Henrik Freischlader
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Nda : Incontournable dans le paysage blues européen, Henrik Freischlader reste malheureusement trop peu connu auprès des amateurs français du genre.
Son aura et son talent hantent pourtant de nombreuses scènes internationales depuis ses débuts, en 1998 (il n’avait alors que 16 ans). Vedette consacrée dans les pays germanophones et tournant régulièrement en Belgique, Hollande, République Tchèque, Hongrie et Grande-Bretagne le chanteur-guitariste a, enfin, signé son retour dans l’hexagone… par le biais d’un concert en club à Strasbourg le 13 septembre 2013. Pour nous, une manière privilégiée de le retrouver et pour lui… une bonne occasion de nous faire prendre conscience de l’erreur que nous faisons en ne l’invitant pas plus régulièrement sur nos scènes.


Pour débuter Henrik, peux-tu me présenter ton groupe actuel ?
 Oui, bien sûr ! Il y a Björn Krüger à la batterie, Theofilos Fotiadis à la basse et Moritz « Mo » Fuhrhop à l’orgue Hammond. Quant à moi, j’en suis le chanteur et guitariste…H

On sait que tu es allemand, sans toutefois vraiment connaitre tes origines précises. Peux-tu m’en dire davantage à ce sujet ?
 Je suis né à Cologne mais j’ai passé la plus grande partie de ma vie à Wuppertal. Par la suite j’ai vécu à Kiel, puis à Essen et, enfin, à Arnsberg où je réside actuellement.

Tu joues de nombreux instruments différents, bien que tu sois surtout réputé pour tes talents de guitariste. As-tu suivi un apprentissage en particulier sur un point de vue musical ?
 Mes parents m’ont poussé à prendre des leçons de piano lorsque j’étais enfant. Paradoxalement, c’est probablement l’instrument dont je joue le moins bien aujourd’hui. Je ne me rappelle quasiment de rien de ce qui m’a été enseigné à l’époque. Puis j’ai appris, par moi-même, à jouer de la batterie, de la basse et de la guitare. Pour ce dernier instrument, je me suis perfectionné au fil du temps, en travaillant assidument... et cela s'est bien passée (rires) !

Quelles ont été tes premières influences ?
 Les premières dont je pourrais te parler sont Kool & The Gang, Michael Jackson, Stevie Wonder et d’autres artistes se produisant dans une mouvance rhythm & blues et funky.C’est plus tard, en écoutant Gary Moore pour la première fois, que le blues a eu un impact sur moi. C’est ce chanteur-guitariste qui m’a, en effet, sensibilisé à cette musique.

En dehors de Gary Moore, quels sont les musiciens qui te touchent le plus dans ce domaine ?
 Il y en a beaucoup. Les premiers noms qui me viennent à l’esprit sont ceux d’Otis Redding, BB King, Albert King, Stevie Ray Vaughan, Albert Collins ou encore Aretha Franklin.J’écoute également beaucoup de gospel et d’autres choses…

Il y a beaucoup de très bons musiciens en Allemagne. Malheureusement, la plupart d’entre eux sont inconnus en France. Que pourrais-tu donc me dire afin de me présenter cette scène ?
Je pense qu’il y a, actuellement, beaucoup de mouvement au sein de la scène blues allemande. On y trouve de nombreux groupes et des magazines spécialisés font leur apparition. Il y a vraiment un travail de promotion qui est réalisé autour de cette musique. Puis, bien sûr, il est possible de se faire de nombreux amis et de se tisser des réseaux au gré des festivals qui se déroulent dans ce pays.

Tu es aujourd’hui, enfin, de retour en France pour y défendre ta musique. Cela est-il important à tes yeux ?
Nous sommes très heureux d’être finalement de retour et d’avoir été invités à jouer ici. Notre dernier concert en France remonte à 2009. Le fait de donner notre premier show dans l’hexagone depuis tout ce temps nous remplit de joie. Il faut dire qu’il n’a pas été évident pour nous de revenir puisqu’il nous manque un promoteur afin de nous trouver des gigs dans ce pays. De manière générale, j’aime jouer de la musique pour tout le monde et partout. J’adore voyager et j’espère que le concert de ce soir nous servira de tremplin et qu’il ne sera que le commencement d’une longue série de spectacles que nous donnerons ici dans l’avenir.

Il y a une grande tradition du blues en France. Depuis la fin des années 1970/début 1980 notre scène ne cesse de s’agrandir tout en se renouvelant. Connais-tu certains des artistes qui la composent ?
Je ne la connais qu’un tout petit peu… Je connais Nina Attal par exemple… Un soir, à Paris, je me suis rendu au Caveau des Oubliettes où se déroulait une « blues jam session ». Nous y sommes donc allés afin de prendre du bon temps et de boire quelques verres. Cela m’a donné l’occasion de jouer avec quelques musiciens locaux. Je me souviens, en particulier, de Julien Audigier qui est un très bon batteur.J’y ai rencontré de nombreux autres musiciens talentueux mais, bien sûr, je ne me souviens pas de leurs noms.

