Grayson Capps
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Grayson, pour commencer peux-tu me parler de tes origines ?
Mon nom est Grayson Capps et je suis né dans le sud de l'Alabama aux USA. J'ai rejoint, plus tard, une école à la Nouvelle-Orléans.

C'est là-bas que j'ai vraiment commencé la musique, il y a environ 20 ans. Quand j'ai déménagé à la Nouvelle-Orléans j'ai eu l'occasion de faire du théâtre au Collège.

Cette expérience m'a permis de découvrir la liberté qu'offre une scène. Cependant je préfère la liberté de la musique…

Pourquoi as-tu, spécifiquement, décidé de jouer de la guitare plutôt qu'un autre instrument ?
A l'école tout le monde jouait de la musique et était dans un groupe. J'ai commencé par la trompette qui est un instrument qui fait beaucoup cracher. C'est pour cela que je préfère la guitare qui permet d'éviter ce genre de désagrément (rires).

J'ai ainsi commencé à écrire des chansons et à composer.
Je le faisais en autodidacte car plus j'apprends et moins je sais (rires).

As-tu immédiatement commencé avec la Folk Music ou le Blues et quelles étaient tes influences ?
Oh mon Dieu ! J'ai tant d'influences, c'est fou…
J'écoute beaucoup de gens tels que Hank Williams, Tom T Hall ainsi que des artistes de Blues comme Muddy Waters.

Mon père avait une discothèque très étrange et diversifiée puisqu'il y avait aussi bien des disques de Jane Birkin et Serge Gainsbourg que des productions de Mississippi Fred Mc Dowell. J'ai, de ce fait, une grande quantité d'influences diverses, mais il faut reconnaître que ce que je préfère est le Country-Blues. Je suis particulièrement touché par la simplicité de cette musique.

Le fait que tu vives à la Nouvelle-Orléans était en fait dû à ta scolarité…
Oui, je suis allé là-bas, au départ, que pour l'école. Il faut dire que dans cette ville tu ne peux commencer à boire de l'alcool dans les bars qu'à partir de l'âge de 18 ans (rires).
Il ne faut donc vivre dans cette ville qu'à partir de 18 ans !

C'est là-bas que j'ai rejoint mon premier groupe avec lequel j'ai été signé sur un petit label. Nous avons passé beaucoup de temps sur la route…

Je crois que tu as aussi enregistré pour le célèbre label Tipitina's, peux-tu me parler plus en détail de cette collaboration ?
Je voulais travailler pour le label Tipitina's depuis un long moment. Lorsque nous avons été retenus avec mon groupe (The House Levellers, Nda), cela a été un grand honneur. Cependant nous passions tellement de temps sur la route, parfois 3 mois sans rentrer à la maison, qu'au bout d'un moment il y a eu de la tension entre nous et j'ai décidé de quitter la formation. Cela devenait trop dur, c'était vraiment un moment difficile.

Par la suite je suis devenu chanteur et guitariste rythmique des Stavin'Chain avec lesquels nous avons été signés sur le label allemand Ruf records pour être distribués par Polygram-Universal. Ceci nous a permis de faire des tournées en Europe (la section rythmique du groupe a aussi participé à l'album " Bridges to Babylon " des Rolling Stones et a collaboré au groupe de Keith Richards " the Ex-pensive Winos ", Nda).
Au bout d'un certain temps j'ai décidé de me produire sous mon propre nom.

Quelles ont été, à ce jour, tes plus belles rencontres dans le monde de la musique à New-Orleans ?
J'ai eu l'occasion de jouer avec des musiciens formidables.
L'une de mes meilleures rencontres est celle avec Ron Wood alors que les Rolling Stones étaient en ville.

J'aurai tant d'histoires, passées à New-Orleans, à te raconter que je ne sais pas laquelle choisir. Il y a constamment de la bonne musique partout. Je peux aller à un endroit où un trompettiste joue et le rejoindre sur scène à n'importe quel moment.
J'apprécie particulièrement cette ambiance, tout comme cette ville où j'aime toujours revenir prendre du bon temps.

Peux-tu me parler de ta discographie, combien de disques as-tu enregistré à ce jour ?
Mes premiers disques étaient, en fait, au sein de groupes. A savoir The House Levellers et Stavin'Chain.
Mes premiers enregistrements en solo ont été réalisés pour la bande originale du film " A Love Song for Bobby "(film dans lequel Grayson a un rôle aux côtés de John Travolta qui en est la vedette, Nda).

Mon album solo sortira en septembre 2006 et ce sera mon premier vrai disque, d'autant plus que, suite à divers problèmes, le disque enregistré, à l'époque, pour Ruf Records n'était pas paru.

Comment pourrais-tu décrire ton style musical ?
On pourrait à la fois le qualifier de Rock'n'Roll car le son des guitares n'est pas lisse. En fait ce pourrait être un amalgame de Mississippi Fred Mc Dowell, Tom T Hall et AC/DC par exemple (rires).

