Jacques Périn
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Comment as-tu découvert le blues ?

Je ne pense pas que les amateurs de blues commencent par cette musique. En ce qui me concerne, j'étais au départ un amateur de rock'n'roll avec des artistes comme Gene Vincent, Eddie Cochran, Buddy Holly ainsi que Little Richard et Chuck Berry. En creusant un peu je me suis rendu compte que c'étaient ces deux derniers que je préférais, ils étaient noirs. A partir de là j'ai découvert John Lee Hooker, Lightning Hopkins etc.

C'est donc le rock'n'roll qui m'a fait " dériver " vers le blues.

Est ce que les tournées de l'American Folk Blues Festival ont jouées un rôle dans ton amour de cette musique ?

Oui, pour moi ça a été le détonateur . J'avais un disque de la première tournée en 1962 que j'adorais. Je suis donc allé assister à un concert de la tournée de 1966 à la Salle Pleyel où se produisaient Lightning Hopkins, Howlin Wolf, Sonny Boy Williamson etc. Dès lors ce fut pour moi le début de quelque chose d'exclusif.

L'idée de créer dans un premier temps un fanzine qui s'appelait " Super Soul " qui s'est transformé en " Soul Bag " t'est venue comment ?

Déjà lorsque j'étais amateur de rock 'n'roll, je cherchais à me documenter. J'étais donc abonné à un tas de petites publications éditées par des fan-clubs, souvent anglais. Pour le blues il n'y avait rien en France, en dehors de " Réseau blues panorama ", qui était belge. Les revues de jazz parlaient de blues de façon très superficielle et aléatoire. Ma décision est donc simplement partie d'un constat de carence.

Plus de 35 ans plus tard " Soul Bag " est toujours vivant et continue d'évoluer.

Je ne me suis pas posé la question en commençant l'aventure de savoir si 35 ans plus tard ça existerait encore. Le gros problème de ce genre de publication, qui demande un investissement personnel important, c'est que souvent les gens se lassent. Heureusement j'ai été soutenu par une équipe et mon épouse.

Il faut dire que les conditions matérielles se sont améliorées. Cette revue, qui était ronéotée au départ, a pu grâce aux améliorations techniques et à l'augmentation du nombre d'abonnés, devenir un trimestriel de qualité professionnelle.

En plus tu as fondé le C.L.A.R.B (Comité de Liaison des Amateurs de Rythm & Blues), quel est sa fonction et son but ?

A partir du moment où l'on créer une revue, il faut un cadre juridique (l'association dans ce cas).

Nous avons également cherché à donner d'autres activités à cette association. Au départ l'organisation de réunions hebdomadaires puis des voyages (Festival de Jazz de la Nouvelle Orléans), la co-organisation depuis l'origine du Festival de Bagneux..

En 35 ans de vie éditorial qu'est ce qui a le plus changé pour toi dans le milieu du blues ?

Tout d'abord si nous nous appelons Soul Bag ce n'est pas un hasard. Dès le début de la revue, nous évoquions aussi une certaine soul music qui était en vogue à cette époque là (Stax, Atlantic etc.). Nous ne nous sommes pas posé la question de savoir si nous étions soul ou blues. Nous voulions simplement rendre compte d'une forme de musique populaire américaine. Cette musique à considérablement évoluée. La soul est devenue le funk, le disco, le hip-hop, le rap ; une évolution que nous n'avons pas suivi. Le blues quant à lui s'est détaché de sa communauté, qui ne s'est plus reconnue dans les interprètes. Malgré tout il y a toujours eu de nouveaux artistes qui se révèlent, de nouvelles pistes qui s'ouvrent. Le blues a toujours été une musique hybride et continue à l'être. Elle se métisse aussi bien d'un côté avec la soul music, d'un autre côté avec le rock, mais elle revient aussi vers ses racines avec le renouveau de la musique acoustique. Chacun des collaborateurs de Soul Bag n'est pas forcément amateur de tous ces styles mais on essaie de s'y retrouver.

Peux tu nous parler des rééditions Black&Blues dans lesquelles tu t'investis particulièrement ?

Black & Blue enregistre depuis la fin des années soixante la plupart des artistes qu'elle faisait tourner. Dans les années 70 et 80, elle a constitué un patrimoine exceptionnel. Jean-Pierre Tamazian, qui s'occupe du label, m'a proposé de rééditer ce matériel dont la première édition CD commençait un peu à vieillir. J'ai écouté toute les bandes, choisi des inédits, des prises alternatives et je réalise les notes de pochette.

Pour toi comment se porte le blues aujourd'hui ?

Il y a quelque chose de contradictoire. La scène blues française n'a jamais été aussi active en termes de groupes et musiciens. Malheureusement ces gens là ne bénéficient que de très peu de couverture médiatique. Pourtant ces musiciens arrivent à faire vivre leur musique et ils ont un public. Ce qui est plus grave c'est qu'ils n'ont aucun relais au niveau des institutions culturelles (centres culturels, MJC etc.) où le blues n'est plus du tout représenté. On a l'impression que les acteurs de la politique culturelle ont eu un engouement à une certaine époque pour cette musique. En fait ce n'était qu'un phénomène de mode, ils sont passés à autre chose (musiques cubaines, salsa.). Les gens qui ont un pouvoir de décision dans la programmation musicale en France sont des gens qui sont soumis à des modes ! Ce qu'il faut souhaiter c'est que des gens comme nous, qui nous occupons de promouvoir le blues , et que tous les musiciens, qui sont les gardiens de la flamme, puissions inverser cette tendance qui pour le moment n'est pas très positive. Le blues a toujours connu des vagues et des vogues, mais il a toujours été là. Je pense qu'il l'est encore pour un sacré bout de temps !

 

 
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Propos recueillis par David BAERST

 

 

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