Quelle est la définition qui collerait le mieux à ta musique ?
 C’est une chose sur laquelle il m’est difficile de me prononcer. Je pourrais dire qu’il s’agit d’un blues qui tire vers le rock, qui s’aventure parfois du côté de la soul music et qui offre des moments plus calmes. C’est une musique très ouverte en fait…

Tu es également un producteur de disques. Peux-tu évoquer cette partie de ton travail ?
J’ai fondé mon propre label (Cable Car Records), chose qui remonte à 2009. J’ai pris cette décision car je voulais conserver un esprit de famille dans ma musique, en évitant de privilégier le côté business de cette profession. Ainsi, je peux prendre mes propres décisions et faire ce que je veux réellement.Le fait de produire des disques et avant tout une chose que je fais afin d’aider des amis à débuter leurs carrières respectives. Mon but est avant tout de leur écrire de bonnes chansons… des chansons qui leurs collent parfaitement à la peau. Je les aide du mieux que je peux, en utilisant un maximum de mes possibilités. Ainsi, il m’arrive aussi de les accompagner à la batterie ou à la basse lors de leurs sessions. Pour moi, le terme production est avant tout un synonyme du mot aide.H

Ressens-tu le fait d’être allemand comme un handicap dans le milieu du blues ?
 Non, je ne peux pas vraiment dire ça. Mais je pense que cela peut parfois paraitre étrange pour les gens. Voir un allemand jouer du blues, alors que c’est avant tout une habitude américaine ou anglaise, peut déstabiliser. C’est quelque chose de particulier car nous ne sommes jamais à l’abri d’une surprise. Notamment si quelqu’un prend le risque de me programmer en dehors des frontières germaniques. Lorsque cela arrive, les gens ne regrettent jamais leur décision car ils prennent conscience de la qualité de notre show.

Tu as eu l’occasion de travailler avec Joe Bonamassa. Peux-tu me parler de vos rapports ?
J’ai eu la formidable opportunité de faire sa première partie lors de l’une de ses premières tournées en Allemagne. C’était en 2007 ou 2008 et nous avons donné 9 concerts ensemble. Depuis, nous sommes devenus amis et nous restons en contacts. Il m’a d’ailleurs fait le plaisir de venir jouer un solo lors de l’enregistrement du titre « Still Frame Replay » sur l’album du même nom paru en 2011. Lorsque je lui ai proposé la chose, il m’a naturellement répondu oui. C’est un geste qui m’a rendu très heureux et qui m’a certainement fait connaitre auprès d’un nouveau public. Je lui en suis très reconnaissant… Comme je te le disais, nous restons en contacts et essayons de nous revoir à chaque fois qu’il passe en Allemagne. C’est un type très gentil…

Depuis 2006, tu as sorti 9 albums. Comment peux-tu expliquer une telle créativité ?
Oh, je ne peux pas l’expliquer ! Cela est, peut-être, tout simplement lié au fait qu’il ne me faut pas beaucoup de temps pour réaliser un projet. Puis à chaque fois que je passe un jour ou deux à la maison, une sensation d’ennui me vient très vite.

Tu es un artiste très lié à la scène, que ressens-tu de particulier lorsque tu te retrouves face à un public ?
 Je ne ressens rien de particulier en dehors de la musique en elle-même. Je ne me considère pas comme une sorte de showman. Je suis simplement à fond dans ma musique, aux côtés des merveilleux membres de mon groupe. Nous nous contentons d’interpréter des chansons en captant au maximum l’énergie des gens qui viennent nous voir. Il s’agit simplement de cela…

Ta musique évolue-t-elle beaucoup en fonction des différences que tu peux ressentir d’un public à l’autre ?
Oui, bien sûr ! Cela dépend toujours beaucoup de l’énergie que tu reçois de la part du public. Si tu sens que tu es face des spectateurs qui t’apprécient beaucoup, qui sont avec toi et qui ressentent parfaitement ta musique… c’est comme s’ils faisaient corps avec le groupe. Oui, nous sommes très dépendants des gens qui se trouvent face à nous.

Essayes-tu, à travers tes textes, de transmettre un message en particulier à tes admirateurs ?
 Non, mais je pense que beaucoup de ces textes peuvent faire référence au christianisme car certaines de mes chansons évoquent Dieu, la mort et le fait de ne pas avoir peur de mourir. J’essaye d’être reconnaissant envers tous et propose aux gens de profiter au maximum de la vie. Bien sûr j’évoque parfois l’amour et, de temps en temps, l’argent. Ceci en invitant mes admirateurs à ne pas le prendre trop au sérieux. Bref, toutes ces sortes de choses…

Peux-tu me parler de ton dernier disque « Live In Concerts », qui vient de paraitre sur le label Cable Car Records ?
Avant de sortir mon DVD live, j’ai décidé d’enregistrer plusieurs shows de nos dernières tournées. A savoir, par exemple, « Still Frame Replay Tour » en 2011. En particulier son tout dernier concert qui a été capté à Arnsberg, la ville où je réside actuellement. C’est là que j’ai enregistré, par ailleurs, la plupart de mes albums. Ce disque live inclus donc la totalité de ce concert et un autre show issu du « House In The Woods Tour » en 2012. Il en résulte 4 disques (soit deux concerts intégraux) qui sont soigneusement rangés dans un même packaging.

Quels sont maintenant tes projets ?
J’enregistre actuellement un tout nouvel album studio…

Mais tu ne peux donc jamais t’arrêter (rires) !
 Non, je ne peux pas (rires) !Parfois c’est un peu de la folie mais je suis tellement content de pouvoir continuer à surfer sur une telle vague d’énergie… J’ai presque terminé, je pense que nous en avons encore pour une semaine de travail. Après cela, je retournerai en studio, afin de produire le prochain album de Tommy Schneller (très bon chanteur et saxophoniste de blues allemand, nda).

Souhaites-tu ajouter quelque chose à l’attention de ton public français ?
 Tout simplement lui dire merci…Merci pour cette invitation qui me permet de revenir dans ce pays et merci de venir assister à mes concerts. J’espère, bien sûr, avoir la possibilité de revenir très bientôt et de manière plus régulière….

Remerciements : Nari Katharina Pohl & Mark Babilon (Cable Car Records), Benoit Van Kote & Serge (Au Camionneur – Strasbourg)

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Interview réalisée
Au Camionneur
de Strasbourg

le 13 septembre 2013

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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