Guy King
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : C’est par l’intermédiaire d’un réseau social bien connu que j’ai appris, en ce mois de février 2017, que Guy King était présent en France. Le voyant, sur un cliché, poser devant la Cathédrale de Strasbourg, je pensais que cet admirable et trop rare bluesman de Chicago (d’origine israélienne) était enfin en tournée européenne pour promouvoir son excellent album « Truth » (paru chez Delmark Records en 2016).
Après lui avoir envoyé un message, dans le but d’en savoir davantage, il m’a répondu que non. Sa présence dans nos contrées étant, en effet, uniquement liée à de courtes vacances, dont l’étape suivante serait Paris.
Faisant ni une ni deux, j’ai immédiatement saisi l’opportunité qui m’était offerte et j’ai proposé au talentueux musicien de me rencontrer afin d’enregistrer une interview. Chose qu’il a accepté avec plaisir, non loin de sa fidèle guitare qui le suit pas à pas, quelles que soient les circonstances. Un entretien aussi chaleureux qu’inattendu, que voici retranscrit dans son intégralité.

Guy, avant d’évoquer ta carrière, peux-tu revenir sur ton enfance passée en Israël ?
Oui, bien sûr ! Je suis né en Israël et j’ai grandi dans un très petit village, en pleine campagne. J’étais le plus jeune enfant d’une fratrie de cinq, puisque j’ai trois frères et une sœur. Dans ce village, les activités principales tournaient autour de l’agriculture et nous étions entourés de champs. Je passais la plus grande partie de mon temps à jouer à l’extérieur et à courir au milieu des plantations. Nous travaillions dès notre plus jeune âge, pour cueillir des fruits ou pour oeuvrer dans les champs. C’était une très belle enfance…66

De quelle manière as-tu découvert le blues, était-ce en Israël ?
Oui, c’était en Israël ! Mon premier instrument était la clarinette. A l’âge de 8 ans, je jouais même dans un orchestre. Nous interprétions des morceaux de Scott Joplin, ainsi que des titres issus des répertoires habituels des big bands. Cette expérience m’a servi de fondation et m’a permis de me familiariser avec différents styles parents du blues. C’est vers l’âge de 13 ou 14 ans que je me suis mis à la guitare, car je voulais absolument chanter tout en jouant d’un instrument. Quand j’ai découvert des artistes aussi populaires qu’Eric Clapton ou Stevie Ray Vaughan, cela m’a conforté dans ce choix. Puis, un jour, j’ai entendu Eric Clapton évoquer Freddie King ainsi que B.B. King. Je me suis donc passionné pour eux, puis pour Albert King, T.Bone Walker…Chaque nom me permettait d’en découvrir un autre… Je me suis mis à écouter assidument tous ces gens-là…

Quelles sont les circonstances qui t’ont poussé à partir aux Etats-Unis ?
La première fois que je suis allé aux Etats-Unis,j’avais 16 ans. Mon but était de jouer et d’étudier le blues. J’y ai effectué des voyages au contact des musiques populaires américaines. Puis, je suis rentré en Israël où j’ai terminé mon cursus scolaire. Par la suite j’ai effectué mon service militaire avant de retourner aux USA, par simple amour de la musique. J’avais alors 21 ans…

Pourquoi as-tu préféré t’installer à Chicago plutôt qu’à Memphis ou à la Nouvelle-Orléans ?
Bonne question… En fait, le premier endroit où je me suis rendu était bien Memphis. J’avais choisi cette ville car j’adorais Albert King et B.B. King. Je savais que c’était là qu’était né ce son que j'aimais par-dessus tout et que ces artistes avaient débuté leurs carrières respectives. Entre mes 18 et 21 ans, c’était vraiment ce son de guitare que je préférais.J’ai donc décidé de beaucoup jouer dans cette ville, afin de m’imprégner de son ambiance et de son état d’esprit. Puis, au bout de quelques temps passés à Memphis, j’ai pris un train car je ressentais une forte envie de voyager. Il faut dire qu’après le Lycée et trois années passées à l’armée, j’avais très envie de découvrir de nouvelles choses. Je suis donc allé à la Nouvelle-Orléans où je jouais à longueur de journée. Bien entendu, j’y ai aussi écouté beaucoup de musiciens dans la rue. C’était vraiment formidable car, en Israël, je pouvais uniquement écouter des albums…il n’était pas possible de voir beaucoup d’artistes en live.
Durant cette période, j’étais seul, simplement accompagné par ma guitare délicatement rangée dans son étui. Par la suite, un cousin lointain m’a informé du fait qu’il connaissait quelqu’un qui vivait à Chicago. J’ai estimé qu’il serait bien que je rencontre des personnes et que je ne continue pas ma vie de solitaire. J’ai donc souhaité tenter ma chance dans cette grande ville de Chicago et j’ai pris un train depuis la Nouvelle-Orléans afin de m’y rendre. Puis, tout s’est accéléré…

