Gaspard Royant
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Nda : Si l’aiguille de votre Teppaz n’a jamais connu le frisson procuré par la musique de Gaspard Royant, il n’est pas trop tard ! Le simple fait d’effleurer les sillons, qui constituent les premiers 45tours et l’album « 10 Hits Wonder » (Sardanapale Records) de ce dernier, devrait lui rappeler les histoires contées jadis par ses aïeux… chargés de lire les enregistrements de feux Roy Orbison, Buddy Holly et autres Sam Cooke.
En effet, si le bonhomme n’est en rien nostalgique, il sait faire rimer avec talent l’intemporalité des rythmes des sixties avec les préoccupations de notre entame de siècle. Un résultat plus que convaincant, sur le point d’éblouir tous les amateurs d’un passé qui n’a jamais sonné aussi actuel. Je n’ai donc qu’un seul conseil à vous donner, avant que vous ne lisiez les lignes qui suivent, sortezvos lunettes de soleil en écailles !

Gaspard, il est assez difficile de trouver des éléments biographiques te concernant. De ce fait, dans un premier temps, pourrais-tu te présenter ?66
Je suis né au fin fond de la Moldavie en 1914 (rires)…Je m’appelle Gaspard Royant et je suis originaire de Haute-Savoie. Je fais du rock en anglais, très inspiré de celui de la fin des années 1950 et de celui du début des années 1960. Mon premier album « 10 Hits Wonder » est sorti en janvier 2014 et, depuis, je suis sur la route afin de le présenter au public…

As-tu suivi un apprentissage musical en particulier. Le registre que tu abordes actuellement t’a-t-il toujours touché, ou t’exerçais-tu dans d’autres univers sonores auparavant ?
J’ai toujours fait de la musique par passion. C’était déjà le cas dans les groupes auxquels j’appartenais quand j’étais au Lycée. Mon projet solo a, maintenant, 4 ou 5 ans d’existence. J’ai toujours adoré cette musique. Déjà quand j’étais petit, à la maison, nous écoutions des compilations consacrées au rock des années 1950. C’était des trucs « bateau » (Buddy Holly, Bill Haley…).Cette musique me rendait fou et elle ne m’a jamais quitté. Puis, j’ai fait mes recherches et suis tombé amoureux d’enregistrements tels que ceux produits par la firme Stax Records de Memphis, par Phil Spector, par Roy Orbison ou par les Everly Brothers. C’est cet univers que j’ai eu envie de retranscrire à mon tour.

Quel a été ton cursus musical, avant que tu ne sortes un premier triptyque de 45tours que nous évoquerons un petit peu plus tard ?
Je ne possède, pas vraiment, de formation musicale. J’étais plutôt un rocker du dimanche qui se produisait dans sa cave, avec ses potes, à l’époque du Collège ou du Lycée. A mes tous débuts, quand j’ai commencé à écrire des morceaux, j’ai sorti un premier EP 5 titres qui était très dépouillé. Je l’avais enregistré seul avec ma guitare… Chemin faisant, j’ai rencontré des musiciens avec lesquels j’ai commencé à étoffer mon projet. Cela a donné naissance à une trilogie de 45tours, éditée en 2013. Cette dernière a éveillé la curiosité de pas mal de gens, notamment celle de collectionneurs de vinyles. Cet engouement m’a, par la suite, permis de réaliser l’album.

Le choix de t’affirmer dans un registre vintage est-il réellement le reflet de ta personnalité. Est-ce une image que tu véhicules au quotidien, au-delà de ta musique ?
Non, c’est un calcul purement commercial car tout le monde sait bien que, pour vendre des millions d’albums aujourd’hui, il faut chanter en anglais en étant français et faire du rock fifties. C’est une recette que, bien sûr, tout le monde connait (rires) !Plus sérieusement, il s’agit vraiment d’un registre que j’adore et je n’ai pas eu à réfléchir. Quand le moment est venu de faire ma musique, je suis simplement allé vers ce que j’aimais le plus. D’un autre côté, mes sons ne sont pas limités à cela. Je possède de nombreuses autres influences. Je suis, par exemple, un grand fan de The Smiths et de Morrissey. Cela doit, un peu, s’entendre dans l’album.

Es-tu également sensible à la scène plus garage. Je pense, par exemple, à un groupe comme The Cramps qui recherchait à véhiculer une certaine imagerie fifties en la restituant dans une énergie plus « punk » ?
En ce qui concerne des groupes comme The Cramps, je pense que nous avons écouté les mêmes disques mais que nous n’en avons pas fait la même chose. Je les connais, je les respecte énormément, mais sans les avoir beaucoup écoutés. C’est une famille dont on retrouve des membres sur toutes les décennies. En général, quand les gens ont écouté les bons disques, cela se voit et s’entend.