Joues-tu avec le même groupe depuis longtemps ?
Depuis l'Ouragan Katrina qui a sévit sur la Nouvelle-Orléans, il m'a fallut passer plus de temps sur la route pour gagner davantage d'argent. J'ai joué dans la même configuration pendant quelques années mais la beauté de la Nouvelle-Orléans et de te permettre de rencontrer de nombreux musiciens différents.

De ce fait je peux jouer un soir avec un violoniste, un bassiste et un batteur puis le soir suivant avec juste mes amplis et deux batteurs, puis juste en solo ou encore avec un groupe de rock de 4 musiciens. Ceci me permet de jouer régulièrement dans la même ville en changeant juste le line-up.
Actuellement je joue principalement avec un autre guitariste, un bassiste et un batteur.

Je crois que tu joues aussi avec un groupe nommé The Stumpknockers…
Oui c'est justement de ce groupe dont je te parlais. Nous avons commencé dans un endroit nommé " El Matador " et nous nous produisons régulièrement tous les vendredis.
Les Stumpknockers sont formés à la base par 20 musiciens avec des trompettes, des violons etc…

Ceci nous permet de nous produire dans des configurations différentes et à chaque fois j'invite des nouvelles personnes. Chacune d'entre elles peut ainsi devenir un Stumknocker " officiel " (rires).

As-tu écouté le dernier album de Bruce Springsteen (" We shall overcome, the Pete Seeger Sessions ", Nda) sur lequel il se produit avec une grande formation ?
Non, je viens de découvrir la réédition en cd d'un concert de 1975 enregistré à Londres, je crois…
J'étais à Amsterdam et il me semble avoir aperçu le making of qui figure sur le DVD accompagnant le disque.

Tu es un fan de Country Music, aussi que penses-tu de l'effervescence actuelle autour de Johnny Cash et plus particulièrement du film " Walk the Line " ?
Je n'ai pas vu le film mais j'ai entendu de bonnes choses sur lui. J'adore Johnny Cash. Je ne suis pas allé voir "Walk the Line " pour diverses raisons. Par exemple parce qu'un acteur, pour moi, n'arrivera jamais à représenter ce qu'il était vraiment. J'aime le vrai Johnny Cash et je suis sûr que le film est bon mais…

Cet artiste était un immense auteur qui restera à jamais un des américains les plus important du 20ème siècle.

Te sens-tu comme un fils spirituel de Waylon Jennings et du mouvement des " Outlaws " en général ?
Tu sais j'ai un fils âgé de seize mois que j'ai prénommé Waylon (rires)…cela veut tout dire. Il deviendra peut-être, à son tour, un " outlaw " ou un rebelle…

Quels sont tes projets pour l'avenir ?
Je vais terminer l'enregistrement de mon prochain album. Je veux surtout, en rentrant, profiter de ma famille, de ma femme et mes enfants.

D'autant plus qu'à partir du mois de septembre mon emploi du temps sera très chargé puisque je vais, à nouveau, reprendre la route.
Je serai, probablement, de retour ici en octobre ou en novembre.

Est-ce facile pour toi aux USA, les musiques roots s'y portent-elles bien ?
Oui je travaille beaucoup parce que les stations de radio et les majors ont saturés le marché avec la musique la plus porteuse. Les gens aujourd'hui veulent découvrir d'autres choses que ce qui passe continuellement à la télévision.

De ce fait je vois beaucoup de mes amis faire de plus en plus de petits concerts devant environ 200 personnes puis bien vendre leurs disques après le show. Cela leur permet de bien vivre.
Ce n'est pas encore le succès de Garth Brooks (immense star aux USA, chanteur de Country FM, Nda), mais qui aimerait être Garth Brooks (rires) ?

As-tu autre chose à ajouter ?
Mon père me disait toujours " Fils, si tu veux devenir un artiste, il faudra fournir de l'espoir. Si tu ne peux pas donner de l'espoir, ne le fait pas ".

Trop d'artistes font ce métier uniquement pour le sexe et l'argent. Pour moi l'essentiel et de donner de l'énergie positive et de l'espoir aux gens.

Je ne comprends pas bien la politique et où Bush veut aller. Beaucoup de personnes en Amérique ne comprennent pas l'impuissance de l'Etat face à la catastrophe de la Nouvelle-Orléans, par exemple.
Aujourd'hui la couleur, dans ce pays, n'est pas le noir ou le blanc, mais le vert.

Car le vert est la couleur de l'argent et j'ai l'espoir que les gens arrêtent d'en vouloir de plus en plus et reviennent aux vraies valeurs. J'aimerai que l'on recommence à vivre et pas à survivre, voilà mon petit message (rires).

 
Interviews:
Les photos
Les vidéos
Les reportages
 

Les liens :

Le site : graysoncapps.com

Interview réalisée à
l'hôtel Windsor Opera à Paris
le 9 mai 2006

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

Le
Blog
de
David
BAERST
radio RDL