On vous qualifie souvent de musicien pour musiciens,
qu'en pensez-vous ?
Oui, c'est vrai. Je suis très étonné d'être
considéré comme un artiste " culte " et donc un
artiste pour connaisseur. Tout ce que je peux en dire est que j'en suis
très heureux.
Que pouvez-vous dire sur votre longue absence
et sur votre retour en scène ?
La raison pour laquelle j'ai quitté le business, il y a trente
ans est que j'avais le fort sentiment de me faire " arnaquer ".
Que ce soit par les producteurs ou par les maisons de disques.
Durant ces trente années, j'ai connu de gros problèmes avec
la drogue. A cause d'elle, je me suis retrouvé sans abri. C'est
par la grâce de Dieu que je suis sorti de tout cela
J'ai fait une promesse à Dieu. Celle de m'engager dans une action
pour aider les gens qui ont des problèmes avec la drogue et pour
les aider à se réhabiliter.
Mon but est de créer un foyer pour aider ces gens-là à
retrouver une vie normale. Si les prisons sont pleines aujourd'hui, c'est
lié à 99% à des problèmes de drogue. Pour
les sans-abri, c'est pareil ; ainsi que pour les gens qui sont dans des
hôpitaux psychiatriques.
J'ai eu de la chance d'être libéré de tout ça.
J'en ai fait la promesse à Dieu.
En
ce qui concerne la raison de mon retour : les producteurs m'ont retrouvé
et m'ont permis de remettre le pied à l'étrier. De mon côté,
si j'ai décidé de revenir avec ce disque (qui se vend très
bien), c'est afin d'engranger de l'argent. Je veux pouvoir assumer et
mener à bien ce projet de foyer.
Je suis très confiant dans mon action. Je pense que dans mon domaine,
si je ne suis le meilleur, je suis l'un des meilleurs. J'essaye d'être
le meilleur, comme un champion de boxe qui s'entraîne tous les jours
pour arriver à décrocher la ceinture, la couronne du Christ.
Je me bats à ma façon. Je marche tous les jours quelques
kilomètres pour rester en bonne santé.
Vos morceaux ont été repris par
Jimi Hendrix, B.B. King, Janis Joplin
Commencez-vous enfin à
toucher des droits d'auteur ?
En fait, les sommes dont on parle avec toutes ces reprises doivent se
compter en millions de dollars, dont je n'ai jamais vu la couleur
Il faut comprendre que dans les années 60 et 70, dans le business
musical, de nombreux artistes se sont fait avoir. A cette époque,
les compagnies exploitaient les artistes.
Aujourd'hui, c'est différent. On retrouve essentiellement des majors
telles que BMG et Universal. A l'époque, il y avait plus de 500
compagnies.
Il faut avoir un staff autour de soi. Une équipe de gens honnêtes
qui veillent à ce que tout se passe bien pour vous. Ce qui n'empêche
pas l'artiste de garder un il sur tout ce qui se passe.
Quel
était votre rapport avec la musique durant votre période
d'inactivité ?
Quand j'ai quitté le business, je me suis promis de ne plus jamais
chanter une seule note de toute ma vie, tant j'étais dégoutté
par le milieu. J'ai même cassé mes propres disques.
Je n'ai plus allumé la radio, je n'écoutais plus de musique
pendant très longtemps. Puis il y a eu ce problème avec
la drogue dont je ne me serais jamais sorti sans la grâce de Dieu.
Puis j'ai fait la promesse à Dieu de faire de l'argent en chantant
pour mener à bien mon projet. Mais n'ayant pas chanté une
seule note durant 30 ans, j'avais très peur d'ouvrir la bouche
et de ne plus pouvoir chanter.
Au début, je n'arrivais pas, car j'avais trop peur. Un jour, je
me suis mis à prier. J'ai dis à Dieu : " Tu as été
capable de me sortir de ce truc, dont je ne serais pas parvenu à
sortir tout seul, donc tu as le pouvoir de me rendre ma voix. Si tu estimes
que ce n'est pas nécessaire, alors on est quitte ". Lors de
mon retour en studio, ma voix est revenue tout de suite. Mon producteur
en est tombé de sa chaise. Ma voix était là, intacte
Après le succès de votre dernier
album, quels sont vos projets ?
Je vais sortir un album live. J'aimerais faire un album de gospel avec
le révérend Al Green, enregistré en studio ou en
public. Puis enregistrer un nouveau disque de soul en studio.
Si nous étions 80 ans en arrière,
iriez-vous retrouver Robert Johnson afin de le faire renoncer à
vendre son âme au diable ?
De toute façon, ma volonté est d'aider les gens à
trouver le salut. Quelques soient les circonstances, j'en parle toujours.
Un jour, un journaliste qui était tombé dans le piège
de la drogue m'a écrit pour me dire qu'après m'avoir interviewé,
il avait essayé ma méthode avec succès !
Mon but est d'amener les gens à savoir qu'ils peuvent être
sauvés, que ce soit 80 ans en arrière, 200 ans en arrière
ou 200 ans dans le futur
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