui offrir un coupé BMW tout neuf s'il
obtenait son diplôme. Il est allé jusqu'à Munich pour
acheter cette voiture. En rentrant, il m'a pris en passant à Londres.
Je suis ensuite revenu à Paris parce qu'il me manquait des papiers
administratifs. Mon ami est tombé amoureux d'une fille à
l'Université de la Cité. Il m'a donné les clefs de
la voiture, que j'ai conduite jusqu'à Marseille.
Si nous disposions d'un heure supplémentaire, je pourrais te raconter
quelle équipée sauvage ce fut. 
J'ai écris 9 livres mais je n'aime guère raconter ce genre
d'histoires. Finalement, elles sont finissent toujours pas être
relatées. Est-ce vous saisissez ma pensée ? Je ne veux pas
avoir à les mettre sur papier. Le processus d'écriture se
passe très spécialement chez moi. Un message s'impose à
moi. Quand je suis incapable de dormir, je me mets à écrire.
Ma musique remplit le même espace en moi que l'écriture.
Si je devais expliquer clairement quel est mon mode de fonctionnement
artistique, devant vous, aujourd'hui
Je devrais exprimer ma gratitude
à la batterie. Je leur dois tout car le rythme régule toutes
choses. L'amour, la musique, absolument tout.
On a osé vous qualifier de Serge Gainsbourg
de la côte Ouest. Qu'en penser vous ?
J'ai du bien réfléchir lorsqu'on m'a rapporté ces
propos, même si j'ignore qui a commencé à en parler.
Il faut distinguer deux écoles de pensée : la bonne et la
mauvaise. Il y a quelques jours, Gérard Depardieu s'est lancé
en tant que chanteur. Il a choisi les chansons de cet auteur, pour une
raison que j'ignore. Il doit se penser aussi bon chanteur qu'il est bon
acteur. Je me demande bien pourquoi !
A ce que j'ai compris, pas mal de gens n'apprécient guère
Serge Gainsbourg. Pourtant, au sein de la communauté artistique,
beaucoup s'en réclament. On y retrouve le même schéma
qu'avec Charles Bukowski. Je l'aime beaucoup, parce même vieil homme,
il menait une vie intense.
Par contre, Serge Gainsbourg possédait un ego monstrueux et ramenait
tout à lui. Moi, moi, moi
Si l'on dit la même chose
de moi, alors on a raison d'affirmer que je suis " le Serge Gainsbourg
de la côte Ouest " !
Vous êtes également acteur !
Exact ! Je joue le chef des policiers dans Spiderman 3, qui n'est pas
encore à l'affiche. Et pour ceux de vos auditeurs qui écoutent
du hip hop, je suis le juge dans la série JZ sur MTV. Je joue également
le rôle d'un journaliste dans le film " Ali " sur la vie
de Mohamed Ali.
Comment se fait-il que je trouve ces rôles ? Je suis enregistré
en tant qu'acteur professionnel, mais tous ces engagements me viennent
parce que je suis un guitariste. Tout le monde joue, dans ce milieu. Les
amis qui me connaissent bien, qui apprécient mon style de guitare,
forment une communauté dont le cinéma n'est qu'une facette.
L'an dernier, quand ma tournée a été annulée
en mai parce que Paris était sans dessous dessus, j'ai été
embêté pendant deux jours. Ensuite, j'ai saisi mon téléphone
pour contacter mes amis guitaristes. Et tout c'est enchaîné
pour que je me retrouve à jouer dans Spiderman 3. N'est-ce pas
merveilleux ?
Pouvez-vous nous résumer votre discographie
?
Je figure sur trois disques de Mike Bloomfield. Ensuite sont parus trois
albums sur Terra Novae Records, puis six autres sont parus chez Dixiefrog.
Je viens d'enregistrer un nouvel album la semaine dernière à
Salons de Provence. Je pense qu'il sera intitulé " Gashouse
Dave and Friends " ou bien " It's all good ". J'ai composé
une chanson toute neuve à cette occasion.
Figurent également à mon catalogue quatre albums digitaux,
un album de Noël (" Santas Wild Ride). Mon dernier album a été
publié en juin 2006 : " West Coast Trash ". Tous ces
disques sont disponibles sur mon site web et peuvent être écoutés
d'un simple clic.
J'ai aussi publié un DVD " Leaving the plantation " filmé
par l'équipe TV de America Most Wanted.
Post-scriptum :
le traducteur se réserve le droit de s'être trompé
en tentant d'interpréter le sens des propos de Gashouse Dave. Se
reporter à l'émission
Live pour écouter l'excellente travail de David faisant la
traduction en direct.
http://gashousedave.com/
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