Pourrais-tu me présenter cette fameuse trilogie de 45tours qui t’a fait connaitre ?
Il y a donc un an, j’ai décidé de sortir ces trois vinyles alors que je n’avais, quasiment, rien édité jusqu’à là. L’idée était de commencer ma carrière discographique comme cela se faisait aux tous débuts du rock. J’adore le format single 45tours avec une face A et une face B. C’est très efficace et ça permet de sortir des disques très vite. Mon idée était d’en commercialiser plusieurs en quelques mois. Pour me faire connaitre des gens, je voulais faire comme les groupes de l’époque. C’est-à-dire sortir des singles avant de les regrouper sur un album. C’est ce que j’ai fait…

Est-ce aussi un choix lié au fait que cela a pu mettre en évidence chaque aspect que l’on peut trouver au sein de ton univers (profiter de chaque 45tours pour passer d’un genre à l’autre) ?
Oui… L’idée était aussi de pouvoir rapidement aller en studio dès que j’avais une chanson de prête, de l’enregistrer, de la presser et de la sortir rapidement sous la forme d’un 45tours. Du coup, les morceaux ne moisissent pas dans un placard et je trouve cela super. Les groupes qui mettent 5 ans entre deux albums me gonflent un peu. A titre personnel, je trouve même que les choses ne vont pas assez vite. Je vais donc sortir un nouveau 45tours en ce début juillet 2014. J’aimerais éditer quelque chose, au moins tous les 6 mois…

Musicalement, ton univers peut évoquer ceux de Roy Orbison, Buddy Holly jusqu’aux productions de Phil Spector. En termes de textes, y-a-t-il aussi des songwriters de cette époque qui t’ont marqué ? Je pense, par exemple, à Chuck Berry qui est un immense auteur même s’il n’est pas suffisamment reconnu comme tel…
Bien sûr, d’ailleurs Chuck Berry est une immense influence. Dans mes textes, il y a plein de petites références que je garde pour moi. Ces derniers sont assez autobiographiques et évoquent souvent mon enfance. Dans des registres différents, j’apprécie aussi beaucoup un auteur comme Bruce Springsteen auquel j’ai « piqué » pas mal de choses. J’adore Morrissey qui est indépassable ainsi que le parolier du groupe de Manchester I Am Kloot, à savoir John Harold Arnold Bramwell. Je possède donc plein d’influences mais, au bout d’un moment, tout se mélange et je n’arrive plus à dire à qui j’ai piqué quoi (rires) ! Il y a, aussi, des groupes émergents qui sont très intéressants dans ce domaine…

En ce qui concerne tes trois premiers 45tours et l’album « 10 Hits Wonder », tu as omis de dire que tu as travaillé, en étroite collaboration, avec Liam Watson. J’aimerais que tu me parles de la manière dont ce sont déroulées les sessions réalisées à ses côtés…
Oui, j’ai enregistré quelques titres avec Liam Watson, dans son studio d’enregistrement londonien. Celui-ci est 100% analogique. Il n’y a pas d’ordinateur, ce n’est que des bandes et du matériel d’avant 1965. Il a, par le passé, entre autres produit la chanson « Seven nation army » des White Stripes, des titres de Supergrass et le dernier Metronomy. C’est donc un mec qui s’y connait (rires) !J’ai toujours souhaité bosser avec lui mais je n’y croyais pas de trop. Un jour, je lui ai envoyé des démos sans penser recevoir de réponse de sa part. En fait, quelques semaines plus tard, il m’a répondu en me disant que cela lui plaisait. Il m’a donc proposé de venir, avec mes musiciens, afin de travailler en sa compagnie à Londres. Cette expérience était incroyable, car j’ai pu comprendre comment est fabriqué le son que j’aime. J’ai obtenu une recette que j’ai pu appliquer à tout l’album. Cela a débloqué plein de choses…

Est-il facile de refléter le même son sur scène. Comment t’y prends-tu (matériel vintage…) ?
Il n’est pas facile d’utiliser du matériel vintage sur scène car on peut vite le bousiller. Notre idée première est simplement de jouer live. Nous n’utilisons ni boucles, ni ordinateurs et l’ingénieur du son ne nous envoie pas des séquences musicales préenregistrées. Le but du jeu, pour nous, est de tout faire comme à l’époque. Notre son, sur scène, est donc très brut et sauvage. Tout est à l’énergie !

Dans la mouvance de Liam Watson, y-a-t-il d’autres gens avec lesquels tu souhaiterais collaborer ou auxquels tu souhaiterais faire découvrir ton travail ?
Oui, il y a beaucoup de gens que j’admire actuellement. Je pense, notamment, à Bosco Mann qui est « l’homme de proue » du label Daptone Records à Brooklyn. Il a produit l’album d’Amy Winehouse « Back To Black » et travaille avec Sharon Jones & The Dap-Kings. Il y a plein de gens intéressants, y compris en France… Je suis, d’ailleurs, assez pote avec le groupe Mustang par exemple. Je tiens aussi à évoquer mon guitariste Dann Coltrane, que les gens ne connaissent pas encore suffisamment. Il fait vraiment des trucs supers. Il y a donc plein de choses qui se passent…

Que penses-tu de l’arrivée de jeunes groupes britanniques, férus de musique des sixties (The Strypes par exemple) ?
Il y a un retour des sixties, voire des fifties, dans la musique anglaise. En fait, il y a un peu à boire et à manger dans tout cela. J’ai adoré le single de The Strypes mais je trouve que l’album n’est pas à sa hauteur. On a toujours tendance à tout mettre dans le même panier…Maintenant, tant mieux si les gens s’intéressent à cette mouvance. Cela veut dire qu’ils achèteront mon disque et c’est très bien (rires) !