Quels sont les premiers bluesmen que tu y as rencontrés ?
Les premiers bluesmen que j’ai rencontrés sur place étaient l’harmoniciste Malcolm « Little Mack » Simmons (1933-2000) ainsi que le bassiste, chanteur et songwriter Aaron Burton (connu pour avoir accompagné Freddie King, Junior Wells, James Cotton, A.C. Reed, Fenton Robinson, Carey Bell et beaucoup d’autres) qui était l’un des premiers membres du groupe d’Albert Collins, The Icebreakers. Deux jours après mon arrivée à Chicago, c’était l’ouverture du Festival de Blues de la ville. En marchant dans la rue, j’ai croisé Otis Rush qui marchait sur le trottoir opposé. Je me suis, alors, dit « waouh, j’arrive à peine à Chicago et voici sur qui je tombe ». Je l’ai revu, un peu plus tard, dans un célèbre club qui n’existe plus, le Blues Etc. Il a été très gentil avec moi et nous avons même joué au billard ensemble, durant trois ou quatre heures, en compagnie de son épouse. Pourtant, il n’avait encore jamais entendu parler de moi.

Quelle a été la réaction des bluesmen la première fois qu’ils t’ont entendu ? Ont-ils été surpris devant ce jeune guitariste virtuose, venud’Israël ?
La première réaction, date de la période durant laquelle j’étais à Memphis. C’était la première fois que je m’y produisais et je n’avais pas encore parlé à beaucoup de gens. J’ai simplement pris ma guitare, j’ai joué et j’ai chanté comme on me l’avait proposé. L’attitude du public a été très positive à mon égard, il a adoré. C’était un samedi soir et, par la suite, j’ai été invité à réitérer la chose tous les samedis. C’est devenu un travail…
Je me sentais bien, même si j’étais seul avec ma guitare, sans amis et sans famille à mes côtés. Le fait d’être autant apprécié m’a fait très plaisir, les spectateurs n’avaient pas idée de qui j’étais et ils se sont mis à m’aimer rien que par la force de ma musique. La même chose s’est produite à Chicago, lorsque j’ai commencé à fréquenter les jams de la ville. « Little Mack » Simmons et Aaron Burton m’ont proposé de me joindre à leurs groupes. Je m’estime très chanceux et heureux d’avoir pu tisser ce lien social par la seule force de la musique. J’ai toujours été très silencieux, y compris en Israël lorsque j’étais enfant. Je n’ai donc jamais forcé les choses où mis en avant mes origines. Le fait que je sois israélien n’a pas joué. J’ai été accueilli avec tous les égards, en tant que musicien. Si on me posait la question, je répondais simplement qu’Israël est mon pays d’origine mais que j’étais, avant tout, là pour jouer.

