Heymoonshaker
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Nda : Le Nancy Jazz Pulsations célèbrera ses 40 ans du 09 au 19 octobre 2013. En prélude à cet événement, dont le fil rouge sera la Nouvelle-Orléans, une soirée « apéritive » s'est déroulée le 07 mai dans l’une des salles de L'Autre Canal.   En plus de proposer l'impressionnant brass band The Soul Rebels, cette dernière s'est offert le luxe de mettre à l'affiche l'une des sensations musicales du moment... à savoir le duo britannique Heymoonshaker.Il ne m'en a pas fallu davantage pour me décider à rallier la Meurthe-et-Moselle, dans le but de rencontrer et tendre mon micro à David « Dave » Crowe et Andrew « Andy » Balcon, respectivement boîte à rythmes humaine et chanteur-guitariste de ce tandem… qui n’a pas fini de faire parler de lui !

Pour débuter cet entretien, pouvez-vous vous présenter l’un et l’autre et évoquer vos sources d'inspirations dans la musique ?hm
Dave Crowe :
Je suis le « beatboxer » d’Heymoonshaker. Pour être tout à fait honnête, je ne puise pas réellement mon inspiration dans la musique. En effet, je préfère la chercher dans les sentiments, dans l’accomplissement et les relations humaines. Musicalement parlant, c’est dans le talent d’Andy que je trouve une certaine exaltation et que je me développe dans mon art. Il est l’un de mes musiciens préférés dans le monde et c’est un véritable honneur de pouvoir jouer avec lui chaque jour. Il fait très bien ce qu’il a à faire donc, oui, c’est bien lui qui m’inspire le plus dans la musique !  
Andy Balcon :
Quant à moi je suis le guitariste d’Heymoonshaker… ainsi que le chanteur qui fait du bruit !   Je viens du blues traditionnel ainsi que du « blues » africain, puisque je m’intéresse aussi aux sons qui proviennent de pays tels que l'Éthiopie et le Mali. J’aime également la musique américaine des années 1960, comme celle qui était produite par la firme Motown à Détroit. J’ai toujours eu l’idée de mélanger différents genres musicaux et de créer quelque chose de différent autour. Je ne veux pas dire pas là que, par exemple, le fait de mixer du swing avec de la musique électronique me suffirait. Je tiens à aller plus loin dans cette démarche afin de proposer quelque chose qui soit nouveau.
Dave Crowe : Oui, comme des sentiments et des ambiances particulières. L’electro swing a pris une grande ampleur en Angleterre depuis les trois dernières années et c’est un putain de bruit à l’écoute. Il s’agit de swing sur lequel on superpose un putain de rythme house… sans recherche particulière.
Andy Balcon :
Tu peux, par exemple, faire du blues avec simplement une basse, une batterie et une guitare puis moduler ton registre en jouant plus ou moins sur l’amplification. Ainsi, tu as la possibilité de varier ton style et de travailler sur un panel qui peut aller d’une musique assez douce jusqu’au rock. 
Dave Crow :
Beaucoup pensent que, pour proposer une musique nouvelle, il suffit de mixer des genres diamétralement opposés. Ces gens-là ont tendance à oublier les racines, ce qui a rarement été le cas dans l’electro blues puis avec nous dans le beatbox blues. Nous sommes remontés aux débuts afin de comprendre parfaitement nos racines et de pouvoir accoler de manière cohérente mon rythme vocal au blues. Si notre but est de créer quelque chose de nouveau, il est aussi de conserver toute l’authenticité inhérente à la musique dont nous sommes issus.

Vous êtes tous les deux anglais mais, pourtant, vous vous êtes rencontrés en Nouvelle-Zélande. Dans quelles circonstances exactes votre prise de contact s’est-elle déroulée ?  
Andy Balcon :
C'était  dans un camping, aux abords d'un terrain de golf (à Nelson, nda), sur lequel j'avais garé mon van jaune. Dave a entendu ma voix et m'a interpellé. Je me demandais quel était ce type qui voulait certainement que je fasse moins de bruit. Cependant, le «malentendu » s'est rapidement dissipé et il m'a rejoint avec des bières. Puis nous avons commencé à jammer ensemble...  
Nous ne nous sommes plus arrêtés... tant et si bien que notre duo est toujours sur les routes  !

L'idée de mixer du beatbox à du blues a-t-elle, tout de suite, été une chose naturelle pour vous ?
Dave Crow :
Dans la mesure où je fais du beatbox et qu'Andy est un musicien de blues c'est une idée qui s'est d'entrée imposée à nous. C'est la seule chose que nous pouvions faire. Je crois que lorsque nous nous sommes rencontrés nous avons commencé à chanter séparément puis, petit à petit, nos deux univers se sont entrechoqués et entremêlés. Cela fait maintenant plus de quatre ans et nous sommes heureux d’être de retour ensemble (les deux artistes s’étaient séparés un temps afin de mener à bien d’autres projets, nda) !
Andy Balcon :
C'est d'ailleurs de cette période que date notre morceau « Cream F Feeling ». Il a été enregistré il y a près de cinq ans en Nouvelle-Zélande... même s'il n'a été mis sous les lumières que récemment...
Dave Crow :
Actuellement nous sommes bien plus qu’un simple duo. C'est la vie et l'amitié qui nous représentent le mieux. Nous illustrons tout cela par le biais de la musique !  Absolument tout colle parfaitement entre nous maintenant...