Puisque tu t’y référais, avec humour, au début de cet entretien... Je pense que ce côté « mercantile » que l’on retrouve actuellement dans la musique vintage, mise à toutes les sauces, te gonfle un peu non ?
Non, cela ne me gonfle pas. En fait, je m’en fous…Les modes et les genres, ça va et ça vient. A titre personnel, j’essaye de faire de la musique intemporelle, comme l’était la musique de l’époque. Il est impossible de s’en lasser car elle était construite pour durer. Humblement, j’essaye de faire quelque chose qui ne se démode pas et qui n’est jamais vraiment à la mode.

Peux-tu me présenter ce nouveau 45tours qui sort en ce mois de juillet. En quoi sera-t-il différent des précédents ?
Il s’agit de mon quatrième 45tours qui contient une reprise du titre « Heatwave » de Martha & The Vandellas, un girls band des années 1960 que j’aime beaucoup. On y trouve aussi la chanson « Europe » extraite de mon album. Pour le premier morceau cité, nous sommes allés faire une session dans les anciens studios Vogue (aujourd’hui Midilive, nda) à Villetaneuse, en banlieue parisienne. Ils ont été construits dans les années 1960 et ont été laissés à l’abandon pendant des années. Avec mes musiciens nous étions dans une pièce, absolument magnifique, accompagnés par des cuivres et des choristes. Nous avons été enregistrés ensemble, en live, et il s’en dégage une énergie folle.

Ces studios ont ouvert la voie à de nombreux jeunes artistes du début des années 1960. Même des artistes américains (Sidney Bechet, Lionel Hampton…) ont enregistré ces fameux 45tours de 4 titres pour le label du même nom. Ecoutes-tu parfois, ces vieux enregistrements ?
Je n’écoute pas beaucoup d’artistes français. Ce n’est pas ma culture, car j’ai grandi avec des disques anglo-saxons. J’avoue, malgré tout, qu’il y a toujours des supers trucs à aller chercher dans ces enregistrements de Françoise Hardy ou de Jacques Dutronc.

Tu es très ancré dans la musique des années 1950-60. Penses-tu, cependant, que ta musique explorera d’autres tendances dans le futur ?
Non, je ne pense pas changer de registre un jour. En même temps, je n’ai pas l’intention de toujours appliquer les mêmes recettes. Je n’ai pas l’impression de plagier ou de rendre des hommages lorsque je fais de la musique. Je ne réfléchis pas de trop en fait. J’ai plein de nouvelles chansons de prêtes pour un nouvel album, que j’aimerais sortir l’année prochaine. Ma musique ne sera jamais très éloignée de celle que je fais actuellement. Elle évoluera peut-être. En fait, je n’en sais rien. Je ne sais pas du tout où je serai dans deux ans. J’espère dans un grand stade, avec des gens qui hurlent mon nom et avec des soutien-gorges qui seront jetés sur scène. Ceci dit, je ne peux pas le promettre (rires) !

Outre ce prochain album, as-tu déjà des projets (collaborations etc…) ?
J’ai commencé à faire la tournée des festivals, après la sortie de mon album, au printemps. Je découvre donc cette ambiance qui permet de croiser beaucoup d’artistes. Mais, en fait, on n’a jamais le temps de rien. Les journées sont très remplies et on ne fait que se croiser dans les coulisses. Parfois on arrive tout juste à boire une bière et à parler, un peu, de musique. Je pense donc que certaines collaborations verront le jour dans les mois et les années à venir. Je ne sais pas encore ce qu’il en résultera. Pour le moment, cette tournée me prend beaucoup de temps. Tout n’est que découverte et aller à la rencontre des gens est un immense plaisir.

J’en profite pour saisir la balle au bond. Quels sont les musiciens qui t’accompagnent dans cette aventure ?
Nous sommes cinq sur scène. Je suis accompagné par de véritables pistoleros…. Il y a la section rythmique du groupe de Clermont-Ferrand, Marshmallow, qui fait une pop française comme on n’en a pas entendue depuis Les Innocents. A la guitare il y a Laurent Blot (également nommé Dann Coltrane pour son projet solo). Quant au piano, il est tenu par Léo Cotten qui est un « fou furieux », jouant plus vite que son ombre…

Souhaites-tu ajouter quelque chose afin de conclure cet entretien ?
Pour ceux qui ne connaissent pas mon album, je vous encourage à aller l’écouter. Si vous ne l’aimez pas, je vous rembourserai… mais vous l’aimerez (rires) ! Je vous encourage aussi à venir nous voir sur scène, car nous jouerons partout en France (et un peu en Europe) jusqu’à l’automne. Sans déconner, vous passerez un bon moment en notre compagnie !

Remerciements : Gwenaëlle Tranchant, Lisa Bécasse et tout le service de presse du Cognac Blues Passions.

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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
Colmar le 3 juillet 2014

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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