Avant d’intégrer le groupe de Willie Kent, as-tu joué professionnellement avec d’autres artistes ?
J’ai accompagné deux artistes durant une courte période, il s’agit d’Aaron Burton et de « Little Mack » Simmons dont j’ai déjà parlé durant cet entretien. C’était dans un club, le Lilly’s, à Chicago. A cette période, deux journalistes de la revue française Soul Bag ont assisté à l’un de ces concerts. A leur retour, j’ai eu droit à une chronique élogieuse puisqu’il y était dit que l’un des meilleurs guitaristes de la ville n’était pas originaire de Chicago, mais d’Israël et qu’il n’était âgé que de 21 ans. Ce sont eux qui m’ont poussé à aller à la rencontre de Willie Kent. Je suis allé le voir et, très rapidement, notre collaboration a débuté…

Peux-tu me parler, plus en détails, de ces années passées aux côtés de Willie Kent ?
Willie était très gentil avec moi. Au début, il m’a beaucoup écouté afin de me donner des conseils. Avant même de rejoindre son groupe, il me demandait de m’assoir à ses côtés afin de parler. C’est à l’issue de l’un de ses concerts qu’il m’a proposé de travailler pour lui en tant que guitariste. C’était quelqu’un de formidable et il me poussait à prendre des initiatives. Je pouvais prendre des solos à ma guise, car il avait compris quelles étaient mes influences (B.B. King, Albert King, Freddie King, Otis Rush, T.Bone Walker). C’étaient celles qu’il appréciait le plus ! Le batteur de Willie était Dave Jefferson qui, au préalable, accompagnait Albert King. De ce fait, il y avait pour eux une sorte de « confort » à se retrouver accompagnés par quelqu’un qui s’inspire de ce géant du blues. Je devais alors avoir 22 ou 23 ans et j’ai beaucoup appris en jouant avec ces musiciens. Nous avons enregistré ensemble et Willie m’a laissé produire l’un de ses albums, j’étais vraiment intégré à sa famille. J’étais très jeune mais aussi très sérieux. Mon but était de jouer et j’y prenais beaucoup de plaisir. Je n’avais pas besoin de faire les bêtises habituelles, propres aux jeunes de mon âge. Je me consacrais entièrement à la musique. Willie sentait bien cela…
Dans le groupe, nous étions âgés de 22 à 60 ans mais nous étions tous sur la même longueur d’onde. J’ai pu bénéficier de l’expérience de mes ainés, savoir ce qu’il fallait faire et ne pas faire. Willie m’a aussi enseigné le côté « business » de notre art. Grâce à lui, je sais aujourd’hui défendre mes intérêts ! Il me faisait une confiance totale, il n’ignorait pas que j’écoutais de nombreux artistes différents et que je pouvais passer de Robert Johnson à Ray Charles ou B.B. King. Il savait que s’il me proposait de jouer telle ou telle chanson d’Otis Rush, je pouvais le faire. Idem avec des titres d’Arthur « Big Boy » Crudup ou d’O.V Wright. Tu sais David, nous avons énormément joué ensemble. Jusqu’à 300 nuits par an, nous voulions tout le temps jouer. Tu peux progresser en jouant seul chez toi mais tu progresses encore de manière plus spectaculaire en te retrouvant face à un public chaque soir. J’avais les mains libres avec Willie, il croyait en moi. Notre relation était très naturelle. De plus, j’adorais sa manière de chanter dont je me suis inspiré et qui m’a donné de nombreuses idées concernant ma propre vision du blues. Parfois, entre sa voix et ma guitare, c’était un véritable dialogue qui se nouait et il trouvait que le fait de dégager un maximum de puissance était une bonne chose. Il m’a aidé à devenir un meilleur chanteur. C’est la période de ma vie vis-à-vis de laquelle je suis le plus reconnaissant…

Le fait de débuter une carrière sous ton propre nom a-t-il été difficile pour toi ?
En fait, les gens m’ont demandé de donner des concerts sous mon propre nom alors que Willie était encore en vie. Ce dernier m’a encouragé dans ce sens et m’a dit de le faire. Je pensais qu’il n’avait pas raison car je jouais pour lui et j’étais très loyal à son égard. Ce dernier m’a donc proposé de commencer ses concerts.
Je ne sais pas exactement pourquoi j’avais cet état d’esprit. Peut-être lui étais-je particulièrement dévoué, peut-être avais-je peur de ne pas encore avoir suffisamment le niveau pour cela. Je pensais avoir encore avoir à apprendre des autres musiciens… Il était, parfois, un peu dur car je ne lui donnais pas de réponse précise. Puis il est décédé et il m’a beaucoup manqué car il était un vrai ami et un musicien que j’appréciais. A sa disparition, je n’ai pas donné un seul concert pendant 6 mois. Puis, l’envie de jouer est devenue trop forte…j’en avais besoin. Durant cette période j’ai écouté beaucoup de musique (Ray Charles, Wes Montgomery, Charlie Parker, Count Basie, Jimmy McGriff, Stevie Wonder…). J’avais besoin d’idées concernant les registres que je pouvais incorporer au blues que je voulais faire. Le fait de débuter sous mon propre nom n’a pas été plus difficile que de devoir commencer n’importe quel autre travail. C’était, finalement, une chose naturelle pour moi. Une évolution logique qui devait se produire…