Comment devient-on un beatbox ?
Dave Crow :
C'est par surprise que l'art du beatbox est venu à moi. C'est devenu ma raison d'être et probablement la chose la plus impressionnante qui me soit arrivé de toute ma vie. Je devais avoir 19 ans lorsque je suis tombé dans cet univers. C'est la chose la plus fabuleuse que j'ai vue et je ne pouvais pas y croire. Je voulais posséder ce « pouvoir » et avoir ce « truc » en moi. J'ai donc appris cela, m'y suis intéressé  et c'est quand j'ai constaté que j'avais vraiment cette chose en moi que j'ai recommencé à écouter d'autres musiques.

Pourquoi avez-vous décidé de nommer votre duo Heymoonshaker, quelle est la signification de ce terme ?  
Dave Crow :
C'est complètement ouvert à toute interprétation.
Andy Balcon :
Chacun peut l'emmener dans sa direction, au même titre que notre musique qui peut susciter des interprétations différentes.  
Dave Crow :
Notre musique a un côté très sexuel même si, en général, les gens ressentent surtout une amitié que deux personnes essayent d'exprimer sur scène... et non pas deux personnes dans la même putain de chambre, qui regardent les mêmes trucs.

A votre avis, quelle est la part de responsabilité d'internet dans votre succès actuel ? 
Dave Crow :
C'est la part essentielle, c'est à ce moyen de communication que nous devons en grande partie notre succès !Nous avons fait une vidéo avec Ozzie Pullin, qui est un incroyable réalisateur londonien. Il souhaitait nous filmer dans la rue, afin de voir la manière dont les passants étaient susceptibles de s'accrocher à notre musique. La vidéo a été mise en ligne en quatre parties et, depuis, l'ensemble des clips (mis postés sur un célèbre site de partage) a été vu à plus de vingt millions de reprises.
Andy Balcon :
Oui, cela a permis de nous faire connaître des débuts sur les chapeaux de roues. Depuis que ces vidéos ont été postées, tout le monde a essayé de nous contacter. C'est d’ailleurs ainsi que notre tourneur a décidé de travailler avec nous. C’est également le cas de notre éditeur, de notre manager... bref, de tout le monde !

Pouvez-vous me parler de votre discographie ? 
Dave Crow:
Notre premier album ne porte pas de titre à proprement parler, il est tout simplement noir avec notre nom inscrit sur la pochette. C'est une autoproduction enregistrée de manière acoustique, simplement avec la voix et la guitare d'Andy ainsi que moi-même.  
Andy Balcon :
Il ne sera plus disponible très longtemps, s'il n'est pas déjà épuisé. Cette année, nous avons fait paraître un nouveau disque, « Shakerism », qui est un EP contenant 8 titres enregistrés en Nouvelle-Zélande, en Suède et en France au Château de Faverolles qui se situe près de Chaumont. Le 29 mai prochain, nous nous produirons à Paris, au Divan du Monde, afin de présenter ce disque au public de la capitale française. Nous aurons le plaisir d'y inviter des musiciens fantastiques. A commencer par un guitariste de blues qui est vraiment brillant et qui s'appelle Lorenzo Sanchez.
Dave Crow : Il y aura aussi John Fairhurst qui a déjà tourné avec nous en Grande-Bretagne. Ce dernier est incroyable lorsqu'il se produit en solo mais il bénéficie aussi d'un groupe extraordinaire avec Joe Strouzer à l'harmonica et Toby Bang à la batterie. C'est du putain de bon blues interprété d'une manière très actuelle, totalement en phase avec notre époque !hm

Justement, je voulais évoquer Lorenzo Sanchez avec vous, puisqu'il a déjà eu l'occasion de se produire à vos côtés sur scène (Festival de Blues de Cahors 2012 par exemple, nda). Pouvez-vous me parler de vos relations ? 
Dave Crow :
Il est comme un papa pour nous !Lorsqu'il nous a rencontrés, il nous a immédiatement demandé de faire une jam à ses côtés et il s’est montré très ouvert. Il nous a présenté à sa famille et nous a accueillis chez lui comme si nous en faisions partie. C'est un homme extraordinaire doublé d'un musicien fabuleux, qui a une grande culture. Parfois il nous faisait écouter des disques et, lorsque nous ne connaissions pas l'artiste, il se montrait étonné et commençait à nous le présenter de A à Z, à nous raconter l'histoire de ce gars et nous dire pourquoi il est tellement important dans le monde du blues !  Notre relation est très simple avec lui; il est à la fois un ami et un professeur... nous jouerons avec Lorenzo à chaque fois que l'occasion se présentera et qu'il nous le demandera.

