Howard Tate
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

On vous qualifie souvent de musicien pour musiciens, qu'en pensez-vous ?
Oui, c'est vrai. Je suis très étonné d'être considéré comme un artiste " culte " et donc un artiste pour connaisseur. Tout ce que je peux en dire est que j'en suis très heureux.

Que pouvez-vous dire sur votre longue absence et sur votre retour en scène ?
La raison pour laquelle j'ai quitté le business, il y a trente ans est que j'avais le fort sentiment de me faire " arnaquer ". Que ce soit par les producteurs ou par les maisons de disques.
Durant ces trente années, j'ai connu de gros problèmes avec la drogue. A cause d'elle, je me suis retrouvé sans abri. C'est par la grâce de Dieu que je suis sorti de tout cela …
J'ai fait une promesse à Dieu. Celle de m'engager dans une action pour aider les gens qui ont des problèmes avec la drogue et pour les aider à se réhabiliter.
Mon but est de créer un foyer pour aider ces gens-là à retrouver une vie normale. Si les prisons sont pleines aujourd'hui, c'est lié à 99% à des problèmes de drogue. Pour les sans-abri, c'est pareil ; ainsi que pour les gens qui sont dans des hôpitaux psychiatriques.
J'ai eu de la chance d'être libéré de tout ça. J'en ai fait la promesse à Dieu.

En ce qui concerne la raison de mon retour : les producteurs m'ont retrouvé et m'ont permis de remettre le pied à l'étrier. De mon côté, si j'ai décidé de revenir avec ce disque (qui se vend très bien), c'est afin d'engranger de l'argent. Je veux pouvoir assumer et mener à bien ce projet de foyer.

Je suis très confiant dans mon action. Je pense que dans mon domaine, si je ne suis le meilleur, je suis l'un des meilleurs. J'essaye d'être le meilleur, comme un champion de boxe qui s'entraîne tous les jours pour arriver à décrocher la ceinture, la couronne du Christ.
Je me bats à ma façon. Je marche tous les jours quelques kilomètres pour rester en bonne santé.

Vos morceaux ont été repris par Jimi Hendrix, B.B. King, Janis Joplin … Commencez-vous enfin à toucher des droits d'auteur ?
En fait, les sommes dont on parle avec toutes ces reprises doivent se compter en millions de dollars, dont je n'ai jamais vu la couleur …
Il faut comprendre que dans les années 60 et 70, dans le business musical, de nombreux artistes se sont fait avoir. A cette époque, les compagnies exploitaient les artistes.
Aujourd'hui, c'est différent. On retrouve essentiellement des majors telles que BMG et Universal. A l'époque, il y avait plus de 500 compagnies.

Il faut avoir un staff autour de soi. Une équipe de gens honnêtes qui veillent à ce que tout se passe bien pour vous. Ce qui n'empêche pas l'artiste de garder un œil sur tout ce qui se passe.

Quel était votre rapport avec la musique durant votre période d'inactivité ?
Quand j'ai quitté le business, je me suis promis de ne plus jamais chanter une seule note de toute ma vie, tant j'étais dégoutté par le milieu. J'ai même cassé mes propres disques.
Je n'ai plus allumé la radio, je n'écoutais plus de musique pendant très longtemps. Puis il y a eu ce problème avec la drogue dont je ne me serais jamais sorti sans la grâce de Dieu.
Puis j'ai fait la promesse à Dieu de faire de l'argent en chantant pour mener à bien mon projet. Mais n'ayant pas chanté une seule note durant 30 ans, j'avais très peur d'ouvrir la bouche et de ne plus pouvoir chanter.

Au début, je n'arrivais pas, car j'avais trop peur. Un jour, je me suis mis à prier. J'ai dis à Dieu : " Tu as été capable de me sortir de ce truc, dont je ne serais pas parvenu à sortir tout seul, donc tu as le pouvoir de me rendre ma voix. Si tu estimes que ce n'est pas nécessaire, alors on est quitte ". Lors de mon retour en studio, ma voix est revenue tout de suite. Mon producteur en est tombé de sa chaise. Ma voix était là, intacte …

Après le succès de votre dernier album, quels sont vos projets ?
Je vais sortir un album live. J'aimerais faire un album de gospel avec le révérend Al Green, enregistré en studio ou en public. Puis enregistrer un nouveau disque de soul en studio.

Si nous étions 80 ans en arrière, iriez-vous retrouver Robert Johnson afin de le faire renoncer à vendre son âme au diable ?
De toute façon, ma volonté est d'aider les gens à trouver le salut. Quelques soient les circonstances, j'en parle toujours. Un jour, un journaliste qui était tombé dans le piège de la drogue m'a écrit pour me dire qu'après m'avoir interviewé, il avait essayé ma méthode avec succès !
Mon but est d'amener les gens à savoir qu'ils peuvent être sauvés, que ce soit 80 ans en arrière, 200 ans en arrière ou 200 ans dans le futur …

 

 
Interviews:
Les photos
Les vidéos
Les reportages
 

Les liens :

Howard Tate : le site

Interview réalisée
au Cognac Blues Passions 2004

Propos recueillis par
David BAERST

 

 

Le
Blog
de
David
BAERST
radio RDL