Le fait d’être, aujourd’hui, signé sur un label aussi prestigieux que Delmark Records est-il un avantage ?
Je le pense…
J’avais déjà, pour information, enregistré quelques premiers CD sur mon propre label avant de travailler sur « Truth ».
Par ailleurs, j’ai participé à des disques pour Delmark lorsque j’accompagnais Willie Kent et, en entrant dans le studio, j’ai vu une grande photo le représentant. Cela a fait rejaillir de nombreux souvenirs…
Ce label aide beaucoup les musiciens, nous y sommes bien considérés. De l’émotion est mise dans le mixage, le feeling est mis en avant…
J’avais besoin de cela car, de nos jours, tout le monde peut enregistrer un CD à la maison. Mais tout le monde ne peut pas enregistrer sur un label car sa créativité peut être mise à mal ou tronquée. Parfois le résultat final peut être bon, mais ce n’est pas toujours le cas. Dans le cas de Delmark c’est positif car c’est comme si cette maison de disques apposait un timbre sur ta musique afin de l’approuver. C’est Dick Shurman qui a produit mon disque. Il m’a beaucoup aidé et m’a permis d’enregistrer dans les meilleures conditions, en bénéficiant d’un bon équipement. Nous travaillions dans un vrai esprit de famille. J’ai adoré le processus de création de ce disque !

Peux-tu me présenter ce disque, « Truth » ?
« Truth » a été enregistré en 2016, en février pour être précis. C’est, comme tu le soulignais, mon premier album sur le label Delmark. J’en ai écrit quelques chansons en compagnie du formidable songwriter David Ritz qui est, également, biographe et auteur d’une cinquantaine de livres. Il a, notamment, écrit sur quelques-uns de mes héros tels que Ray Charles ou B.B. King…
Dick Shurman, de son côté, avait déjà produit des albums pour Albert Collins, Otis Rush et pour beaucoup d’autres. Nous avons travaillé ensemble comme des amis proches. Ensemble, nous avons décidé du matériel à utiliser et de ce que nous voulions produire comme son.
B.B. King est décédé moins d’un an avant l’enregistrement et, en son hommage, nous avons décidé de reprendre deux de ses chansons. Je bénéficie d’un grand groupe sur ce disque; ma section rythmique, ma section de cuivres, mes choristes. J’ai signé de nombreux arrangements pour ces parties respectives. C’était beaucoup de travail mais beaucoup d’amour découle de ce projet. Après les répétitions, lorsque nous sommes entrés en studio, nous avons continué à longuement répéter afin d’enregistrer dans des conditions qui soient les plus confortables possible. Cela s’est fait très naturellement. Je savais où aller et je connaissais parfaitement les chansons… L’enregistrement s’est déroulé dans des conditions idéales.