Qu'aimez-vous évoquer dans vos chansons ?  
Andy Balcon :
Les chansons qui figurent sur notre dernier disque sont, au niveau des textes, l'expression de nos expériences, de nos vies, de nos amours. De manière générale, notre travail est assez spontané, en fonction du feeling qui nous habite au moment où nous écrivons nos morceaux. C'est assez dur à décrire...

Pourriez-vous, malgré tout définir votre musique ?
Dave Crow :
C'est quelque chose que je n'aime pas faire... je ne tiens pas particulièrement à lui donner un nom.
Andy Balcon :
C'est du beatbox sur lequel on ajoute de la guitare électrique et du chant. Sur scène, c'est une sorte de conversation entre nous deux, mais aussi avec l'équipe technique et le public. Tous les gens présents lors de nos concerts peuvent influer sur notre inspiration du moment et sur le déroulement de nos shows. La route est la route, elle n'a rien à voir avec l'enregistrement d'un disque. Elle nous offre sans cesse de nouvelles opportunités afin de développer notre musique sous des angles et des formats différents.
Dave Crow :
Oui, le fait d'être en tournée, d'écrire des chansons, et d'enregistrer un disque sont trois choses différentes. Jouer le même album chaque soir sur scène doit être une chose horrible. Je ne pourrais pas entrer dans ce système. Faire un CD est une expérience en soit, qui dépend de ton inspiration du moment. Le fait d'être sur scène doit te permettre de proposer des choses différentes chaque nuit. Les concerts ne doivent que s'inspirer de l'essence du disque...

Dans quelles directions souhaiteriez-vous emmener votre musique dans l'avenir. Aimeriez-vous jouer avec des groupes complets par exemple ?  
Dave Crow :
Oui, avec des orchestres et différents types de formations !  
Andy Balcon : Nous essayons de jouer avec un maximum de musiciens, autant que possible ! D'ailleurs, lors du concert de ce soir, nous allons aussi nous produire aux côté du brass band américain The Soul Rebels, qui partage l'affiche avec nous.
Dave Crow :
Nous souhaiterions multiplier les expériences de ce type, avec des musiciens venus de tous les horizons. Nous aimerions, par exemple, partir en Afrique et jouer avec des musiciens traditionnels issus de ce continent. Puis, faire la même chose en Mongolie et ainsi de suite. C'est le meilleur apprentissage pour un musicien...
Andy Balcon :
Ceci sans oublier que le blues demeure notre fondation et celle de toutes les musiques.
Dave Crow :
Le blues est, à la fois, une musique basique et complexe. Elle est la fondation de toutes les musiques que nous aimons, celles dont nous venons et celle que nous souhaitons créer !

Dave, as-tu déjà essayé de te frotter, en « beatboxant », à un véritable batteur ?
Dave Crow :
Oui, et même à de nombreuses reprises depuis le début de cette année. Notamment avec Benjamin Delacroix qui est un batteur « freelance » de Paris. Il est vraiment incroyable. Il est ambidextre et il est un as de l'open-handed drumming. Lorsque l'on ferme les yeux, on a vraiment l'impression d'entendre deux spécialistes de cet instrument. J'ai donc joué avec lui mais aussi quelques autres batteurs « minimalistes ». J'appelle comme cela les musiciens qui ne possèdent pas un égo surdimensionné et qui prennent du recul sur leurs musiques. Ce qui me permet de produire un son qui soit en adéquation totale avec les leurs… et qui donne à l'ensemble un aspect naturel.
Andy Balcon : Nous avons fait de superbes jams en compagnie de combos qui travaillent avec le même tourneur anglais que nous. Ainsi, nous avons même pu jouer avec des groupes de reggae !

Quels sont vos projets ?
Dave Crow :
Heymoonshaker est LE projet ! Je pense même que ce sera notre seul projet pour les dix années à venir… 
Andy Balcon :
En effet, Heymoonshaker est LE projet, c'est notre fondation. Tout viendra en temps et en heure je pense. Qu'il s'agisse de jouer avec un groupe complet, un orchestre...  Il s'agira de Heymoonshaker and... puisque notre duo restera l'axe central de tout ce que nous allons faire dans les prochaines années. Puis nous allons tourner, tourner et encore tourner, tourner, tourner....

Avez-vous une conclusion à ajouter ?
Dave Crow :
Merci la France ! Vous aimez le Diable qui nous habite sans pour autant en voir un en nous !C'est adorable...   
Andy Balcon :
Au plaisir de se voir sur cette tournée ou le 29 mai au Divan du Monde, faites vite (rires) !

Remerciements : Rachel Labre (Ephélide), Stéphanie Collard et Caroline Hollard (Nancy Jazz Pulsations), Antoine Léger.

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Interview réalisée au
L’Autre Canal – Nancy
le 7 mai 2013

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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