Tu donnes toujours beaucoup de concerts chaque année (jusqu’à 300), où puises-tu ton énergie ?
Je ne sais pas… L’année dernière, j’ai donné un peu moins de concerts parce que j’étais très occupé avec l’album. Je souhaite, cependant, reprendre ce rythme de 200 à 300 concerts annuels mais en voyageant davantage. Je joue beaucoup à Chicago et j’ai déjà eu l’occasion de tourner dans des pays tels que le Brésil en Amérique du Sud. Actuellement, j’essaye de trouver des contacts en Europe où j’ai déjà eu l’opportunité de me produire très souvent avec Willie Kent. Après sa mort, je n’ai eu l’occasion que de jouer en Suisse pour deux ou trois concerts.
Maintenant, j’ai la chance de pouvoir compter sur mon album « Thruth », qui a été accueilli très chaleureusementen Europe. Grâce à cela, j’ai envie de voyager davantage. Pour cela, il me faudra donner moins de concerts à Chicago. L’idéal serait de pouvoir emmener mon groupe, au grand complet, avec moi comme j’ai déjà pu le faire aux Etats-Unis. J’essaye d’être le meilleur possible et j’utilise cette énergie pour cela. Chaque jour, j’apprends quelque chose de nouveau et je fais des choses un peu mieux que la veille. La bonne musique utilise beaucoup d’énergie car elle est le fruit d’un travail acharné. Il faut continuellement jouer, c’est en tout cas mon opinion…

Avec « Truth », tu as été nominé aux Blues Music Awards 2017. Est-ce, pour toi, un signe de reconnaissance important ?
Tu sais, c’est la première fois que j’ai été nominé afin de recevoir un award. C’était, avec « Truth », dans la catégorie du meilleur album d’un artiste émergent. C’est important car, encore une fois, c’est comme un tampon qui viendrait valider tes qualités. Lorsque j’ai, pour la première fois, joué à Memphis de nombreuses personnes ont trouvé ce que je faisais très bien. Ces avis étaient, également,très importants pour moi… Dans la vie tu as besoin de savoir, toi-même, si tu es bon ou pas. Ainsi, tu peux constamment t’améliorer et essayer d’être le meilleur possible. J’ai, durant une longue période, accompagné Willie Kent qui a remporté 13 W.C. Handy Awards ou Blues Music Awards durant sa carrière. Chaque année, je me produisais avec lui lors d’une remise de prix…
Des expériences qui m’ont permis de croiser, dans des hôtels, des artistes tels que Bobby Rush ou Little Milton pour ne citer qu’eux. Aujourd’hui, je me suis retrouvé nominé à mon tour. J’en suis très touché, même si mon état d’esprit m’impose l’humilité. Je me sens fier et cela me pousse à devenir le meilleur possible. C’est quelque chose de flatteur et ça aide à se sentir encore mieux. Aujourd’hui, je veux devenir le meilleur possible, ne serait-ce que par respect des gens qui m’ont découvert à cette occasion. Oui, c’est important, je suis fier, flatté et heureux !

Comment définis-tu ton style et quelle est ta propre définition du blues ?
En restant le plus honnête que je puisse être, je considère mon style comme étant à la fois profond et propre. J’y ajoute un maximum de feeling et cela correspond, également, à la définition que je donne au blues. Il ne faut pas abuser des filtres et des effets. Certaines personnes aiment cela mais je ne pense pas que ça corresponde à l’âme du blues originel. Les gens que j’écoute comme Robert Johnson, T.Bone Walker, B.B. King, Albert King, Ray Charles, Wes Montgomery, Erroll Garner, Oscar Peterson ou Charlie Parker sont des musiciens d’une extrême pureté. Ils peuvent exprimer tout ce qu’ils ressentent avec une seule note. Je n’utilise aucun effet sur ma guitare. Je branche simplement mon câble et je mets le volume en position « on ». Je veux rester honnête, pur, profond et aussi solide que je le peux. Je pense que cela représente mon style et il s’agit des balances de la vie…entre franchise et sensibilité. La combinaison de tout cela est le blues, la musique la plus formidable qu’il soit… Mon but est de respecter tous ces éléments, afin de faire perdurer cette tradition…tout en restant le plus honnête possible.

A ce jour, quels sont tes meilleurs souvenirs liés à la musique ?
Waouh…il y en a beaucoup ! J’ai tant joué avec Willie Kent et j’en garde de précieux souvenirs. Sinon, je dirais qu’il s’agit de la première fois que j’ai touché une guitare. La première note m’a indiqué que je me dirigeais vers ce qui était le meilleur chemin pour moi. N’importe qui peut prendre une guitare et faire du bruit. Pour ma part, même avant de commencer à jouer, je voulais trouver la note. Celle qui me toucherait au plus profond de mon être. Quand j’ai pu trouver cette note que j’avais imaginée, cela a été la sensation la plus belle de ma vie. J’ai toujours continué dans cette fois, la recherche de la note puis de la chanson qui me touche le plus. Aujourd’hui, dans ce dernier cas de figure, je peux compter sur les formidables musiciens qui m’accompagnent.
A chaque fois que je joue, cela représente une extraordinaire expérience. Tous les concerts inoubliables que j’ai pu donner aux Etats-Unis, en Europe ou au Brésil me confortent dans cette idée. La musique constitue une vraie part de ma vie, elle est indissociable de ce que je suis. C’est elle qui me donne le sourire… Tous mes meilleurs souvenirs sont liés à cet art.

Depuis ton arrivée à Chicago, penses-tu que la scène blues a beaucoup changé dans cette ville ?
Oui, en effet, je le pense. La ville a changé en elle-même. Il y a beaucoup plus de grands immeubles et elle est devenue plus consensuelle. Beaucoup des personnes que j’avais rencontrées à mon arrivée sont, aujourd’hui, décédées. Qu’il s’agisse de Willie Kent ou de Magic Slim, ils ne sont plus de ce monde. De même, des artistes tels que Johnny B. Moore ou Arthur Duncan ont arrêté de se produire. Des gens qu’il était toujours possible de voir dans les clubs et qui, aujourd’hui, ne sortent plus. Certaines personnes me prennent pour un ancien, car je joue depuis 18 ou 20 ans à Chicago. Pour ma part, je me considère toujours un « petit nouveau ». Quand je suis arrivé, on ressentait davantage le lien qui uni le Mississippi à Chicago. On savait que beaucoup de gens venaient du sud. Maintenant ce lien s’est atténué avec le temps. Heureusement, la jeune génération essaye de poursuivre la tradition qui était portée par des artistes tels que Willie Kent qui, lui aussi, venait du Mississippi. La musique est maintenant plus stylée. Quand je l’écoute, je la trouve différente, elle a changé…

La veille de venir en France, où tu passes actuellement quelques jours de vacances, tu as donné un concert au Buddy Guy’s Legends. Connais-tu bien Buddy Guy ?
Oui, d’ailleurs il était là ! Il était assis au bar. J’avais déjà joué au Buddy Guy’s Legends alors qu’il se situait à son ancienne adresse. C’est, d’ailleurs, le premier club dans lequel je me suis rendu en arrivant à Chicago. J’y ai donné des concerts avec Willie Kent puis, plus tard, avec mon propre groupe. Il y a quelques années, Buddy Guy m’a même proposé d’y donner un set, entièrement consacré au jazz, tous les dimanches. Je connais Buddy Guy, il a toujours été formidable à mon égard. En septembre dernier, il a reçu un prix de la ville de Chicago (un Fifth Star Award). A cette occasion, j’ai joué pour lui au Millenium Park. Je me suis, alors, produis, avec mon big band afin d’interpréter un hommage en son honneur. Il est possible de voir ce concert sur YouTube…
Après la disparition de Willie Kent, j’ai pu compter sur son soutien et sur ses bons conseils. Lorsque je me produisais dans des clubs, il lui arrivait de venir et de chanter avec moi. Il est formidable et, lorsqu’il n’est pas en tournée, on le retrouve toujours dans son club où il est simplement assis au bar. Il y écoute la musique et signe des autographes aux gens.

Quels sont les espoirs que tu portes en l’avenir ?
Continuer de jouer etcela devant un public de plus en plus important. Le faire avec ma propre musique et devenir le meilleur possible. J’espère partager au maximum ce que je fais et apporter du bonheur au public. J’espère, aussi, tourner davantage. Je vais, bientôt, travailler sur un nouvel album qui sera la suite logique de « Truth » et qui m’aidera, peut-être, dans ce sens…

As-tu une conclusion à ajouter, à l’attention de ton public français ?
J’espère venir en France, afin d’y donner des concerts, durant cette année 2017. Je veux que vous connaissiez ma musique dans sa version live, pas uniquement par le biais de la radio !

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Interview réalisée
Rue Louis Kieffer - Bischheim
le 18 février 2017

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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